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P ARTIE IV: R ÉSULTATS

8 Impact du développement urbain

8.2 Impact à échelle plus réduite

Pour bien comprendre l’effet du développement urbain sur les écoulements de surface, un graphique représentant les débits journaliers du mois de novembre 2072 (mois particulièrement pluvieux) simulés à l’exutoire du bassin versant est présenté sur la Figure 78. On observe sur cette figure que l’intensité des crues est plus importante et que les débits entre les crues sont moins importants pour les scénarios avec développement urbain. Ainsi pour les mois avec beaucoup de précipitations, l’intensité des crues plus importantes va induire une augmentation de la moyenne mensuelle des débits. Pour le mois de novembre 2072, les débits moyens mensuels sont de 17.6 m3/s pour le scénario sans développement urbain, 17.7 m3/s pour le scénario +70 km2 et +2x40 km2 et 19.9 m3/s pour le scénario +100 km2.

Figure 78 : Débits journaliers à l’exutoire du mois de novembre 2072

Inversement, les mois où les précipitations sont faibles, le nombre de crues sera plus faible et les périodes entre les crues seront plus longues ce qui entrainera ainsi une diminution des débits moyens mensuels. Ce phénomène est observable sur la Figure 79 qui représente les débits journaliers du mois de juin 2072. Durant ce mois-ci, seulement une crue a lieu, on observe que les débits sont moindres en dehors de la période de crue. La moyenne mensuelle durant ce mois est de 9.2 m3/s pour le scénario sans développement urbain, 8.9 m3/s pour le scénario +70 km2 et +100 km2 et 9.1 m3/s pour le scénario +2x40 km2.

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On peut grâce à ces deux figures se faire une idée de l’augmentation de l’intensité des crues induite par l’imperméabilisation des surfaces. Même si la discrétisation de la morphologie des rivières du modèle n’est pas optimale pour analyser précisément des phénomènes extrêmes tels que des crues, cela donne quand même une idée de l’importance de l’augmentation de l’intensité des crues. On observe des pics de crues supérieurs d’environ 2 m3/s à 4 m3/s selon les cas.

Finalement, on peut estimer l’impact du développement urbain sur les niveaux piézométriques. Pour ce faire, nous avons procédé de la même manière que dans le chapitre 7.2.4 en créant cinq piézomètres fictifs représentant les charges hydrauliques à 2 m sous la surface de secteurs d’intérêts. La Figure 80 présente la localisation de ces piézomètres et les différences de charges hydrauliques observées entre le scénario SR- A1B sans développement urbain et le scénario urbain +100 km2. Seul le scénario +100 km2 a été utilisé, car il représente le scénario le plus pessimiste et que les différences entre les scénarios sont minimes. La première observation est que les différences de charges hydrauliques varient entre -0 m et -1.5 m selon la localisation et les saisons. De manière plus locale, on observe que les plus grandes différences sont observées sur les hauts topographiques (piézomètre 1 et 2 sur la Figure 80). Les diminutions observables semblent être maximales durant les mois de juin et juillet et atteignent -1.5 m. Sur les bas topographiques, on observe des diminutions d’environ -0.5 m en période estivale.

Figure 80 : Localisation des piézomètres fictifs et les différences en moyenne mensuelle des niveaux piézométriques observés à ces piézomètres entre le scénario d’urbanification +100ha et SR-A1B.

Les diminutions plus importantes en période estivale peuvent être interprétées comme étant l’addition des effets de l’imperméabilisation et de l’évapotranspiration diminuant les infiltrations et de ce fait diminuant les niveaux piézométriques.

A l’échelle du bassin versant, l’impact du développement urbain peut sembler mineur par rapport à celui observé pour les changements climatiques. Cependant, une diminution des charges hydrauliques de l’ordre de 1 m peut avoir des conséquences néfastes pour différents milieux naturels comme les milieux humides ou à une échelle plus locale. Il est donc important de considérer cet aspect afin de prévenir l’impact souvent irrémédiable de l’imperméabilisation des surfaces.

8.3 Sommaire

L’impact du développement des zones urbaines de Québec devrait être modéré si on le compare à l’impact des changements climatiques. Toutefois, on observe une augmentation des débits à l’exutoire variant entre +0.1 m3/s et +0.6 m3/s en moyenne mensuelle durant les mois les plus pluvieux, essentiellement en automne et en hiver. À l’inverse durant l’été, on observe peu de changements voire une légère diminution variant entre -0.1 m3/s et -0.3 m3/s. Concernant les infiltrations, on observe une diminution des infiltrations induite par l’imperméabilisation des surfaces surtout en période estivale. Cette diminution s’élève à environ - 5 % en moyenne annuelle pour chaque scénario. Concernant les niveaux piézométriques, on observe une diminution générale des charges hydrauliques dans les zones de développement urbain. Ces diminutions sont de l’ordre de -1.5 m sur les hauts topographiques et de -0.5 m sur les bas topographiques principalement en période estivale. L’impact du développement urbain est moins important que celui observé pour les changements climatiques, mais il ne faut pas perdre de vue que même des diminutions de l’ordre de 1 m peuvent avoir des conséquences néfastes sur certains écosystèmes fragiles.

Comme pour l’estimation de l’impact des changements climatiques, les résultats présentés représentent une tendance générale à long terme. La méthodologie utilisée simplifie grandement les zones urbaines et leurs développements en ne différenciant pas les zones industrielles de zones résidentielles par exemple. Cela peut mener à une mauvaise représentation de certains phénomènes locaux. Toutefois, on peut

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considérer qu’à l’échelle du bassin versant, la méthodologie utilisée est capable de reproduire les tendances et les phénomènes de manière générale.