• Aucun résultat trouvé

II/ La question de l’agresseur : au péril de la France :

Charles Quint, lorsqu’il décide de fonder la place forte de Givet, livre sa cinquième guerre contre un souverain français. C’est, comme nous le verrons, sa treizième année de conflit avec les Valois. Nous allons étudier ici les principaux événements qui jalonnent cet affrontement afin de déterminer pourquoi Charles Quint se résout à créer une nouvelle place forte sur les bords de la Meuse. Nous examinerons les raisons de l’hostilité française à son égard. Tiennent-elles d’une quelconque manière aux «pays de par-deçà» ? Ceux-ci tiennent-ils une place importante parmi les théâtres d’opérations ?

Deux hypothèses ont été formulées pour expliquer le caractère agressif de la politique des souverains français à l’égard de Charles Quint. La première, la plus classique, est défendue entre autres par Arlette Jouanna. C’est l’exceptionnel niveau de puissance atteint par Charles Quint joint à la menace représentée par un quasi encerclement de leurs possessions qui auraient contraint à la guerre François I puis Henri II. Le péril se précise lentement. Il prend d’abord la forme d’un impressionnant rassemblement d’héritages. Dès sa naissance dans la nuit du 24 au 25 février 1500, celui qui est le premier fils de Philippe le beau et de Jeanne (elle-même seconde fille des Rois Catholiques) est fait comte de Charleroi et duc de Luxembourg1. Au début de septembre 1506, Philippe le Beau décède brusquement. Charles recueille l’ensemble des possessions de son père aux Pays-Bas. Le 18 juillet 1507, il est officiellement proclamé duc de Bourgogne et comte de Flandre2. Il doit cependant attendre encore quelques années pour être pleinement maître des pays de l’héritage bourguignon. Le 5 janvier 1515, à la demande des Etats Généraux des Pays-Bas, l’empereur Maximilien proclame la majorité de son petit-fils Charles3. Le 13 mars 1516, celui-ci est proclamé roi de Castille et d’Aragon. Le titre de roi d’Aragon lui accorde en plus la souveraineté sur les royaumes de Naples, Sicile, et sur la Sardaigne. Le titre de roi de Castille le rend encore maître de quelques îles dans les Caraïbes. Il pose tout de même un problème. Sa mère Jeanne, reine légitime de Castille mais indubitablement folle, est encore en vie. Elle est enfermée à Tordesillas depuis 15064. Le 13 janvier 1519, le décès de son grand-père paternel Maximilien

1 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle ), Charles Quint, Paris, Fayard, 2000, page 54. «Comme le titre de comte de Carloys (Charleroi ) ne saurait suffire, son père en fait un duc de Luxembourg en souvenir de plusieurs «empereurs» qui portèrent ce titre».

2 Idem, page 10.

3 Ibidem, page 11.

4 Ibidem, page 11.

donne à Charles la possession des états héréditaires des Habsbourgs1. Le 28 juin de la même année, malgré les efforts de François I (qui se pose déjà là en rival), celui qui est déjà le maître de si nombreux territoires est élu roi des Romains à l’unanimité des sept électeurs2. Le 23 octobre a lieu la cérémonie du couronnement impérial dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Le 25 octobre, le pape accorde à Charles (qui est désormais Quint) le droit d’utiliser le titre d’«empereur romain élu»3. A partir de ce moment, la menace est pour la France trop grande. L’affrontement est inéluctable4. Il est à noter tout de même que Charles Quint ne devient «empereur de plein droit» que beaucoup plus tard, en 1530, après avoir reçu du pape les couronnes de fer et d’or5.

Pierre Chaunu fournit une deuxième explication possible. Selon lui, la pomme de discorde est le Milanais conquis par François I lors de son expédition de 1515. Le souverain français aurait d’ailleurs brigué la couronne impériale pour mieux assurer sa nouvelle possession6. Il ne nous appartient bien entendu pas de trancher entre ces deux hypothèses. Il faut d’ailleurs sans doute les utiliser toutes deux pour bâtir un faisceau d’explication satisfaisant.

