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DE L’IMMIGRA3ION EN GUYANE

L’IMMIGRA3ION 2PON3ANEE

L’intégration de la Guyane la Nation fran aise passe nécessairement par un légitime alignement socioéconomique sur le régime métropolitain, la diffusion du modèle de progrès étant ainsi dissociée d’un développement économique endogène En pla ant la Guyane dans ce processus, l’État s’affirme comme l’acteur principal d’une emprise sur l’espace social guyanais, mais surtout, l’image du progrès crée un appel migratoire dans l’environnement régional Les migrations spontanées sont donc liées au nouveau mode d’exercice du pouvoir de l’État

3 1 STATUT POLITIQUE, NIVEAU DE VIE ET LOCALISATION DE LA GU ANE L’année 1 46 est symbolique Avec la départementalisation, le niveau de vie des Guyanais s’éleva progressivement Les effets de la modification du statut politique commencèrent tre per us partir de l’année suivante Les administrations départementales (Direction départementale de la santé publique et de la population, P T T , vice-rectorat, etc ) recrutèrent et offrirent des services nouveaux ou améliorèrent les prestations de l’époque coloniale En 1 53 pratiquement toutes les administrations constituant l’armature d’un département métropolitain étaient installées Le système de protection sociale fut progressivement mis en place Il constitue une des composantes essentielles du niveau de vie des habitants de la Guyane de l’après-guerre

L’application de la législation sociale s’étendit sur une période de vingt ans (1 50-1 0) Les fonctionnaires en ouirent les premiers avec la mise en place de la Sécurité sociale en 1 50, puis vint le tour des salariés du secteur privé (1 55), les travailleurs indépendants n’en bénéficièrent qu’ la fin des années 1 60 et au cours des années 1 0 Les habitants de la Guyane vinrent ainsi disposer d’un système de protection qui les mettait l’abri des risques du travail, de la maladie et de la vieillesse, et qui faisait de la société guyanaise une société aussi protégée que l’était celle de la Métropole Certes, le niveau des prestations familiales servies aux familles guyanaises étaient inférieur celui de la Métropole (les gouvernements de la IVe et de la Ve République ont longtemps refusé de les aligner sur le niveau métropolitain pour ne pas encourager une natalité ugée galopante ainsi que des formations familiales – enfants naturels, unions libres – qui s’éloignaient, disait-on, par trop du modèle familial dominant de la France) Mais le principe de la parité globale , adoptée par le

gouvernement en 1 63, versant des prestations collectives par l’intermédiaire du Fonds d’Action Sociale (FAS : aide au logement, crèches et garderies, cantines scolaires) et du Fonds d’action sanitaire sociale obligatoire (FASSO : Formation professionnelle, service départemental de travailleuses familiales) – rapprocha les prestations familiales de leur niveau métropolitain

La protection sociale s’étendait également aux personnes démunies de ressources, par le biais de l’aide sociale répartie sous forme d’aide médicale, d’aide l’enfance, la famille, aux personnes gées et aux handicapés

Avec le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) devenu Salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) qui liait l’évolution du salaire minimum celle des prix, puis, plus récemment, l’indemnisation du ch mage et le Revenu minimum d’insertion (R M I , au ourd’hui R S A : Revenu de solidarité active), les Guyanais disposaient d’un système de protection social qui contribua largement l’amélioration de leurs conditions de vie et l’augmentation de leurs capacités de consommation

Les prestations sociales représentaient elles-m mes une part importante et croissante du revenu des ménages Ainsi de 1 5 1 81, cette part est passée de 23,8 2 ,5 53

Tel qu’on peut l’apprécier travers les services du département et les données chiffrées, le niveau de vie des Guyanais rompait la fois avec la misère sociale de la période coloniale (l’extraordinaire progression de la population est le signe le plus remarquable de cette rupture) et avec les caractères économiques et sociaux des pays environnants Pendant les trois siècles du régime colonial, la Guyane avait fait figure de parent pauvre du continent sud-américain et de la Cara be, avec sa faible population et sa médiocre production

Le régime départemental renverse la situation et fait de la Guyane, par le biais du niveau de protection sociale, un pays haut niveau de vie, le plus élevé de la région (graphique 20), mais sans développement productif

