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3.3 Conclusion et discussion sur le r´ ealisme des simulations

4.1.3 Hydrologie des simulations

Nous avions observ´e dans MED12 que les eaux chaudes de surface du Sud du bassin occidental ne remontaient pas assez vers le Nord, et ne p´en´etraient donc pas dans GLAZUR64, ce qui ´etait en g´en´eral en d´esaccord avec les donn´ees de SST satellite. La temp´erature moyenne sur le domaine ´etait ainsi sous-estim´ee, surtout en ´et´e et `a l’automne, et ce biais se retrouvait dans T20, bien que l´eg`erement corrig´e par le for¸cage atmosph´erique de ALADIN. Les champs de vitesse moyens issus des simulations (Fig. 4.1) ont montr´e la p´en´etration d’une veine de courant simul´ee par PSY2V3R1 dans le domaine de GLAZUR64, ph´enom`ene qui n’est pas observ´e dans T20. La dynamique diff´erente prescrite au travers de la fronti`ere Sud peut ainsi avoir un impact sur les caract´eristiques des masses d’eau qui p´en`etrent dans le domaine. La date du 24 septembre 2008 pr´esent´ee en figure 3.8 illustrait bien le d´efaut de MED12 en temp´erature au Sud du domaine. La figure 4.11 pr´esente les SST de PSY2V3R1 et T21 pour la mˆeme date. On peut ainsi remarquer que le for¸cage op´erationnel PSY2V3R1 corrige le biais en temp´erature, en prescrivant l’entr´ee d’eaux chaudes par le Sud du domaine dans T21. La temp´erature en surface de la simulation `

a haute r´esolution est am´elior´ee, et pr´esente plus de ressemblance avec les mesures satellite (−0.18C de biais en temp´erature moyenne sur le domaine pour T21, contre 0.4C pour T20). `A titre d’exemple, trois autres dates sont pr´esent´ees ici pour montrer que le biais en temp´erature au Sud du domaine est r´eguli`erement corrig´e dans T21.

Figure 4.11 – Comparaison des SST issues de PSY2V3R1 (gauche), GLAZUR64-T21 (centre) et du satellite GOS (droite) pour le 24 septembre 2008.

Le 13 juillet 2008 , la relaxation d’un ph´enom`ene d’upwelling sur la partie Ouest du plateau du Golfe du Lion est visible, avec des eaux plus froide que dans le reste du domaine, de l’ordre de 21.5C dans les donn´ees satellite (Fig. 4.12). Un front d’eaux chaudes (sup´erieures `a 23.5C) venant du large, principalement du Sud, est observ´e. Toutes les simulations reproduisent cet upwelling le long des canyons de Cassis et du Planier, mais la repr´esentation de son extension vers le large et de la remont´ee des eaux chaudes estivales divergent. Dans MED12, un biais de 2C est observ´e sur tout le domaine. Seules les eaux le long de la cˆote d’Azur et dans l’extrˆeme Sud-Ouest du domaine atteignent 23C. En cons´equence, bien que T20 pr´esente une solution beaucoup plus proche des donn´ees satellite (eaux de 21.5C sur le plateau et 22.5 `a 23.5C au large), certains biais sont conserv´es : il n’y a pas d’eaux chaudes qui p´en`etrent par la fronti`ere Sud du domaine, ce qui permet aux eaux froides du plateau de s’´evacuer par le Sud en suivant la trace du CN, alors que le front chaud observ´e dans les donn´ees satellite fait office de barri`ere aux eaux du plateau. PSY2V3R1 et T21 reproduisent quant `a eux des champs plutˆot similaires, avec des structures proches de celles observ´ees par satellite. Les eaux froides amen´ees par le ph´enom`ene d’upwelling s’´etendent vers le Sud, mais leur extension est bloqu´ee par la remont´ee d’eaux chaudes de la fronti`ere Sud, ce qui est en bon accord avec les mesures. La remont´ee d’eaux chaudes qui est tr`es bien reproduite par PSY2V3R1 (qui s’explique par l’assimilation des donn´ees) est retrouv´ee par T21, mˆeme si l´eg`erement d´egrad´ee. L’´echapp´ee d’eaux froides le long de la trace du CN par la fronti`ere Sud est visible dans les deux simulations.

