• Aucun résultat trouvé

La construction du syndrome transsexuel

« Au cours de mes "Croonian" conférences j’ai suggéré que, si le contrôle réciproque des différentes fonctions du corps était déterminé en grande partie par la production au sein de ce dernier de substances chimiques bien définies, la découverte de la nature de ces substances nous permettrait d’interférer dans ces fonctions à n’importe quelle étape souhaitée et d’acquérir ainsi un contrôle absolu sur les œuvres du corps humain. Je crois pouvoir avancer que, durant les dix-huit années qui se sont écoulées depuis lors, nous avons considérablement progressé dans la voie qui mène à l’acquisition de ce pouvoir de contrôle qui constitue l’objectif de la science médicale »385.

C’est ainsi que Starling sort du strict domaine thérapeutique pour proposer « d’interférer

avec les phénomènes naturels par l’artifice pour répondre aux besoins et aux désirs humains »386, mais notons également qu’il pose cette intervention comme ce qui est devenu l’objectif de la science médicale. En effet, avec la découverte des hormones sexuelles, mais surtout avec leur isolement et leur purification par les laboratoires pharmaceutiques, une des conditions indispensables à la manipulation des corps humains était désormais disponible, ainsi qu’une des conditions techniques clés de la fabrication du syndrome transsexuel. Mais le transsexualisme est également absolument indissociable de la naissance de la notion de genre (gender), qu’il va inspirer autant qu’elle le légitimera, et ce même si l’on verra cette notion évoluer au cours du temps jusqu’à être l’objet d’un militantisme qui, après en avoir fait une construction sociale à part entière, luttera pour sa suppression totale, allant de pair avec la suppression même des concepts d’homme et de femme, pour aboutir à un monde postgenre. Quant à nous, nous allons pour le moment nous intéresser à la naissance de ce concept dans son lien initial au transsexualisme, mais aussi dans les conséquences de ce qu’une telle conceptualisation que nous pouvons qualifier de prêt-à-porter a pu avoir sur le syndrome même qu’elle se proposait d’expliquer.

En effet, nous avons pu assister à la création d’un personnage-type, présentant un certain nombre de symptômes, en excluant d’autres, personnage auquel correspondait un discours-type, initié par les médecins et relayé par les associations de patients transsexuels. Ce discours impliquait un remaniement du récit de la vie de ces patients, gommant certains épisodes – comme des épisodes homosexuels ou transvestistes qui pourraient laisser planer l’ombre de la perversion – au profit d’autres épisodes, fussent-ils inventés ou reconstruits, qui affirment une

385

Sinding, C. (2003). Le sexe des hormones : L’ambivalence fondatrice des hormones sexuelles. Dans : Cahiers

du Genre, n°34, 2003, pp. 39-56. DOI : 10.3917/cdge.034.0039.

386

133

certitude extrêmement précoce de ne pas appartenir à son sexe biologique, une horreur du sexe en question, en résumé un discours qui vient confirmer la théorie des médecins, seul moyen d’accéder à cette nouvelle sorte de Graal, la réassignation hormono-chirurgicale, proposée comme unique solution au problème, qui ne relève dès lors plus que de la médecine du corps. Encore faut-il ne pas collaborer avec la psychose selon l’expression consacrée, le diagnostic de psychose allant de pair avec le délire ou les hallucinations, soit toutes ces manifestations spectaculaires qui signent ce diagnostic en psychiatrie au détriment de tout ce que la psychose peut avoir de beaucoup plus fin et de beaucoup plus complexe. Nous allons donc revenir sur l’histoire du transsexualisme pour remettre en cause cette construction médicale d’un phénomène qui n’a pas attendu la possibilité technique d’une réassignation hormono-chirurgicale pour exister. Mais il est aussi intéressant de s’interroger sur la cause d’une réelle explosion des demandes dès lors qu’une solution, fut-elle scandaleuse pour l’époque, a été proposée, et c’est ici que peuvent être mis en parallèle construction du syndrome et construction d’une demande, devenue demande de changement de sexe. Or, l’autobiographie de Morris nous montrera une position qui est moins demande d’un passage de l’autre côté de la frontière de la différence des sexes, que volonté de se tenir hors sexe, soit ni l’un, ni l’autre, entre les deux, ou au-delà des deux. Il faudra toutefois des années avant que le mouvement transgenre puisse articuler, théoriser et même militer pour un tel propos, nous verrons ultérieurement dans quelles circonstances.

