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Un homme cyborg depuis toujours ?

I. Le courant de pensée transhumaniste : mythe ou réalité ?

1.2. Un homme cyborg depuis toujours ?

En 1964, Leroi-Gourhan, ethnologue spécialiste de la Préhistoire, fait paraître Le geste et la

parole dont le premier tome s’intitule Technique et Langage126, ouvrage sur lequel nous allons revenir, mais dont nous nous contenterons pour le moment de retenir le titre pour ouvrir notre propos. En effet, nous pourrions dire que technique et langage, non seulement sont le propre de l’homme, mais encore en ont fait ce que Teilhard de Chardin, dans la lignée humaniste chrétienne dont il se réclamait, voyait comme l’accomplissement ultime de la Création, alors même qu’au départ, la prématuration de l’homme était loin de le donner comme favori dans la lutte pour la survie régie par la sélection naturelle. Si la psychanalyse ne peut envisager l’homme en-dehors de son appareillage par le langage, privilégiant peut-être par là la parole au geste, nous ne pouvons ignorer que, très tôt, ce geste est devenu technique, dans la mesure où la main s’est très vite vue prolongée par un outil, que nous pouvons considérer comme la première prothèse, ou la première augmentation, fût-il simple pierre ou bâton.

Ceci représente un point d’appui fort pour l’idéologie transhumaniste, dans la mesure où il y a ici une forme d’association naturelle du vivant et du non vivant, et ce depuis toujours, permettant une approche biologique et évolutive de l’ensemble homme-outil qui devient très naturellement au fil du temps homme-machine, homme-informatique, homme-robot, etc. Il faut être conscient que pouvoir en arriver à dire que l’évolution de l’homme, y compris face à la sélection naturelle, a toujours été l’évolution de ses techniques, est le seul moyen de soutenir la base même de l’idéologie transhumaniste, qui est de reprendre en main le processus évolutif grâce à la seule technique. Et c’est ce point de vue que nous nous proposons maintenant d’étudier, en nous tournant vers quelques théoriciens du rapport, qu’il soit actuel, historique voire préhistorique, entre l’homme et la technique. Nous serons amenés à partir de l’ouvrage de Stiegler La technique et le temps, outre les propres théories de l’auteur, à nous tourner vers Gille, Leroi-Gourhan et Simondon, non sans faire un détour par Ellul et Le système technicien ou encore Arendt et la Condition de l’homme moderne.

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LA FAUTE D’ÉPIMÉTHÉE : DE LINSUFFISANCE ORIGINAIRE À LHUBRIS

Stiegler127 part d’un point de vue légèrement décalé par rapport aux critiques d’un développement incontrôlé et illimité des technosciences habituellement associé à une forme d’hubris, d’ambition prométhéenne, voire de « honte prométhéenne »128

pour décrire la honte éprouvée à l’idée d’avoir été engendré et non fabriqué à l’instar de nos machines qui nous sont indéniablement supérieures. Si Stiegler revient au mythe de Prométhée129, c’est pour réhabiliter celui que l’on a tendance à oublier, et dont pourtant le rôle est tout aussi important : Épiméthée. Un bref résumé de ce mythe nous renvoie à la création des espèces vivantes par les dieux, ainsi que la nécessité ultérieure de répartir un certain nombre de qualités entre les espèces, afin de leur donner leur propre caractère et leur propre originalité, mais aussi les moyens de se défendre contre l’hostilité de la nature afin de permettre la survie de l’espèce. Cette mission aurait été confiée à deux Titans par ailleurs frères, Prométhée (Le

