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L’infidélité dans la vie conjugale

La crise psychologique chez les personnages simenoniens

2.1 L’origine de la crise psychologique des personnages principaux

2.1.3 L’infidélité dans la vie conjugale

L’infidélité dans la vie du couple peut également intensifier la crise si bien qu’on commet un meurtre. Dans ces trois romans, il existe l’infidélité dans chaque couple. Jean est infidèle à Tati dans La veuve Couderc. Dans La vérité sur Bébé Donge, François a toujours des aventures avec d’autres femmes. Et aussi, Tony et Andrée sont inconstants en amour dans La chambre bleue.

Dans La veuve Couderc, Jean n’est pas fidèle à Tati. Cela lui cause un grand chagrin car elle a souci de perdre son amour. Elle craint qu’il ne parte et vive avec Félicie. Quand Tati voit le regard de Jean à la vue de Félicie, elle s’inquiète.

Toutefois, Jean ne peut pas laisser tomber sa passion pour Félicie. L’espoir de revoir Félicie est un des premiers signes de son infidélité. Nous trouvons un exemple de l’idée infidèle de Jean et le souci obsessif de Tati dans le passage suivant :

Il pensa à Félicie toute la journée et c’était un peu la faute à Tati, car il sentait qu’elle y pensait aussi tout le temps. Quand il allait changer les vaches de place, c’est à peine s’il osait se tourner vers la maison de la briqueterie, car Tati, de sa fenêtre, le surveillait. 11

Nous savons que Jean se passionne pour Félicie et qu’il l’attend tout le temps. Clairement, l’infidélité de Jean donne le souci et la méfiance à Tati jusqu’à ce qu’elle ne s’éloigne pas de lui, qu’elle le suive de son regard. Jean devient son obsession : « […] il avait à peine fini de soigner ses bêtes, il regardait avec rancœur la place où Félicie aurait dû venir le retrouver, que Tati appelait, comme c’était devenu une manie, une obsession. »12 Elle n’a pas de confiance en lui. Malheureusement, elle doit vivre avec méfiance et jalousie. La grave crise mentale est toute de suite explosée après qu’il a avoué avoir eu une relation sexuelle avec Félicie. Dans l’esprit de Tati, il n’y a que la jalousie et la peur d’être abandonnée par Jean. Celles-ci influencent beaucoup ses actions et ses pensées. Alors, elle fait tout pour empêcher Jean de partir.

11 Simenon, La veuve Couderc, 161.

12 Ibid., 195.

Elle ne veut pas perdre encore son amour. Cela entraîne la tension et la pression entre les deux personnages.

Il en est de même avec François dans La vérité sur Bébé Donge. Les débauches de François sont l’origine de la souffrance mentale de Bébé. Cela la pousse à sa solitude intense. Comme la veuve Couderc, Bébé craint le manque d’amour comme dans son enfance. Elle ne veut pas retrouver la déception et la tristesse : « […]

tu seras toujours sincère avec moi… […] Si un jour tu ne m’aimes plus, tu dois le dire aussi, […] C’est promis ? »13 Elle ne reçoit pas de joie et d’attention de son mari. Elle se rend douloureuse à cause de l’infidélité de François qui n’a pas honte de ses relations illégitimes. Sa négligence des sentiments de Bébé renforce la tristesse et le chagrin de celle-ci. :

- Il y a longtemps que Mme Flament est ta maîtresse ?

Il se passa la main sur le front, puis à rebrousse-poil dans ses cheveux, se leva, resta ainsi, immobile, au milieu de la chambre.

- Réponds…

- Il y a des années que je couche avec elle, mais ce n’est pas ce qu’on appelle une maîtresse…

Silence. Comme il ne la voyait pas, il se tourna vers elle. Elle n’avait pas bougé, pas bronché. A son regard, elle répondit par un léger sourire.

- Tu vois !

- Qu’est-ce que je vois ?

- Rien… J’ai toujours pensé que c’était une femme comme tu les aimes… 14

Finalement, Bébé Donge doit faire face à la déception de son mari : « Tout le malheur venait de ce que Bébé, elle, l’avait aimé, aimé jusqu’au

13 Simenon, La vérité sur Bébé Donge, 122.

14 Ibid., 129-130.

désespoir total, […] »15. Elle doit affronter la solitude obsessionnelle, et la résout à la façon cruelle : l’empoisonnement.

Dans La chambre bleue, la rupture de la vie conjugale est née à cause de l’infidélité de Tony et de la passion d’Andrée. Celles-ci sont la cause de la mort de leurs conjoints. Tony se plaît à ses activités sexuelles dans la chambre bleue.

Même si Gisèle est à ses côtés, il revoit toujours la scène de la chambre bleue :

[…] Il désirait Andrée. Après quelques jours sans elle, il était obsédé par le souvenir des heures tumultueuses et brûlantes qu’ils avaient vécues, par le souvenir de son odeur, de ses seins, de son ventre, de son impudicité. Il lui arrivait, couché à côté de Gisèle, de passer des heures sans trouver le sommeil, assailli par des rêves fantastiques. 16

Ce passage nous présente l’infidélité de Tony. Il ne peut pas se passer de la sexualité. Quant à Andrée, elle désire recommencer la vie du couple avec Tony. Son inconstance est la cause de la mort de son mari Nicolas, ainsi que celle de Gisèle : « Je n’ai pas empoisonné mon mari, mais je l’aurais peut-être fait s’il avait trop tardé à mourir. J’aimais Tony et je l’aime encore. »17 Même si elle ne le tue pas, elle veut peut-être profiter de la maladie de Nicolas. Il semble qu’elle le fait indirectement mourir. En savant que Nicolas est en mauvais état et que personne ne reste chez elle, elle sort et retourne trop tard. Personne ne peut sauver Nicolas. La grande passion d’Andrée l’entraîne vers l’adultère et se termine par un drame fatal parce qu’elle veut aimer Tony librement et le posséder toute seule : « J’ai accompli ma part. A toi d’accomplir la tienne. »18

15 Ibid., 218-219.

16 Simenon, La chambre bleue, 39-40.

17 Ibid., 186.

18 Ibid., 122.