MONEY : NAISSANCE DE LA NOTION DE GENRE ET PRIMAUTÉ DE L’« ÉLEVAGE » SUR LANATOMIE

On est très loin du militantisme en effet, quand la notion de genre est élaborée comme différente du sexe par Blair en 1915387. Ce serait cependant Money qui aurait revendiqué la paternité de cette notion dans un article daté de 1955 où il définit le genre comme « le degré

global de masculinité qui est intimement ressenti et publiquement manifesté chez le nourrisson, l’enfant et l’adulte, et qui, usuellement, quoique pas nécessairement, est corrélé avec l’anatomie des organes de la procréation »388

. C’est dans un article de 1957 que Money et le couple Joan & John Hampson vont s’appuyer sur l’étude de cent-cinq cas de patients hermaphrodites pour établir que « ce qui prime dans le développement de l’identité sexuée est

387

Castel, P.-H. (2003). La métamorphose impensable. Essai sur le transsexualisme et l’identité personnelle. Paris : Gallimard, p. 466.

388 Braunstein, J.-F. (2018). La philosophie devenue folle. Le genre, l’animal, la mort. Paris : Bernard Grasset, p. 29. [Version Kindle]

134

le "sexe de socialisation" ou "sexe d’élevage" (rearing) »389

, y compris quand ce dernier contredit le sexe anatomique. Dans cette étude, Money constitue des paires d’hermaphrodites, biologiquement identiques mais dont l’un sera élevé comme un garçon et l’autre comme une fille. L’objectif est de démontrer qu’en cas d’indétermination à la naissance, il faut intervenir au plus tôt chirurgicalement pour assigner l’enfant dans l’un ou l’autre sexe, afin que les parents puissent éduquer leur enfant conformément au genre social choisi qui prime sur l’anatomie, voire sur un quelconque ressenti personnel, déjà là ou à venir, de l’enfant. Il ne s’agit donc ni plus ni moins que de dresser cet enfant à son futur rôle de genre que Money définit comme « tout ce qu’une personne dit ou fait pour se manifester lui-même ou

elle-même comme ayant respectivement le statut d’un garçon ou d’un homme, d’une fille ou d’une femme. Cela inclut, mais cela ne se réduit pas à, la sexualité au sens de l’érotisme. Un rôle de genre n’est pas établi à la naissance, mais est construit cumulativement à travers des expériences rencontrées et vécues »390. L’identité de genre est quant à elle définie comme «

l’expérience privée du rôle de genre, et le rôle de genre est l’expression publique de l’identité de genre »391. L’identité de genre correspondrait donc à l’expérience privée que l’on a d’être un homme, une femme ou ambivalent.

Malheureusement pour Money, sa théorie devait connaître un échec cuisant, en particulier avec le cas devenu célèbre de David Reimer392. Ce dernier, en raison de l’échec de l’opération d’un phimosis, s’est retrouvé avec un pénis quasiment détruit. Money, consulté sur ce cas, préconisera d’enlever par chirurgie tout ce qu’il reste des organes masculins et d’élever Reimer comme une fille. Ce dernier a alors dix-neuf mois, il est donc dans la tranche d’âge où l’on peut encore intervenir sur l’identité de genre qui est définitivement fixée selon Money vers deux ans et demi ou trois ans. Ce dernier aurait par ailleurs beaucoup attendu de ce cas pour valider ses théories, dans la mesure où Reimer avait un frère jumeau pouvant servir de témoin bien plus fiable que les paires artificielles de jumeaux que Money avait l’habitude de constituer pour ses recherches. L’opération sera complétée par un traitement hormonal et apparemment la transformation aurait été un succès dans la mesure où Reimer semblait réellement se comporter comme une véritable petite fille. C’est en 1965 que Money, dans la continuité de ses recherches sur l’hermaphrodisme, va fonder une « "clinique d’identité de

genre pour le transsexualisme" (Gender Identity Clinic for Transsexualim, [en abrégé :

389 Ibid., p. 34. 390 Ibid., p. 37. 391 Ibid., p. 38. 392 Ibid., pp. 48-56.

135

Gender Clinic]) à Johns Hopkins »393. Cette clinique réunit une équipe de spécialistes : urologues, chirurgiens, endocrinologues, ou encore psychiatres. Money estime que pour les adultes, il est plus facile de changer le corps que de tenter de changer une identité de genre déjà établie de manière définitive, soit la même causalité qui le pousse à préconiser par ailleurs l’opération précoce des enfants, donc dans tous les cas, changer le corps est le traitement privilégié.

