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Indiçage contextuel basé sur l’identité spécifique des éléments contextuels

Chapitre III : L’indiçage contextuel

3. Portée des effets d’indiçage contextuel dans des environnements arbitraires

3.2. Indiçage contextuel basé sur l’identité spécifique des éléments contextuels

d’entraînement disparaissait lorsque l’identité de leurs distracteurs était inversée. Ce résultat est d’autant plus surprenant que les deux séries de distracteurs partageaient de fortes similitudes perceptives. Des résultats similaires ont été observés lorsque les deux séries de distracteurs différaient par leur couleur. En faveur de cette « spécificité de transfert», Chua et Chun (2003) ont montré que l’indiçage contextuel spatial est dépendant du point de vue selon lequel la scène est perçue par le sujet. Lorsque le point de vue selon lequel étaient présentées des scènes anciennes en trois dimensions était modifié par rapport aux essais d’apprentissage (i.e. rotation de 0°, 15°, 30° ou 45°), l’effet d’indiçage diminuait proportionnellement à la rotation effectuée sur la scène. De plus, les travaux de Jiang et Song (2005b) suggèrent que si l’apprentissage des contextes spatiaux se met en place à travers de multiples tâches (tâche de recherche, tâche de détection de changements), l’exploitation des contextes appris est en partie spécifique à la tâche. En combinant une tâche classique d’indiçage contextuel avec une tâche de détection de changements, les auteurs ont montré qu’une configuration spatiale apprise durant la recherche visuelle ne facilitait pas la détection de changements au sein d’une configuration identique, et inversement, un contexte appris durant une tâche de détection de changements ne facilitait que modérément la recherche visuelle. Les contextes appris durant une tâche semblent ainsi peu transférables à une autre tâche. Par ailleurs, tous les indices spatiaux ne conduisent pas à des effets d’indiçage contextuel. Par exemple, Endo et Takeda (2004) n’ont pas observé d’effet d’apprentissage lorsque l’agencement spatial prédisait l’identité de la cible et non sa localisation. Enfin, si la tâche est « trop facile », aucun bénéfice n’est observé. Les effets sont d'autant plus importants que la cible et les distracteurs sont difficiles à discriminer (e.g. Chun & Phelps, 1999).

3.2. Indiçage contextuel basé sur l’identité spécifique des éléments contextuels

Si la plupart des recherches réalisées ont porté sur des régularités spatiales, des effets d’indiçage contextuel ont également été mis en évidence lorsque les régularités contextuelles reposent sur l’identité des distracteurs, indépendamment de leur agencement spatial. Dans une expérience de Chun et Jiang (1999), les participants avaient pour consigne de rechercher parmi des formes sans signification une cible définie comme la seule forme symétrique par rapport à un axe vertical (pour un exemple, cf. Figure 11). Les régularités tenaient ici à des co-variations entre les formes présentes dans l’affichage et la forme de la cible, l’arrangement

spatial des éléments de l’affichage (i.e. cible et distracteurs) étant aléatoire à chaque essai. Un bénéfice était obtenu dans la condition constante (prédictive), suggérant que les formes des éléments contextuels peuvent indicer la forme de la cible avec laquelle ces dernières co- varient. Il semblerait par ailleurs que l’identité d’un contexte local systématiquement associé à la cible puisse à lui seul en faciliter sa détection, indépendamment de la localisation des items dans l’affichage (Hoffman & Sebald, 2005).

Figure 11. Exemple de stimulus utilisé par Chun et Jiang (1999). Les participants devaient rechercher la seule cible symétrique par rapport à un axe vertical. Dans les essais prédictifs, la forme des distracteurs

co-variait avec la forme de la cible.

Endo et Takeda (2004) ont par la suite reproduit et étendu ce résultat en montrant que « l’identité » des éléments contextuels pouvait également indicer la localisation de la cible. La procédure utilisée était néanmoins différente. Plutôt que d’étudier de manière classique le développement progressif d’un apprentissage, Endo et Takeda ont testé si l’apprentissage pouvait être transféré à des conditions dans lesquelles seule l’identité des éléments ou leur localisation était préservée. Par exemple, au cours de l’apprentissage, à la fois la configuration spatiale et l’identité des objets étaient répétées dans les essais constants. La configuration et l’identité du contexte prédisaient donc de manière confondue, la localisation et l’identité de la cible. Au cours de la phase de transfert, seules les configurations invariantes ou bien seules les identités des distracteurs étaient préservées. Dans ces deux conditions, l’identité et la localisation de la cible étaient maintenues dans les essais constants. Les résultats indiquent que l’apprentissage était intégralement transféré lorsque seule la configuration spatiale du contexte était préservée (résultat classique), mais pas lorsque seule l’identité du contexte était préservée. Les sujets n’apprendraient donc pas l’identité des distracteurs lorsqu’à la fois l’identité et les configurations sont répétées au cours de l’apprentissage. Cependant, lorsque seule l’identité des distracteurs était prédictive de l’identité et de la localisation de la cible au cours de l’entraînement, des effets d’indiçage basés sur l’identité du contexte étaient observés.

Les auteurs se sont alors demandés si les contextes invariants indiçaient l’identité et/ou la localisation de la cible. Un effet d’apprentissage était observé lorsque l’identité du contexte prédisait la localisation de la cible, mais pas lorsque la configuration du contexte prédisait l’identité de la cible.

L’indiçage contextuel peut ainsi reposer sur des régularités relatives à l’identité ou la forme des éléments distracteurs, indépendamment de leur agencement spatial, que ces derniers indicent la localisation de la cible ou son identité. Kunar, Flusberg et Wolfe (2006a) ont par ailleurs montré que la couleur du fond de l’affichage ou sa texture prédictive de la localisation de la cible pouvait faciliter sa détection, que celui-ci soit présenté simultanément avec l’affichage de recherche ou en amorçage.

3.3. Indiçage contextuel temporel

L’indiçage contextuel peut également être basé sur des régularités temporelles, par exemple, à travers des environnements dynamiques composés d’items en mouvement selon des trajectoires prédictibles, i.e. une cible T parmi des distracteurs L (Chun & Jiang, 1999), ou encore, lorsque des évènements visuels se déroulent dans un ordre temporel prédictible (Olson & Chun, 2001). Afin d’étudier si une structure contextuelle temporelle peut guider l’attention dans l’espace et dans le temps, Olson et Chun ont utilisé une procédure hybride dérivée de celles utilisées dans les tâches d’indiçage contextuel et de SRT (Nissen & Bullemer, 1987). Le sujet devait rechercher une lettre cible potentielle (i.e. K vs. X) parmi une séquence de lettres présentées successivement de manière isolée (pour une illustration de la procédure, cf. Figure 12). La durée de présentation de ces lettres était variable, conférant un rythme visuel à la séquence. Ce rythme visuel, autrement dit, la durée de présentation des lettres, était répété de bloc en bloc, mais l’identité des lettres contextuelles était aléatoire. L’occurrence des deux cibles potentielles était quant à elle fixée dans la séquence. La durée d’apparition des lettres précédant la cible constituait donc ici la régularité prédictive du moment d’occurrence de la cible, indépendamment de son identité et de celle des lettres contextuelles. Durant une phase de transfert, lorsque cette séquence était dégradée, les TR augmentaient significativement, suggérant que la structure contextuelle temporelle invariante facilite la détection de la cible. Des effets d’indiçage contextuel ont également été observés lorsque l’identité des lettres précédant la cible prédisait l’emplacement séquentiel de la cible, indépendamment de leur