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2 — Hygiénisme et santé sexuelle dans la sphère anglo-américaine (1820-1890)

XIX e siècle

I. 2 — Hygiénisme et santé sexuelle dans la sphère anglo-américaine (1820-1890)

C’est d’abord chez des auteurs britanniques que nous avons trouvé les premières et rares occurrences de « sexual health », entre les années 1820 et 1840. À partir des années 1840 et jusqu’aux années 1860, nous en trouvons aussi bien dans des textes bri-tanniques qu’américains. Enfin, à partir des années 1870 et jusqu’à la fin du XIXe siècle, les occurrences sont exclusivement américaines. Compte tenu des limites déjà évoquées de la méthode employée pour le repérage de ce syntagme dans diverses bases de données, nous ne pouvons tirer la conclusion ferme et définitive selon laquelle l’usage de « sexual health » aurait été timidement inauguré en Grande Bretagne, repris aux États-Unis, pour devenir ensuite exclusivement américain. Les résultats que nous avons obtenus ne sont que le reflet du corpus que nous avons pu établir à partir de banques de publications très riches mais incomplètes, et pour lesquelles nous ne connaissons pas les politiques édito-riales. Par ailleurs, l’archivage numérique d’ouvrages de la première moitié du XIXe siècle est peut-être plus lacunaire que celui de la seconde moitié du siècle.

À partir du corpus que nous exploitons, nous n’avons en revanche aucun doute sur le fait que les usages de « sexual health » sont bien ancrés dans le corpus hygiéniste de médecine « alternative » américain. Par ailleurs, que ce soit en Grande Bretagne ou aux États-Unis, le poids de la religion protestante est patent. Dans la plupart des réfé-rences qui constituent notre corpus, sont promues la tempérance et la retenue sexuelles. Si le défaut d’activité sexuelle est parfois pointé comme problématique pour la santé, c’est surtout l’excès en la matière contre lequel les lectrices et les lecteurs sont mis en

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garde. En effet, celui-ci est supposé être la source de nombreuses maladies, comme les maladies vénériennes (syphilis, gonorrhée114…), les irritations et inflammations, la sper-matorrhée (écoulement involontaire et spontané du sperme), la stérilité ou l’impuissance (impotence)115. La masturbation et plus généralement les plaisirs solitaires, de même que l’émission de semence jugée trop fréquente, en solitaire ou non, sont considérées comme sources d’épuisement des capacités sexuelles, depuis l’érection jusqu’aux capacités de reproduction. Ainsi, tous les ouvrages publiés sur la physiologie du sexe et de la « géné-ration » soulignent les dangers supposés de la self-indulgence et de la self-pollution. Ces mises en garde s’adressent parfois à l’un ou l’autre sexe, mais le plus souvent aux deux. Toutefois, même si la question de la puissance sexuelle n’est pas réservée aux hommes, elle leur est tout de même plus souvent adressée, tandis que les femmes sont plus souvent averties sur leur fertilité. Quelquefois mise en regard de la santé sexuelle, l’hystérie est aussi considérée, sans surprise, comme quasi-exclusivement féminine.

À partir de nos recherches dans le domaine de la santé sexuelle, s’il apparaît que la genration des sexes est présente, elle ne se résume pas à une distinction et à une hiérarchie des rôles sexuels. Bien sûr, des discours spécifiquement adressés aux femmes ou aux hommes existent dans la mesure où l’organo-physiologie d’un sexe à l’autre diffère, et où, par exemple, seules les femmes sont susceptibles de grossesse, et seuls les hommes sont susceptibles d’éjaculation de sperme. Par ailleurs, la question de la masculinité et de la féminité en rapport avec l’état de santé est mise en avant dans le cadre du déve-loppement d’un savoir sur le sexe116. Mais l’idée d’égalité entre les sexes croît — certes de façon plus précoce aux États-Unis qu’au Royaume Uni117. Cette tendance se retrouve dans notre corpus, où des propos féministes — pour l’époque — concernant le domaine sexuel sont présents.