Prévoyant) et Épiméthée (Celui qui réfléchit après coup). Mais Épiméthée aurait convaincu

son frère de le laisser opérer seul : c’est ainsi qu’il attribua par exemple des ailes aux oiseaux, des sabots et des cornes aux ruminants, ou encore des fourrures pour se protéger du froid, soit autant de moyens différents d’adaptation et de survie. Malheureusement, Épiméthée, l’imprévoyant, lorsqu’il en vint à l’homme, s’aperçut qu’il avait déjà tout distribué et qu’il ne restait donc plus rien pour ce dernier, ce qui bien sûr aurait du avoir pour conséquence directe l’impossibilité pour l’homme de survivre durablement. Ce serait donc dans le dessein de rattraper « la faute d’Épiméthée », titre du premier tome parmi les sept tomes réunis dans La

technique et le temps130 que Prométhée se serait décidé à voler à Héphaïstos et Athéna le feu et la connaissance des arts pour en faire présent à l’homme qui aurait ainsi obtenu les moyens de créer une science propre à lui permettre de survivre, là où ses attributs naturels étaient déficients. Mais Prométhée ne put pénétrer dans l’Olympe pour aller voler le génie politique et moral, deux qualités indispensables et complémentaires du maniement de la technique. Selon ce mythe, dès le départ, l’homme serait donc un technicien pur, sans art de la politique, ni morale, ce qui paradoxalement serait à l’origine de son affinité avec les dieux, l’origine de sa croyance en eux et des différents cultes qu’il leur voue, autre spécificité de

127 Stiegler, B. (1994-2001). La technique et le temps. Paris : Fayard (2018).

128

Anders, G. (2002). L’obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle. Paris : Encyclopédie des nuisances.

129 Platon. Œuvres complètes. Éditions Arvensa. [Version Kindle]

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l’espèce humaine parmi toutes les espèces vivantes131

. Ce n’est que secondairement que viendra le logos comme conséquence également de ce défaut d’origine132. La suite de l’histoire nous confirmera que l’art politique, donc le logos, la morale ou l’éthique et la technique sont des attributs indissociables, et que la technique seule, si elle peut créer un lien avec les dieux, ne peut avoir que des effets nuisibles sur terre. En effet, munis de cette seule technique, toujours selon le mythe, les hommes n’arrivaient pas à survivre dans la mesure où ils vivaient isolés, ce qui en faisait des proies faciles pour les bêtes sauvages. Et si parfois ils tentaient de se rassembler, les choses se terminaient mal en général, dans la mesure ils en venaient à s’attaquer entre eux, ce qui aurait incité Zeus à intervenir pour éviter l’extinction de l’espèce humaine. Il le fit par l’intermédiaire d’Hermès, qu’il chargea d’apporter aux hommes la pudeur et la justice afin que ces deux qualités puissent faire régner la loi dans les cités et créer entre les hommes des liens d’amitié133

.

Stiegler retiendra de ce mythe134 qu’il fait essentiellement apparaître la prématuration des hommes, cause de leur insuffisance première, à l’origine de ce qui fera leur spécificité parmi les autres espèces vivantes. C’est ainsi que tout ce qui peut être considéré chez l’homme comme le signe de l’appartenance à une espèce supérieure découlerait de ce manque originel qui l’a obligé à réaliser des prothèses qui constituent l’être même hors de lui, et « mettre

l’homme hors de lui »135

serait le véritable don de Prométhée. La technique est en effet par essence prothétique, c’est-à-dire artificielle, en opposition par exemple à l’instinct des animaux. Mais le concept de technique est ici à prendre au sens large, car pour Stiegler, il ne fait aucun doute que « Le logos, comme la politique, est (depuis la faute) technique, de part

en part, fruit d’une incomplétude originaire de l’être technique. Être technique qui tient sa technicité et son incomplétude de dieux eux-mêmes techniciens »136.

En outre, si les animaux sont périssables, l’homme, quant à lui, est mortel, et c’est cette différence qui se marquerait par la référence au culte des dieux comme participation au divin, participation à partir de laquelle « il eut vite fait d’articuler artistement les sons de la voix [phonen] et les parties du discours [onomata] »137. Ceci se ferait par une sorte de

131 Ibid., p. 218. 132 Ibid., p. 225. 133 Ibid., p. 231. 134 Ibid., p. 223. 135 Ibid., p. 223. 136 Ibid., p. 225. 137 Ibid., p. 218.

