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Chapitre 2 : Etat des connaissances

2.3 Les spécificités des bassins versants du Maroni et de l'Oyapock

2.3.3 Hydrologie

Le réseau hydrographique de la Guyane Française mesure dans son intégralité environ 111 000 km de linéaire (BD CarTHAgE®). Il est ainsi l’un des plus denses de la zone équatoriale. Il peut être subdivisé en 5 grandes régions hydrographiques : deux sont transfrontalières et drainées par les fleuves Maroni et Oyapock, une est côtière et drainée par les fleuves Sinnamary, Kourou et Mahury et deux autres sont des bassins intermédiaires centraux drainés par les fleuves Approuague et Mana. L'organisation de ces fleuves, pilotée en amont par l’importance des précipitations est déterminée par le relief et la géomorphologie tous deux essentiellement structurés par la géologie et son histoire depuis près de -18 000 ans. Dans le cadre de cette étude seuls les bassins du Maroni et de l’Oyapock ont été étudiés.

La particularité du fleuve Maroni est de suivre une orientation nord-est depuis sa source jusqu'à Maripasoula, puis à ce niveau elle s'oriente vers le nord-ouest et c'est en aval du Tapanahoni qu'il reprend une direction nord-est avant de se jeter dans l'océan Atlantique. Sa principale station hydrométrique Langa Tabiki (LT) localisée en amont de son estuaire à 102 km est représentative de la plus importante surface (60 930 km² : Banque Hydro) de son bassin versant (66 814 km² : 57% au Suriname et 43% en Guyane Française). Le haut Maroni prend sa source dans les monts Tumuc-Humac au Suriname à 730 m d'altitude. Son cours principal est dénommé Alitani jusqu’en amont de Maripasoula. Le moyen Maroni, s'étend de Maripasoula à Grand-Santi où prend le nom de Lawa. Enfin, c’est à l’aval de cette commune que le bas Maroni prend le nom de Maroni. Sa longueur totale est d'environ 610 km. L'Alitani, le Lawa et le Maroni totalisent une longueur d'environ 310, 122 et 178 km.

De nombreux et importants tributaires se jettent dans le cours principal du Maroni. En rive gauche se succèdent principalement d’amont en aval les rivières Oelemary (haut Maroni), Gonini (moyen Maroni) et Tapanahoni ainsi que les criques Djoeka et Graan (bas Maroni). En rive droite, se succèdent les rivières Marouini, Inini (haut Maroni), Abounami (moyen Maroni) ainsi que les criques Beïman et Sparouine (bas Maroni). Le moyen Maroni possède des chutes d'eau ou cascades (dénommées « sauts » en Guyane) qui résultent de l'interruption du flot du cours d’eau par un brutal dénivelé. Les sauts peuvent être étroits ou larges et de longueur

Les spécificités des bassins versants du Maroni et de l’Oyapock variable pouvant aller de quelques mètres à plusieurs kilomètres. Ils présentent souvent une succession de plusieurs marches rocheuses dont l’organisation est souvent chaotique. Les plus importants sont situés dans la région des abattis Cottica à 225 km à partir de la source (Figure

2-5). Une succession de rapides s’échelonne sur 17 km pour un dénivelé total de 30 m. A la

confluence avec le Tapanahoni - principal tributaire de 300 km de long venant du Suriname - débute une autre série de sauts très importants dont le dénivelé est de 10 m en période de hautes eaux. Il s'agit des sauts Poligoudou, Mambari, Mankaba et Krété. Le bas Maroni dont le lit mineur est plus large est lui aussi entrecoupé de sauts de plus petite taille et d'importance secondaire. Le dernier saut (le Saut Hermina ou SH) est localisé à 102 km environ de l'estuaire et correspond à la limite amont de l’influence des marées océaniques.

Le bassin de l'Oyapock est le deuxième plus grand bassin versant de la Guyane Française. Sa superficie est de 33 614 km² entre les latitudes 2-4°N et 52-53°W de longitudes. 51 % du bassin versant est localisé au Brésil. Le bassin versant en amont de la station hydrométrique de Saut Maripa (SM) couvre une superficie de 25 120 km² (BD Hydro). La longueur de l’Oyapock est de 404 km. Il porte le même nom tout au long de son cours. Il prend sa source dans la chaine Inini-Camopi et ne reçoit que de petits tributaires. En rive gauche les rivières Yaroupi, Camopi puis les criques Sikini, Nouciri et Armontabo. En rive droite, se succèdent les rivières Matura, Lavé, Marupi et Anotaïe. Comme le Maroni, l'Oyapock présente une succession de plus d'une centaine de petits sauts et de rapides. La navigation peut y être très difficile notamment dans les cours d’eau supérieurs. C'est en aval du Saut Maripa (8 m de hauteur) distant de 60 km de l'estuaire que s'arrête l'influence de la marée océanique.

Les débits des fleuves guyanais sont déterminés par le régime des précipitations contrôlé par le déplacement de la ZITC (voir paragraphe 2.2). Le régime hydrologique est de type unimodal. Il se caractérise par une augmentation des débits entre décembre et janvier, souvent entrecoupés d’une stagnation voire d'une baisse au cours du petit été de mars, correspondant à un arrêt plus ou moins marqué des précipitations, puis par une nette diminution entre juillet et novembre, durant la saison sèche. Les débits d’étiage moyen (Figure 2-8) du Maroni à LT sont de 361 m3.s-1 pour la période 1952-2016 et de 200 m3.s-1 pour l'Oyapock au Saut Maripa (période 1953-2016), à la fin de la grande saison sèche ou vers la fin novembre. Les mois de mai et de juin enregistrent les débits maximums moyens de crues de 3 400 m3.s-1 à LT et de 1 700 m3.s-1 à SM. Le débit maximum journalier connu est de 8 790 m3.s-1 pour LT et 4 919 m3.s- 1 à SM. Les minima enregistrés sont de 41 m3.s-1 à LT et de 57 m3.s-1 à SM. Le rapport entre le débit maximum et minimum est estimé à 212 pour le Maroni et à 85 pour l'Oyapock.

Les spécificités des bassins versants du Maroni et de l'Oyapock

Figure 2-8. Diagramme des débits mensuels moyens (ligne noire), minima et maxima (points

noirs), entre 1952 et 2016 à Saut Hermina (fleuve Maroni) à gauche et entre 1953 et 2016 à Saut Maripa (fleuve Oyapock) à droite.