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Hypothèses de facteurs d'explication du déni et de la mise à distance du risque et de sa prévention

DENI, MINIMISATION ET RECONNAISSANCE DU RISQUE CHIMIQUE

3.2 RAPPORTS AU RISQUE : DU DENI A LA RECONNAISSANCE

3.2.1 Hypothèses de facteurs d'explication du déni et de la mise à distance du risque et de sa prévention

Pas d’isolement social, mais pas de « partage » des problématiques de santé

L’hypothèse d’un isolement des viticulteurs face à la problématique des expositions aux risques chimiques n’apparaît pas totalement vérifiable dans notre échantillon. En effet celui-ci se

caractérise, comme nous l’avions supposé, par un biais non négligeable : le fait que la population interrogée a été sélectionnée par l’intermédiaire d’acteurs des FDSEA, organes départementaux du syndicat FNSEA. Nous avions présupposé que les acteurs rencontrés auraient en conséquence un lien plus ou moins direct avec cette organisation, et plus généralement avec les acteurs encadrant les secteurs agricole et viticole.

Nous avons pu vérifier qu’effectivement, tous ont, ou ont déjà eu, un engagement associatif ou syndical dans le secteur de la viticulture. Six d’entre eux sont ou ont été engagés dans le Syndicat de défense de leur AOC (cinq en tant que président ou vice-président) ; deux sont ou ont été engagés au sein d’une FDSEA ; deux d’entre eux font partie d’association en lien avec la viticulture ; etc.168

Ce ne sont donc pas des personnes isolées socialement.

Cependant, si cet échantillon est constitué d’acteurs entretenant des liens avec d’autres acteurs de la profession, il n’apparaît pas évident que ces relations soient l’occasion d’échanger sur le risque chimique pour leur propre santé. En effet, comme nous le verrons par la suite, les relations entre pairs se révèlent être l’occasion d’échanger sur les pratiques, et sur leurs éventuelles évolutions, mais aucun des interrogés ne semble y aborder les questions de santé en lien avec leur activité professionnelle.

Déni des risques comme moyen de ne pas inquiéter le voisinage ?

L’hypothèse d’un déni des risques, qui serait caractérisé par l’absence de port des EPI « visibles » (combinaison et masque notamment), dans un objectif d’invisibiliser et donc de prouver l’inexistence du risque, tel que l’ont montré Nicourt et Girault chez des viticulteurs du Languedoc Roussillon, n’est pas une pratique des viticulteurs rencontrés en Pays de la Loire. La réglementation à ce niveau semble respectée par tous. Le phénomène de rurbanisation entrainant une recomposition de l’espace rural, amène un voisinage de plus en plus proche des vignes. Auparavant nombreux, les viticulteurs et agriculteurs y sont désormais minoritaires en nombre, et les riverains sont bien souvent des « néoruraux », et le regard porté sur leur travail et de plus en plus critique. Nicourt et Girault expliquent que les épandages

« D’opération technique d’un métier partagé par les habitants de la commune, ils deviennent une pratique dangereuse faisant subir un risque toxique à la population locale et à l’environnement. La visibilité publique du travail viticole implique d’en rendre les pratiques tolérables ou, à tout le moins, de ne pas mettre en œuvre de pratiques devenues emblématiques des risques toxiques. »

Dans ce contexte, certains viticulteurs préfèrent ne pas porter de protections « visibles » (masques, combinaisons) pour éviter de créer des conflits de voisinage, voir aussi par peur de perdre une clientèle et de conséquences économiques négatives. Nier le risque est donc un moyen de rassurer les voisins et assurer le maintien de leur activité. Ce type de pratique n’a donc pas été décelé dans notre enquête.