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« mimétisme »138 des immortels. Mais le revers de la médaille, c’est que cette participation divine signifie aussi « endurer sa mortalité par le fait même d’être en rapport (privatif) à

l’immortalité »139

. Ceci pourrait être également vu comme une seconde forme de manque qui ne serait dès lors plus originaire mais secondaire : sauvé une première fois de son insuffisance par le don de la technique et du logos qui élève l’homme au point de le faire participer au divin, ceci n’en fait nullement l’égal des dieux, dans la mesure où cette participation est réduite à un culte ou encore un mimétisme. Ainsi, non seulement l’immortalité n’est pas du domaine de l’humain, mais bien plus encore le renvoie à la prise de conscience de sa propre finitude. Nous en retiendrons quant à nous que la technique seule n’est pas réellement un moyen de survie pour l’homme bien au contraire, et que le logos reste incontournable dans cette optique. Or, il semblerait bien que les transhumanistes veuillent justement nous entraîner à un retour vers cet homme pur technicien et parfait individualiste qui selon le mythe ne saurait survivre en tant que tel.

Une variante de ce mythe tel qu’il est relaté par la Théogonie140 attribue la première faute à Prométhée, qui aurait tenté de tromper Zeus à propos d’une bête sacrifiée, en essayant d’en réserver la chair pour les hommes, ne laissant à Zeus que les os. Ce dernier se serait alors vengé en refusant aux hommes le feu, donc la technique qui en découle, et ce n’est que dans un second temps, réactionnel à cette vengeance, que Prométhée aurait dérobé le feu pour le donner aux hommes. Ici, la faute d’origine n’est plus un oubli qui laisse l’homme démuni de qualités, mais la tentative d’inverser les prérogatives divines en faveur des humains. Cette forme d’interdiction de faire des hommes les égaux des dieux, la notion de faute qui y est associée et la punition qui s’ensuit est un thème récurrent que nous pouvons retrouver par ailleurs, que ce soit dans le mythe de l’androgyne primitif d’Aristophane, ou encore dans la Bible même avec l’histoire de la Chute, preuve s’il en faut que la tentation ne date pas d’hier. En effet, là encore, la vengeance divine fera partie du tableau : Zeus enverra chez les hommes Pandora, la première femme humaine façonnée par Héphaistos et animée par Athéna, Pandora à cause de qui se répandirent sur les hommes toutes sortes de fléaux comme la maladie, la vieillesse, la mort, la guerre, etc., dans la mesure où elle aurait ouvert la fameuse boîte – dite de Pandore – qui les contenait. Il n’a donc pas été besoin d’attendre Eve pour voir la première femme humaine à l’origine d’un désastre ou du moins de la rupture d’une harmonie préétablie. Dans cette intrusion féminine dans une harmonie moins masculine qu’asexuée,

138

Ibid., p. 225.

139 Ibid.

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nous pouvons voir la marque de la reproduction sexuelle et son lien indissociable avec la mort. La vengeance de Zeus se signe ici par la marque de la différence sexuelle, « Différence

qui plus que toute autre mettra les andres dans tous leurs états »141. Ainsi, « Cette duplicité

sera quotidiennement présente dans l’existence des anthropoi, l’arrivée de la naissance comme miroir de la mort, ils seront devenus des andres, à jamais associés aux femmes, ʺvoués à la double fatalité de l’engendrement et de la mortʺ »142

.

Si la première version du mythe met l’accent sur l’incomplétude de l’homme du fait de sa néoténie, le second crée un lien bien particulier entre une tendance humaine à l’hubris, à se vouloir l’égal des dieux – même si c’est plus Prométhée qui commet cette faute que les hommes eux-mêmes – et une punition divine de cette hubris sous forme de coupure chez Aristophane – rappelons que sexe vient de secare qui signifie couper – de création de différence sexuelle dans la Théogonie qui ramène l’homme à sa condition de mortel. Outre le fait de relier le sexe et la mort, ceci permet d’entrevoir une forme d’incompatibilité entre coupure entre les sexes et tendance à l’hubris. Il est intéressant par ailleurs de constater que dans notre monde contemporain, au moment où les technosciences sont prises dans une forme incontestable d’hubris, la différence des sexes n’a jamais été autant contestée. Nous pourrions y voir l’incompatibilité de cette différence avec une sorte de folie des grandeurs qui ne saurait bien entendu supporter la castration qu’implique le fait d’être sexué d’abord, mais aussi mortel.

