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PARTIE 1. Seignosse-Océan, mise en contexte: les grandes tendances de l'offre et de la fréquentation touristiques

6.2 Analyse des résultats de lʼAFC appliquée à Seignosse-Océan (T2) : images et imaginaires de Seignosse-Océan

6.2.5 Images répulsives de Seignosse-Océan

Le pôle des images répulsives est quant à lui constitué par des espaces publics peu qualifiés voire dégradés, aux abords immédiats dʼespaces pourtant stratégiques (salle des Bourdaines, Atlantic Park).

Finalement, les espaces publics de Seignosse-Océan (hormis les accès aux plages) paraissent déqualifier leur environnement. De peu attractif ou neutre dans le cas de traitements récents centrés sur la partie fortement requalifiée (bassin dʼAtlantic Park ou place de Castille), on passe à du répulsif près des équipements majeurs (Bourdaines, parkings, Arènes, Forum, mais aussi lʼaccueil de lʼAtlantic Park et les espaces limitrophes fortement déqualifiés par les tags et grillages de protection).

Les dégradations donnent une image immédiatement négative, comme dans le cas des commerces sous auvent ou de lʼarrière de la salle des Bourdaines, tous situés dans le « répulsif » malgré leur rôle indéniable dans la station.

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Les enquêtés sont

particulièrement sensibles à la qualité de lʼentretien des lieux

Des lacunes en matière dʼentretien se font cruellement sentir à Seignosse-Océan

Les enquêtés se révèlent particulièrement sensibles à la qualité de lʼentretien des lieux. Une station touristique, dans laquelle le touriste se rend au prix dʼun déplacement parfois long et coûteux, se doit dʼêtre "irréprochable" pour correspondre à lʼimage paradisiaque que les touristes se font de leur lieu de vacances. Toute déviance est vécue comme un manque de respect pour ces hôtes, quʼils reçoivent ou quʼils soient reçus. Ainsi, selon E62, propriétaire dʼune résidence secondaire au Penon, « cʼest moche tous ces lieux tagués, cʼest insupportable,

surtout en bord de mer, ce nʼest vraiment pas possible de trouver ça sur son lieu de vacances ! » ; de même, pour le touriste de séjour E47 : « cʼest dommage les tags et les vieilles affiches, ça gâche tout. »

La station reçoit, cette terre dʼaccueil fantasmée comme le paradis perdu, la nature originelle, le havre de paix, doit satisfaire aux espoirs, aux attentes devenues exigences dʼune population temporaire de plus en plus volatile. Pour attirer il faut plaire. La station séductrice doit charmer

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le touriste, elle doit se faire belle (lʼentretien comme soin esthétique) et se parer de ses plus beaux atouts (les points de repères paysagers comme accessoires de la station).

De ce point de vue, des lacunes en matière dʼentretien se font cruellement sentir à Seignosse- Océan. Les usagers enquêtés sont parfois démunis lors de lʼenquête ne sachant pas où placer les photos de Seignosse-Océan dont les défauts dʼentretien masquent et nuisent à lʼimage, à la qualité de lʼespace en question, problématique moins présente dans les autres stations visitées à la même période et présentées dans le premier corpus (T1).

Il semble difficile pour les usagers fidèles à la station dʼadmettre que ces photos peu flatteuses, qui laissent apparaître des tags ou dʼautres éléments déqualifiant lʼespace, constituent la réalité de leur environnement chargé émotionnellement. Les "habitués" se montrent cléments et cherchent à excuser ces défauts dʼentretien publics et privés en rappelant :

- Le caractère saisonnier de la station, comme E18 : « ce nʼest pas génial ces graffitis mais

cʼest en hors-saison, cʼest peut-être pour ça que lʼentretien est parfois un peu limite [B13] » ou

E6 « oùlà cette photo [B42] doit avoir été prise en hors-saison ! ». La station nʼaurait-elle finalement vocation à être belle que les jours de fête lorsquʼelle reçoit de nombreux invités ? - Le caractère périphérique des espaces ; lʼattention se porte sur les lieux centraux de la station, comme si la périphérie ne pouvait prétendre à de tels apparats.