Une insécurité économique défavorable à la prise en considération du risque

Les phénomènes de mise à distance des risques provoqués par l’utilisation de produits phytosanitaires apparaissent influencés par des facteurs économiques. Les viticulteurs sont confrontés aux exigences du marché, et leurs pratiques doivent y répondre. La reconnaissance des risques, et l’éventuelle décision de tenter de les réduire, suppose une réduction ou une élimination des produits chimiques. Cet éventuel changement de pratique engendre un nouveau risque, cette fois- ci économique. Les viticulteurs rencontrés évoquent tous leur situation économique comme un frein à la réduction des produits chimiques ; ce frein n’engendre pas directement un déni des risques, mais est un facteur de leur mise à distance, l’enjeu de productivité restant prioritaire. Ils sont plusieurs à exprimer leur peur et leurs difficultés à ce sujet. L’enquêté 2 explique ses craintes avant l’arrêt du désherbage (élément nécessaire à l’obtention de la norme HVE) :

« Parce qu’on a des vignes qui sont habituées toujours à être désherbées. […]. Et donc j'avais peur. Je ne voulais pas y aller tout d’un coup et voir que la vigne elle ne supportait pas, où ne produisait plus, ou des choses comme ça » (Enquêté 2)

Ce même viticulteur, exprime bien que cette peur d’une baisse de la productivité constitue une limite dans ses démarches de réduction des produits chimiques :

« On est passé depuis l'an dernier en norme HVE, donc on fait le moins possible. Mais bon après vous voyez la structure qu'on a, et tout ça. Je ne peux pas me permettre d'avoir une année avec un tiers de récolte ou une demi récolte. Donc je veux assumer au maximum la production quoi » (Enquêté 2)

La démarche de réduction des produits chimique est donc pondérée par le souci de productivité, autant dans l’entreprise de cet enquêté, atypique car assez grande (70 hectares et 23 salariés, associée à une grosse pépinière), que pour les plus petites entreprises. L’enquêtée 3 exprime cette mise en danger de la production dans le cas d’une interdiction du glyphosate :

« Donc l'interdire à 100 % ça va être très très très très compliqué et financièrement très lourd pour les exploitations ». (Enquêtée 3)

L’enquêté 5 explique que dans son cas, comme il ne procède pas à la vinification, la valorisation de sa production est différente, une baisse de rendement169 peut alors être rapidement

problématique :

« Il faut que ça produise du vin, qu'on puisse voilà, faire tourner la boutique. Surtout que chez nous on est à un système négoce. On vend très peu à la cave en bouteille des choses comme ça donc la valorisation est différente. […] Nous la seule crainte qu'on avait à partir du moment où on laisse pousser l'herbe dans les vignes, qu'on augmente la surface, c'est la concurrence avec la plante et la diminution du rendement » (Enquêté 5)

L’enquêté 1, retraité, explique qu’au début de sa carrière, il se préoccupait peu des risques chimiques :

« Alors on n'en était pas très conscients. Donc autrefois je traitais les vignes, avant d'avoir des salariés. Parce que nous on a développé une entreprise, mon frère et moi donc, avec presque pas de salarié au départ on travaillait énormément. Et de ne pas avoir de charges salariales ça permettait de réaliser des bénéfices, de continuer à investir et puis de ça marchait bien. Et puis il fallait de l'argent pour les enfants de toute façon. Cinq enfants de l'autre côté, quatre ici. Voilà. Et elles ont toutes fait des études secondaires donc. Elles sont allées à l'université après voilà. Alors moi je traitais les vignes et c'est vrai que des fois on recevait les embruns des produits. Voilà » (Enquêté 1)

Ici, la situation économique de ce viticulteur freine sa reconnaissance du risque chimique, et semble de surcroît l’amener à une plus grande prise de risque : sa charge de travail ne lui laissait pas le temps de se préoccuper des risques encourus.

L’enquêtée 3 exprime sa réelle volonté de faire évoluer ses pratiques, mais déplore non seulement des obstacles financiers, mais aussi un besoin d'apprendre pas assez pris en compte par les pouvoirs publics :

« [L’évolution] Elle se fait mais il ne faut pas nous foutre devant un mur et nous imposer quelque chose où financièrement on n'est pas prêt. Parce que ça va vraiment mettre les entreprises en péril. Je suis désolée, nous on diminue petit à petit le désherbant et on travaille le sol mais si on nous demande du jour au lendemain de travailler sur l'ensemble de l'exploitation ça va vraiment être très très très très difficile. Voilà. Il faut que les choses se fassent, qu'on s'équipe pour le matériel, qu'on apprenne à l'utiliser pour pas être débordé et pour pas que notre récolte en subisse les conséquences. Donc ça ne se fait pas du jour au lendemain, il faut qu'on apprenne » (Enquêtée 3)

L’enquêtée soulève que le changement de pratiques engendre un changement assez profond du travail des viticulteurs, nécessitant un apprentissage. Le frein financier semble renforcé par un frein d’ordre culturel.