La Guyane se retrouve donc dans une situation paradoxale : une absence de capacités de développement productif et, en m me temps, un progrès social par le biais des transferts Les villes de Cayenne et de ourou représentent les p les de diffusion du progrès social et technologique, travers notamment les surfaces de vente de la grande distribution et les bassins d’emplois De ce fait, la diffusion du progrès constitue le vecteur des dynamiques migratoires en Guyane dans les années 1 80 et 1 0 Il y a donc un appel migratoire, de

nature économique mais sans fondement réel, sur les pays environnants : Ha ti, Brésil, Surinam, Guyana et plus récemment République Dominicaine, Pérou

G a i e - E r i P I B e a a a i a e a e i a 0 10000 20000 0000 40000 50000 60000 70000 u ane 194 9 01 0 04 1 47416 57807 résil 1214 150 1254 12814 14606 urinam 16574 2 42 17 94 15496 1662 u ana 9 8 5157 465 2 84 2017 ene uela 2 08 0415 20 05 18655 1 952 1981 1984 1986 1988 1990 Source: INSEE

Nombre d’habitants de ces pays ne s’y sont pas trompés qui affluent en Guyane pour s’y soigner, s’instruire ou trouver un emploi L’évolution des migrations quotidiennes de part et d’autre de la frontière avec le Surinam est significative cet égard Au début du siècle et encore dans les années 1 0, les habitants de Saint-Laurent du Maroni, attirés par le niveau de vie du Surinam s’y rendaient pour y faire leurs emplettes quotidiennes ou pour consulter un professionnel de la santé Paramaribo Au ourd’hui, ces migrations quotidiennes ont changé de sens : ce sont les Surinamiens qui franchissent le Maroni la recherche des services offerts par le département

Le cadre de vie des Guyanais s’est donc constamment amélioré alors qu’il s’est relativement dégradé au Surinam, dans le nord du Brésil, au Guyana et au Vene uela Dans les années 1 50 le rythme de la vie et le niveau de la consommation en Guyane ne diffèrent guère de ceux de l’avant-guerre Dans les décennies suivantes, la population urbaine devient largement ma oritaire (84 en 1 0) reléguant le cadre de vie villageois au rang des souvenirs, l’alimentation s’améliore en quantité et en qualité et se rapproche de modes alimentaires des pays industrialisés, l’équipement des ménages progresse rapidement L’automobile et la télévision, symbole par excellence des années de croissance et de la société

de consommation, ont fait une entrée remarquable dans l’espace littoral et dans les foyers guyanais

En dehors de la période aurifère, en particulier des années 18 0-1 10, la Guyane n’avait amais connu, avant la décennie 1 80, des mouvements migratoires spontanés de l’ampleur de ceux qui la touchent durant cette période La population d’origine étrangère est cependant difficile évaluer avec exactitude, en raison du caractère essentiellement clandestin d’une part, et d’autre part de l’importance de la seconde génération (les enfants d’étrangers nés en Guyane sont, par la loi, de nationalité fran aise et comptabilisés comme tels) et de la naturalisation Si les personnes de nationalité étrangère constituent un tiers des effectifs totaux (tableau 1), la population d’origine étrangère représenterait plus de la moitié des habitants de la Guyane, et celle d’origine extérieure (en y incluant les migrations nationales), environ 60 de la population

3a rea 1 - P ra i e a i ari a e e G a e

Année Population totale Population étrangère

Pourcentage de la population étrangère dans la population totale

( ) 1 46 28 506 1 24 6, 1 54 2 863 3 34 12,0 1 61 33 535 3 664 10, 1 6 44 3 2 15 16 34,2 1 4 5 348 5 681 , 1 82 3 022 15 625 21,4 1 0 114 808 31 8 2 , 1 15 2 4 46 5 6 2 ,6 2006 205 54 04 3 , Source: INSEE

Par ailleurs, par son appartenance l’Europe et abritant les installations du programme spatial européen, le premier du monde pour le lancement de satellites, la Guyane s’impose en Amérique de Sud comme un élément de pro ection de la puissance européenne

