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L'IMMERSION MEXICAINE DE PINO CACUCCI

Dans le document Voyage et tourisme (Page 75-97)

Gianni HOCHKOFLER Société de Géographie de Genève

Résumé : L’article commente des récits de voyage, des essais historiques et des romans de Pino Cacucci, écrivain italien, consacrés au Mexique. Comment l’identité mexicaine, la géographie physique du pays, quelques villes importantes et peuples originaires sont-ils dépeints dans cette œuvre ? Quelles couleurs, quelles senteurs, quelle atmosphère particulière caractérisent la "Mexicanidad" et son rapport ambigu à l’altérité états-unienne ? Telles sont les questions auxquelles s’efforce de répondre cette contribution.

Mots clés : Mexique, histoire, mythe, littérature, Pino Cacucci, cinéma.

Riassunto : L’articolo commenta racconti di viaggio, saggi storici e romanzi di Pino Cacucci, scrittore italiano, consacrati al Messico. Come l’identità messicana, la geografia fisica del paese, alcune città importanti e popoli originari sono dipinti in questi scritti? Che colori, che odori, che atmosfera particolare caratterizzano la "Mexicanidad" e il suo rapporto ambiguo con l’alterità degli Stati Uniti ? Queste sono le domande a cui questo contributo cerca di rispondere.

Parole chiave : Messico, storia, mito, letteratura, Pino Cacucci, cinema.

L’écrivain et le Mexique

Pino Cacucci, "le plus mexicain des écrivains italiens" (Porqueddu, Giorello, 2003) est bien connu en Italie, les éditions de ses livres et les prix littéraires le confirment. Il n’est pas non plus inconnu des lecteurs francophones, comme les nombreuses traductions en témoignent.

Il se présente ainsi :

"Je suis né (en 1955) à Alessandria dans le Piémont. Quand je n’avais qu’une année, les miens ont déménagé en Ligurie, à Chiavari, où j’ai grandi. Après, en 1975, je suis allé à Bologne, sous le prétexte de l’Université et en 1982, je suis parti au Mexique, où j’ai longtemps vécu.

Si l’on considère que je suis le fils d’un père des Pouilles et d’une mère des Marches, quand on me demande d’où je suis, je ne sais pas quoi

répondre. Je sens que je n’ai même pas une ville natale" (Cacucci, 2008).

Il s’inscrit au DAMS1 de Bologne, attiré par le charisme d’Umberto Eco qui en était le directeur, mais aussi par la chaude vie intellectuelle, sociale et politique de la moitié des années 1970 dans cette importante ville universitaire. Par la suite, la situation à Bologne se détériore ; il part à Barcelone et Paris. Dans la postface d’un roman noir, Punti di fuga, qui n’a pas été traduit en français, il dit que le Mexique a été aussi un lieu de fuite, inspiré par les personnages des westerns de Sergio Leone et de Sam Peckinpah. Après la déception de la grise réalité qui suivit les rêves brisés de la fin des années 1970 à Bologne, la fuite au Mexique lui me suis trouvé en immersion dans la vie quotidienne, hôte chez eux. Je ne me suis donc jamais senti un "touriste", mais un hôte de Mexicains, humbles et dignes, qui me firent connaître le Mexique "verdadero"".

(Traduction et adaptation d’une communication écrite de Pino Cacucci).

Il y prend goût, et l’année suivante, il retourne au Mexique pour y rester une bonne partie des années 1980. Il parcourt les différentes régions du grand pays, en utilisant tous les moyens de transport. Il étudie son histoire, à partir de la période précolombienne et de l’impact violent des conquistadores, dont les conséquences ne cessent de se montrer jusqu’à nos jours. Cacucci est surtout fasciné par la grande épopée révolutionnaire et les années brûlantes et créatives qui la suivirent. Les protagonistes et derniers témoins de cette époque passionnante sont des personnages hauts en couleur, sortis de l’oubli. La connaissance des lieux, de l’histoire, des traditions, des coutumes, de l’art, de la littérature et des événements les plus récents est toujours accompagnée par la rencontre et l’écoute des gens.

Nous nous limiterons ici à l’analyse des ouvrages de Pino Cacucci publiés en français où le Mexique est, si l’on peut dire, le "protagoniste".

