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III - ÉVOLUTION DE L’INDICATEUR A - Évolution sur longue période

Depuis 1950, l’évolution du PIB en volume n’a été négative qu’à trois reprises : en 1975, suite au premier choc pétrolier, en 1993 lors de la crise du système monétaire européen et en 2009 du fait de la crise financière.

Pendant les Trente glorieuses qui ont suivi la seconde guerre mondiale, la France a bénéficié d’une croissance exceptionnelle (+5,3 % en moyenne par an entre 1949 et 1974) et du plein emploi. La succession des chocs pétroliers de 1974 et de 1979 a cassé cette dynamique et vu un affaiblissement de la croissance (+2,2 % par an entre 1974 et 2007).

Cette inflexion s’est accompagnée d’une montée du chômage et a eu une incidence durable sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Les déficits publics se sont également creusés, les recettes devenant moins dynamiques alors que les dépenses notamment de santé et de protection sociale, augmentaient. Encore excédentaire au cours des années 1960, le solde commercial est passé dans le rouge pour atteindre un déficit de l’ordre de 2 % du PIB en 1982. Il s’est redressé ensuite, affichant même un excédent entre 1993 et 2003, avant de s’inscrire à nouveau en déficit croissant.

Avis

Graphique 25: Taux de croissance du PIB (en valeur et en volume) et de la productivité horaire du travail en France (en %)

-5 0 5 10 15 20 25 30

1950 1953 1956 1959 1962 1965 1968 1971 1974 1977 1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013 2016

PIB en volume PIB en valeur Productivité horaire du travail

Source : INSEE.

Jusqu’à la fin des années 1980, l’écart entre la croissance du PIB en valeur et en volume a été significatif en raison d’une inflation élevée. A partir des années 1990, cet écart s’est réduit significativement du fait de la politique de maîtrise de l’inflation conduite par les gouvernements successifs puis par la BCE (Banque Centrale Européenne), qui a pour objectif de maintenir un taux d’inflation proche de 2 % dans les pays de la zone euro.

La récession de 2009, d’une ampleur sans précédent, a été suivie d’une phase de croissance particulièrement lente (+ 1,1 % en moyenne par an entre 2009 et 2016). La hausse du PIB, proche de 2 % en 2010 et 2011, a marqué le pas en 2012 (+0,2 %) et n’a progressé que modérément pour s’élever à +1,1  % en 2016. Cette atonie a surtout reflété le faible dynamisme de l’investissement et de la consommation, tandis que le commerce extérieur pesait négativement sur l’activité. L’année 2017 voit une nette accélération de la croissance à +2,2 %, adossée notamment à une solide reprise de l’investissement privé.

DÉCLARATIONS/SCRUTINANNEXESAVIS Le ralentissement tendanciel du PIB français sur longue période a reflété le ralentissement

de la productivité horaire du travail125 : encore supérieure à 5 % dans les années 1950-1960, sa croissance est passée sous la barre des 1 % depuis la crise de 2008-2009. Ce résultat est principalement lié à une moindre croissance de la valeur ajoutée en volume alors que le volume d’heures travaillées n’a que faiblement baissé sur l’ensemble de la période126. Au-delà des effets liés aux politiques de l’emploi visant à améliorer l’intensité de la croissance en emploi, l’épuisement des gains de productivité renverrait à plusieurs facteurs  : une faiblesse de l’investissement privé dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, un retard dans la conversion au numérique et une faible intensité du processus de destruction créatrice en France127.

B - Comparaisons internationales

Après la récession de 2009, la reprise de l’activité économique au sein de la zone euro s’est effectuée en ordre dispersé. La croissance du PIB en volume a redémarré relativement rapidement en Allemagne et en France mais s’est essoufflée en 2012 et 2013 avant de repartir de l’avant, la forte accélération Outre-Rhin contrastant toutefois avec une reprise poussive dans l’Hexagone. Le redressement a été plus tardif en Espagne et en Italie, où les tendances récessives l’ont longtemps emporté. Il a fallu attendre 2014 pour voir une franche accélération de l’activité espagnole, tandis que l’activité italienne progressait seulement faiblement.