L’épisode de l’élection impériale sonne en tous cas bel et bien le glas des bonnes relations entre le royaume de France et les états de Charles Quint. Elles étaient auparavant régies par le traité de Noyon du 13 août 1516 prévoit un mariage entre Charles et une des filles de François I. Le roi de Castille et d’Aragon s’engage à payer une indemnité annuelle de cent mille ducats en reconnaissance de droits partagés entre la masion de Bourgogne-Aragon et celle de France. Il promet par ailleurs de rendre, après vérification des droits la Navarre à la famille d’Albret7. Cette entente est fragile. Une seule annuité du tribut est au total payée8. Le moment où le rapprochement entre Valois et Habsbourgs est le plus important se situe à

1 Ibidem, page 129.

2 Ibidem, page 140. Depuis la Bulle d’or de 1356, le droit de désigner l’empereur appartient à sept princes : les archevêques de Mayence, de Cologne et de Trêves, le roi de Bohême, le duc de Saxe, le comte palatin de Bavière et le margrave de Brandebourg.

3 Ibidem, page 156.

4 JOUANNA ( Arlette ), La France du XVIème siècle 1483-1598, Paris, P.U.F., pages 179-180. Selon cet auteur, après son élection, Charles Quint «est désormais tout-puissant pour essayer de récupérer la Bourgogne et même faire valoir ses prétentions sur la Provence et le Dauphiné. Le conflit est inévitable».

5 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle ), op.cit, page 156.

6 Idem., page 120. Pierre Chaunu cite à l’appui de son point de vue ce texte : «S’il y parvenait, vu la grandeur des royaumes et des seigneuries qu’il tient, […] il serait toujours en doute et en soupçon et ce n’est à douter qu’il montrerait bonne peine à me jeter hors d’Italie».

7 Ibidem, pages 107-108.

8 Ibidem, page 108.

l’occasion de la signature du traité de Cambrai (11 mars 1517). Celui-ci prévoit que François I rentre en possession de Tournai contre une indemnité de six cents mille écus d’or1.

La première guerre entre Charles Quint et un roi de France est déclenchée par François I le 15 avril 15212. Le casus belli invoqué par le souverain français est sans doute la non restitution de la Navarre à la famille d’Albret3. En tous cas, une attaque est menée en direction du royaume pyrénéen. Elle se solde par un échec4. A la frontière entre les Pays-Bas et le royaume de France, les forces impériales commencent par remporter quelques faciles victoires dans le nord de la Champagne. Mais elles s’usent sans succès au siège de la place forte de Mézières, défendue par Bayard. Aussi, Charles Quint décide t’il ensuite de porter son effort ailleurs. En juin 1521, le siège est mis devant la place forte de Tournai. Le 3 décembre, la place, mal secourue, capitule. Ce succès militaire n’est pas le seul à avoir un gros impact pour les Pays-Bas espagnols. Par deux actes, l’un du 24 juillet 1521, l’autre du 2 janvier 1522, Charles Quint supprime le ressort du parlement de Paris en Flandre et en Artois5. Les liens sont fortement ébranlés entre le royaume de France et le comté de celui qui reste malgré tout encore le premier pair laïc du royaume. Le 14 janvier 1526, François I, battu et capturé à Pavie l’année précédente doit signer le traité de Madrid6. Il livre deux de ses fils comme otages. Il renonce à la suzeraineté sur la Flandre et l’Artois et reconnaît la perte de Tournai.

Les pays de «par-deçà» y gagnent plus d’indépendance et une solide place forte pour défendre leur flanc sud. Ils atteignent au passage leur extension maximale en direction du royaume de France. La dénonciation du traité par le Conseil le 10 mai 1526 rend par ailleurs caduque la promesse de renonciation à la Bourgogne7. Les germes d’une nouvelle guerre sont en place.

Le 16 décembre 1527, l’assemblée de notables réunie à Paris par François I à Paris déclare à l’unanimité le traité de Madrid nul et non avenu, tout comme le serment royal de retourner dans les prisons madrilènes en cas de non application. On lève des fonds soit pour payer la rançon des enfants royaux toujours captifs, soit pour préparer la guerre si Charles Quint se

1 Ibidem, page 121. Il est l’œuvre de Chièvres.

2 Ibidem, page 11.

3 Ibidem, pages 107-108. Cette restitution était prévue dans le traité de Noyon du 13 août 1516.

4 Ibidem, page 192. L’armée française confiée au général Lesparre commence bien par occuper la Navarre. Mais sa défaite à Ezquiros l’oblige à se retirer. C’est la fin des opérations françaises Outre-Pyrénées pour longtemps.

