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Désirant connaitre quels sont les facteurs influençant l’identité allemande des immigrants germanophones de première génération de la ville de Québec, ainsi que les lieux de leur affirmation, j’ai, à plusieurs reprises, participé aux activités offertes par les associations décrites précédemment. J’ai opté pour donner la parole à mes interlocuteurs, les laisser raconter ce qui est impossible à expérimenter lorsque l’on n’est pas un migrant allemand. Ce chapitre réfère ainsi principalement aux réponses que j’ai obtenues lors des entrevues semi-dirigées plutôt qu’à mon expérience personnelle lors d’activités de la communauté allemande. Les observations directes que j’ai faites ont certainement contribué à l’interprétation des données recueillies, notamment en rendant plus concrets pour moi plusieurs contextes évoqués par mes interlocuteurs. Mais je vais surtout me concentrer, dans le présent chapitre, sur la présentation des matériaux d’entrevues. Je vais présenter, en particulier, la définition que les 17 participants m’ont donnée en entrevue de ce qu’ils perçoivent comme étant les éléments principaux de leur identité allemande. Pour ce faire, je vais séparer les sections de la première partie de ce chapitre selon les thèmes abordés dans mon questionnaire. Je vais commencer par faire ressortir les différentes définitions et caractéristiques qui peuvent être attribuées à l’identité allemande selon les dires des répondants. Pour ce faire, je vais mettre en évidence ce que représentent la langue et la culture allemandes pour les participants ainsi que les lieux, physiques ou non, où s’exprime cette identité allemande. La dernière partie de ce chapitre sera réservée aux stratégies identitaires que peuvent avoir utilisées les participants lors de leur transition et de leur évolution dans leur nouveau milieu, soit la ville de Québec. Les questions de l’intégration, des attentes sociales qu’ils peuvent percevoir au Québec seront traitées, ainsi que les difficultés qu’ils peuvent avoir à concilier plusieurs identités, plusieurs cultures et même plusieurs langues dans la définition de leur identité.

4.1 : Le mythe d’une identité universelle allemande

Dans cette section, il est spécifiquement question de l’identité allemande telle qu’exprimée par les 17 répondants. Chacun des participants avait sa définition propre de ce qui caractérise l’identité allemande. Lors de l’entrevue, il était important pour moi de ne pas définir le concept d’identité tel que je le voyais pour laisser le répondant me dire ce

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qu’il pensait réellement et profondément être l’identité allemande et non pas me donner une définition plus scolaire ou théorique qui, si cela avait été le cas, aurait perdu beaucoup de sens. En dehors du caractère culturel attribuable à l’identité allemande, peu d’éléments semblent pouvoir être universalisés pour former une seule et grande catégorie identitaire dans laquelle tous les Allemands pourraient se reconnaitre. Selon mes répondants, il existe des caractéristiques très précises qui fondent leur identité allemande. Ces caractéristiques ne semblent pas exister à un niveau national et, de ce fait même, il n’existerait pas d’identité collective qui pourrait regrouper tous les Allemands. Selon les réponses que j’ai eues, l’identité allemande serait, en premier lieu, très différente selon les régions ainsi que les évènements historiques rattachés à celles-ci ; cette identité serait ancrée dans la langue, mais également dans les traditions, la culture et l’histoire auxquelles le répondant se rapporte. Elle serait ainsi vécue plus individuellement ou personnellement que collectivement. De plus, l’identité des Allemands que j’ai rencontrés ne serait pas très affichée, préférant rester plus invisible tout en acceptant de parler très ouvertement de leurs origines à qui veut bien écouter.

4.1.1 : Des identités très différentes selon les régions et les séparations historiques de la RDA / RFA

Les conditions historiques de la réunification, telles que discutées précédemment, font en sorte que chaque région possède son identité propre. Il va sans dire que les régionalismes ainsi que les dialectes semblent être très forts en Allemagne :

Donc la question est-ce qu’il y a une identité proprement allemande, la réponse est pour moi clairement non. Déjà, historiquement, si on regarde nos provinces, les états et tout ça, on est tellement différent, je suis toujours surprise que nous soyons un peuple. Ça ne fait pas si longtemps que ça non plus, depuis 1871, c’était quasiment un miracle que ce soit arrivé par-ce que si tu regardes encore aujourd’hui, les provinces… on ne [se] comprend pas, car les gens parlent un dialecte, ils ne se comprennent pas. Mes parents qui voyagent en Bavière et s’ils parlent dialecte, les Bavarois ne comprennent pas et l’inverse et peut-être même pire pour mes parents. (Margarete)