Le XIXe siècle est aussi celui du malthusianisme et du néo-malthusianisme, de la transformation ou de l’évolution des espèces, et de l’hérédité. La maîtrise de la qualité

114 Familièrement appelée « chaude pisse ».

115 Voir MCLAREN Angus, Impotence: a Cultural History, Chicago, University of Chicago Press, 2007, en particulier les chapitres 5 et 6.

116 Voir ibid., chapitre 5 : « Neurasthenia, Decadence, and Nineteenth-Century Manhood » ; RUSSETT Cyn-thia Eagle, Sexual Science: the Victorian Construction of Womanhood, Cambridge, London, Harvard Uni-versity Press, 1989.

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de la reproduction, comme le contrôle des naissances, sont des enjeux qui vont traverser les ouvrages abordant la physiologie et la santé sexuelles. Si l’abstinence ou la modération sexuelle sont souvent proposées comme des remèdes pour prévenir les maladies et éviter la surpopulation, des positions opposées préconisant la contraception se font également entendre, annonçant les mouvements de planification familiale. En outre, l’harmonie ou l’adéquation sexuelle dans le mariage constitue un enjeu pour une reproduction de qua-lité, sinon pour la reproduction tout court, contre l’infertilité ou la dégradation de la descendance. Nombreux sont les ouvrages qui consacrent des pages, sinon des chapitres entiers, à la bonne entente sexuelle et au bon assemblage des conjoints dans le mariage, qui est un objet de la physiologie et de la médecine. Nous verrons que la détermination du sexe de l’enfant en amont de la grossesse, dont l’ambition n’est pas nouvelle puisqu’elle remonte à l’Antiquité, va trouver dans la physiologie sexuelle et plus globalement la science du sexe un nouveau champ de théorisation et de recettes.

Le XIXe siècle, enfin, est celui de l’émergence des termes de « sexualité »118, « science sexuelle » et « sexologie ». Nous verrons comment le syntagme de « santé sexuelle » croise ou non ceux-ci. La terminologie sexuelle du XIXe siècle propose un lexique repris jusqu’à aujourd’hui, mais aussi un lexique qui a été en partie abandonné : maladies vénériennes, indulgence… Nous emploierons ces termes tombés en désuétude lorsqu’ils sont ceux utilisés par les auteur·e·s étudié·e·s.

I.2.1 L

E PHYSIOLOGISME BRITANNIQUE ET L

ÉDUCATION POPULAIRE

C’est donc d’abord chez des auteurs britanniques s’adressant au grand public que nous avons repéré des usages du terme « sexual health », dès les années 1820. Ce à quoi la santé sexuelle fait référence, ou ce dont elle est le contraire, n’est pas clairement déli-mité et varie d’un usage à l’autre. Se dégage tout de même une tendance à l’opposer à l’hystérie. C’est aussi chez un auteur britannique en particulier, George Drysdale, que la santé sexuelle va s’insérer dans le cadre d’une pensée néo-malthusienne de contrôle des

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naissances. Mais c’est d’abord chez un auteur spécialisé dans les maladies de la peau que l’on en trouve une première utilisation.

Maladies de la peau et santé sexuelle : Sir Arthur Clarke

La première occurrence de « sexual health » que nous avons pu identifier se trouve dans un ouvrage de dermatologie, publié en 1821 par le médecin britannique Sir Arthur Clarke, qui s’inscrit dans une démarche de médecine populaire119. Le lien avec les organes de la nutrition et l’alimentation y est immédiatement fait :

Nous sommes […] en mesure de retracer certaines maladies de la peau, sans conteste, à un état désordonné de l’estomac et des intestins, tandis que d’autres provoquent un dérangement dans ces organes. La sympathie entre la peau et le canal alimentaire est telle que lorsque la première est sèche et desséchée, les intestins sont chauds et cons-tipés. Lorsque la digestion est dérangée, la peau est sèche, ridée et décolorée.120