Ils sont un outil pour parcourir la géographie et l’histoire de cet étonnant pays, au-delà des clichés et des préjugés.

Poussières mexicaines,qui a connu deux éditions en français, en 1995 et 2001, en est une introduction.

"Guide hétérodoxe, Poussières mexicaines sort des sentiers battus et donne la parole aux Mexicains du quotidien : ouvriers et paysans, Indiens Huicholes et loueurs de voitures, vendeurs de coqs et nageurs d’Acapulco. Ce Mexique-là est absent des itinéraires fléchés. Pino Cacucci nous incite à découvrir les voies cachées d’un pays dépositaire de légendes millénaires" (Cortanze G. de, 1995).

Le Mexique ne cesse d’attirer tous ceux qui recherchent la découverte dans le voyage, comme pays de la diversité, de la multiplicité, du contraste et de la démesure.

Le Mexique et la littérature

La littérature occupe une place importante dans l’attractivité du Mexique. L’écrivain surréaliste Antonin Artaud, débarqué à Veracruz en 1936, "à la recherche d'un monde perdu", rencontre les Tarahumaras qu’il décrit dans des textes qui sont sans doute parmi les plus beaux écrits par un Européen sur le Mexique.

"C'est une idée baroque pour un Européen que d'aller rechercher au Mexique les bases vivantes d'une culture dont la notion s'effrite ici ; mais j'avoue que cette idée m'obsède ; il y a au Mexique, liée au sol, perdue dans les couleurs de lave volcanique, vibrante dans le sang des indiens, la réalité magique d'une autre culture dont il faudrait rallumer le feu."

(Artaud. A., 1963 : 159).

André Breton y trouve le pays surréaliste par excellence, dans lequel le passé mythologique,

"continue à évoluer sous la protection de Xochipilli, dieu des fleurs et de la poésie lyrique et de Coatlicue, déesse de la terre et de la mort violente […]" (Breton A., 1938).

D’autres auteurs sont attirés par ce pays, comme D.H. Lawrence, Malcolm Lowry, Jacques Soustelle dans ses travaux ethnographiques et J.M.G. Le Clézio, auteur de Rêve mexicain, qui a écrit que le Mexique lui a produit un choc physique. La liste des auteurs italiens est par contre très courte : Emilio Cecchi, auteur d'un récit de voyage à partir de la Californie en 1930, lorsqu’il était professeur à Berkeley, Carlo Coccioli,

écrivain et journaliste, qui a longtemps vécu à Mexico, et enfin Pino Cacucci.

Pino Cacucci : le cinéma et la traduction

Le début de la carrière d’écrivain de Pino Cacucci en 1988 est marquée – trait du hasard – par Federico Fellini. Le Maestro fut attiré par l’image d’un gorille, couverture d’Outland Rock, un roman noir, premier livre de Pino Cacucci, publié par une petite maison d’édition.

Cette image allait lui servir pour un film publicitaire qui lui avait été commandé, mais il fut tellement intrigué par le roman qu’il contacta par téléphone l’auteur inconnu en lui donnant rendez-vous. Ebloui par cette proposition, Pino Cacucci pensa d’abord à une farce d’un de ses amis.

Cette rencontre inattendue allait lui ouvrir les portes du monde de l’édition, puisque Fellini signala son livre à des critiques littéraires et les journaux le nommèrent L’écrivain découvert par Fellini. Une amitié s’ensuivit et même un projet de collaboration à un projet de film mexicain qui ne vit jamais le jour. L’écrivain décrit cette rencontre dans Un po’ per amore, un po’ per rabbia (Milano, Feltrinelli, 2008), qui n’a pas été traduit en français.

Le rapport au cinéma se prolongea par deux de ses livres consacrés au Mexique. En 1992, Gabriele Salvatores, très connu après son Oscar de la même année pour le meilleur film étranger avec Mediterraneo, réalise Puerto Escondido, tiré du roman de Pino Cacucci, qui en écrivit le scénario. En Italie, ce film devint un film culte ! L’ouvrage San Isidro football club, fut adapté et tourné en 1995 avec le titre Viva San Isidro par Alessandro Cappelletti, avec beaucoup moins de succès que le précédent. La collaboration de Pino Cacucci avec le cinéma s’arrête en 1997, quand il écrit le scénario de Nirvana toujours pour Gabriele Salvatores.

