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Influence de l’´ ecoulement dans le film liquide

7.3 Retour sur le mod` ele : discussion autour des hypoth` eses

7.3.2 Influence de l’´ ecoulement dans le film liquide

Dans la structure du mod`ele consid´er´e, l’´evolution de l’´epaisseur du film se fait uni-quement par ´evaporation transversale, du liquide vers la phase vapeur (figure 7.3). Il

peut n´eanmoins exister un ´ecoulement liquide, `a contre-courant du d´eplacement global du fluide, susceptible de r´ealimenter ce film. Pour ´evaluer l’existence et l’influence de ce ph´enom`ene, on se propose de comparer les niveaux de pertes de charge ∆Pl li´ees `a cet ´ecoulement du liquide dans le film, avec la pression capillaire Pc, moteur du d´eplacement du fluide, qui peut s’exprimer ainsi :

Pc= σK (7.17) o`u K repr´esente la somme des courbures radiale et axiale de l’interface : K = Kr+Kx, et σ la tension de surface du fluide consid´er´e (voir tableau 7.1). Les courbures radiale et axiale sont repr´esent´ees sch´ematiquement sur la figure 7.10, et sont donn´ees respectivement par :

Kr= 1 Ri− δ " 1 + dδ dx 2#−1/2 (7.18) Kx = d 2δ dx2 " 1 + dδ dx 2#−3/2 (7.19)

Figure 7.10 – Repr´esentation 3D des courbures orthogonales axiale Kx et radiale Kr de l’interface

Les premiers calculs effectu´es par le mod`ele, bas´es sur la loi d’´evolution du film liquide δ(x, t) (7.13), et dont un exemple est illustr´e au paragraphe 7.2, permettent d’´evaluer les d´eriv´ees premi`eres et secondes de δ, et donc d’estimer des ordres de grandeurs de ces deux courbures. Le tableau F.1 de l’annexe F pr´esente un exemple de r´esultats, avec l’´evolution axiale de l’´epaisseur du film `a un instant donn´e t = 0,5 s. En outre, compte

tenu des ordres de grandeurs de dx et de ddx2δ2, on obtient pour Pcl’approximation suivante : Pc=

Ri− δ ≈ 146 pa (7.20) Un autre effet `a prendre en compte concerne la pression de disjonction Pd. Pour ex-primer cette pression dans les cas de fluides polaires tel que l’eau, utilis´ee dans ce mod`ele, on emploie la formule ´etablie par Holm et Golpen (1979) [81], s’´ecrivant :

Pd= −ρlRgTsatln(φδβ) (7.21) o`u Rg d´esigne la constante des gaz parfaits, et o`u l’on a deux constantes : φ = 1,49 et β = 0,0243. Il a ´et´e montr´e que, contrairement aux fluides non polaires pour lesquels la pression de disjonction tend graduellement vers z´ero `a mesure que l’´epaisseur de film augmente, l’expression (7.21) m`ene rapidement `a des valeurs n´egatives, limitant de fait son application. On consid`ere toutefois qu’au-del`a d’une certaine valeur d’´epaisseur de film, la pression de disjonction est n´egligeable. Le tableau suivant pr´esente ainsi, dans le cas pr´esent, diff´erentes valeurs de pression Pd suivant l’´epaisseur δ :

δ (nm) 1 50 75 100 Pd (pa) 1,45.107 1,35.106 146 0

Table 7.2 – Pression de disjonction en fonction de l’´epaisseur de film

Les pressions de disjonction sont particuli`erement importantes pour des ´epaisseurs tr`es faibles. Dans le cas pr´esent, elles sont de l’ordre de la pression capillaire Pc, calcul´ee ci-dessus, pour une ´epaisseur de film de 75 nm environ. Au-del`a de cette valeur, elles deviennent n´egligeables. On peut donc consid´erer qu’`a partir de δ ≈ 75 nm, les pressions de disjonction doivent ˆetre prises en compte dans la physique li´ee au film liquide, c’est `

