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Les formations à l’andragogie – Québec, Canada

Le Canada est sans aucun doute le lieu où les expériences et les préoccupations andragogiques ont été – et sont encore – les plus poussées. Les trois universités que sont l’UQAM, l’UQAT et l’UQAR (universités du Québec à Montréal, à Abitibi-Témiscamingue, à Rimouski) ont, dans leur faculté des Sciences de l’éducation, un département spécifique d’études et de recherches réservée à l’andragogie et l’apprentissage des adultes et des certificats et diplômes d’andragogie. On note assez peu de différences dans les conditions d’accès et les objectifs (et les programmes de ces certificats et diplômes – voir annexe 3) d’un établissement à l’autre.

* Pour l’UQAM, le Certificat pour formateurs d’adultes - Conditions d’admission :

« Le programme n'est pas contingenté. Tous les candidats doivent avoir une connaissance satisfaisante du français écrit et parlé et passent un test écrit. Ils doivent, soit être titulaires d'un Diplôme d'études collégiales (DEC ou équivalent) ; soit avoir une expérience dans le domaine (posséder des connaissances appropriées, être âgé d'au moins 21 ans, et avoir travaillé pendant au moins six mois à temps plein ou l'équivalent de 360 heures, pour un organisme qui s'occupe de l'éducation des adultes) soit avoir réussi cinq cours (15 crédits) de niveau universitaire au moment du dépôt de la demande d'admission. Tous les candidats doivent en outre posséder une expérience attestée totalisant six mois d'intervention comme formateurs d'adultes en milieu scolaire ou dans des organismes responsables de la formation des adultes ou être en possession d'un contrat ou d'une lettre d'engagement à titre de formateurs d'adultes dans un établissement d'éducation public ou privé ». problématique de l'intervention pédagogique dans le cadre des commissions scolaires, fournit des connaissances théoriques et des informations dans le domaine de la pédagogie, permet l'instrumentation psychopédagogique, favorise l'acquisition d'aptitudes et d'habiletés à l'intervention pédagogique, à la relation d'aide éducative et à l'animation de groupe.

* Pour l’UQAT, le Certificat en andragogie - Conditions d'admission :

« Être titulaire d'un Diplôme d'études collégiales (DEC) en formation professionnelle ou l'équivalent – ou être âgé d'au moins 21 ans, posséder les connaissances correspondant à une formation de niveau collégial et portant notamment sur la méthodologie du travail intellectuel, la communication-expression (français) et les sciences humaines (philosophie, histoire, sciences sociales).

Ces connaissances seront vérifiées à l'aide d'entrevues par le directeur du module et/ou un professeur d'andragogie. Le candidat doit posséder au moins une année de travail à plein temps (ou l'équivalent) auprès d'adultes en situation d'apprentissage. En outre, tous les candidats doivent démontrer leur maîtrise du français en satisfaisant aux exigences de la politique institutionnelle de la maîtrise du français au premier cycle de l'UQAT ».

- Objectifs de la formation :

« Ce certificat veut permettre à des praticiens de la relation d'aide éducative à l'apprentissage de l'adulte de développer des compétences professionnelles dans les champs suivants : l'apprentissage

chez l'adulte, la nature de l'éducation des adultes, la conception de programmes, la planification des activités : l'enseignement, le counselling, les moyens d'intervention et l'évaluation.

Le certificat en andragogie veut être un instrument éducatif susceptible de contribuer au développement intégral du citoyen québécois dans l'optique d'une éducation permanente démocratique et polyvalente ».

* Pour l’UQAR, le Certificat en andragogie - Conditions d'admission :

« Le certificat en andragogie s'adresse aux éducatrices et aux éducateurs d'adultes désireux de développer leur savoir et savoir-faire dans ce domaine. Il faut être âgé d'au moins 21 ans, posséder des connaissances appropriées, une expérience d'au moins un an reliée au domaine de l'éducation et démontrer un intérêt soutenu pour l'éducation des adultes. De plus, la candidate ou le candidat à ce programme doit faire la preuve de ses compétences linguistiques en français, par la réussite du test de français du ministère de l'Éducation ou, en cas d'échec à ce test, par la réussite du ou des cours correctifs appropriés, avant d'être admis définitivement dans son programme ».

