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IV. DISCUSSION

3. Hypothèse 3 : Effet indirect de l’entrainement MM sur les performances en syntaxe

3.1. Hypothèse 3A : Effet indirect immédiat de l’entrainement sur les performances en MdT

Les résultats révèlent une amélioration significative pour les tâches de questions racines et de compréhension de phrases complexes. Il semblerait donc, qu’en accord avec la théorie de Jakubowicz (2011), la MdT joue un rôle important pour traiter les phrases syntaxiquement complexes. Ce résultat est particulièrement encourageant car jusqu’à présent les entrainements qui existaient sur le marché n’avaient pas su montrer véritablement un effet de transfert sur d’autres compétences que celles qui avaient été entrainées (Melby-Lervag & Hulme, 2013).

Cette différence en faveur de l’entrainement MM peut notamment s’expliquer par le fait qu’il a été créé initialement pour améliorer les compétences en syntaxes complexes des enfants avec un TDL en se basant, contrairement aux autres entrainements, sur les épreuves de MdT les plus prédictives des performances en syntaxe complexe dans cette population. Cet entrainement avait d’ailleurs déjà montré des effets positifs sur la syntaxe au sein de cette population dans une précédente étude (Stanford et al., 2019). Or, la population avec un TDL ou avec un TSA se

ressemble de par leurs difficultés en MdT et en syntaxe complexe. Il est donc tout à fait possible que les épreuves de MdT qui prédisaient le plus les difficultés en syntaxe des enfants avec un TDL puissent s’appliquer aux enfants avec un TSA et expliquer pourquoi nous retrouvons dans cette étude un effet de transfert sur certaines épreuves de syntaxe. Il pourrait être aussi intéressant de mener des analyses de régression linéaire afin d’observer quelle part de variance des performances sur ces tâches a pu être expliquée par la MdT.

Néanmoins, les épreuves de production de pronoms clitiques et de répétition des phrases complexes n’ont pas réussi à être améliorées avec cet entrainement et nous allons maintenant essayer d’en expliquer les raisons. Pour ce qui est de la tâche de production de pronoms clitiques, la moyenne des scores de production a augmenté mais pas suffisamment pour être significative. Cette absence de progrès significatif pourrait être expliquée par une mesure trop globale. En effet, l’évolution a été testée sur le nombre de pronoms clitiques correctement produits mais d’autres mesures ont été récoltées comme le nombre de reprises du groupe nominal, d’erreur de genre et de phrases agrammaticales. Or celles-ci n’ont pas été prise en compte dans nos analyses. Il aurait donc pu être intéressant de voir si l’entrainement avait eu un effet sur le type d’erreurs commises par les enfants.

En ce qui concerne la tâche de répétition de phrases complexes, nous avons récolté trois mesures : le nombre de syllabes correctement rappelées, le respect de la structure et le respect du degré d’enchâssement. La moyenne de chacune de ces mesures a augmenté mais pas assez pour faire apparaître une amélioration significative. Seule l’augmentation du nombre de syllabes correctement produites est tendancielle. Afin de voir si cette amélioration tendancielle ne reflète qu’une amélioration de la MdT, il serait intéressant de comparer les phrases tests aux phrases contrôles de même longueur mais ne contenant aucun déplacement syntaxique et enchâssement. S’il devait ne pas y avoir de différence, nous pourrions dire que cette amélioration a véritablement agit sur le traitement des phrases complexes. Pour les mesures du respect de la structure et du degré d’enchâssement, l’absence d’effet pourrait être expliquée par la non prise en compte des différents niveaux de complexité des phrases. En effet, la mesure du nombre de structures respectées mélange des phrases relatives sujets et des phrases relatives objets et la mesure du degré d’enchâssement comprend des phrases avec un degré allant de un à trois enchâssements. Cependant toutes ces mesures ont été relevées sans distinction et il aurait pu être intéressant d’observer les progressions sur chacune d’entre elles prises isolément.

L’absence de progrès sur ces deux tâches peut donc être imputable aux types de mesures utilisées.

Ces résultats permettent de prouver qu’avec un entrainement intensif de la MdT spécifique aux difficultés de la population il est possible de transférer les progrès obtenus en MdT sur le traitement de certaines structures syntaxiques complexes chez les enfants avec un TSA. Nous allons donc maintenant nous demander si les performances obtenues immédiatement après la fin de l’entrainement se maintiennent encore trois mois après.

3.2. Hypothèse 3B : Maintien à long terme de l’effet indirect de l’entrainement sur les performances en MdT

Les méta-analyses de Melby-Lervag et ses collaborateurs en 2013 et en 2016 n’a pas su montrer d’études qui pouvaient attester un effet indirect d’un entrainement de la MdT sur la syntaxe à long terme. Les résultats de cette étude, par contre, sont parvenus à prouver que l’amélioration observée sur la syntaxe complexe, à la suite de la fin de l’entrainement, pouvait se maintenir jusqu’à trois mois après. En effet, ils montrent qu’il n’y a pas de différence entre les post-tests et les PàD. En revanche, même si ce n’est pas significatif, certains scores ont tendance à diminuer c’est pourquoi, il pourrait être envisagé de tester à nouveau les enfants de manière encore plus différée dans le temps afin de voir si les progrès restent toujours bien significatifs.

4. Hypothèse 4 : Effet indirect de l’entrainement MM sur les