Plus tard dans l’´et´e, d´ebut aoˆut, le mˆeme genre de structure est observ´e (Fig. 4.13). Les eaux du plateau se sont r´echauff´ees, seule subsiste une poche fraˆıche `a 22.5 `a l’Est du Golfe. Pr`es des fronti`eres, la SST satellite d´epasse les 26.5C. Encore une fois, MED12 reproduit des eaux beaucoup trop froides (20 `a 21C sur quasiment tout le domaine), mais T20 am´eliore la situation. Il avait ´et´e montr´e dans le chapitre pr´ec´edent que la meilleure param´etrisation du for¸cage atmosph´erique dans GLAZUR64 explique cette am´elioration. Alors que la poche d’eau froide est bien pr´esente sur le plateau, la trace d’un upwelling est visible au niveau du canyon de Cassis. Cela induit une extension d’eaux froides vers le large et un refroidissement du domaine qui n’est pas visible dans les observations. Encore une fois, des eaux plus froides entrent par la fronti`ere Sud, qui empˆechent la simulation de se rapprocher des observations. Ce d´efaut `a la fronti`ere est corrig´e par PSY2V3R1, avec un front d’eau chaude le long du talus et une ´echapp´ee

Figure 4.12 – Comparaison des SST issues des diff´erents jeux de donn´ees pour le 13 juillet 2008. `A gauche : MED12 (haut) et PSY2V3R1 (bas). Au milieu : GLAZUR64-T20 (haut) et GLAZUR64-T21 (bas). `A droite : SST satellite.

Figure 4.14 – Figure identique `a la figure 4.12, mais pour le 18 octobre 2008.

d’eau du plateau vers le Sud, mˆeme si ces eaux cˆoti`ere sont l´eg`erement trop chaudes (23.5C). T21 pr´esente des temp´eratures correctes sur le plateau, mais comme dans T20 un ph´enom`ene d’upwelling refroidit les eaux `a l’Est du plateau. L’extension et l’amplitude de cet upwelling sont diff´erentes de celles de T20. On voit ainsi que bien que le for¸cage atmosph´erique soit `a l’origine de l’upwelling, la dynamique cˆoti`ere diff´erente dans les simulations influence ce type de structure (la figure 4.8 montre que positionnement du CN `a l’entr´ee du Golfe est tr`es diff´erent dans les deux simulations pour le 9 aoˆut 2008).

Enfin, le dernier exemple pr´esente un cas automnal, le 18 octobre 2008 (Fig. 4.14). La tem-p´erature moyenne du domaine a chut´e, mais on observe toujours des eaux plus chaudes au Sud (jusqu’`a 22C). La trace du CN est identifiable ´egalement par des eaux plus chaude (20C) que les eaux alentours, s´epar´ees des eaux du Sud par une bande d’eau `a 19C. Le mˆeme type de biais est retrouv´e dans MED12 que pour les autres dates : toutes les eaux du domaine sont trop froides, surtout le long de la fronti`ere Sud, o`u au lieu de simuler une remont´ee d’eaux chaudes, MED12 reproduit une masse d’eau `a 15C. T20 simule un champs de temp´erature plutˆot ho-mog`ene sur tout le domaine, de l’ordre de 19.5C. De nombreux filaments et enroulements sont visibles, repr´esentatifs d’une forte activit´e `a m´eso-´echelle. T21 reproduit ´egalement un champs de temp´erature significatif d’une forte activit´e m´eso-´echelle, mais avec des structures et des fronts en tr`es bon accord avec les donn´ees satellite : la trace du CN, la remont´ee d’eaux chaudes et l’´echapp´ee des eaux du CN par le Sud sont repr´esent´ees avec des caract´eristiques spatiales plus proches des observations que ce que reproduit PSY2V3R1, malgr´e le fait que ce dernier assimile les mesures satellite.