Traducteur reconnu, ayant reçu plusieurs prix prestigieux, Cacucci a traduit de l'espagnol à l'italien plus de septante ouvrages, entre autres les livres de l’écrivain chilien Francisco Coloane, chantre de la Patagonie et de la Terre de Feu, et de Paco Ignacio Taibo II, écrivain mexicain-espagnol, connu surtout pour ses romans policiers publiés aussi en français. Dans une interview de Barbara Spinelli2 il affirme que la traduction est sa passion. Il avoue qu’un auteur-traducteur court un

double risque : l’un d’être influencé par les auteurs qu’il traduit et l’autre d’ajouter du sien aux textes qu’il traduit. Il pense que jusqu’à présent, il a gardé le juste équilibre en respectant le sens et les émotions que l’auteur veut transmettre. On peut conclure que la traduction aussi est un voyage entre les mots et les images, plein de détours, d’entraves et de pièges, comme tous les voyages d’ailleurs.

Como México no hay dos (il n’y a pas deux pays comme le Mexique).

Cet adage populaire affirme haut et fort qu’aucun autre pays ne peut être comparé au Mexique (Cacucci 2007 : 21).

L’affirmation de l’orgueil national des Mexicains se base sur la nature. Le ciel du vaste plateau possède "la lumière juste" qui exerce son attraction sur les artistes : écrivains, poètes, photographes ou réalisateurs.

Et après les averses de la saison des pluies, "[…] lorsque enfin cesse la pluie, tout paraît transformé et la nature régénérée offre au monde un nouveau visage" (ibid. : 22).

Ce pays est unique pour tous ses contrastes. Dans la géographie : côtes tropicales et sommets enneigés, déserts et forêts vierges, gigantesques métropoles et paisibles villes coloniales, plages des Caraïbes et sites archéologiques précolombiens, mais aussi dans la société : richesse et misère, modernité et tradition, culture et violence, corruption et révolte, Etats-Unis d’Amérique et orgueil national. Un pays qui "se nourrit de mythes et de légendes. Soudé par le ciment puissant de la mexicanidad - cette philosophie de la vie où s’exprime un attachement profond à ses racines -, son peuple appréhende les trésors naturels du pays comme de véritables créatures vivantes, œuvres d’une Mère Nature généreuse et cruelle, à la fois crainte et respectée" (ibid. : 23, 24).

A la Mère Nature qui manifeste sa cruauté dans les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les ouragans dévastateurs, font défi depuis quelques années les tueries et les massacres des cartels de la drogue. Pino Cacucci a décrit le début de ce phénomène dans Puerto Escondido. Un article de Marta Durán de Huerta, paru le 18 octobre 2011 mentionne à partir de 2000, plus de 50’000 morts, 10’000 disparus et 250’000 personnes déplacées par la violence3.

Atterrissage à Mexico : El Monstruo

Même après ses nombreux atterrissages à Mexico, dont il a oublié le nombre, Pino Cacucci se souvient toujours du premier.

"[…] y atterrir en pleine nuit revient à survoler pendant une demi-heure une étendue de lumières sans comprendre où est le début et où est la fin. […] on se demande comment il se peut que d’un moment à l’autre surgisse une piste au milieu de ce magma de masures, toutes surmontées d’une bulle grise pour retenir l’eau qui se fait de plus en plus rare… et s’il y a jamais eu un aéroport, on pense que la ville l’a dévoré comme elle a dévoré les montagnes environnantes, corrodées, effritées, enveloppées de nouveaux immeubles et de nouvelles routes, de baraques creusées dans la roche, peuplées d’une cour des miracles qui s’avance jusqu’ici dans un mouvement centripète produit par la misère" (Cacucci, 2001b : 26-27).

L'aéroport de Mexico, englouti par la croissance impétueuse de El Monstruo (selon le recensement de 2010, l’aire urbaine compte 20 millions d’habitants), s'est retrouvé presque au cœur de la capitale et va arriver rapidement à saturation. Depuis plus de 40 ans, la construction d’un nouvel aéroport revient au premier plan, à la manière d’un feuilleton politique. En octobre 2001, le président Fox annonce le choix du lieu de Texcoco, situé à 20 km du centre du D.F. (Distrito Federal).