169 « On vend l'hectolitre, donc les 100 litres, de Rosé d'Anjou 150 € donc 1,50 euro le litre. Quand vous vendez à la cave

au détail, au particulier, ou cave à vin des trucs comme ça, vous êtes plus près des 2,10 € ou 2,20 €, mais le travail est complètement différent. Parce que nous on s'arrête à l’éclaircissage. Ça part en citerne, c'est pas fermenté, c'est pas du vin c'est du jus de raisin. Et les collègues qui font ça ils le font fermenter, ils l’éclaircissent, ils le filtrent. Il y a la mise en bouteille, la commercialisation il y a d'autres charges donc c'est justifié. Nous on a moins de charges ; on le vend moins cher. Par contre on peut difficilement se permettre d'avoir une baisse de rendement en fait » (Enquêté 5)

L’enquêté 8 pense que l’enjeu financier est de grande ampleur :

« Il faut comprendre qu’économiquement, on a une obligation de résultat. On a des salariés, on a des investissements, on a des familles à faire vivre, on a un business à faire tourner. Enfin, à un moment donné, on a une obligation de résultat financier. C'est bien joli les petites pâquerettes jaunes là, mais à un moment donné il faut être lucide. Enfin je le dis comme ça, je ne suis pas…, voilà. Et le problème c'est que ça va un peu loin quoi. » (Enquêté 8)

Ce viticulteur semble considérer que la diminution des traitements chimiques, non seulement est difficile à réaliser économiquement, mais qu’elle n’est même pas réaliste au regard de la réalité de son métier. Il met en avant sa lucidité pour justifier ses propres pratiques (de non réduction des produits phytosanitaires), se référant de cette manière à ses compétences professionnelles.

L’enquêtée 3, constate en revanche que les viticulteurs ont « du mal à vivre sans les grosses boîtes qui fabriquent ces produits. » et de cette manière elle exprime leur dépendance à un modèle économique dominant.

L’enquêté 4 est pour sa part parvenu à s’affranchir de ce modèle. Il raconte la conversion de son exploitation à l’agriculture biologique et à la biodynamie :

« C'était ingérable, enfin pas avec nos moyens. Et comme j'ai toujours mis la charrue devant

les bœufs. Je n’avais pas les moyens de faire ce que j'ai fait. Et je l'ai fait. » (Enquêté 4) « Non mais voilà le parcours n'est pas simple même très dur […] on a pas de retour sur investissement immédiat. C’est extrêmement lent tu vois c'est 25 ans. Cette transition-là donc c'est lourd. Si tu veux le but c'est à un moment donné de bien gagner sa vie. Et puis je n'ai pas de maison. Tout est dans l'outil. Mon fils a sa maison. Bon. Voilà. Mais moi je suis à la rue. C’est le choix de vie. » (Enquêté 4)

Ce changement radical vers la biodynamie fut une grosse prise de risque pour l’exploitant au niveau financier, à laquelle tous les viticulteurs ne sont pas prêts.

La mise à distance des risques s’explique donc pour tous en partie par des questions économiques. Cependant cet argument économique s’étoffe parfois de considérations en rapport avec les compétences du métier : pour certains, qui connaît bien le métier sait que la réduction des produits chimiques peut ne pas coïncider avec sa réalité, pour d’autres elle doit absolument s’accompagner d’un apprentissage sur le long terme, entrainant une importante transformation du métier et de sa culture. Cet argument économique semble même parfois justifier des pratiques de prise de risque.