SATELLITE MED12 GLAZUR-T20

SATELLITE PSY2V3R1 GLAZUR-T21

Figure 4.15 – SST en C moyenn´ee sur tout le domaine de GLAZUR64 (de 2.06E `a 7.97E en longitude, et de 41.26N `a 43.9N en latitude) pour la p´eriode d’´etude. En haut : SST satellite moyenne fournie par le GOS (vert), MED12 (bleu), GLAZUR64-T20 (rouge). En bas : SST satellite moyenne fournie par le GOS (vert), PSY2V3R1 (bleu), GLAZUR64-T21 (rouge).

Simulation MED12 GLAZUR64 - T20 GLAZUR64 - T21 PSY2V3R1

Moyenne -1.245 -0.4 -0.3 -0.259

RMS 1.37 0.73 0.67 0.41

´

Ecart maximal -4.057 -2.076 -1.898 -1.524

Table 4.2 – Moyenne, RMS et ´ecart maximal de la diff´erence de temp´erature moyenne sur le domaine (en◦C), entre les simulations et les donn´ees satellite sur la p´eriode d’´etude.

les observations que T20, nous sommes en droit de nous demander si la solution est am´elior´ee de fa¸con syst´ematique. La figure 4.15 pr´esente la variation de SST moyenne des simulations sur le domaine pendant la p´eriode d’´etude. De fa¸con g´en´erale, toutes les simulation sous-estiment la temp´erature par rapport aux donn´ees satellite (table 4.2), mais nous avions montr´e dans le chapitre pr´ec´edent que ces donn´ees ´etait sur-estim´ees par rapport aux mesures de bou´ees localis´ees. Nous pouvons voir que PSY2V3R1 propose une solution beaucoup plus proche des observations que MED12, avec un biais moyen de −0.259C sur 9 mois l`a o`u MED12 pr´esente un biais de −1.245C (table 4.2). Il est important de ne pas oublier que PSY2V3R1 assimile des donn´ees de temp´erature satellite, ce qui explique ces r´esultats particuli`erement corrects. Les simulations GLAZUR64, par contre, n’assimilent pas ces donn´ees, mais pr´esentent tout de

mˆeme des r´esultats tr`es r´ealistes sur toute la p´eriode, avec des RMS de 0.73C pour T20 et 0.67C pour T21. Alors que T20 am´eliore la solution par rapport `a MED12, T21 la d´egrade par rapport `a PSY2V3R1, mais pr´esente tout de mˆeme de meilleurs r´esultats que T20, avec une diminution de 0.1C du biais moyen sur la p´eriode, et un ´ecart maximal plus faible (table 4.2). Ce sont notamment les gros r´echauffements estivaux qui sont mieux repr´esent´es, et cela peut s’expliquer par l’apport d’eau chaude par la fronti`ere Sud dans T21. Le refroidissement trop lent `a l’automne est cependant toujours pr´esent dans la simulation forc´ee par PSY2V3R1. Le for¸cage op´erationnel permet ainsi d’am´eliorer la temp´erature de la couche de surface, mais la faible diff´erence observ´ee entre les deux simulations GLAZUR64 montre que c’est tout de mˆeme le for¸cage atmosph´erique qui reste le facteur dominant sur la SST.

Sur la verticale, nous avions vu que les eaux profondes prescrites par MED12 pr´esentaient des biais en temp´erature et salinit´e, et que les eaux de surface et sub-surface ´etaient trop sal´ees. La thermocline (forme et position) n’´etait pas toujours correctement reproduite, mais les flux atmosph´eriques diff´erents entre MED12 et GLAZUR64 amenaient `a une am´elioration de la couche de surface dans T20, notamment en terme de SST. PSY2V3R1 assimilant les donn´ees d’hydrologie des bou´ees ARGO, nous pouvons nous attendre `a une am´elioration des masses d’eaux dans T21. Sur la p´eriode avril-d´ecembre 2008, 2 gliders, 5 bou´ees ARGO et 1 CTD sont disponibles (table 2.5) et vont nous permettre d’´evaluer la qualit´e de la solution. Encore une fois, il faut noter que PSY2V3R1 assimile les donn´ees de flotteurs ARGO disponibles sur la base Coriolis : les observations et la configuration op´erationnelle ne sont donc pas ind´ependants.