5 PIRENNE ( Henri ), op.cit., pages 93-94.

6 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle ), op.cit., pages 11-12.

7 Idem, page 221.

montre intraitable. Or celui-ci refuse non seulement de libérer les deux fils de François I, mais il durcit leurs conditions de détention1.

Le 22 janvier 1528, Henri VIII et François I déclarent ce qui est la deuxième guerre franco-habsbourgeoise du règne de Charles Quint. Parmi les motifs invoqués ce jour là figure l’emprisonnement du pape. Les opérations militaires les plus importantes se passent en Italie.

Les troupes françaises reconquièrent en partie le Milanais et le royaume de Naples2. Les Pays-Bas ne sont alors le siège que d’opérations mineures au regard du conflit, mais importantes pour leur propre devenir. En janvier 1528, Charles d’Egmont envoie Martin Van Rossem envahir la Hollande. La Haye est pillée. Mais, il est bientôt attaqué par le gouverneur de Frise et le comte de Buren. Il se retrouve bientôt bloqué dans Arnhem. Le 3 octobre 1528, il doit se résigner à traiter. Il abandonne le pays d’Utrecht et l’Overyssel et obtient à ce prix de conserver la possession viagère de la Drenthe et la possession héréditaire de la Gueldre3. Charles Quint profite de ces opérations pour mettre la main sur l’Overyssel et Utrecht. Les Etats d’Overyssel puis d’Utrecht le reconnaissent successivement comme erfsheer4. Avec les renonciations de l’évêque d’Utrecht, la souveraineté sur ces deux provinces est complète. La paix est conclue l’année suivante, le 3 août, à Cambrai. Elle est dite «paix des Dames» par référence aux deux négociatrices, Louise de Savoie et Marguerite d’Autriche. Malgré la médiocrité des opérations aux Pays-Bas, la majorité des clauses les concernent. François I garde la Bourgogne et les villes de la Somme mais cède Hesdin, Lille, Arras et Tournai. Il délie l’Artois et la Flandre de leur serment de fidélité. Les ponts sont bien coupés avec les deux provinces, mais seulement à regret pour de nombreuses personnes qui ne veulent pas perdre leur statut de régnicoles5.

L’occupation par François I de la Bresse, du Bugey, de la Savoie et du Piémont marque le début de la troisième guerre entre celui-ci et l’empereur1. Sur la frontière sud des pays de «par-deçà», les opérations ne commencent qu’en 1537. Cependant, la fin de 1536 voit les possessions du Habsbourg s’étendre encore dans le nord des Pays-Bas. Le 10 décembre

1 Ibidem, page 228.

2 JOUANNA ( Arlette ), La France…, Paris, P.U.F., page 180. Les opérations sont menées sous les ordres du maréchal de Lautrec.

3 PIRENNE ( Henri ), Histoire de Belgique, tome III, Bruxelles, Maurice Lamertin libraire-éditeur, 1923, page 101.

4 Idem, page 101. La reconnaissance a lieu le 21 mars 1528 pour l’Overyssel et le 21 octobre 1528 pour Utrecht.

5 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle ), op.cit., page 231.

1536, Charles d’Egmont cède à Charles Quint Groningue et la Drenthe. Il le reconnaît pour son héritier dans le duché de Gueldre et le comté de Zutphen2. Le 16 mars 1537, François I, après avoir déclaré la Flandre et l’Artois «acquis à la couronne en pleine propriété»3 franchit la frontière du sud. Les états généraux réunis à Bruxelles votent la levée de subsides pour la défense. Les Français n’insistent guère. Après avoir brûlé des villages en Artois et sur la frontière du Hainaut, François I se retire vers la fin d’avril pour porter la guerre en Italie. Le 30 juillet est signée à Bomy une trêve pour toute la région du nord4. Elle préfigure celle de Nice conclue le 17 juin 1538 pour dix ans5. Cette dernière met, selon Arlette Jouanna, un terme à la troisième guerre entre Charles Quint et la France6.

Au mois d’octobre 1540, Philippe, le fils de Charles Quint, reçoit le Milanais.

