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si "tout élément remplit une fonction, que chacun soit indispensable et fonctionnel pour le système

cul-turel tout entier, ceci relève d'un déterminisme

outran-cier et d'un esprit de système déformateur du réel. Le

postulat de l'unité fonctionnelle de la société par

exemple, ne vaut que dans le cas de certaines petites

sociétés archaiques, hautement intégrées. Dans les

so-ciétés plus différenciées, le degré d'intégration étant

moindre, chaque activité sociale, chaque élément

cultu-rel n'est pas nécessairement fonctionnel pour le système

tout entier... L'approche fonctionnelle explique donc de

préférence comment un système se perpétue, mais, en ne

rendant pas compte des changements ou en les considérant

comme négatifs, elle semble plaider pour le maintien d'

un équilibre social, par définition stable, intégré et

harmonieux" (2).

(1) A. et R. MUCCHELLI.-

Lexique des sciences

sociales. Op.

cit., p.106-107.

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-Finalement, bien que la notion d'intégration soit sans doute très importante pour l'étude des sociétés, elle est encore problématique. Elle demeure encore mal

mai-trisée. Les études parlent d'intégration sociale, culturel-le, urbaine, économique, de milieux et lieux d'intégration, de limites de l'intégration, mais elles sont toujours au stade des tentatives et des hypothèses. Il reste encore à faire pour rendre le concept opératiore. Dans ce sens, et avant d'essayer de donner le sens opérationnel pour notre recherche, les définitions d'autres concepts tels que

accul-turation, socialisation, dissocialisation, marginalité, anomie, sont nécessaires.

C) ACCULTURATION.

Ce terme est d'origine anglo-saxone. Il a été

utilisé par les sociologues américains pour caractériser "les

changements qui s'effectuent dans la culture d'un groupe qui est mis en contact avec un autre groupe" (1), c'est-à-dire

les phénomènes qui découlent du contact direct et continu entre deux ou plusieurs groupes de culture différente.

En effet, de tels contacts impliquent, générale-ment, la transmission de certains éléments de culture d'un groupe à un autre. Mais l'expression est surtout utilisée pour marquer l'entrée dans une nouvelle phase culturelle, et

(1) Alain BIROU.- Vocabulaire pratique des sciences sociales. Paris : Editions Ouvières, 1969, p.19.

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-surtout la "culture d'un groupe minoritaire lorsqu'il est

englobé dans la culture d'un groupe plus fort" (1). Cette

transmission suppose une sélection, c'est-à-dire

"l'accepta-tion de certains éléments et le rejet de certains autres ; très souvent aussi, les éléments acceptés se trouvent modi-fiés" (2).

Nous retiendrons que l'acculturation est un pro-cessus de changement de culture qui affecte les individus appartenant à des groupes de cultures différentes, à la sui-te d'un contact direct et continu entre ces groupes.

En définitive, on peut donc se poser les questions suivantes : existe-t-il une certaine acculturation entre les bidonvilles et la ville, ou non ? Les habitants des bidon-villes ont-il acquis certains éléments de la culture de la ville dite urbaine ou non ? Y a-t-il une culture spécifique aux bidonvilles, et dans quelle mesure diffère-t-elle ou se rapproche-t-elle de la culture urbaine ?

D) SOCIALISATION.

En français, ce terme peut avoir deux significa-tions :

(1) Alain BIROU.- Vocabulaire pratique des sciences sociales. op. cit., p.19.

(2) Emilio WILLEMS.- Dictionnaire de sociologie. Paris : Li-brairie Marcel Rivière et Cie, 1961, p.8.

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-"Passage au domaine du social et souvent dans le domaine public, de ce qui était auparavant du domaine personnel, familial ou privé, par exemple : socialisation de la médecine" (1).

Il est clair que ce sens est trop spécifique pour nous. Il ne traite que du côté économique, et néglige les autres aspects du terme tels que la socialisation des

individus dans un groupe social, ou une société bien détermi-née.

2. Le deuxième sens est plus général, mais il n'est pas plus exhaustif ou plus convaincant que le premier. Il définit la socialisation comme le "processus selon lequel

l'ensemble de la vie et des activités humaines sont prises dans le réseau des interdépendances sociales. Le phénomène de socialisation est du à une multitude de facteurs tels que les concentrations humaines, les exigences des techniques et de la rationalisation de la vie, la prise en charge par

les services publics des besoins collectifs croissants, etc." (2).