Cela nécessitait d’exproprier, sans consultation et à un prix dérisoire, les petits paysans, des indigènes qui avaient obtenu le droit de propriété grâce à la réforme agraire de la Révolution Mexicaine. Ceux-ci s’opposèrent de façon déterminée en utilisant aussi un recours au Tribunal fédéral. Le 10 juillet 2002, une marche vers le centre du D.F.

fut contrée par la police qui tua un des manifestants. Appuyés aussi par le mouvement écologiste, car les lacs de Texcoco sont la dernière oasis pour les oiseaux migrateurs dans le Valle de Mexico, les paysans obtinrent gain de cause : le 1er août 2002, le président Fox renonça au projet. Son successeur Calderón revint à la charge en 2008, annonçant que l’aéroport se ferait en utilisant seulement des terrains de l’administration fédérale. Dans cette déclaration, le terme des travaux était prévu pour 2012. Ces travaux n’ont à ce jour pas commencé ! En parallèle, une autre solution de localisation de l’aéroport, celle de Tizayuca, est apparue sur le devant de la scène. Moins négative pour

l’environnement et les droits de propriété, elle présente le fort handicap de sa distance (75 km du D.F.). Le nouvel aéroport, sans contraintes d’espace, devrait être relié par un train rapide, avec un budget conséquent. Selon ses promoteurs, autorités de l’Etat d’Hidalgo en tête, Tizayuca deviendrait un pôle d’attraction économique et démographique réduisant la croissance de El Monstruo. Une troisième solution proposée est l’agrandissement de l’aéroport de Toluca, à 35 km. Grâce à une liaison par train rapide avec l’aéroport actuel, cela permettrait de doubler la capacité du système aéroportuaire de la mégalopole à des coûts plus contenus.

Ce Monstruo débordant, "Il est difficile d'établir où prend fin le Distrito Federal, […] et où commencent Hidalgo, Morelos ou l'Estado de México" (ibid. : 27), engendre d’énormes problèmes d’aménagement urbain et régional. Dans leurs études et leurs projets d’aménagement, les géographes et les urbanistes sont confrontés aux défis de leurs relations avec le pouvoir politique et économique. On peut imaginer que la question de l’aéroport sera présente dans la campagne présidentielle pour les élections du 1er juillet 2012, même si la guerre contre les cartels de la drogue est au centre de la lutte politique.

Dans les rues de Mexico

Les rues de Mexico présentent une circulation intense et frénétique, comme l’Avenida Insurgentes qui est l’axe Nord-Sud du D.F.

"L'avenida Insurgentes mesure une quarantaine de kilomètres et, lorsqu'on s'y engage à dix heures du matin, il faut le reste de la journée pour la parcourir d'un bout à l'autre : c'est évidemment un record mondial de longueur pour une artère centrale" (ibid. : 31).

Les fins de semaine, dans les années 1990, elle était aussi le théâtre de dangereux défis nocturnes entre jeunes conducteurs des différents quartiers de la ville, à partir du carrefour d'Insurgentes et du Paseo de La Reforma. Dans Puerto Escondido (Cacucci, 1994a : 127-130), on peut lire une description détaillée de ce phénomène qui appartient désormais au passé, puisqu’entretemps, la circulation dans la ville est devenue moins anarchique.

D’autres défis se déroulent pour la survie au jour le jour, dans la rue et sous l’asphalte :

"C’est la ville des banlieues nord, des Colonias grises de poussière à l’atmosphère immobile, où l’espoir du futur peut se borner au simple fait d’arriver jusqu’au soir, pour recommencer le lendemain à survivre. […]

territoire des chavos banda, adolescents et gamins qui vivent dans la rue, se battent pour le contrôle d’un bidonville ou pour se procurer le

"ciment", les solvants qu’ils inhalent jusqu’à se brûler la cervelle"

(ibid. : 42).

Fig. 1 : Adolescents de la rue (photo P. Cacucci)

La bande des Ponis occupe trois ou quatre égouts (coladeras) de l’Avenida Cien Metros, près de la Gare routière du Nord. Leandro, un reporter-télé indépendant italien, protagoniste de Demasiado Corazón, réalise un reportage bouleversant sur ces jeunes. Il descend dans l’égout.

Parmi les enfants il rencontre Lupita, une jeune fille de moins de seize ans qui vient d’avoir un enfant avec Chucho, le jeune chef de la bande.

