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3.5 Choix des indicateurs et modes de calcul

3.5.4 Indicateurs de recyclage

L’indicateur de recyclage vise principalement à qualifier le processus de valorisation des déchets. En effet, la directive officielle, [181], propose une hiérarchie dans les types de valorisation allant du plus intéressant du point de vue économie soutenable au moins intéressant. La hiérarchie est la suivante :

— Prévention

— Préparation en vue du réemploi — Recyclage

— Autre valorisation comme la valorisation énergétique — Élimination

L’optique principale reste en effet, en plus d’un gain économique possible, de passer d’un modèle linéaire : extraire → construire → consommer → jeter

à un modèle circulaire (Fig.3.8) :

extraire construire

consommer

jeter transf ormer

Il est possible de faire l’analogie entre les produits de consommation et les produits de service. Ainsi les produits de consommation sont intégrés dans un cycle de vie qui permet leur régénération. Le « berceau au ber- ceau » (cradle to cradle) représente le même état d’esprit pour les produits de service [137]. Par conséquent, le processus d’innovation et de création prennent en compte une pensée circulaire au lieu d’une pensée linéaire [137]. Cependant, la directive [181] souligne plusieurs points importants. Bien que préconisant la hiérarchie décrite ci-dessus, elle ajoute que, dans certains cas, cette hiérarchie ne peut être respectée à cause de problème de fai- sabilité. De plus, un autre aspect important à prendre en considération est le principe d’auto suffisance et de proximité, qui préconise une gestion locale.

Enfin, même si le recyclage concerne 60 % des déchets et un tiers des produits manufacturiers comme l’ex- plique l’article [57], tout procédé de valorisation doit conserver l’idée qu’il s’agit d’un moyen de réduire les déchets par un procédé les transformant en nouveaux biens et non pas une activité économique classique. Par exemple, l’article [98] met en évidence que les déchets prennent de plus en plus une valeur marchande. Il donne l’exemple de la Suède qui suite à un développement important de ces unités de valorisation et en particulier de la filière de valorisation énergétique, ne met en décharge que 1 % de ces ordures ménagères. Cependant, à cause d’un développement trop important des unités d’incinération de déchets, ces dernières sont obligées d’importer des déchets d’autres pays afin de faire fonctionner leurs usines.

La directive officielle [181] liste les étapes d’éliminations : — D1 Dépôt sur ou dans le sol (par exemple, mise en décharge)

— D2 Traitement en milieu terrestre (par exemple, biodégradation de déchets liquides ou de boues dans les sols)

— D3 Injection en profondeur (par exemple, injection de déchets pompables dans des puits, des dômes de sel ou des failles géologiques naturelles)

— D4 Lagunage (par exemple, déversement de déchets liquides ou de boues dans des puits, des étangs ou des bassins)

— D5 Mise en décharge spécialement aménagée (par exemple, placement dans des alvéoles étanches séparées, recouvertes et isolées les unes des autres et de l’environnement)

— D6 Rejet dans le milieu aquatique, sauf l’immersion

— D7 Immersion, y compris enfouissement dans le sous-sol marin

— D8 Traitement biologique, aboutissant à des composés ou à des mélanges qui sont éliminés selon un des procédés numérotés D1 à D12

— D9 Traitement physico-chimique, aboutissant à des composés ou à des mélanges qui sont éliminés selon l’un des procédés numérotés D1 à D12 (par exemple, évaporation, séchage, calcination)

— D10 Incinération à terre — D11 Incinération en mer

— D12 Stockage permanent (par exemple, placement de conteneurs dans une mine)

— D13 Regroupement ou mélange préalablement à l’une des opérations numérotées D1 à D12 — D14 Reconditionnement préalablement à l’une des opérations numérotées D1 à D13

— D15 Stockage préalablement à l’une des opérations numérotées D1 à D14 (à l’exclusion du stockage temporaire, avant collecte, sur le site de production des déchets)

L’ensemble des étapes de valorisations selon cette même directive sont :