Il s’agit d’un ouvrage antérieur à celui de Graham sur le sexe, la diète et la santé, dont nous avons vu qu’il n’emploie pas le syntagme « santé sexuelle », alors que celui de Clarke l’utilise à une reprise, à l’occasion de l’exposé des conséquences d’un cas de scorbut chez une jeune femme, qui fait selon lui suite à une affection du foie ou du canal alimen-taire : « Sa santé sexuelle a été interrompue, son appétit s’est détérioré et son allure générale s’est trouvée considérablement diminuée et émaciée »121. Aucune précision n’est donnée sur ce que désigne la santé sexuelle. Son évocation s’inscrit dans une suite de détériorations physiques. Toutefois, celle-ci semble désigner également le fait de pouvoir entretenir des relations avec un homme et avoir des enfants, au sens peut-être de pouvoir plaire, capacité suspendue par les détériorations dermatologiques. En effet, lorsque Clarke décrit les effets entraînés par le traitement du scorbut, il souligne que la jeune femme a pu se marier et devenir mère :

119 « [...] an essay intended for general and popular reference ». CLARKE Arthur, An Essay on Diseases of

the Skin: containing Practical Observations on Sulphureous Fumigations, in the Cure of Cutaneous Com-plaints, with Cases, London, Henry Colburn, 1821, p. 22.

120 « We are [...] enabled to trace some diseases of the skin, unquestionably, to a disordered state of the

stomach and bowels; while others induce a derangement in these organs. Such is the sympathy between the skin and the alimentary canal, that when the former is dry and parched, the bowels are hot and constipated. When the digestion is deranged, the skin is dry, wrinkled and discoloured ». Ibid., p. 31.

121 « Her sexual health was interrupted, her appetite bad, and her general habit greatly reduced and

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Son appétit et sa force augmentèrent chaque jour ; ses yeux se rétablirent progressive-ment ; sa constitution féminine devint régulière ; et en six semaines, sa santé et sa beauté furent restaurées. Peu de temps après elle était mariée, et elle est maintenant la mère d’un enfant en bonne santé.122

Quoi qu’il en soit, si le discours de Clarke n’a pas la santé sexuelle pour objet central, la référence à celle-ci s’inscrit dans le cadre d’un modèle de pensée physiologique et thérapeutique congruent à celui que nous avons décrit chez Graham. Sur le plan phy-siologique, l’interaction entre différentes parties du corps est supposée, comme nous l’avons vu plus haut. Clarke s’inscrit ainsi dans la conception continuiste de l’organisme, qui repose sur le système nerveux, et plus spécifiquement ici, l’idée d’une concordance entre différentes parties du corps : la sympathie. De plus, sans se prononcer définiti-vement sur les causes des maladies de la peau, il consacre plus de développements à celles qui renvoient à une conception néo-hippocratique de l’étiologie qu’à celle qui repose sur l’idée de corps étrangers. Ainsi, il fait état de la théorie des animalcules, à laquelle s’op-posent des théories qui considèrent que ces derniers ne sont pas les causes mais les effets des maladies de la peau, qui résulteraient de l’ingestion de nourriture inappropriée. Se référant à Galien et au médecin anglais Robert Willan — considéré comme l’un des fondateurs de la dermatologie —, il cite les désordres internes au corps pouvant être provoqués par l’alimentation de mauvaise qualité, le manque d’hygiène personnelle, et la consommation de certains vins et fruits parmi les causes possibles des maladies et dé-mangeaisons de la peau123. La carence en oxygène par défaut d’aération, ainsi que l’in-fluence du climat, sont également citées à propos du scorbut124. Sur le plan thérapeutique, Clarke préconise les bains chauds et surtout la fumigation sulfureuse, qui consiste à brûler du soufre dans un lieu clos (comme une caisse où est logé le corps, la tête étant seule à l’extérieur), de sorte que ses vapeurs restent en contact avec la peau. Chaque fumigation doit être suivie d’exercices en plein air125. C’est donc dans un cadre néo-hippocratique qu’il est fait référence pour la ou l’une des premières fois à la santé sexuelle, mais où

122 « Her appetite and strength daily increased ; her eyes gradually recovered ; her female constitution

became regular ; and in the course of six weeks, her health and beauty were restored. She was shortly after married, and is now the mother of a fine healthy child ». Ibid., p. 65.

