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Hypothèses des chercheurs sur la signification des figures hôtes

Chapitre 1 : Le contexte

1.3 Les recherches précédentes

1.3.3 Hypothèses des chercheurs sur la signification des figures hôtes

Bien qu’aucune recherche n’ait été entreprise sur les figures hôtes en tant que tel, certain chercheur ont tout de même avancé des hypothèses à leur égard basées sur l’iconographie. Il me semble important de les nommer dans ce chapitre de contexte, toutefois je m’attarderai davantage sur celles-ci dans le dernier chapitre de cette maîtrise.

Selon Berlo, bien que les figures hôtes ne présentent aucun détail sur leur genre, elle les catégorise comme étant de sexe féminin. Elle voit dans ces figures hôtes une femme symbolisant l’abondance, une mère nature qui porte ses fidèles en son sein pour les protéger. Le fait que de petites figurines en costume guerrier soient enfermées à l’intérieur de la figure symbolise en son sens une relation entre la déesse et les guerriers (Berlo 1984:106). Brigitte Faugère mentionne les figurines intérieures comme représentant le concept du nahua (centre animique) ou le double intérieur que chaque personne possède. Elle émet l’hypothèse que les figurines intérieures représente des entités autonomes symbolisées par des personnages entiers, arborant de riches parures (Faugère 2014:20). Selon la définition de López Austin, un centre animique est une partie du corps humain dans laquelle se trouve une concentration de substances vitales qui permettent le fonctionnement de l’organisme. Selon les cultures Mésoaméricaines, ces centres animiques peuvent se référer ou non à des organes vitaux, ils peuvent être seuls ou plusieurs et peuvent composer une hiérarchie (Dehouve 2014:3; López Austin 1980:197). Pasztory quant à elle écrit dans Teotihuacan : Art from the city of the Gods, datant de 1993, que la figure hôte pourrait représenter la cité, la nature, le cosmos ou la grande déesse, qui contiendrait les plus petites figurines. Ces petites figurines, habillées et coiffées, pourraient alors appartenir à l’univers social et politique de Teotihuacan (Pasztory 1993:56). Ce concept pourrait signifier que des personnes ou un certain groupe de personnes seraient contenus à l’intérieur d’un grand corps cosmique. Cela voudrait également dire que la cité de Teotihuacan était vue comme étant l’abri dans le corps de la divinité. En se basant sur les études anthropologiques sur le genre, l’autrice conclue que le personnage extérieur est plutôt féminin. Ces études décrivaient des sociétés où le pouvoir est ente les mains des hommes, mais dans lesquelles sont représentées des images idéalisées de femmes qui transcendent les valeurs culturelles établies par les hommes (Pasztory 1993).

31 Enfin, Serra-Puche, de son côté, examine des figures hôtes retrouvées dans les offrandes de la pyramide aux Fleurs à Xochitécatl, dans la région de Puebla-Tlaxcala. Il est fort possible que Xochitécatl, qui participait à des échanges commerciaux avec d’autres cités, dont Teotihuacan, ait pu échanger des idéologies artistiques. Ainsi, les figures hôtes appartenant à la deuxième phase d’occupation du site pendant la période Épiclassique (650 DNE à 850 DNE), après la chute de Teotihuacan (Serra-Puche 2001:256; Testard 2016), sont certainement empreintes de la pensée artistique de Teotihuacan, mais transformées pour correspondre aux idéologies de Xochitécatl. Pour l’autrice, ces figures hôtes représentent donc des femmes enceintes ou des réceptacles (Figure 17).

Ces hypothèses citées ci-dessus ont toutes en commun qu’elles perçoivent les figures hôtes comme des femmes portant des êtres intérieurs, êtres qui semblent associés à de hautes fonctions. Cette association vient principalement du fait que les petites figurines des figures hôtes de ces études sont richement vêtues. Bien que ces hypothèses seront détaillées dans le dernier chapitre de cette maitrise, il est important de faire remarquer que ces études ne portaient, le plus souvent, que sur un ou deux spécimens et qu’il sera donc intéressant de confronter celles- ci aux autres figures hôtes.

Figure 17: Figures hôtes de Xochitécatl, Tlaxcala, appelée femme enceinte ou réceptacle (Serra- Puche 2001:19).

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Conclusion

Du village à la cité cosmopolite Teotihuacan connait plusieurs vies. À partir de 250 DNE, durant la période Tlamimilolpa, la cité entre dans son apogée. Elle connait des changements politiques, sociaux, économiques, religieux et artistiques. On reconstruit les complexes d’appartements en matériaux non périssables. Les déités semblent prendre une place importante, les murales à l’intérieur des complexes d’appartements en font leur thème principal. Une période de standardisation dans l’art apparaît notamment avec la présence du moule vers 350 DNE, moule qui sera utilisé lors de la fabrication des figures hôtes. C’est lors de cet apogée que l’on verra le deuxième élan d’interaction entre Teotihuacan et l’aire Maya qui donnera lieu à des échanges de biens mais également d’idées. C’est dans ce tourbillon de changements que semble apparaitre les figures hôtes, que je détaillerai lors des chapitres suivants. Les études des figurines d’argile et des figures hôtes vues dans ce chapitre permettent d’exposer les stratégies des chercheurs jusqu’à présent. Ceux-ci se sont majoritairement fixés, pour les figurines d’argile, sur la création de typologie afin de mettre en place les chronologies de ces artéfacts. Les hypothèses émises par les chercheurs sur les figures hôtes apportent une base dans cette étude, mais ne s’appuient souvent que sur un ou deux spécimens de figure. Il serait intéressant lors de cette étude de comparer alors les figures hôtes à d’autres supports artistiques afin de mieux comprendre cet artéfact.