L’assassinat en Hongrie par les Impériaux le 4 juillet 1541 de son agent Antonio Rincon et du Génois Cesare Fregoso offre au roi de France un casus belli7. Il attend toutefois que son adversaire ait achevé son expédition contre les barbaresques. Il ne déclare officiellement la guerre (la quatrième) que le 12 juillet 1542. L’année 1543 est marquée par le changement plutôt qu’à Paris. Charles Quint envahit la Champagne mais ,échoue à prendre Saint-Dizier. Il se rabat sur Epernay et Lagny-sur-Marne. Le 18 septembre, il se résigne à traiter. C’est la paix de Crépy-en-Valois. François I renonce à ses prétentions sur le Piémont-Savoie et Charles Quint aux siennes sur la Bourgogne. Cependant, le projet de faire passer le Milanais au

1 Idem, page 237. Elle est la conséquence du décès de François II Sforza le 1er novembre 1535. Le roi de France ne veut pas renoncer au Milanais. Quant à Charles Quint, il ne peut lui abandonner la «clef de voûte qui tient tout l’édifice».

2 PIRENNE ( Henri ), Histoire de Belgique, tome III, Bruxelles, Maurice Lamertin libraire-éditeur, 1923, page 112.

3 Idem, page 113.

4 Ibidem, page 114.

5 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle ) , op.cit., page 272. Cette trêve ne prévoit guère qu’un statu quo territorial.

6 JOUANNA ( Arlette ), La France…, Paris, P.U.F., 1996, page 181. La fin de l’année 1539 et le début de l’année 1540 sont marquées par une amélioration passagère des relations entre François I et Charles Quint. Le souverain français laisse les troupes de son rival passer par son royaume pour aller mater la révolte de Gand.

7 Idem, page 282.

8 Ibidem, page 288.

troisième fils du roi de France est vite compromis par la mort de ce dernier1. La paix est signée entre François I et Henri VIII à Ardres le 7 juin 15462.

Si on examine uniquement les opérations militaires, le bilan se réduit donc pour les Pays-Bas espagnols à une invasion ratée. Par contre, cette quatrième guerre entraîne une décision qui renouvelle le système de défense de l’Entre-Sambre et Meuse et sur laquelle il faut donner quelques détails. La gouvernante Marie de Hongrie estime que depuis la construction de la place de Maubert-Fontaine, les défenses de cette région sont trop dégarnies.

L’armée française a désormais trois voies de pénétration possibles : vers Couvin, entre Chimay et Couvin et vers Chimay. Elle propose donc à l’empereur plusieurs projets de renforcement. La fortification de Fumay et le développement de Couvin sont rejetés.

Finalement une nouvelle place est érigée pour barrer la route de Couvin : Mariembourg3. Les problèmes inhérents au choix de ce lieu sont réglés par voie diplomatique. Celui-ci relève en effet de la souveraineté de l’évêque de Liège. Par la convention du 6 mai 1546, l’évêque Georges d’Autriche accepte de céder la souveraineté sur la seigneurie choisie, et déjà achetée, par l’empereur4. Il met comme conditions que ses sujets ne soient astreints à aucune charge supplémentaire à cause de la place, et que les soldats de la future place se montrent respectueux du bien des Liégeois. En échange de la seigneurie qu’il cède, l’évêque de Liège reçoit en toute souveraineté la seigneurie d’Herstal prélevée sur le duché de Brabant5. Le 4 août 1548, un autre accord est nécessaire pour résoudre les problèmes fonciers, les deux seigneuries n’étant pas de superficies tout à fait équivalentes6. Mariembourg est construite selon les principes de la «trace italienne» (voir le chapitre suivant). Il est à noter qu’en aucun cas, on ne demande à Mariembourg de tenir l’Entre-Sambre et Meuse avec ses seules forces.

Le système de défense s’appuie aussi, outre Namur, sur toute une série de villages fortifiés et de petits châteaux (cf carte de la page suivante).

1 Ibidem, page 289.

2 JOUANNA ( Arlette ), La France…, Paris, P.U.F., 1996, page 181.

3 BRAGARD ( Philippe ), «Frontière méridionale…», A.W., n° Hors Série, pages 36-37.

4 SOUMOY ( Alb de Robaulx de ), «Recherches sur l’histoire de la ville de Mariembourg et l’origine de Charlemont», A.S.A.N., tome VIII, 1863, page 174. Georges d’Autriche «transporta, céda et donna à l’empereur toute la juridiction, hauteur, préminence et autres droits, tant régales, souveraineté que autres qui lui

compétoient, au lieu que la reine lui désigneroit près le Pont-à-Fresne, en telle grandeur et étendue qu’il lui conviendroit, sans rien y réserver et sans qu’il pût jamais rien y prétendre».