a dire lorsque l’on se rapproche de la ligne triple. N´eanmoins, ces faibles ´epaisseurs de film correspondent ici uniquement `a son extr´emit´e, o`u les ´ecarts de temp´eratures entre la paroi et le fluide deviennent n´egligeables. Ce param`etre aura donc probablement tr`es peu d’influence sur les profils de temp´erature observ´es pr´ec´edemment (figure 7.4), mˆeme en extr´emit´e de film. Dans le cadre de ce paragraphe, au regard des tr`es faibles valeurs de ce param`etre au-del`a de 100 nm, concernant la r´ealimentation en liquide en d´ebut de film, on consid`ere donc uniquement la pression capillaire Pc.

Partant de ces consid´erations, on suppose ensuite l’existence d’un ´ecoulement liquide `

a travers le film, de profil de vitesse ul(x, r). On se propose d’effectuer une ´etude de sensibilit´e sur les pertes de charge ∆Pl que cette ´ecoulement engendre. Pour cela, nous

choisissons d’utiliser le syst`eme d’´equations de conservation li´ees `a l’hypoth`ese de lubri-fication qui, en r´egime permanent et en g´eom´etrie cylindrique, s’´ecrivent ainsi6 (ul et vl repr´esentent les composantes de la vitesse du liquide selon les axes longitudinal et radial) :

∂ul ∂x + 1 r ∂vl ∂r = 0 (7.22a) µl1 r ∂ ∂r  r∂ul ∂r  = ∂Pl ∂x (7.22b) ∂Pl ∂r = 0 (7.22c) En s’appuyant sur les conditions aux limites, illustr´ees sur la figure 7.11, portant notamment sur l’hypoth`ese de contraintes de cisaillement nulles de la vapeur `a l’inter-face liquide/vapeur, ainsi que sur une condition de non glissement `a la paroi, la vitesse d’´ecoulement liquide le long du film s’exprime par :

ul(x, r) = 1l ∂Pl ∂xr 2 + Alnr + B (7.23) o`u A et B sont des constantes d´etermin´ees `a l’aide des conditions aux limites mentionn´ees ci-dessus (voir annexe G). Le d´ebit liquide ˙ml relatif `a cet ´ecoulement peut s’´ecrire :

˙ ml = ρl

Z Ri

Ri−δ0

ul(x, r)2πrdr (7.24) Le calcul de l’int´egrale ci-dessus permet d’aboutir `a une relation de la forme suivante (7.25). On notera que les constantes C, D et E apparaissant au cours du calcul sont d´etaill´ees en annexe G.

˙

ml = (C + D + E)∂Pl

∂x (7.25)

6. On peut retrouver ais´ement ce syst`eme d’´equations et les hypoth`eses qui s’y rapportent dans l’article de Busse et Stephan [82], par exemple, qui ont trait´e le probl`eme de transferts dans la micro-r´egion. Ce mod`ele est repris et d´etaill´e dans la th`ese de Bertossi [83] qui a trait´e un probl`eme similaire.

Figure 7.11 – Ecoulement de liquide dans le film et conditions aux limites

En int´egrant le d´ebit liquide ˙ml sur une longueur L donn´ee de film liquide, l’expression ci-dessus peut ´egalement s’´ecrire :

∆Pl= 1 C + D + E Z x=L x=0 ˙ ml(x)dx (7.26) En outre, si l’on suppose une vitesse d’´ecoulement Uδ0 `a l’entr´ee du film liquide, le d´ebit ˙ml s’´ecrit ´egalement :

˙

ml≈ ˙ml0 = ρlUδ0S (7.27) o`u S est la section de passage `a l’entr´ee du film liquide : S = π[R2i − (Ri − δ0)2]. Par ´

egalisation des ´equations (7.25) et (7.27) on obtient finalement l’expression des pertes de charge ∆Pl, en fonction de la distance ∆x, engendr´ees par l’´ecoulement initi´e depuis l’entr´ee du film liquide :