C’est certainement défini [(l’identité)] beaucoup par le territoire d’où on vient. Donc peut-être il ne faudrait pas parler d’une identité allemande, mais des identités allemandes étant donné qu’il y a plusieurs Länder et plusieurs parties du pays qui ont une formation historique quand même différente […]. Les gens sont très, très attachés habituellement à leur… à leur patelin natal, à leur région aussi, à leur dialecte de leur région et les mentalités, les mentalités et même à l’intérieur du pays sont une peu différentes par rapport si l’on vient [d’une région ou d’une autre] … (Käthe)

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Une distinction entre les régions et les Länder semble ici nécessaire pour bien comprendre les propos des répondants. L’identité collective se crée autour de référents communs qui marquent l’imaginaire d’une communauté d’individus à travers le temps. Ces référents communs peuvent être des thèmes, des emblèmes, des lieux de mémoire ou tout ce qui peut créer un patrimoine intellectuel et sentimental collectif (Moeglin 2001 : 230). Il semble que pour l’ensemble des répondants, les référents communs qui créent l’identité collective n’existent pas ou peu au niveau de l’État, mais plutôt au niveau des régions. De plus, les régions telles qu’évoquées par les répondants ne réfèrent pas nécessairement aux Länder puisque ceux-ci sont des entités plus administratives qu’identitaires52. Dans certains cas, l’identification régionale peut également référer au territoire du Land, particulièrement lorsque celui-ci reprend les limites d’un ancien royaume de l’époque précédant l’unification. Dans les autres cas, l’identité régionale peut référer à un territoire qui chevauche plusieurs Länder ou encore être plus petite et référer à une ville, vestige des cités-États du Saint-Empire romain germanique (Annexe 10) :

[…] je dirais plus que ça va selon les régions, je ne dirais peut-être pas Länder parce que comme je dis, ça marche bien pour la Bavière, ça marche bien pour la Saxe, ce sont d’anciens royaumes, mais tu as comme Nordrhein-Westfalen qui est une construction. Ce n’est pas nécessairement le land qui donne l’identification là-bas. Je dirai plus régions et là il faut peut-être définir c’est quoi. Ça peut être super-petit, ça peut être une ville ça peut être plus large, c’est ça. Et il y a quelque chose au sud, nord, est, ouest aussi, donc les grosses directions aussi et après ça encore l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. (Margarete)

Un autre exemple pour illustrer comment l’identification aux régions et non aux Länder est importante pour les Allemands que j’ai rencontrés provient d’un individu qui a vécu à Würzburg. Cette ville universitaire de plus de 130 000 habitants se situe dans le Land de Bavière en Basse-Franconie, dont elle est justement la capitale. Cet Allemand me racontait qu’il se sentait tellement différent des Munichois qu’il ne voulait nullement y être associé. Il était Franconien et, de ce fait, il s’associait au dialecte de la Franconie, son histoire ainsi

52 L’histoire particulière de l’Allemagne au XIXe et XXe siècle, particulièrement en ce qui a trait au totalitarisme nazi et communiste, fait en sorte qu’elle est un État fédéral sans pouvoir centralisé. L’Allemagne est donc composée de trois niveaux de responsabilité, soit au niveau fédéral, au niveau des Länder et au niveau municipal. Puisque non centralisé, le pouvoir de l’État se limite aux compétences en matière de politique étrangère, de défense, de justice, de travail, d’affaires sociales et de fiscalité. Les Länder, au nombre de 16, dont trois cités états, sont les états créés lors de l’unification en 1871 et possèdent, via leur héritage historique, une très grande autonomie. Chaque Land possède sa propre constitution et ses compétences sont l’éducation et l’enseignement supérieur, l’administration ainsi que la gestion des communes. (Barotte 2014)

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que sa culture et nullement à la Bavière et encore moins à sa capitale, Munich. Pour des raisons que j’ignore malheureusement, il avait même une certaine hargne en ce qui concerne les Bavarois hors Franconie. L’annexe 11 démontre très bien les différences qu’il peut y avoir entre certaines régions de l’Allemagne qui datent du Saint-Empire et les Länder actuels qui forment le pays.

Un autre point qui semble faire en sorte que les Allemands que j’ai interviewés ne peuvent pas s’associer à une identité commune est relié aux grandes séparations qu’a connues le pays au milieu de XXe siècle. En effet, la séparation de 1949 à 1989 n’est pas seulement géographique et politique, mais également idéologique. Cette séparation idéologique est encore présente dans la définition de l’identité des répondants qui ont vécu d’un côté ou de l’autre du Rideau de fer (Eiserner Vorhang).