Cependant classée parmi les régions les plus pauvres de l’Union Européenne, elle re oit ce titre une enveloppe de plusieurs centaines de millions d’euros travers des financements spécifiques européens (fonds structurels européen), mais aussi en tant que

région ultrapériphérique A ce titre, elle peut déroger certaines dispositions communautaires inadaptées et conserver son imp t particulier : l’octroi de mer, donc un privilège douanier dont ne bénéficient pas les régions continentales européennes Ces fonds financent désormais 51 du montant des travaux de construction de routes et d’édifices publics, tout cela s’a outant bien s r aux transferts nationaux

D’autre part, ces aides qui font des départements fran ais d’Amérique (Martinique, Guadeloupe et Guyane) les territoires les plus riches de la Cara be et de l’Amérique du Sud, entrainent un effet pervers, en aggravant le c té artificiel de la prospérité guyanaise tout en accentuant l’écart d’équipement et de niveau de vie avec les pays voisins : co ts, prix et salaires sont quatre dix fois supérieurs ceux du Brésil et du Surinam

Ainsi l’immigration récente qui, rappelons-le, constitue dans les années 1 80 près de la moitié de la population du pays, entend également tirer profit du système, en qu te de prestations sociales, mais ses motivations sont aussi familiales, politiques qu’économiques

3 2 L’IMMIGRATION POLITIQUE

Deux communautés étrangères se sont installées en Guyane, principalement poussées hors de leurs pays causes des crises sociales et politiques : les communautés ha tienne et surinamienne

L’immigration ha tienne en Guyane a débuté au cours des années 1 60, avec le régime dictatorial des présidents Duvalier père et fils La répression du régime, la misère et le peu de perspectives d’avenir ont accentué l’émigration : un flux qui se dirigea vers de nombreux pays européens (Belgique, Suisse, France, etc ), mais surtout les états nord-américains, caribéens et sud-américains, phénomène auquel la Guyane ne put échapper

Quant l’immigration surinamienne destination de la Guyane, elle a été influencée par la guerre civile (1 86-1 2) qui conduisit des milliers de Surinamiens se réfugier sur la rive droite du Maroni

1 L’IMMIGRA3ION HA 3IENNE

L’immigration ha tienne est commune l’ensemble de la Cara be, mais en dehors de Saint-Martin c’est en Guyane qu’elle prit le plus d’ampleur par rapport la population

autochtone Longtemps peu significative, l’immigration ha tienne est désormais prépondérante, en raison aussi de la proximité culturelle

La présence ha tienne est de plus en plus importante en Guyane d’un point de vue numérique Cependant le flux migratoire destination du département n’est qu’une composante secondaire du grand flux qui conduisit près d’un million d’Ha tiens en divers pays d’Amérique (États-Unis, Canada, Antilles fran aises, Colombie, Vene uela, Surinam, etc ) et en France Les crises politiques, a outées au sous-développement, la forte pression démographique (Ha ti comptait en 1 81, 5 104 000 habitants, une densité générale par ilomètre carré de 530 habitants) poussèrent d’abord hors de la grande le son élite sociale et intellectuelle, ensuite ses classes moyennes et, enfin, ses paysans directement originaires du milieu rural54 Ce furent ces derniers, en grande ma orité analphabètes, qui constituaient le gros de la population ha tienne en Guyane

L’immigration en provenance de ce pays, le plus pauvre d’Amérique, n’est considérer qu’au milieu des années 1 0 Elle fut particulièrement forte dans les années 1 80 du fait des troubles politiques en Ha ti Les phases migratoires se calquèrent sur les périodes d’instabilité politique qui se répercutaient sur une situation économique et sociale dramatique, mais aussi sur le contexte local Les flux se développèrent massivement dans la deuxième moitié de la décennie 1 0, usqu’en 1 80, date laquelle la France imposa un visa pour l’entrée en Guyane, l’arrivée s’effectuant désormais par le Surinam La politique de regroupement familial menée par l’Office des Migrations Internationales (OMI) au début des années 1 0 a permis un rebond de l’immigration ha tienne entre 1 0 et 1 : l’effectif des natifs d’Ha ti a augmenté de 40 pour atteindre 11 00 personnes en 1 , soit 28 des immigrés, les natifs d’Ha ti représentaient alors cette date la seconde communauté immigrée de Guyane et le restent encore avec un effectif de 20 4 1 ressortissants en 2008