Vernant143 met d’ailleurs directement en rapport ce mythe avec la question de savoir pourquoi il y a deux sexes, dont un, le féminin serait source de calamité pour l’espèce. Il insiste sur le fait que Zeus ne doit sa place qu’au fait qu’il a tué le père , soit Cronos, le dévoreur d’enfants, Cronos dont nous savons par ailleurs que son nom signifie le temps. À l’époque de Cronos, les hommes auraient vécu une sorte d’Âge d’or au cours duquel ils auraient été quasiment mais pas tout à fait les égaux des dieux :

« Les hommes vivaient toujours jeunes, festoyant avec les Dieux, mangeant sans doute le nectar et l’ambroisie, ne connaissant ni la fatigue, ni le travail, ni la vieillesse, ni la mort, ni non plus la naissance. Ils restaient toujours comme ils étaient jeunes, les jarrets et les bras toujours aussi vigoureux et souples, sans connaître la vieillesse. Ils n’avaient pas été enfants. Comment ils

141 Stiegler, B. (1994-2001). La technique et le temps. Paris : Fayard (2018), p. 226.

142

Ibid., p. 227.

143

Vernant, J.-P. (2003). Le mythe de Pandore. Conférence donnée au lycée de Sèvres le 27 novembre 2003. [Transcription établie par Taos Aït Si Slimane]. Récupéré de : http://www.fabriquedesens.net/Le-Mythe-de-Pandore-Jean-Pierre,121

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étaient venus ? On n’en sait rien. Comme les Dieux, ils sont là et ils vivent comme des Dieux et avec eux. Et ce que j’appelle les humains étaient seulement des hommes. Il n’y avait pas de femmes. Il n’y avait pas de naissance. Il n’y avait pas de mort. Il y avait simplement une vie masculine dans la béatitude, confondue d’une certaine façon avec ce que sont aujourd’hui, les Dieux »144.

Il s’agit de comprendre que sans la femme, donc sans la différence sexuelle, la mort n’existait pas, mais pas non plus la naissance, par voie sexuelle s’entend, ce qui est en total accord avec ce que nous verrons par ailleurs comme le lieu de rencontre entre transgenrisme et transhumanisme autour d’un but commun : la fin de la reproduction sexuée. Avec la victoire de Zeus sur Cronos, qui n’est pas sans évoquer un parallèle avec le mythe freudien de

Totem et tabou (1913), va arriver une forme de mise en ordre du monde, dans le sens d’une

hiérarchisation qui éloigne définitivement l’homme des prérogatives divines, et le fait mortel et sexué comme marques de sa finitude. Il se pourrait bien que les transhumanistes rêvent d’un retour à cet Âge d’or, hors sexe et hors mort, ce qui n’a rien de particulièrement étonnant dans une société qui prône le dépassement de toutes les limites et célèbre le bonheur parfait d’une société d’insectes.

Stiegler, quant à lui, interprètera ce mythe en termes de temporalité : ce qui est arrivé avec la boîte de Pandore a eu pour conséquence le fait que « la temporalité se pense ici non

seulement depuis la mortalité, mais depuis la naissance comme différenciation sexuelle »145. Car une fois tous les maux répandus sur la terre, seule l’espérance (elpis) serait restée au fond de la boîte de Pandore et représenterait l’anticipation, le temps sous ses deux versants, positif et négatif, de l’espoir ou de la crainte d’un malheur à venir. Mais :

« Dans l’elpis, qui est l’être-pour-la-mort, là seulement, mais là nécessairement depuis que le bios et tous les biens ont été cachés tandis que les maux étaient disséminés, peut s’engouffrer une activité technique telle qu’elle caractérise toute humanité, c’est-à-dire toute mortalité [...] Cet être-pour-la-mort, extase, être-hors-de-soi, dans l’attente, l’espoir, la crainte, configure un certain mode d’être des mortels entre eux, un être-ensemble qui n’existe pas avant l’oubli d’Épiméthée »146.