∆Pl = ρlUδ0S

F ∆x (7.28)

o`u F = C + D + E est une constante d´ependant de l’´epaisseur de film δ, suppos´ee ici constante et fix´ee `a la valeur initiale δ0. La relation ci-dessus permet d’´evaluer les pertes de charge qu’engendrerait un ´ecoulement dans le film liquide, avec une vitesse Uδ0, et sur une longueur ∆x de film. Les r´esultats obtenus pour diff´erentes longueurs de film sont pr´esent´es sur la figure 7.12. On constate que les niveaux de pertes de charge ∆Pl, augmentant lin´eairement avec la vitesse d’´ecoulement, sont tr`es vite sup´erieurs `a la pression capillaire Pc, d´etermin´ee plus haut (´equation (7.20)). De telles conditions ne sont pas compatibles pour tous les cas avec un ´ecoulement de bouchon liquide `a vitesse constante en conduite capillaire. L’existence d’un ´ecoulement r´ealimentant le film liquide paraˆıt donc exclue dans la plupart des cas. N´eanmoins, comme l’illustre la figure 7.12, sur de petites longueurs de film, la pr´esence d’une r´ealimentation via un ´ecoulement liquide de vitesse Uδ0 relativement faible semble possible sur de tr`es courtes distances, de l’ordre

du millim`etre. Bien que difficile `a ´evaluer, cette r´ealimentation en entr´ee de film pourrait, le cas ´ech´eant, avoir une influence sur le d´ebit d’´evaporation du film liquide, et donc sur les variations de son ´epaisseur.

Figure 7.12 – Pertes de charges ∆Pl en fonction de la vitesse d’´ecoulement Uδ0 pour diff´erentes longueurs de film liquide

On peut toutefois estimer cette influence en comparant le d´ebit d’alimentation du film ˙

ml, avec le d´ebit d’´evaporation ˙mv sur la longueur de film ∆x consid´er´ee (figure 7.11). Le d´ebit ˙mlest calcul´e pour la vitesse Uδ0 maximale susceptible d’exister pour un ´ecoulement sur une distance ∆x donn´ee, comme l’illustre la figure 7.12. Sur ces mˆemes distances, le d´ebit de fluide ˙mv s’´evaporant du film est estim´e en s’appuyant sur les ´equations (7.11) et (7.12), et sur les profils d’´epaisseur δ(x, t) et de temp´erature Tp(x, t) d´ej`a obtenus pr´ec´edemment. Les r´esultats, pr´esent´es dans le tableau 7.3, montrent des ´ecarts impor-tants entre les deux d´ebits.

x (m) 0,001 0,005 0,01 ˙ mv (kg/s) 1,81.10-6 3,74.10-6 4,03.10-6 ˙ ml (kg/s) 5,68.10-7 1,15.10-7 5,76.10-8 % 31 3 1,4

Table 7.3 – Comparaison des d´ebits d’´ecoulement dans le film liquide et d’´evaporation sur diff´erentes longueurs x de film

Si l’on consid`ere le pourcentage de d´ebit ´evapor´e aliment´e par ´ecoulement du liquide, on peut envisager au mieux 31% de ce flux sur 1 mm seulement de film. On peut supposer, `

a travers ces observations, qu’une r´ealimentation du film liquide, si elle existe, aura un impact minime sur le taux d’´evaporation de ce film sur sa longueur totale (et ce d’autant plus que le film est loin de l’interface liquide-vapeur et que la vitesse est grande), et donc

sur l’´evolution de son ´epaisseur, exprim´ee plus haut par la relation (7.13). Bien que cet impact ne soit pas rigoureusement calcul´e, l’estimation de ces ordres de grandeur permet n´eanmoins de valider, en premi`ere approximation, cette loi d’´evolution d’´epaisseur de film.