élaborées par les différentes espèces constitutives, et des associations d’espèces qui ont co-‐évolué (Reaka-‐Kudla 1997). La biodiversité des récifs coralliens est très élevée; bateaux, chasse sous-‐marine, etc.). D’autres industries, telles que l’industrie perlière en Polynésie française, sont également dépendantes de cet écosystème.
Les intérêts ne sont évidemment pas qu’économiques. Les récifs protègent antimigraineux et régulateurs de tension artérielle. Les avancées potentielles dans la recherche pharmaceutique, médicale ou industrielle, permises par ces sources de molécules diverses, encore inconnues à ce jour, risquent d’être compromises par l’appauvrissement voire la disparition de ces écosystèmes (Carte 1996).
De par le rôle important que joue cet écosystème, tant sur le plan écologique terrigènes (dont les produits utilisés pour l’agriculture), issus de l’érosion, apportent quantité de nutriments et de sédiments dans les eaux côtières. Les nutriments
écosystème. Un exemple parmi d’autre est la disparition d’espèces herbivores (p.ex.
poissons, oursins) qui habituellement maintiennent les populations de macroalgues à des niveaux relativement bas. La disparition de ces animaux et l’eutrophisation des eaux côtières vont donc permettre le développement excessif de ces algues, en compétition avec les coraux dans l’accès à l’espace et la lumière. A la surexploitation des ressources, peuvent être également associées des techniques de pêche très destructives telles que la pêche au cyanure, la pêche à l’explosif, la pêche aux casiers et le chalutage en zone côtière. Ces techniques, tout comme le mouillage des bateaux (ancres) ou encore les marées noires, ont comme conséquence l’endommagement voire la destruction totale de l’habitat et des espèces qui y vivent.
I.I.5.b Autres
D’autres menaces, que l’on pourrait qualifier de « naturelles », pèsent également sur les communautés récifales. Néanmoins, bon nombre d’entre-‐elles peuvent être liées de près ou de loin à l’action de l’homme. Parmi celles-‐ci, citons les modifications de certains facteurs environnementaux tels que la température de l’eau, la turbidité, l’hydrodynamisme, le pH,… De plus, de nombreuses maladies semblent être en recrudescence (voir ci-‐après) et l’apparition d’espèces invasives et/ou l’extinction d’espèces-‐clé menacent également de nombreuses régions.
L’explosion de populations de prédateurs de coraux tels que l’étoile de mer Acanthaster planci (Figure 1.8) qui sévit régulièrement dans la région Indo-‐Pacifique, cause une mortalité significative des coraux, s’ajoutant à la dégradation globale de l’environnement récifal (Goldberg and Wilkinson 2004, Pratchett 2010).
Figure 1.8 : Etoile de mer corallivore Acanthaster planci, se nourrissant d’une colonie d’Acropora sp., Moorea, Polynésie française (Arnould D.).
Une étude (Birkeland 1982) a montré que les « vagues » d’A. planci apparaissaient de manière abrupte et à intervalles irréguliers, survenant souvent 3 ans après des pluies abondantes (> 100 cm en 3 mois) suivant des périodes de sécheresse (< 25 cm en 4 mois) ou 3 ans après des précipitations dépassant 30 cm en 24h. Ce développement démographique a été constaté autour des îles hautes de Micronésie et de Polynésie mais pas autour des atolls de sites intermédiaires. Ceci implique que les apports terrigènes occasionnés par de fortes pluies (après une période sèche) pourraient, dans de rares cas, fournir suffisamment de nutriments pour stimuler une production importante de phytoplancton suffisante pour nourrir les larves d’A. planci. La survie de ces larves se traduirait ensuite par une cohorte d’adultes corallivores, 3 ans plus tard.
Selon Bruno & Selig (2007), ce prédateur serait la principale cause de perte de coraux à long terme dans de nombreuses régions du Pacifique, telles que Palau, Guam et Fidji. Par extension, l’homme pourrait favoriser ce phénomène en participant à l’eutrophisation des eaux côtières et en pêchant les prédateurs naturels de cette étoile de mer, comme cela a déjà été le cas avec le gastéropode Charonia tritonis (Triton géant), très prisé pour la beauté de sa coquille.
I.I.5.c Lien avec les changements globaux
Figure 1.9 : Corail Montipora capitata croissant sur une paroi verticale dans le récif de Pilaa, Kauai (Hawaï) ; en partie blanchi par un stress de fortes irradiance et turbidité, et envahi par une maladie microbienne. La zone récemment morte commence à être colonisée par les algues. La zone « intacte » se situe dans la partie ombragée de la colonie (d’après Jokiel, 2004).
Sur la totalité des Scléractiniaires hermatypiques, on estime à 30 % la quantité de coraux déjà détruits (Hughes et al. 2003c, Wilkinson 2008a). Hoegh-‐Guldberg et al. (2004, 2010) ont prédit que seulement 25 % des récifs coralliens subsisteraient d’ici 2050. D’après eux, une première phase (1990-‐2010) de destruction consiste en une diminution de la population corallienne où resteront seulement les coraux les plus résistants, ce qui occasionnera une perte de biodiversité. Dans une seconde phase (2010-‐2050), même les coraux les plus résistants seront détruits. Il faut néanmoins souligner que ces prédictions sont basées sur les projections d’augmentation continue des températures de surface (SST, sea surface temperature) et de l’incapacité des coraux à s’adapter suffisamment rapidement à ces changements.
Les diverses composantes du changement global, telles que l’augmentation de la concentration en CO2, l’augmentation de la SST et du niveau de la mer, l’intensité et la fréquence accrues des tempêtes et des précipitations et l’acidification des océans, auront des effets sur les écosystèmes côtiers tels qu’une augmentation de sensibilité des coraux face aux maladies de même qu’une augmentation des populations de pathogènes (entre autres à cause des divers stress
générés ou encore de l’augmentation des eaux de ruissellement qui apporteront de nouveaux pathogènes), une diminution de la calcification et du taux de croissance des coraux (lié à l’acidification des océans), une augmentation des dommages
« physiques » causés aux récifs (par les tempêtes, par exemple),... (Hoegh-‐Guldberg 1999, Harvell et al. 2007, Sokolow 2009, Hoegh-‐Guldberg and Bruno 2010). La Figure 1.10 et le Tableau 1.1 reprennent les principaux effets et conséquences potentielles des changements climatiques sur les coraux et plus précisément sur leur susceptibilité à être sujet aux maladies (Sokolow 2009).
Figure 1.10 : Diagramme du lien entre les changements climatiques globaux et les maladies coralliennes. Les flèches représentent les différentes voies par lesquelles le changement climatique peut contribuer à l’émergence de maladies coralliennes (Sokolow 2009).
Tableau 1.1 : Modifications des composantes climatiques dues au changement global, et leurs effets potentiels sur la dynamique des maladies infectieuses coralliennes (d’après Sokolow, 2009).