En plus de son caractère vague, cette définition laisse entendre que la socialisation ne se produit qu'à la suite de facteurs nouveaux, ou de changements sociaux (con-centrations humaines, exigences techniques...). Or, il nous semble que cette image n'est pas tout à fait conforme à la

(1) Alain BIROU.- Vocabulaire pratique des sciences sociales. Op. cit., p.312.

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-réalité sociale, car un enfant, par exemple, qui grandit dans un environnement social quelconque, se socialise

rela-tivement sans qu'il y ait intervention de facteurs nouveaux. En revanche, la littérature américaine donne un sens surtout psychologique à ce terme. La socialisation est définie comme "le processus d'influence mutuelle entre une

personne et son milieu social. Il en résulte une acceptation des modèles de comportement social de ce milieu, et une adap-tation réciproque. Dans ce dernier sens, la socialisation est un processus psychosocial par lequel se forme la personnali-té de base sous l'influence du milieu, et particulièrement des institutions éducatives familiales, religieuses, etc." ( 1).

Nous retrouvons aussi, chez des auteurs français, des définitions psychosociales de ce concept. Pour A. et R. Mucchielli, "La socialisation est le processus par lequel ou

au cours duquel se développe la participation sociale, et la personnalité dans sa dimension inter-humaine" (2). G. Rocher

définit la socialisation comme étant "le processus par

lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socio-culturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l'

influence d'expériences et d'agents sociaux significatifs et, par là, s'adapte à l'environnement social où elle doit vivre" (3).

(1) Alain BIROU.- Vocabulaire pratique des sciences sociales. Op. cit., p.319.

(2) A. et R. MUCCHIELLI.- Lexique des sciences sociales. Op. cit., p.175.

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-Après l'examen de toutes ces définitions, nous pouvons dire que la socialisation a en effet deux sens im-portants : le sens psycho-social, et le sens de l'économie politique. Le sens sociologique, qui nous intéresse le plus, découle de la relation entre les deux sens sus-cités. Nous essaierons de le cerner comme suit :

La socialisation est le processus durant lequel "l'

individu acquiert les comportements qui le rendent apte à vivre dans une société" (1).

Elle est le processus au cours duquel les indi-vidus apprennent et intériorisent les éléments économiques, sociaux et culturels qui leur permettent de s'intégrer et de s'adapter à l'environnement social où ils doivent vivre.

"La socialisation représente ce que la société réclame de l'individu pour que celui-ci puisse vivre parmi ses compagnons de groupe : l'obéissance à des coutumes, à des traditions, à des modes, l'adoption des techniques élémentaires de la vie pour s'habiller,

manger, dormir, jouer, travailler, la soumission aux normes et aux rites de la vie sociale, ainsi que l'ac-complissement des rôles qui lui sont dévolus, à l'inté-rieur du groupe" (2).

En effet, au fur et à mesure que l'individu se socialise, il perd en partie des valeurs individuelles pour des valeurs collectives, sous l'influence du milieu et de

(1) Emilio WILLEMS.- Dictionnaire de sociologie. Op. cit., p. 230.

(2) Claude RIVIERE.-"L'intégration culturelle et sociale". in : Le système social, op. cit., p.63.

l'environnement social de la société en cause. C'est un point important, car la socialisation n'est pas générale-ment comme la prétendent les psycho-sociologues, la forma-tion et le développement de la personnalité de base (1), mais plutôt la formation et le développement du degré d'ap-partenance à une société à travers l'acquisition d'éléments économiques sociaux et culturels qui permettent de vivre dans cette société.

Au terme de cette réflexion, nous pouvons poser la question : le bidonville est-il un lieu de socialisation ? C' est-à-dire, est-ce que ses habitants acquièrent progressi-vement des éléments qui les rendent aptes à vivre dans ce bidonville, ou au contraire, y a-t-il progressivement un

retrait et un désengagement par rapport au bidonville ? Quelle est la relation avec le processus d'intégration sociale urbai ne ?

E) DISSOCIALITE.

"Processus inverse de la socialisation, par lequel

l'être humain, au lieu de développer sa dimension

socia-le essentielsocia-le, effectue progressivement un

désengage-ment, un retrait, qui le met d'abord en marge puis en

état de parasitisme social : passif (mendiants,

clo-chards, hippies...) ou actif (voleurs, criminels...) ;

la dissocialité viendrait d'abord d'un refus de la

règle, de la révolte contre l'autorité (dans son aspect

(1) Voir Mikel DUFRENNE.- La personnalité de base. Paris : PUF, 1972.

fondamental qui est obligation sociale ; quoique la