L’´etude des diagrammes TS des quatre simulations nous confirme que les masses d’eaux sont correctement h´erit´ees du for¸cage op´erationnel : de nouveau, les caract´eristiques hydrologiques de la configuration de bassin se retrouvent dans notre configuration r´egionale, avec des RMS et des erreurs du mˆeme ordre de grandeur entre les simulations GLAZUR64 et leurs for¸cages respectifs (table 4.3). T21 reproduit des temp´eratures statistiquement plus proches des observations que T20, avec une erreur moyenne de 0.074C, mais semble d´egrader la solution en terme de salinit´e (table 4.3).

Si nous regardons plus en d´etails les diff´erentes masses d’eau, nous remarquons que la salinit´e des eaux de surface, qui ´etait sur-estim´ee dans T20, est am´elior´ee dans T21, ce qui permet d’am´eliorer la densit´e des eaux de surface. En terme de temp´erature, toutes les simulations sont similaires sur la couche de surface : elles sont trop froides (en moyenne 14.5C contre 18.5C pour les observations), et la thermocline n’est pas assez pinc´ee. Le d´efaut en salinit´e qui est observ´e dans le tableau statistique s’explique par un biais dans les masses d’eau interm´ediaires : le maximum en salinit´e typique des LIW est absent (Fig. 4.16). Alors que T21 et PSY2V3R1 avaient am´elior´e la salinit´e de surface, on observe dans PSY2V3R1 `a partir de 400 m une salinit´e constante (38.4 PSU), alors que les mesures rel`event une augmentation de salinit´e jusqu’`a plus de 38.5 PSU `a 400 m de fond, ce qui est caract´eristique de la pr´esence de LIW. T21 conserve ce biais (il ne peut pas g´en´erer lui-mˆeme de LIW, celles-ci ´etant cr´e´ees dans le bassin Levantin), ce qui est probl´ematique car les LIW jouent sur l’inclinaison des isopycnes et donc sur la g´eostrophie du CN. Ainsi, d`es 300 m, la salinit´e est constante dans la simulation, avec une erreur moyenne de presque 0.05 PSU sur toute la couche (Fig. 4.17).

Figure 4.16 – Diagrammes TS des observations interpol´ees sur les grilles verticales des simulations (noir), superpos´ees aux diagrammes TS issus des simulations aux positions et dates ´equivalentes. De gauche `a droite et de haut en bas : MED12, T20, PSY2V3R1, T21.

Temp´erature MED12 T20 T21 PSY2V3R1

RMS 0.446 0.26 0.199 0.1835

Erreur moyenne 0.160 0.119 0.074 0.097

Salinit´e MED12 T20 T21 PSY2V3R1

RMS 0.017 0.012 0.011 0.013

Erreur moyenne -0.007 -0.005 0.052 0.041

Table 4.3 – RMS et Erreur moyenne sur toute la couche entre chaque simulation et les observations, en temp´erature (haut) et salinit´e (bas).

Figure 4.17 – Profils de RMS et d’erreur moyenne entre les observations et les simulations pour la salinit´e (gauche) et la temp´erature (droite). Les lignes pleines bleues correspondent `a la simulation MED12, les lignes pleines rouges `a la simulation GLAZUR64 - T20, les lignes en pointill´es bleus `a la simulation PSY2V3R1, et les lignes en pointill´es rouges `a la simulation T21.

sal´ee et plus froide, en meilleur accord avec les observations (Fig. 4.16). Alors que MED12 et T20 en-dessous de 500 m pr´esentent un biais de 0.2C, T21 et PSY2V3R1 ont des temp´eratures similaires `a celles observ´ees, avec une RMS inf´erieure `a 0.1.

Nous obtenons ainsi avec le for¸cage PSY2V3R1 une am´elioration sensible de la temp´ era-ture, qui s’explique par l’assimilation des donn´ees de bou´ee ARGO, mais cette am´elioration est contrast´ee par le biais en salinit´e sur la couche interm´ediaire.