Sur les trois dernières années, la croissance française a été inférieure à celle de la moyenne des pays de la zone euro. En 2016, elle se limite à 1,1 % contre 1,7 % dans la zone euro, les premiers résultats pour 2017 étant respectivement de 2,2 % et 2,5 %.

Avis

Graphique 26 : PIB par habitante/habitant aux prix courants du marché en 2006 et en 2016(UE-28 = 100; en standard de pouvoir d’achat)

0 50 100 150 200 250 300

UE-28 Zone euro (ZE-19) Luxembourg Irlande Pays-Bas Autriche Danemark Sde Allemagne Belgique Finlande Royaume-Uni France Italie Malte Espagne Rép. tchèque Slovénie Chypre Portugal Slovaquie Lituanie Estonie Pologne Gce Hongrie Lettonie Croatie Roumanie Bulgarie Suisse Norvège Etats-Unis Islande Japon Turquie

2016 2006

Source : Eurostat.

En termes de PIB par habitante/habitant, la France se situe dans la moyenne des pays de l’Union européenne ou de la zone euro, loin derrière le Luxembourg ou l’Irlande qui arrivent largement en tête des pays européens128. Elle est également devancée par l’Allemagne et le Royaume-Uni mais se situe devant l’Italie et l’Espagne. Les pays de l’Est de l’Europe ont les PIB par habitante/habitant les plus faibles, inférieurs de 50 à 60 % à la moyenne de l’Union européenne, à peine inférieurs à ceux de la Grèce ou du Portugal.

Les évolutions à l’œuvre depuis 2005, montrent clairement le rattrapage économique des pays de l’Est de l’Europe (notamment la Roumanie, la Pologne et la République tchèque) et le tassement de la productivité dans les pays de l’Europe des 15 à l’exception de l’Allemagne, dont le PIB par tête est en légère hausse. La Grèce se distingue de ses partenaires par une chute marquée de sa productivité.

128 Ces résultats reflètent pour partie la relocalisation de plusieurs multinationales dans ces deux pays, principalement pour des raisons fiscales.

DÉCLARATIONS/SCRUTINANNEXESAVIS

Graphique 27 : PIB par habitante/habitant en Standard de pouvoir d’achat

(SPA) - UE28= 100

30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Allemagne

R-Uni France Italie

Espagne

Grèce

Rep. tchèque

Pologne

Roumanie

Source : Eurostat.

C - Indicateurs complémentaires

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a créé un indicateur composite de développement humain (IDH), agrégeant plusieurs dimensions. Il prend en compte non seulement le PIB par habitante/habitant, mais aussi l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation (mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans et la durée attendue de scolarisation pour les enfants d’âge scolaire). L’IDH est compris entre 0 (très mauvais) et 1 (excellent).

Cet indicateur a cependant le défaut de ce type d’agrégats qui dépend du choix de pondérations utilisées et reflète donc des jugements de valeur. Basé sur des moyennes nationales, il ignore également la distribution des revenus ou des inégalités au sein de chaque pays.

Avis

Graphique 28 : Évolution de l’indice de développement humain (IDH) et de ses principales composantes

0,7 0,8 0,9 1

1990 1995 2000 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015

IDH

29000 39000

1990 1995 2000 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015

PIB PPA par tête (en $ de 2011)

76 81 86

1990 1995 2000 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Espérance de vi e à l a nai ssance

7 12

1990 1995 2000 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Durée moyenne de scol arisation

Source : PNUD.

Dans le cas de la France, si le PIB par habitante/habitant et l’IDH présentent tous deux un profil croissant, l’évolution du PIB par habitante/habitant est nettement plus heurtée car elle reflète les variations de la conjoncture. En revanche, l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation augmentent de façon beaucoup plus progressive, de sorte que la prise en compte de l’IDH revient à lisser la courbe de PIB par habitante/habitant.

IV - PRÉCONISATIONS