"La communauté des enfants sous l’asphalte se chargeait de procurer le nécessaire à ceux qui étaient malades ou, comme Lupita après son accouchement, qui étaient obligés de rester quelques jours dans les égouts. Ils faisaient les porteurs, lavaient les vitres, vendaient du chewing-gum, faisaient la manche ou demandaient à manger aux petits commerçants de la gare" (Cacucci, 2001a : 38).

Lupita avoue à Leandro ce qu’elle aimerait le plus dans sa vie :

"Je voudrais retrouver ma mère, quitter la rue, avoir une maison pour moi, pour Chucho et l’enfant, me marier en longue robe blanche […]" (ibid. : 39).

Dans le roman publié en italien en 1999, le thème des enfants de la rue est toujours au cœur de la réalité mexicaine. Vers la moitié de 1999, leur nombre a été évalué à 13’000 par le Gouvernement du Distrito Federal et 30’000 par l’Academia Mexicana de Derechos Humanos4. Selon la rapporteuse des Nations Unies, Ofelia Calcetas Santos, 5000 enfants entre 10 et 12 ans sont forcés de se prostituer.

Une publication canadienne très récente montre que la situation n’a pas changé. Pire encore, les enfants sont la proie des gangs qui les utilisent comme dealers et autres services. Le phénomène de la prostitution persiste à cause également du tourisme sexuel. Les enfants risquent d’être contaminés par les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le sida. Ils sont aussi victimes de la violence des gangs et de la police5. Un article paru dans le quotidien El Universal le 28 mai 20106 présente une communication du collectif Quorum qui fait état de changements dans les habitudes et les comportements des enfants de la rue. Les travaux informels dans les marchés et les activités de la délinquance organisée (vente de drogues au détail et prostitution) ont remplacé les activités sur les carrefours routiers (laver les pare-brises, vendre des mouchoirs et des chewing-gum, cracher le feu et se coucher sur des vitres brisées comme des fakirs). Ces enfants sont actuellement

moins visibles grâce à leur mimétisme avec les jeunes des classes populaires : habits propres, baskets de marque et téléphones portables.

Leur consommation de drogue a aussi changé. Au lieu de l’inhalation de colle et de solvants qui se faisait en groupe, ils consomment individuellement du crack et de la cocaïne. Tous ces facteurs, auxquels s’ajoutent les rafles de la police, ont eu pour effet de chasser cette population des zones les plus prestigieuses du centre. Ce jeunes ne sont désormais plus fixés à un lieu, mais en déplacement permanent.

Le Zócalo

Le centre de Mexico, la place de la Constitución, appelé communément Zócalo correspond exactement à celui de la capitale aztèque Tenochtitlán.

"[ Y déboucher] à pied de l'avenue Francisco Madeiro ou de l'avenue Cinco de Mayo donne une sensation de vertige. C'est tout à coup le vide, la foule disparaît dans l'espace immense" (Cacucci, 2001b : 37).

Cette place, marquée par l’imposante cathédrale baroque et le Palais National, est le centre symbolique de la nation, le nombril du Mexique, où se déroulent tous les rassemblements patriotiques et politiques. A l'intérieur du Palacio, sur un des murales les plus célèbres de Diego Rivera,"qui représente toute l'histoire du Mexique de Moctezuma à la Revolución" (ibid : 37) sont aussi représentés d'autres révolutionnaires.

"[…] cette ville restera probablement la seule au monde où l'effigie de Marx trône dans un édifice gouvernemental […]" (ibid. : 38) (Fig. 2).

Les villages dans Mexico

La ville cache en son intérieur des quartiers ayant des airs de villages.

Pas loin du Zócalo, "se trouve le marché de Tepito : il se situe à quelques pâtés de maisons de la cathédrale, et c'est le royaume des falluqueros, les contrebandiers. […] Tepito est un village isolé dans le ventre du Monstruo ; tous ses habitants se connaissent et la solidarité y est plus

Pas loin du Zócalo, "se trouve le marché de Tepito : il se situe à quelques pâtés de maisons de la cathédrale, et c'est le royaume des falluqueros, les contrebandiers. […] Tepito est un village isolé dans le ventre du Monstruo ; tous ses habitants se connaissent et la solidarité y est plus

Dans le document Voyage et tourisme (Page 75-97)