- Objectifs de la formation :

« Ce programme vise à préparer les éducatrices ou éducateurs d'adultes à intervenir en leur fournissant les connaissances relatives aux aspects psychologiques, pédagogiques, institutionnels et sociologiques de l'andragogie, et en favorisant chez eux le développement des habiletés et des aptitudes nécessaires à la conduite d'activités de formation auprès d'adultes. À ce niveau, l'accent est mis sur le diagnostic des besoins, la définition d'objectifs, le choix et la conduite de stratégies appropriées, l'évaluation, la promotion de la participation et de l'autonomie ».

À noter :

 Pour l’UQAM et l’UQAT, ces certificats, dans le cadre d'un cumul, peuvent conduire au grade de « bachelier en éducation » ; à l’UQAR, le secteur de rattachement est celui des « Arts ».

 Dans tous les cas, au terme de la réussite des programmes et pour avoir l’autorisation d’enseigner à des adultes les matières de leur compétence, les étudiants doivent :

 obtenir de la part de l’université la recommandation d’aptitude à la pratique de l’enseignement ;

 satisfaire aux exigences du ministère de l’Éducation et posséder les qualifications exigées des maîtres qui enseignent aux clientèles de l’enseignement général ou de l’enseignement professionnel, c’est-à-dire avoir :

- un Diplôme d’études collégiales en formation professionnelle (DEC technique) et trois années d’expérience après l’obtention de la qualification

- ou un Diplôme d’études professionnelles (DEP) et trois années d’expérience après l’obtention de cette qualification

- ou un baccalauréat dans une discipline qui s’enseigne à l’éducation aux adultes

Pour ces trois bases d’admission, il est demandé aux candidats d’avoir enseigné 800 heures au terme de leur certificat pour prétendre à une recommandation de permis d’enseigner aux adultes de la part de l’université.

 On note la place considérable que prend l’aspect psychologique dans ces formations et le rappel de quelques concepts émanant des pédagogies nouvelles - déjà abordés dans la section 1 et dans la suite (une démarche holistique prônant le « développement intégral du citoyen », le

« développement des habiletés et des aptitudes », la « relation d’aide éducative »).

L’annexe 3 propose un aperçu un peu plus exhaustif du contenu de ces divers certificats.

Dans d’autres pays, cette préoccupation de formation de formateurs est beaucoup moins significative, voire inexistante ou résulte d’un transfert de technologie et de savoirs – notamment dans les pays en voie de développement. Les apprentissages sont alors le plus souvent à l’attention des personnes analphabètes et se font en collaboration (et sur les recommandations et les prérogatives) de grandes institutions de portée internationale comme l’Unesco (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) et l’Usaid (United States Agency for International Development).

C’est le cas par exemple des projets développés par le CREFAL – Centro de cooperación para la educación de aldultos en America latina y el Caribe – où les axes principaux développés concernent « la capacitación de planificadores de alfabetización », « la educación indígena », « el desarrollo rural » et « la investigación participativa (para la equidad de género y de derechos humanos) ».

Au manque de clarté relatif à la formation du formateur dans certains pays, s’ajoute un turn over (taux de rotation) important dans le « métier », une fluctuation dans les statuts de formateurs, dans leurs temps de travail (peu travaillent à temps complet) et un certain flou relatif à leur identité professionnelle.

Les formateurs eux-mêmes admettent généralement une certaine proximité dans leurs pratiques avec les enseignants tout en soulevant pourtant une large démarcation avec l’institution scolaire. Plutôt que des savoirs scolaires, ils revendiquent un certain nombre de savoirs transversaux liés à la transmission des compétences et à leur application dans les activités productives. Ils insistent également sur les compétences qu’ils estiment nécessaires et qui sont pour le moins très subjectives comme l’écoute, la disponibilité, l’adaptabilité, l’esprit d’ouverture.

Pour quelques uns, un développement de la capacité d’apprentissage devrait comprendre le développement de qualités comme l’attention, la concentration, la maîtrise de l’activité cérébrale, notamment par des méthodes de relaxation.

De tels objectifs sont considérés par d’autres formateurs comme ne relevant plus de leurs compétences.

D’autres encore, qui en ont reconnu l’impact, n’hésitent pas à introduire de telles pratiques (Belbaum, 1996) dans leurs formations.

L’identité professionnelle comme les compétences requises pour un formateur restent donc dans un flou relativement artistique et il n’est guère aisé d’en dire beaucoup plus. Seuls, des exemples sur la formation de ces formateurs et leurs pratiques de formation peuvent donner une image un peu moins pointilliste de cette activité (encadrés 20, 21 et annexe 3).