C’est dans cet être-pour-la-mort que s’engouffre la technique qui peut devenir folle, dangereuse et menacer par son activité débridée le courant qui unit les hommes dans un

144

Ibid.

145 Stiegler, B. (1994-2001). La technique et le temps. Paris : Fayard (2018), p. 227.

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ensemble147. C’est ce qui fait de cet être prothétique qu’est l’homme un être autodestructeur et pour Stiegler, « C’est parce qu’il en va ainsi que les prothèses, lorsqu’elles sont visibles, font

peur ou fascinent, comme des marques de la mortalité [...] jambe de bois, dentier au fond d’un verre, locomotive à vapeur au siècle dernier, télévision hallucinant les intimités, robot dans l’atelier flexible, ordinateur champion d’échecs par programme interposé, machines à traduire... »148. Un psychanalyste pourrait y voir un surgissement de l’objet a, cet objet perdu, détaché du corps à une place qui se doit d’être vide, ce que Lacan a justement théorisé comme source d’une angoisse qui « n’est pas sans objet »149. Et pourtant l’homme n’est rien sans ses prothèses qui nous accompagnent au quotidien : nos lunettes, chaussures, stylos... prothèses que nous ne verrions plus dans la mesure où justement elles font peur.

GILLE : TECHNIQUE ET CONSUMÉRISME

Stiegler se situe dans une lecture critique d’Heidegger et dans la lignée de trois autres penseurs de la technique que sont Gille, Leroi-Gourhan et Simondon. Gille, que nous n’avons pas étudié personnellement, placerait selon Stiegler la technique au cœur du système humain comme ayant à jouer un rôle dans la cohérence de ce système : en effet, à chaque époque, le système technique se stabiliserait autour d’un point d’équilibre qui se concrétise dans une technique particulière150. Gille pose alors l’évolution de la technique dans le sens de la complexité et de la convergence, ce qui bien sûr entraîne une interdépendance des techniques, ce que nous verrons par ailleurs développé par Ellul151. Mais là où pour Ellul l’économie n’a pas, du moins au départ, un rôle majeur, Gille théorise un point important, à savoir la convergence bien particulière entre technique et consumérisme, c’est-à-dire l’intrusion de l’économie dans le problème du développement technicien. Ceci a pour mérite de montrer une interdépendance à la fois économique, politique, culturelle et sociale, voire militaire, et ce au niveau mondial152, et surtout peut-être d’envisager le lien entre le système technique et le système social comme un problème de consommation.

Nous avons vu que nous retrouvons un tel système à la base du développement actuel du transhumanisme, soit ce que nous verrons évoqué par Lacan comme association du discours de la science et du discours capitaliste. La lecture de Gille par Stiegler nous intéresse quant à

147

Ibid.

148

Ibid., pp. 229-230.

149 Lacan, J. Le séminaire. Livre X, L’angoisse : 1962-1963. [Texte établi par Miller, J.-A.]. Paris : Le Seuil, 2004 (Le champ freudien), p. 105.

150

Stiegler, B. (1994-2001). La technique et le temps. Paris : Fayard (2018), p. 53.

151 Ellul, J. (2012). Le Système technicien. Paris : Cherche Midi. [Version Kindle]

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elle dans le sens où elle aboutit à une certaine autonomisation du secteur financier par rapport à la réalité de la production : la science en vient à ne plus être commandée par une simple nécessité de recherche et de connaissance relativement indépendante, mais intimement liée au processus économique qui repose sur une « innovation technologique toujours plus rapide. Le

rapport entre système technique et système social est alors traité comme problème de la

consommation [...] le développement du consumérisme, accompagnant l’innovation

permanente, vise à assouplir les attitudes de consommation, qui s’adaptent de plus en plus vite – ce qui n’est évidemment pas sans incidence sur la sphère proprement

culturelle »153. C’est ce qui sera à l’origine de la technoscience comme nouveau rapport entre les sciences et techniques d’une part et l’économie de l’autre, soit le terrain sur lequel se

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