Une influence des socialisations et cultures professionnelles dans la mise à distance du risque

L’influence des socialisations et cultures professionnelles semble aussi peser dans les processus de mise à distance du risque chimique. Chez tous les viticulteurs rencontrés, la

socialisation professionnelle est d’autant plus ancrée qu’elle prend racine dès la socialisation primaire au sein de la famille viticultrice. Celle-ci a ainsi transmis des croyances, qui même lorsqu’elles apparaissent obsolètes aujourd’hui, peuvent peser sur le système de représentations des viticulteurs, comme ici chez l’enquêté 1 :

“ma mère disait qu'il fallait boire du lait pour aider à éliminer donc les produits chimiques. Après il y avait quand même un discours comme quoi le foie et les reins étaient en capacité d'éliminer les toxiques de notre organisme. Ça reste vrai. Alors tout dépend des doses et on ne cherche pas s'exposer particulièrement”(Enquêté 1)

Ici, malgré une croyance largement invalidée depuis l’époque ou la mère de l’enquêté s’exprimait, et malgré aussi un fort engagement de celui-ci dans le syndicalisme agricole et sur le thème de la prévention des risques professionnels (il a siégé plusieurs années à la Commission Paritaire pour l’Hygiène la Sécurité et les Conditions de travail), l’enquêté 1 reste imprégné par cette croyance. Elle révèle un rapport à la prévention transmis par la génération précédente : à partir d’une croyance, des stratégies sont mises en place : ici boire du lait. Si ce type de stratégie a pu être une réelle croyance à la génération précédente, il semble qu’elle peut dans le contexte actuel être assimilée à un déni.

Ce déni transparait également dans les propos de l’enquêté 8. Mais il prend une autre forme : ce viticulteur considère que les traitements chimiques de la vigne sont indispensables pour réaliser un travail de qualité, se plaçant alors dans une posture similaire à celle fréquente à la génération précédente pour qui traiter les vignes permettait d’obtenir un raisin « sain ».170

« Mais quand on a des nouveaux clients, ben : “Vous travaillez comment vous les vignes ?” “Bah avec nos mains et puis voilà”, “Non mais vous protégez comment ?” “Bah avec les produits, monsieur, si on ne protège pas… Voilà”, “Ah oui mais non, vous n'êtes pas en bio ?”, “Ben non, on n’est pas en bio” Et puis, “Ah oui mais c'est moins bon”, “Ah bon, pas sûr” […] Si on ne protège pas nos cultures, on n’aura pas de raisin, si on n’a pas de raisin, bah c'est le cercle sans fin quoi. »

Pour l’enquêté 8, les alternatives au traitement chimique des vignes ne correspondent pas à un travail de qualité : il n’est « pas sûr » que le mode de production biologique produise un raisin et un vin « de qualité ». Le traitement chimique de la vigne entre pour cet acteur dans la définition du travail bien fait, il est dès lors exclu d’arrêter cette pratique, puisqu’elle contribue à donner sa valeur à son travail, son sens, et a donc trait à son identité professionnelle. La reconnaissance du risque pour cet enquêté ne semble pas réellement possible puisqu’elle serait susceptible d’ébranler son identité professionnelle.

Contrairement aux enquêtés 1 et 8, les autres enquêtés accèdent davantage à la

170 Nicourt C., Girault J-M., « La normalisation du travail viticole à l'épreuve de la réduction de l'usage des pesticides »,

Économie rurale, vol. 321, no. 1, 2011, pp. 29-41.

reconnaissance du risque chimique, et tentent en conséquence de modifier leurs pratiques professionnelles. Mais ils sont également confrontés à l’obstacle que constituent parfois leurs cultures de professionnelles pour réaliser ces changements. Quand le poids des cultures professionnelles s’exprime chez les premiers dans leurs croyances et dans leur définition d’un travail bien fait, il s’exprime pour les seconds davantage dans leurs habitudes de travail. Ainsi l’application de désherbant par exemple, est une pratique difficile à supprimer ; l’enquêté 2 décrit ses difficultés liées aux modifications nécessaires à l’obtention de la certification HVE :