Le parcours effectué par les Ha tiens pour se rendre en Guyane fut cependant bien difficile et très onéreux Excepté le flux surinamien, le flux ha tien fut pourtant supérieur aux autres prétendants de la Guyane Les Ha tiens commencèrent emprunter la voie aérienne en se munissant d’un passeport leur permettant de ouir du statut de touristes Une fois l’entrée en Guyane assurée, les immigrés s’arrangeaient pour y demeurer clandestinement pour régulariser leur situation Les autorités étaient aussi autrefois peu regardantes en raison de l’immense besoin de main d’ uvre d aux grands travaux La fermeture des frontières l’immigration ha tienne en 1 80 (visa obligatoire) eut pour conséquence l’organisation de filières clandestines partir du Surinam De m me le Surinam accordait les visas plus

facilement, et les Ha tiens profitaient de la porosité de la frontière avec la Guyane pour s’y rendre Le flux ha tien fut freiné en 1 85 par des mesures draconiennes prise la fin du régime duvaliériste de m me, la guerre civile au Surinam provoqua un net ralentissement des entrées qui stoppa net le courant migratoire par ce pays Ces évènements, a outés au retour Ha ti d’un certain nombre de ses ressortissants, entrainèrent la diminution de la communauté ha tienne cette période Or, au début des années 1 0, le flux reprit de plus belle avec une féminisation de l’immigration et un regroupement des familles, mais aussi la suite du coup d’État militaire de 1 1, usqu’au rétablissement d’un régime démocratique en 1 4

Par ailleurs, l’immigration ha tienne ne fut pas seulement politique Les premiers Ha tiens arrivés en Guyane en novembre 1 63 y étaient pour des raisons professionnelles Au nombre de 25, ils furent recrutés par une entreprise comme man uvres sur un chantier du Gallion ( 20 m au sud de Cayenne), pour un salaire horaire de 0,35 francs (le SMIG était la fin de 1 63 de 1,6 5 francs de l’heure), raison de 10 heures par our, y compris les dimanches et ours fériés Puis la fin des années 1 60, quelque 300 Ha tiens vinrent travailler sur les chantiers du centre spatial Le flux se réduisit au début des années 1 0, mais c’est lui qui va faire conna tre la Guyane comme destination potentielle pour les futurs candidats l’émigration

L’amplification des flux vers la Guyane, partir de 1 5, résulta d’un rétrécissement de l’espace d’émigration vers les États-Unis et le Canada qui fermèrent leurs frontières en raison de la crise économique, mais d’autres facteurs ont également oué : l’appel de main-d’ uvre suscité par le Plan vert , le fait que la Guyane soit la destination la moins co teuse et la plus accessible (facilités d’obtention de visa pour le Surinam et entrée clandestine en Guyane par Saint-Laurent) Il s’agit donc avant tout d’une immigration par défaut et la Guyane était tou ours envisagée comme une étape et non une destination finale Les flux reprirent massivement partir de 1 82 et usqu’en 1 86 (plus de 2 000 entrées par an), en raison de la politique des grands travaux et de la construction d’un troisième pas de tir au centre spatial

La communauté ha tienne avait, de par son origine essentiellement rurale, un grand nombre de travailleurs non qualifiés Les Ha tiens se retrouvaient donc fréquemment employés au noir dans le b timent, l’agriculture, l’industrie du bois et les emplois sans qualification Ils se firent aussi une spécialité dans l’entretien des maisons et des ardins privés, ainsi que dans celui des voiries urbaines La quasi-totalité des éboueurs de la Guyane était originaire d’Ha ti Ils étaient particulièrement frappés par le ch mage 50 de la

population active des bidonvilles ha tiens de l’agglomération de Cayenne – o se concentraient 80 des Ha tiens de la Guyane – étaient sans emploi ou en situation de sous-emploi G a i e 1 - E r i e ra ra i issi e e a i ari a ie e 0 5000 10000 15000 20000 25000 1967 1974 1982 1990 1999 2008 population a tienne Source: INSEE