123 Ibid., pp. 25‑27.

124 Ibid., p. 29.

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celle-ci, bien qu’il s’agisse de dermatologie, n’est pas considérée elle-même directement en un sens physiologique, mais comme une capacité à plaire et à fonder une famille, autrement dit comme capacité sociale conditionnée par des questions physiques. La der-matologie sera cependant surtout présente dans le domaine de la santé sexuelle relative-ment aux « maladies vénériennes », du fait des conséquences dermatologiques de cer-taines d’entre elles, comme la syphilis.

Les femmes et le sexe, ou la question de l’hystérie

La deuxième occurrence de « sexual health » que nous avons trouvée date de 1839, et figure dans le Tegg’s Handbook for Emigrants126 du prolifique éditeur britannique Thomas Tegg. Celui-ci s’est notamment spécialisé dans la réimpression d’ouvrages libres de droit qu’il revendait à bas prix. Par ailleurs attaché à l’éducation des enfants, il a publié des ouvrages ludiques de sciences. Il a également fait la promotion de livres favo-risant l’avancement de soi (self-advancement), ou de ce qu’on appelle aujourd’hui le dé-veloppement personnel 127.

Alors que l’Empire britannique est en pleine apogée, son Handbook for Emigrants s’adresse aux colons, notamment en Australie128, qui se trouvent éloignés des centres d’implantation coloniaux et qui de ce fait dépendent plus ou moins d’eux-mêmes pour ce qui concerne les commodités et leur confort de vie. Ce manuel couvre plusieurs domaines (conseils sur les ustensiles de cuisine à posséder, liste d’outils pour construire une char-pente, technique de préparation du bois avant de le peindre…), dont le domaine médical. Ce dernier est divisé en trois chapitres : le premier est consacré à des pathologies orga-niques (de la tête, de la poitrine et de l’abdomen), le second à des dérèglements internes ou causés par l’environnement qui se manifestent sous forme d’attaques ou de crises, et le dernier à des infections (scarlatine, coqueluche, variole…). Dans le second chapitre

126 TEGG Thomas, Tegg’s Handbook for Emigrants; Containing Useful Information & Practical Directions

on Domestic, Mechanical, Surgical, Medical, and Other Subjects, Calculated to Increase the Comforts, and Add to the Conveniences of the Colonist, London, Bradbury and Evans, 1839.

127 BARNES James J. et BARNES Patience P., « Reassessing the Reputation of Thomas Tegg, London Publisher, 1776-1846 », Book History 3 (1), 2000, p. 49.

128 Le Handbook for Emigrants fut ainsi édité en Australie par les fils de Tegg, James et Samuel, qui ont ouvert une librairie à Sydney en 1834. Voir ibid., pp. 57‑58.

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figurent les hystéries, aux côtés des fièvres intermittentes, des rhumatismes et des dé-mangeaisons. Objets de discours, de théories et de controverses depuis l’Égypte ancienne, Tegg a considéré qu’il convenait que les colons disposent de certaines informations et de certains conseils pour faire face aux hystéries par leurs propres moyens. Les débats au sujet de l’hystérie portent sur ce qu’elle désigne, du fait d’oppositions quant à son siège (l’utérus, le cerveau…) et à ses causes (sexuelles ou non notamment)129. Or, c’est en vou-lant donner des indications sur les causes des hystéries que Tegg recourt à l’idée de santé sexuelle : « elles sont généralement causées par quelque état particulier de santé sexuelle »130. À vrai dire, la description de leur cause n’est pas très précise. Mais elle s’inscrit dans le cadre des théories sexuelles sur l’hystérie. Une indication supplémentaire est donnée sur les personnes atteintes : presque exclusivement des femmes selon Tegg — bien qu’il dise que quelques hommes, d’un tempérament fragile et nerveux, puissent par-fois présenter des symptômes similaires —, et préférentiellement celles qui sont céliba-taires comparativement aux femmes mariées. Il ne fait que reprendre l’un des éléments des théories sexuelles de l’hystérie, qui rapportent sa survenue à un manque d’activités sexuelles, en lien ou non avec la reproduction.