Et bien tu vois, les états étaient très différents. Donc en Allemagne de l’Est, ils poussaient tellement vers le socialisme, le communisme tout le temps et une identité qui était plutôt antifasciste ou… ouais, c’est ça une identité socialiste, mais je ne me suis jamais considérée comme ça, mais ça l’a laissé quand même des traces, des marques au sens que l’on voulait vraiment se séparer, se différencier des Allemands de l’Ouest et encore aujourd’hui, ça l’a pris beaucoup d’années pour que j’arrête de dire que je viens de l’Allemagne de l’Est. (Margarete)

4.1.2 : L’identité allemande, plus personnelle que collective

Selon les réponses que j’ai reçues concernant les perceptions que les 17 immigrants allemands de première génération ont de leur identité primaire, soit l’identité allemande, deux grandes catégories sont apparues. La première catégorie concerne plus les caractéristiques de l’identité elle-même ou encore les éléments qu’elle devrait inclure pour être définie comme une identité allemande. La langue de Goethe est sans contredit l’élément le plus important de l’identité allemande en plus de la culture et des traditions. De plus, il semble que la patrie (Heimat53) ou encore le fait d’être né en Allemagne de parents allemands jouent un très grand rôle dans l’appropriation de l’identité allemande : « Eh bien c'est d’être né en Allemagne, c’est en plus parler allemand, être né de parents

53 « La Heimat, région de naissance chère au cœur, lieu de l’enracinement affectif, est liée mythiquement au sol et au sang, à l’innocence et la défense de la patrie. Lieux d’une symbiose entre l’humain et sa région d’origine, paysage où se reflètent les aspirations individuelles et collectives, elle est l’une des clés qui, par sa densité, permettent d’entrevoir les spécificités du cadre dans lequel évoluent les Allemands du Québec. Elle est un appel ressenti par tous » (Meune 2003 : 150).

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allemands […]. Ce qui revient à dire que ce sont des personnes qui portent en elles la culture allemande, la culture ça englobe la littérature, la musique, les sciences, la philosophie, le folklore… toutes ces choses-là » (Roswitha). Même chez les répondants qui affirment que l’ère des identités nationales est révolue et que le temps est maintenant aux identités plus globales où celles-ci sont mélangées et peuvent être vécues de plusieurs façons, il semble que la langue reste tout de même le dénominateur commun nécessaire à l’intégration de ces identités transnationales. Ainsi, il y aurait plusieurs façons de vivre son identité qui passeraient plus particulièrement par la langue et la culture primaire :

[…] je pense à ça : y a-t-il vraiment une identité allemande avec cette tendance de mondialisation, l’Europe qui devient ? … il y a tellement de valeurs qui sont partagées entre les pays en Europe et puis même en Amérique du Nord que… quelque chose qui est typiquement allemand commence à disparaître peut-être que ça rejoint les autres pays. […]. Donc à part les fêtes […] qui est peut-être le point le plus majeur, je ne vois pas une identité proprement allemande parce qu’à part la langue et à part certaine façon de… à part certaines traditions il y a beaucoup de choses qui sont en commun [avec l’Europe]. […]. J’ai des amis suisses, j’ai des amis autrichiens, j’ai des amis allemands bien sûr et je sens qu’il n’y a pas une façon d’être allemand ici, mais [qu’il y en a] plusieurs qui se rend compte bien ici, que l’on a cette identité commune. […] il n’y a pas une, mais que c’est un mélange de plusieurs identités qui se basent sur l’allemand [(comme langue)] comme facteur commun. (Till)

La seconde catégorie d’éléments qui forme l’identité allemande est relative à l’arrière-plan historique du pays. Certains font la différence entre l’identité associée à la culture ou aux traditions et celle associée aux arrière-plans historiques. En effet, il est indéniable que plusieurs pays d’Europe partagent aujourd’hui les mêmes valeurs et, quelque part, des cultures ainsi que des traditions fortement semblables. L’identité proprement allemande serait alors liée à l’histoire du pays et à ses grands moments avec l’omniprésence de la guerre, mais également de la réunification :

Moi je dirais plutôt avec cette tendance-là de dire il y a une base commune et à partir de là on cherche peut-être les petits points qui font que je suis plutôt allemand que français parce que… bon, le marché de Noël existe dans les deux [(cultures)], on a les mêmes traditions, on n’a pas les mêmes jours fériés, on n’a pas le même arrière- plan historique donc c’est sûr qu’il y a toujours… la réunification qui joue là-dedans, la guerre malheureusement qui n’a toujours pas été effacée dans les souvenirs des personnes, on est toujours associé à ça. (Till)

En contrepartie, il se peut que certains évènements relatifs à l’histoire de l’Allemagne forcent en quelque sorte la personne à occulter son identité, à la dissimuler ou, du moins, à

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la contourner pour ne pas choquer son interlocuteur sinon pour ne pas être jugée. Le fait de dissimuler son identité proprement allemande ne semble pas se produire parce que l’individu a honte ou a peur de dévoiler ses attaches allemandes, mais plutôt pour ne pas être associé aux exactions commises lors de la période du IIIe Reich.