La communauté d’origine ha tienne a connu une croissance phénoménale : de moins de 500 recensés en 1 4, les Ha tiens passaient 5 500 en 1 82, 8 8 en 1 0, 11 00 en 1 , 20 4 1 au recensement de 2008 Mais les estimations communément admises les placent dans une fourchette entre 30 000 et 40 000 personnes Ils constitueraient près de 20 de la population guyanaise Confrontée une situation de ch mage et de sous-emploi, prise dans la spirale de l’endettement contracté pour la migration, la ma orité des immigrés ha tiens ne peut pro eter un retour au pays d’origine o la situation économique reste précaire, ni poursuivre le processus migratoire vers l’Europe Cela conduit envisager la pérennisation de cette communauté dans une logique structurelle Les villes de Cayenne, Matoury et ourou regroupent les effectifs les plus importants, m me si on note des effectifs croissants dans la région de Saint-Laurent qui devient une one de sédentarisation et non plus seulement un espace de transit

L’IMMIGRA3ION 2URINAMIENNE

Les Surinamiens connaissent une guerre civile entre 1 86 et 1 2 qui conduira de nombreux de ressortissants en Guyane Si cette guerre n’est pas l’évènement initiateur de l’immigration surinamienne en Guyane, elle en est cependant le fait le plus marquant

La migration surinamienne est due au mouvement forcé des réfugiés vers les communes frontalières, pendant la guerre civile qui frappe le Surinam de 1 86 1 2 En réalité, les déterminants migratoires relèvent d’une grande complexité et ils doivent tre également appréhendés dans le cadre de logiques sociocommunautaires

Depuis les années 1 0, le Surinam conna t une situation difficile, la fois sur le plan économique, en raison du déclin du marché de la bauxite, principale richesse du pays (80 de la valeur des exportations) et sur le plan politique (indépendance en 1 5, coup d’État militaire en 1 80) Les conséquences s’expriment par une émigration massive55, mais qui concerne peu la Guyane, malgré sa proximité géographique : les effectifs de nationalité surinamienne en Guyane sont passés de 1 23 en 1 4 2 453 en 1 82

Les flux ma eurs vers la Guyane sont constitués par les migrations forcées des réfugiés, touchant essentiellement les communautés bushinengue Le contexte de la guerre civile au Surinam trouve son origine dans le cloisonnement socio-ethnique très fort de la société surinamienne dans laquelle les Bushinengue sont marginalisés géographiquement et socialement, peu intégrés la vie urbaine littorale et qui apparaissent au plus bas de l’échelle socio-ethnique du pays C’est dans ce double contexte, la fois socio-ethnique et de crise politico-économique que s’amorce en 1 86 la guerre civile Opposant initialement les Nd u a aux forces gouvernementales, elle va concerner l’ensemble des communautés bushinengue par son caractère ethnique et identitaire, et se dérouler uniquement dans le bassin frontalier

Dès le début du conflit, 13 000 personnes allèrent chercher refuge dans les communes frontalières du Maroni (Apatou, Saint-Laurent, Mana) Les réfugiés étaient nd u a et parama a, auxquels s’a outaient un millier d’Amérindiens (Galibis et Ara a s) Les migrants se fondaient dans les villages frontaliers, dans les quartiers de Saint-Laurent et dans le milieu rural Mais des camps de réfugiés furent mis en place, gérés par l’armée fran aise puis con ointement avec le H C R (Haut commissariat aux réfugiés) Le statut uridique de réfugié ne fut pas accordé ces migrants qui seront des personnes provisoirement déplacées du Surinam (P P D S ), ce qui ne permit aucun accès une régularisation administrative, d’autant plus que la France appliquait une politique plus restrictive de la délivrance de cartes de sé our La présence des natifs du Surinam se renfor a considérablement pendant la guerre civile, dans la région du Maroni, usqu’ atteindre 38 du nombre total des immigrés du département en 1 0 Durant cette m me décennie, près du tiers de la population de Saint-Laurent du Maroni était de nationalité surinamienne

5555 Les mouvements, composés ma oritairement par les communautés indo-pa istanaise et avanaise, se sont orientés essentiellement vers les Pays-Bas qui comptaient, en 1 82, 180 000 Surinamiens, pour une population au Surinam de 380 000 habitants la m me date (en 2008 le pays compte en 458 000 habitants)

Après le règlement du conflit, la France entama une politique de rapatriement : fermeture des camps en septembre 1 2 et aide financière (4 000 francs par adulte, soit