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5 - HYPOTHÈSE DE TRAVAIL

La problématique que nous avons posée nous amène à formuler l'hypothèse suivante :

- Hypothèse principale :

Le bidonville n'est pas un lieu de marginalité et de marginalisation. Au contraire, il est un lieu

d'inté-gration et de socialisation.

- Sous-hypothèses :

1) Le bidonville ne souffre pas de désorganisation sociale et culturelle. Il est organisé socialement.

2) Le bidonville, par sa vie sociale interne, est loin d'être un lieu de désocialisation. Au contraire, il est un lieu de socialisation.

3) Le bidonville ne peut se réduire à un parasite dans la structure urbaine ; il y est lié et y remplit plusieurs fonctions économiques et sociales.

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-§6 - MÉTHODOLOGIE,

L'objectif de notre étude est d'analyser le bidon-ville en tant que phénomène social. Cette analyse est con-duite dans le but de démontrer que le bidonville est un lieu d'intégration sociale. Ceci nécessite une étude concrète de la réalité sociale quotidienne du bidonville. Cette dernière sera tout au long de notre travail analysée en rapport avec notre principale question de l'intégration sociale.

Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé la méthode sociologique la plus connue, c'est-à-dire l'enquête à l'aide de questionnaire. Ce dernier a é.té testé sur le

terrain avant sa forme finale. Il nous a permis de connaître les raisons de l'installation dans le bidonville, la

motivation de la venue en ville, l'origine géographique des habitants, les caractéristiques socio-professionnelles des habitants avant et après l'installation dans le bidonville, la taille des ménages, les équipements internes et externes des baraques... les salaires, les revenus...

En étant conscient que le questionnaire, à lui seul, est insuffisant pour saisir les paramètres qualitatifs tels que les relations sociales entre bidonvillois, les pratiques

sociales..., nous avons eu recours à l'observation et au dia-logue direct avec les bidonvillois. Il nous est arrivé de

passer des journées entières dans le bidonville, à discuter et à observer.

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-Comme nous l'avons déjà signalé, notre enquête a eu lieu malheureusement à un moment très difficile : celui où l'Algérie a entamé sa dernière politique de "débidonvilli-sation". Il était question principalement de renvoyer les bidonvillois à leur lieu d'origine, contre leur volonté (1). De ce fait, la situation était relativement "chaude", avec un climat qui n'inspirait pas confiance aux visiteurs en tous genres du bidonville. Bref, nous avons pris le risque de me-ner notre enquête.

Nos premières visites ont été relativement prudentes et limitées. C'est suite à des contacts personnels avec des bidonvillois, notamment des étudiants (universitaires) à qui nous avions expliqué l'objectif de notre enquête, que nous avons franchi toutes sortes d'handicaps. Ces contacts person-nels, non seulement nous ont facilité le déroulement de l'en-quête, mais nous ont aussi permis de découvrir et de saisir plusieurs données importantes (qualitatives) pour notre recher-che.

Enfin, notre enquête a eu lieu dans deux bidonvilles de la commune d'Annaba : Mont-Plaisant et Bouzaaroura.

.Ce choix nous parait justifié du fait que Mont-Plaisant est un bidonville urbain (au centre de la ville). Bouzaaroura est un bidonville périphérique (à la périphérie de la ville).

(1) Nous aurons l'occasion de revenir sur cette politique de " débidonvillisation" dans la deuxième partie de ce travail.

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-.Mont-Plaisant est un petit bidonville d'une cin-quantaine de baraques. Bouzaaroura est un gros bidonville, d' environ 1 200 baraques.

.Mont-Plaisant est un bidonville ancien, qui date de la période coloniale. Bouzaaroura est un bidonville récent d'après l' Indépendance.

Ce choix nous permet de saisir l'impact de l'empla-cement du bidonville par rapport au centre urbain, de sa tail-le et de son ancienneté sur tail-le processus d'intégration sociatail-le.

Pour Mont-Plaisant, l'enquête a porté sur l'ensem-ble du bidonville, c'est-à-dire toutes les baraques. Pour Bou-zaaroura, nous avons pris la moitié des baraques. Dans le choix de notre échantillon, nous avons eu recours à la métho-de du "hasard raisonné". Nous avons fait en sorte que "chaque

membre de ta population ait la même probabilité de faire par-tie de cet échantillon" (1). Ce dernier a été effectué sur la

base du fichier, du bidonville même, établi par le Bureau d' Hygiène de la commune d'Annaba.

Cependant, du fait de nos enquêtes antérieures ayant porté sur d'autres bidonvilles (2), nous présenterons, dans ce travail, les résultats concernant trois bidonvilles : 1) Mont-Plaisant ; 2) Bouzaaroura ; 3) Belaid Belgacem.

(1) Rodolphe GHIGLIONE, Benjamin MATALOU.- Les enquêtes socio-logiques. Paris : Armand Colin, 1980, p.29-31.

(2) Brahim BELAADI et autres.- Etude socio-économique des habitants des bidonvilles. Mémoire de fin de licence de sociologie,

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-Enfin, nous avertissons le lecteur que nous avons choisi de présenter les résultats de l'enquête au fur et à me-sure que l'analyse l'exige. En d'autres termes, nous avons évité de faire deux parties : une partie théorique et une autre pratique, car dans de telles présentations, un problème de concordance ou de lien entre les deux parties se trouve souvent posé.

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-CHAPITRE II

LES CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT DES BIDONVILLES

À ANNABA

§1 - Genèse des bidonvilles.

§2 - Les facteurs ruraux de développement des bidonvilles.

A) Facteurs économiques.

B) Facteurs socio-psychologiques. §3 - Les facteurs urbains de développement des

bidonvilles.

A) La crise de l'habitat.

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-CHAPITRE II - LES CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT DES BIDONVILLES