Après avoir connu une immense popularité, Money sera par la suite critiqué pour sa vision binaire et normative du genre : soit homme, soit femme, mais Money sera également impacté par la vérité révélée sur le cas Reimer qui de fait n’aurait jamais cessé de se comporter comme un garçon, de se sentir un garçon et d’être attiré par les filles. À l’âge de treize ans, ayant compris ce que l’on voulait faire de lui, à savoir l’amener vers une opération définitive de création de sexe féminin, il se serait opposé au traitement, et aurait obtenu de ses parents de pouvoir en suivre un nouveau à base de testostérone, se faire enlever les seins et procéder à une phalloplastie. À quatorze ans, il s’appelle à nouveau David. Quand il a publié cette étude en 1972, Money aurait déjà su que les choses ne se passaient pas aussi bien que prévues394, mais il refusera toujours de reconnaître son erreur, même après le suicide de Reimer en 2004. C’est Diamond395

qui fut le premier en 1982 à révéler la vérité sur ce cas et détruire les arguments de Money. D’autres hermaphrodites opérés dans les mêmes conditions comme Cheryl Chase se sont par la suite regroupés pour la reconnaissance de leurs droits et du caractère abusif et mutilant des opérations subies. Toutefois, force est de reconnaître que cet échec cinglant de Money n’a aucunement remis en question ses théories à propos du traitement des transsexuels.

STOLLER : LÉTIOLOGIE FAMILIALE DU TRANSSEXUALISME

Un autre théoricien clé du genre et du transsexualisme est Stoller dont l’ouvrage majeur sur le sujet reste Sex and Gender paru en 1968, ouvrage dans lequel l’étiologie du transsexualisme masculin serait à rechercher dans « trop de mère et trop peu de père »396 , soit une fusion de la mère avec l’enfant qui ne saurait se terminer. Notons qu’il s’agit ici du père de la réalité et non de la fonction paternelle telle que la théorisera Lacan. Quant à la différence entre sexe et genre, elle réside dans le fait que le sexe concerne le domaine biologique, là où 393 Ibid., p. 44. 394 Ibid., p. 51. 395 Ibid., p. 52. 396

136

le genre est un état psychologique, soit masculinité, soit féminité. Sexe et genre ne sont pas forcément liés, « les expériences postnatales peuvent modifier et parfois dominer des

tendances biologiques déjà présentes »397. Le genre dépendrait ainsi de l’intimité du lien à la mère : « si un bébé mâle a une relation trop intime avec sa mère (son corps, sa psyché) et si

elle essaie de maintenir cette intimité indéfiniment dans une ambiance de plaisir sans traumatisme, sans frustration, il ne parvient pas (n’est pas motivé) à se séparer de son corps et de sa psyché de la façon dont le font généralement les garçons »398, donc, dès le départ, il sera féminin. À l’opposé, « s’il n’y a aucune intimité entre la mère et le bébé, il y a risques de

masculinité "excessive" − le caractère phallique − du genre de ce que l’on voit dans le développement des transsexuels femelles ou de certains guerriers phalliques »399. Ainsi, trop

de mère et trop peu de père donnera des garçons féminins, là où trop peu de mère et trop de père fera des filles masculines. Stoller en arrive du moins à ces conclusions après avoir

observé un nombre conséquent de cas de transsexuels ainsi que leur configuration familiale. L’identité de genre quant à elle renvoie pour Stoller au mélange masculin-féminin dans un individu, mélange pouvant être présent sous des formes différentes et à des degrés variés400. Différent de la biologie, le genre est un comportement qui prend racine dans le psychisme et concerne la masculinité et la féminité comme croyances en certaines qualités ressenties en soi comme masculines ou féminines401. Par ailleurs, Stoller appelle « noyau d’identité de

genre »402 le premier stade du développement de la masculinité ou de la féminité, autour duquel se structurera l’identité de genre. C’est ici que le sentiment que l’on a de son sexe confirme ou infirme l’assignation biologique. Stoller entre en accord avec Money sur le fait qu’à deux-trois ans, ce noyau est déjà quasi inaltérable. Il résulterait pour lui à la fois : d’une force biologique, génétique, qui prend naissance dès la vie fœtale ; de l’assignation du sexe à la naissance par les parents, les médecins, et l’entourage au travers des attitudes induites par cette interprétation chez les adultes ; de l’empiètement des attitudes des parents, en particulier de la mère et des interprétations qu’en fait l’enfant ; des phénomènes biopsychiques postnataux causés par certaines attitudes envers l’enfant ; et enfin du développement du moi corporel, soit les sensations, en particulier génitales, qui se répercutent sur la dimension

397 Ibid., p. 21. 398 Ibid., pp. 24-25. 399 Ibid., p. 25. 400 Ibid., p. 30. 401 Ibid. 402 Ibid., p. 31.

137

psychique de son propre sexe403. En ce qui concerne la force biologique, Stoller note que l’état mâle ne peut apparaître sans addition d’androgènes fœtaux, l’état du tissu au repos étant féminin404.