La référence à la santé sexuelle présente ici la particularité d’être faite dans le chapitre qui ne traite ni de l’anatomopathologie, ni des infections. Quoi que l’utilisation de « sexual health » par Tegg soit isolée, et bien qu’il s’agisse d’un usage par un non médecin, il est significatif que son emploi se situe dans la partie la plus néo-hippocratique du découpage du domaine médical que l’auteur opère, à savoir celle qui réfère à l’envi-ronnement et à l’idée d’un équilibre interne du corps. Le néo-hippocratisme ouvre en effet la voie à une approche holistique de la santé et de la maladie, en étendant le champ de la santé à des domaines qui ne sont pas directement médicaux — comme l’environnement social —, et en cherchant à tenir ensemble ce qui relève du mental et ce qui relève du physique. Comme nous l’avons vu, cette approche fut particulièrement celle du vitalisme

129 BRÉMAUD Nicolas, « Panorama historique des définitions de l’hystérie », L’information psychiatrique 91 (6), 2015, pp. 485‑498.

130 « they are generally caused by some peculiar state of sexual health ». TEGG, Tegg’s Handbook for

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au tournant du XIXe siècle, qui était alors en tension sur le plan doctrinal avec l’organi-cisme localiste131, qui considérait que les maladies résultent d’un problème organique pré-cisément localisé, ce à quoi renvoie le premier chapitre que Tegg consacre au domaine médical, et où ne se trouve précisément pas l’usage qu’il fait de « sexual health ».

Tegg n’a pas développé une pensée élaborée et structurée du vivant, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il n’était ni médecin, ni philosophe. Sa démarche intellectuelle et éditoriale générale étant par ailleurs tournée vers la publication d’ouvrages grand pu-blic et populaires, c’est-à-dire simplifiés dans les connaissances transmises, il se contente de s’en remettre à des médecins faisant preuve de clarté. Ainsi, antérieurement à son manuel pour les colons, il fut l’auteur d’un livre des connaissances à destination des jeunes hommes — compilation plus ou moins maîtrisée des connaissances générales de l’époque —, dont le second chapitre est consacré à la nature132. Concernant le corps humain, il cite in extenso un médecin anatomiste, l’écossais William Hunter, connu no-tamment pour avoir fondé l’une des écoles d’anatomie et de chirurgie londoniennes les plus réputées de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le propos a des accents mécanicistes, mais on y retrouve l’idée d’un principe interne actif dans le corps animal en général et humain en particulier — ce qui évoque le mécanicisme élargi décrit par Wolfe :

Une supériorité de la machine animale est particulièrement frappante. Dans les ma-chines d’artifice humain ou d’art, il n’y a pas de pouvoir interne, pas de principe dans la chose elle-même, par lequel elle peut se modifier et s’adapter à toute blessure qu’elle peut subir, ou faire en sorte que toute blessure se répare : mais dans la machine natu-relle ou corps animal, cela est très bien pourvu par les pouvoirs internes de la machine elle-même.133

Ainsi, la machine corporelle est habitée par un principe interne de réparation non mécanique, dont le fonctionnement reste mystérieux et qui, pour Tegg, procède de Dieu : « [Les pouvoirs de réparation] sont des aspects du Divin Architecte »134. Tegg emploie donc sexual health à propos de l’hystérie sur le fond d’une pensée qui accorde par ailleurs

131 Voir RAYNAUD, « La controverse entre organicisme et vitalisme », art. cit., 1998.

132 TEGG Thomas, The Young Man’s Book of Knowledge, containing a Familiar View of the Importance

of Religion, the Works of Nature, Logic, Eloquence, the Passions, Matter and Motion, Magnetism, Me-chanical Powers, Hydrostatics, Hydraulics, Optics, Acoustics, Electricity, Galvanism, Geometry, &C, 19th

edition, London, Thomas Tegg, 1828.

133 Ibid., p. 82.

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une place primordiale à la religion, aux côtés des sciences de la nature. Le premier cha-pitre de son ouvrage destiné au jeune homme lui est consacré. Il a en outre édité ou