Une personne ouverte qui… qui… s’identifie, qui a peur de s’identifier, de sa propre culture pour des raisons historiques, mais qui essaie de… qui essaie... bon, de contourner parfois son identité allemande pour ne pas choquer quelqu’un, mais qui est quand même… qui est quand même ouvert, ouvert aux autres et je pense qu’au niveau de son identité et c’est… Il a comme tendance à ne plus se cacher. Il a une acceptation qui, peut-être, à un moment donné qui va venir et que moi je sens que ça s’améliore. Et que nous ne sommes pas associés aux faits historiques tout de suite quand l’on dit que l’on est allemand. Moi je vois ça comme ça. (Till)

Ce qui reste certain pour mes répondants, et cela même si la grande majorité de ceux-ci sont nés bien après 1945, c’est que l’identité allemande reste associée aux faits historiques. Le rapport à ce qui pourrait être appelé les « actions des autres » commises durant la Seconde Guerre mondiale reste très complexe en Allemagne et certaines personnes sont réticentes à se dédouaner des actions commises par les générations précédentes. Ils semblent donc devoir porter en quelque sorte le fardeau d’actions qui se sont produites il y a plus de 70 ans. Une fois que l’individu réussit à ne plus s’associer lui-même à ces tristes évènements dont il n’est en aucun cas l’auteur, un sentiment de fierté semble alors apparaitre. Ce sentiment de fierté diffère d’un répondant à l’autre et peut avoir été présent avant la migration au Québec ou, au contraire, apparaitre des années après avoir quitté l’Allemagne. La fierté relative à son identité allemande semble également tributaire de la région d’où provient le répondant ainsi que des anciennes frontières de la RFA et de la RDA.

C’est sûr que c’est aussi une grâce de la naissance tardive ou plus tard parce que tu n’avais pas besoin de te poser cette question-là. C’est sûr : qu’on aurait tous été braves et on aurait contré Hitler, c’est toujours une question ambiguë. Aujourd’hui je trouve qu’il y a des choses quand je retourne en Allemagne que je suis particulièrement fier. Aujourd’hui… ça vient avec le temps. […]. Et je le fais aussi dans mes cours, j’essaie toujours de montrer des nouvelles tendances, qu’est-ce qui se passe en Allemagne pour montrer qu’il y a toutes sortes de possibilités maintenant. (Stefanie)

Comme je vais le montrer dans la prochaine section, tous mes répondants possèdent un sentiment d’appartenance ou d’identification à l’Allemagne très variable et personne ne

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rejette son identité primaire et sa nationalité allemande. Seulement, il semble qu’à l’intérieur de mon échantillon, les répondants provenant des Länder de l’ouest s’associent plus spontanément à leur héritage allemand, alors que ceux provenant de l’est tendent à découvrir plus tardivement un sentiment d’appartenance à leur pays d’origine. Dans tous les cas, l’immigration au Québec a provoqué une remise en question identitaire chez les répondants, qu’ils proviennent de l’ouest, de l’est, du nord ou du sud :

[…] j’ai dit que je me sentais plus allemande. C’est parce qu’on ne peut pas perdre, on ne peut pas renier sa nationalité… sa culture d’origine. On a beau faire des efforts, on a beau être intégré, on a beau aimer vivre là, mais il reste toujours quelque chose… et puis j’ai voulu l’extirper pendant longtemps et après je me suis dit non, ça fait partie de moi, je suis née en Allemagne, je suis de culture allemande et puis c’est ma langue, je l’assume sans vouloir le mettre de l’avant. C’est une couleur de fond. (Roswitha)

4.1.3 : Identité allemande cachée ou affichée, entre culpabilité historique et fierté nationale

Les germanophones que j’ai rencontrés et interviewés semblent ambigus face au fait de s’afficher publiquement comme Allemands ou rester plus discrets concernant leurs origines. Quatre stratégies sont donc apparues lors de l’analyse des données à savoir si le répondant exhibe publiquement son identité et son appartenance allemande ou non. Ces stratégies sont généralement situationnelles et temporelles et, ce faisant, le participant n’est pas contraint à une seule d’entre elles et peut, au cours de son parcours migratoire, en adopter une autre. La première stratégie est utilisée par les répondants qui affirment n’avoir aucun problème à s’afficher en tant qu’Allemands. Les individus qui utilisent cette stratégie le font habituellement dans le cadre de leur emploi ou encore de situations particulières qui favorisent cette identification. Ceux-ci sont, par exemple, professeurs, traducteurs, organisateurs de différentes activités en lien avec les associations allemandes, etc. Cette identification spontanée découle habituellement d’une certaine fierté d’être Allemand ou encore de l’opinion généralement positive qu’il semble y avoir maintenant au Québec par rapport aux Allemands :

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Je ne cache pas mon identité. Je pense à mes cours que je donne […]. Au premier

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