— R 1 Utilisation principale comme combustible ou autre moyen de produire de l’énergie — R 2 Récupération ou régénération des solvants

— R 3 Recyclage ou récupération des substances organiques qui ne sont pas utilisées comme solvants (y compris les opérations de compostage et autres transformations biologiques)

— R 4 Recyclage ou récupération des métaux et des composés métalliques — R 5 Recyclage ou récupération d’autres matières inorganiques

— R 6 Régénération des acides ou des bases

— R 7 Récupération des produits servant à capter les polluants — R 8 Récupération des produits provenant des catalyseurs — R 9 Régénération ou autres réemplois des huiles

— R 10 Épandage sur le sol au profit de l’agriculture ou de l’écologie

— R 11 Utilisation de déchets résiduels obtenus à partir de l’une des opérations numérotées R 1 à R 10 — R 12 Échange de déchets en vue de les soumettre à l’une des opérations numérotées R 1 à R 11

— R 13 Stockage de déchets préalablement à l’une des opérations numérotées R 1 à R 12 (à l’exclusion du stockage temporaire, avant collecte, sur le site de production des déchets)

3.6. MODE DE CALCUL

Par conséquent, cette liste permet de hiérarchiser les trajectoires de valorisation en les qualifiant. Ainsi, il ne constitue pas un indicateur similaire aux trois autres, mais permet de départager des trajectoires possédant des évaluations proches en sélectionnant celle dont l’activité s’inscrit le plus dans le développement durable. Il constitue donc un outil complémentaire de prise de décision.

3.6

Mode de calcul

3.6.1

Partie économique

La méthode d’estimation des coûts se décompose en deux parties. La première se concentre sur l’estimation de l’investissement initial. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées selon les données initialement disponibles. Par exemple la méthode Pré-Estime décrite dans l’ouvrage de Chauvel [46] permet de réaliser une estimation d’une activité en connaissant les différents équipements qui la compose. La seconde partie est une analyse financière du projet dans son ensemble. Plus précisément, les calculs prendront en compte l’investissement initial mais aussi l’ensemble des flux financiers durant la durée de vie théorique du projet. Cette partie vise à déterminer l’intérêt économique du projet. Le lecteur pourra trouver plus de détails dans les différents ouvrages suivants : [197], [18] et [46] et trouvera un exemple de calcul d’investissement dans [248]. Un autre exemple pourtant sur l’évaluation économique de la filière de la biomasse forestière destinée aux projets de chaufferies est présenté dans [192] .

La seconde partie se préoccupe du maintien en fonctionnement et de la génération de la valeur. Le profit se calcule par la différence des recettes et des coûts. Par exemple, Ferrer cite The US EPA (1991) où la formule suivante est utilisée pour évaluer le profit lors de la génération de chaleur par combustion de pneus usés [89] :

Profit = frais de prise en charge + Revenus − Coût de production − Transport − Traitement (3.1) À cette fin, plusieurs calculs intermédiaires sont nécessaires pour évaluer les indicateurs économiques choisis (VAN, TRI et DRC), par exemple en déterminant les investissements, le chiffre d’affaires ou encore les frais opératoires. Une manière de réaliser ces derniers et se basant sur [46] est présentée en annexe (AnnexeA).

3.6.2

Données économiques

Afin de réaliser une estimation des coûts d’un processus, il est nécessaire de connaître certaines données. Dans ce qui suit, et à titre d’exemple, nous montrons les éléments à prendre en compte lors de l’évaluation éco- nomique de la partie transport, ceci afin de montrer la complexité et la quantité d’informations indispensables. Naturellement, ces éléments doivent être récupérés pour l’ensemble des composants de la modélisation, comme l’équipement industriel ou les consommables.