Pourtant cette défense est toute relative. Les photos ont effectivement été prises en hors-saison mais cela sʼavère être le cas pour lʼensemble des stations visitées (notamment celles constitutives de T1 multisites dont le caractère saisonnier est finalement moins visible et lisible). Surtout, que lʼon soit en mars ou en plein mois dʼaoût, les formes et les symboles dʼinurbanité sont toujours présents (photos ci-dessous, prises le 10 août 2009) révélant que le mal qui touche lʼespace urbain de la station est sans doute plus profond.

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Que lʼon soit en mars ou en plein mois dʼaoût, les formes et les symboles dʼinurbanité sont toujours présents révélant que le mal qui touche lʼespace urbain de la station est sans doute plus profond

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Le manque dʼidentité de nombreux espaces est problématique

La question complexe de la saisonnalité est essentielle

Une autre problématique concerne le manque dʼidentité de nombreux espaces à Seignosse- Océan. Loin dʼévoquer la rupture, le dépaysement, certains lieux, au contraire, rappellent durement la réalité urbaine dʼune station constituée par la transposition de la cité en bord de mer. Un touriste de séjour originaire de Cergy Pontoise (E58) est par exemple surpris par la ressemblance entre son lieu de villégiature touristique et son quotidien urbain parisien : « ça fait

très Cergy-Pontoise même si je sais que cʼest Seignosse, cʼest marrant ! […] On dirait un bas de cité dans la région parisienne. »

Si la question de la mise en scène urbaine et paysagère est importante, celle de la saisonnalité est essentielle. Le caractère éminemment saisonnier de lʼactivité touristique en « station archipel » est préjudiciable à la perception des clientèles de passages en hors-saison qui découvrent une ville abandonnée, délaissée, une ville fantôme, sans vie, sans rêves, qui sʼoppose de façon trop brutale à lʼeffervescence estivale. Comme le souligne le propriétaire dʼune résidence secondaire au Penon (E27) : « lʼhiver cʼest la saison de lʼoubli , cʼest moyen, jʼy

vais peu ». Les usagés sont frappés par cette saison morte guère attractive, comme la mère de

E21 : « ça fait 15 ans quʼon vient ici, on connaît bien ! Par contre il ne faut pas venir lʼhiver, cʼest

mort de chez mort, il nʼy a vraiment rien à faire. On était venu une fois alors quʼon était à Dax, mais on nʼaurait pas du, on ne le refera plus ! ». Une propriétaire de résidence secondaire au

Penon (E59) ajoute également : « jʼai vécu pendant toute une année au Penon et cʼest dur,

cʼest lourd, cʼest pesant à lʼannée cette solitude ». Lʼenquêté E58 constitue même une catégorie

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En hors-saison la station est perçue comme une ville fantôme, abandonnée et délaissée

hors-saison quand la station est fermée et quʼelle perd toute fonction et tout sens ; les habitations sont vides mais elles sont là et on les voit ».

Mais comment sortir de ce cercle vicieux typique des stations créées ex nihilo pour et autour de la seule activité touristique, de fait touchées par une forte saisonnalité ? Comment faire évoluer ces périodes intersticielles (hors-saison) où, dʼune part, la fermeture des commerces et des services ne permet pas le séjour et le tourisme et, dʼautre part, la faible fréquentation touristique nʼencourage guère lʼouverture de services et de commerces (absence de rentabilité pour les acteurs privés) ? La requalification urbaine et paysagère de la station, vecteur essentiel de lʼamélioration du cadre de vie des habitants permanents, temporaires ou éphémères, constitue ici un enjeu majeur.

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Hypothèses de traitement :

Reconfigurer et mettre en scène les espaces publics et commerciaux

Quatre photos ont fait lʼobjet de commentaires

particulièrement divergents : - une vue du skate parc, - une vue dʼAtlantic Park derrière ses barrières - une vue du Forum avec sa toile blanche

- une vue des tennis situés en arrière de dunes

Hypothèses de traitement : remise en scène, renaturation, reconstruction du bâti et des

espaces publics dégradés afin de contribuer à leur animation toute lʼannée ; reconfiguration complète des espaces commerciaux pour éviter les supports « prêts à taguer ».