« Le plus dur c'est au niveau phyto [...]. Il n'y a qu’au niveau des phyto, d’arrêter le désherbage. […] Ça ce n’est pas le plus facile à faire parce qu'on est tellement habitué au désherbage. C'est tellement facile, que de repasser au travail du sol partout, c'est ce qu'il y a plus dur quoi. C'est beaucoup de travail. Si au printemps il pleut de trop on n'arrive pas à rentrer, après l'herbe est trop haute, c'est trop tard, c'est compliqué quoi. » (Enquêté 2)

Ici les pratiques professionnelles (« on est tellement habitués ») sont tellement intégrées à la culture qu’il est difficile de s’en défaire, d’autant que les viticulteurs sont dans l’idée que le travail en sera plus difficile, plus pénible. Ces pratiques ancrées peuvent donc être des obstacles, même dans le cas où le risque est reconnu et des changements amorcés. De la même manière lorsque l’enquêtée 3 (voir ci-dessus) exprime un besoin d’apprendre, de prendre du temps pour réaliser les évolutions nécessaires pour une moindre exposition au risque chimique, on entend que ces changements sont de l’ordre des pratiques, plus que des représentations.

Notre enquête nous a amenée avancer de nouvelles hypothèses d’explication des phénomènes de déni et de mise à distance du risque chimique.

Une inadaptation de la réglementation freinant les évolutions vers moins de traitements chimiques

Plusieurs viticulteurs nous font part d’une réglementation, concernant la prévention du risque chimique, inadaptée aux conditions de leur travail quotidien. L’enquêté 8 cite le port de gants coqués dans les vignes et les délais de réentrée après épandage de produits phytosanitaire :

« - Il y a la législation pure et dure, et il y a ce qu'on fait sur le terrain. - Quoi par exemple ?

- Genre tailler des vignes avec des gants coqués, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Voilà. Ce qui est difficile c'est de suivre, là on essaie, mais c'est compliqué, c'est les délais de réentrée après traitement. » (Enquêté 8)

De même, l’interdiction de certains produits chimique et le manque d’alternatives à ces produits peuvent entraîner des problèmes pour la vigne. Plusieurs enquêtés se plaignent par exemple

de l’interdiction de l’arsénite de soude qui était leur seul moyen pour traiter l’esca, maladie de la vigne, souvent appelée « cancer de la vigne » :

« Il a été interdit. Aujourd’hui c'est un fléau. Dans les vignes on n’a aucun moyen, aucun. Le mieux quand même, il aurait fallu trouver une solution, interdire ce produit mais trouver une solution en face pour que parce qu’il y a des endroits où on se demande si ça ne va pas prendre le pli du phylloxéra. C'est en train de détruire le vignoble quand-même donc voilà. Donc pour moi aujourd'hui, il y a des produits de bioprotection qui sont en cours, c'est arrivé trop tard. » (Enquêtée 3)

Ce manque de propositions d'alternatives, ou bien tardives, par les pouvoirs publics et firmes est une source de crispation chez les viticulteurs, et vient renforcer de l'idée que les traitements chimiques sont la seule solution :

« Comment on fait après ? On a l'exemple-type de l’esca, la maladie du bois, avec l'arsénite de soude qui a été retirée en 2000. Sans se dire “demain on fait quoi ?”. On est en 2018, on n’a toujours aucune solution. Depuis 18 ans, on a perdu quasiment 50% de nos pieds de vigne. Ça ne gêne personne. Ça ne gêne personne […] Il n'y a pas d'alternative. Il n'y a pas d'alternative en termes de traitement. Il y a des alternatives prophylaxie, machin, truc, qui ne fonctionnent pas du tout. » (Enquêté 8)

On retrouve ici la différence de positionnement entre les viticulteurs des deux tendances : pour l’enquêté 8 il n’y a clairement pas d’alternative à l’arsénite de soude, alors que pour l’enquêtée 3 des solutions peuvent exister en bioprotection171. L’enquêté 6 déplore aussi le retrait de plusieurs

produits sans proposition d'alternatives de la part des pouvoirs public :

« Un désherbant qui marchait très très bien, qui n'avait jamais posé de problème, du jour au