5 Idem, page 174.

6 Ibidem, page 175. L’évêque cède «encore 2019 bonniers, 3 grandes verges et une petite en échange d’autant de terre à prendre sur la seigneurie de Herstal qui mesurait 2713 bonniers, 3 grandes verges et une petite, chaque verge de 16 pieds de Saint-Lambert».

Carte établie à partir de l’article «Frontière méridionale. La défense des Pays-Bas espagnols aux XVIème et XVIIème siècles» de Philippe Bragard. NB : L’auteur n’indique pas d’échelle sur sa carte.On peut seulement présumer qu’il utilise le 1/500000ème.

L’avènement d’Henri II le 31 mars 1547 n’améliore pas les relations entre Charles Quint et le royaume de France. Le nouveau souverain relance la guerre contre le Habsbourg dès 1551. Cette guerre revêt pour notre étude une importance particulière puisque c’est pendant son déroulement qu’est décidée la construction de la place de Givet. Le 15 janvier 1551, les princes protestants allemands signent le traité dit de Lochau-Chambord. Les princes, Maurice de Saxe en tête, promettent de donner le vicariat d’empire à Henri II et de faire élire un nouvel empereur. Leur but proclamé est avec l’aide du roi de France, de «restaurer les privilèges et libertés germaniques»1. Il est à noter que ce traité n’équivaut pas pour autant à une déclaration de guerre. Il n’est d’ailleurs sur le plan formel pas conclu entre les princes et la France mais simplement ratifié par Henri II. La déclaration de guerre n’intervient que dans le lit de justice tenu au parlement de Paris le 12 février 1552. L’année 1552 voit d’importants succès pour le camp anti-impérial. Dans l’Entre-Sambre et Meuse les places de Chimay et Trélon sont détruites2. Mais surtout, les armées françaises s’emparent de Metz, Toul et Verdun (2-18 avril), les Trois-Evêchés. Henri II s’assure d’un accès vers le Rhin. La «route espagnole» est menacée. Le 19 mai, Charles Quint manque de se faire capturer à Innsbruck.

En juillet, Sienne s’offre au roi de France3 Cependant le 15 août l’empereur signe les accords de Passau avec les princes protestants allemands4. Il peut tourner ses forces contre la France.

En octobre, il met le siège devant Metz défendue par François de Guise. Le 5 novembre ses troupes s’emparent de la place artésienne de Hesdin. Cependant, même si ses forces n’ont jamais été aussi considérables, Charles Quint ne parvient pas à emporter la décision. Les Français reprennent Hesdin dès le mois de décembre. Et le siège de Metz doit être levé dans les premiers jours du mois de janvier 1553. Les opérations de cette année 1553 ne voient qu’un événement important sur la frontière sud-ouest des Pays-Bas espagnols. Les forces impériales reprennent Hesdin le 18 juillet5.

Le déroulement de celles de 1554 est fondamental pour comprendre la décision de renouveller à Givet l’opération de 1546. Henri II met sur pied trois armées qui se réunissent près de Saint-Quentin et en Champagne. La première sous le commandement du prince de la Roche-sur-Yon pénètre en Artois. Le connétable de Montmorency est à la tête de la deuxième. Avec le duc de Nevers, qui commande la troisième armée, ils passent par les

1 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle) , op.cit., page 310.

2 QUILLIET ( Bernard ) , op.cit., page 138.

3 JOUANNA ( Arlette ), La France du XVIème siècle 1483-1598, Paris, P.U.F., 1996, page 181.

4 CHAUNU ( Pierre ) ESCAMILLA ( Michèle) , op.cit., page 16.

5 QUILLIET ( Bernard ) , op.cit. , page 143.

Ardennes. Le 22 juin au soir, Montmorency est à Rocroi «dernier village de l’obéissance du Roy»1. Le 23 juin au matin, les Français sont devant Mariembourg. Les travaux d’approches

Ardennes. Le 22 juin au soir, Montmorency est à Rocroi «dernier village de l’obéissance du Roy»1. Le 23 juin au matin, les Français sont devant Mariembourg. Les travaux d’approches