De manière générale la logistique a un fort impact sur l’ensemble des critères d’évaluation de la trajectoire. Ainsi, la volonté politique croissante de favoriser le recyclage des déchets nécessite d’augmenter les concentrations dans les lieux de traitement et par conséquent contribue à une augmentation du nombre de transports [3]. Par exemple, en 1993, la distance moyenne de transport des déchets ménagers était de 43 km [3]. Pour donner un ordre de grandeur concernant le volume, en 2009 37,8 Mt de déchets ménagers et assimilés ont été collectées en France [4]. Ces deux éléments, statistiques, peuvent être utilisés pour estimer un coût moyen de transport dans une filière de valorisation (sous condition que cette dernière soit comparable au traitement des déchets ménagers). Pour ce qui est du transport fluvial, le document [191] explique qu’un convoi fluvial de 3 800 tonnes (90m x 11,5m) équivaut à 66 wagons de chemin de fer de 58 t ou à 127 camions semi-remorques de 30 t. Par conséquent, le coût de revient d’après ce document est (Tab.3.1) :

Transport e en t/km Fluvial 0,01 à 0,03 Train complet 0,06

Camion 0,27

Tableau 3.1– Coûts des transports par km

Pour le transport par camion, il est possible de retrouver les données sur : — La capacité de transport des camions en europalettes [95].

— Les données sur les dimensions des palettes [185].

— Les tarifs de transport appliqués pour les camions en 2012 [177] .

— Le référentiel des prix de transport pour les camions et méthodes de calculs [50].

— La décomposition du coût de transport par camion, comparaison entre les différents prix en fonction du type de camion [154] .

Paramètres de modélisation de la collecte des détenteurs vers les centres de tri (données Aliapur [9]) (Tab.

3.2) : Benne Vrac Tonnage totale t 142000 127000 Distance Km 77 74 Charge réelle t 4 1.4 Charge utile t 12 3

Consommation pour 100km d’un camion chargé en L 34 15

retour à vide % 100 100

Consommation par tonne en L 9.5 12

Tableau 3.2– Données sur les transports

3.6.3

Partie environnementale

La partie environnementale peut se décomposer en deux principales parties. La mesure de l’empreinte carbone et l’utilisation de l’indicateur Eco-cost.

Les deux méthodes impliquent de connaître un certain nombre d’informations concernant les consommations de matière, les flux, et d’une manière générale, l’ensemble des éléments pouvant impacter l’environnement.

La mesure de l’empreinte carbone se réalise principalement par la mesure des émissions de CO2 dans l’at- mosphère. La méthode utilisée consiste en une mesure de l’activité en question et de lui appliquer un taux d’émissions. Par exemple dans le cas de la logistique, l’émission de CO2 est directement liée à la consommation en carburant. La consommation des camions peut être calculée à l’aide d’une formule utilisée par Aliapur pour ceux transportant des pneus usés [9].

Consommation = Distance ∗Consommation à pleine charge

100 ∗ [

2 3+

1

3 ∗ taux de retour à vide ∗ 2

3] (3.2) Une autre façon est d’utiliser des ratios concernant l’énergie consommée et les émissions de gaz carbonique en fonction de l’effort réalisé. Ainsi, VNF donne pour les camions de poids supérieur à 25 tonnes une consommation unitaire d’énergie de 51.93 gep/t.km avec une émission de CO2 162.89 g/t.km [231].

Pour l’Eco-cost, la principale tâche consiste en la recherche des informations et quantification de ces dernières, comme l’utilisation de matières premières, les activités de transport ou autres. Ensuite, il suffit de multiplier ces données par des coefficients fournis dans des tables puis de sommer l’ensemble afin d’obtenir la valeur de l’Eco-cost sur l’activité.

3.6.4

Partie sociale

3

La mesure de la partie sociale se réalise en trois étapes. La première consiste à déterminer le nombre d’emplois directs liés à l’activité. Ensuite, il s’agit d’évaluer le nombre d’emplois indirects existants grâce à l’activité étudiée chez tous les sous traitants. Enfin il s’agit d’estimer les emplois induits comme il a été défini précédemment. La première étape consiste à fixer certaines hypothèses :

— Une limite concernant les sous traitants si ceux ci ont eux-mêmes des fournisseurs. — Délimiter les zones géographiques où se trouvent les emplois induits.