Stoller définit par ailleurs trois catégories de transsexuels : ceux qu’il appelle « transsexuels

primaires mâles »405, qui sont féminins depuis le début, dès l’âge de un an, sans épisode de masculinité. Ils se savent homme, mais depuis toujours souhaitent leur transformation en femme. Ils ne prennent pas de plaisir au transvestisme, ne se considèrent pas comme homosexuels et sont attirés par des hommes hétérosexuels, soit ceux qui ne s’intéressent pas à eux comme des mâles, contrairement aux homosexuels. Nous reconnaissons ici ce fameux portrait-type du candidat à la réassignation, soit un cas pur, sans trace de psychose (il sait qu’il est un homme), ni de perversion (il n’est ni homosexuel ni transvesti), ni pourrions-nous ajouter, de sexualité, faute du bon corps. De ces premiers transsexuels se distinguent les

« transsexuels secondaires mâles »406 qui constituent une catégorie fourre-tout d’hommes souhaitant changer de sexe, soit par progression au cours des années pendant lesquelles le patient va commencer par se sentir homosexuel, puis, peu à peu, en arrivera à penser qu’il se sentirait mieux en femme, à moins qu’il n’en passe par le transvestisme, ou encore l’hétérosexualité, voire qu’il présente un besoin érotique quasiment nul. Cette seconde catégorie semble déjà plus proche de la réalité des cas que nous avons pu rencontrer. Une troisième catégorie correspond aux « transsexuels femelles »407 parmi lesquels on n’observerait pas de groupes primaire et secondaire, cette masculinisation étant à voir comme

« le pôle extrême de l’homosexualité hommasse »408. Ceci correspond en effet aux autobiographies de FtM (female to male) chez qui l’on observe régulièrement un parcours homosexuel, quasiment jamais d’expérience hétérosexuelle, sauf pour un essai en général non concluant, et qui sont pour la très grande majorité des lesbiennes dites butch (abréviation de

butcher – boucher – qui caractérise des lesbiennes adoptant une apparence extrêmement

masculine).

Ces trois catégories sont à distinguer d’une part des « travestis fétichistes (transvestis) »409 qui sont excités par le port de vêtements du sexe opposé, phénomène qui aurait tendance à 403 Ibid., pp. 31-32. 404 Ibid., p. 33. 405 Ibid., p. 44. 406 Ibid., p. 46. 407 Ibid., p. 47. 408 Ibid. 409 Ibid., p. 47.

138

démarrer en général à la puberté et se retrouverait le plus souvent chez des hommes hétérosexuels et dans des professions dominées par les hommes. Ils sont par ailleurs souvent mariés et ont des enfants. C’est d’ailleurs selon Stoller un fétichisme qui se manifeste par intermittence et peut éventuellement déboucher sur un transsexualisme secondaire. L’étiologie se situerait dans le fait que le petit garçon aurait été habillé en fille dans un but d’humiliation qu’il aurait convertie en triomphe grâce à la perversion, permettant une jouissance orgastique masculine dans des habits de femme410. Ceci se retrouverait « presque

exclusivement chez les mâles »411, notons le presque qui laisse à penser qu’il existe peut-être quelques cas féminins. Le transsexualisme est également à différencier des « homosexuels

avec inversion de genre »412 qui préfèrent érotiquement des objets de même sexe. Peu parmi eux se transvestissent et ils ne cherchent pas à changer de sexe. Sont également exclus du transsexualisme les intersexuels ou toute personne relevant d’une anomalie biologique, de même que les psychotiques. Toutefois, Stoller divise en deux cette dernière catégorie : on peut rencontrer des cas de psychose qui se marquent par des hallucinations de changement de sexe, mais il s’agit d’un changement qui leur est imposé de l’extérieur. Dans le cas où le désir de changement de sexe leur est propre, alors ce désir, même chez un psychotique, ne relève pas de la psychose, mais du transsexualisme chez un psychotique413.

Nous avons vu par ailleurs qu’une symbiose mère-bébé étroite et satisfaisante, non perturbée par la présence du père, empêcherait le garçon de se séparer psychiquement du corps de sa mère et de son comportement féminin. Cette situation trop satisfaisante et exempte de conflits entraverait le conflit œdipien à venir. Les mères qui génèrent un tel phénomène se définissent pour Stoller comme des femmes ayant souffert de manque d’amour, d’abord de la part de leur mère, puis de leur père vers lequel elles se sont secondairement tournées. Il semblerait que ce délaissement paternel entraîne un phénomène d’identification générant une masculinisation, mais également une haine des hommes. Il y aurait ensuite renoncement à la masculinisation et une forme de résignation à se marier avec un conjoint toutefois distant et peu investi, en particulier sur l’enfant. Toutefois, un seul transsexuel apparaîtrait dans ce contexte, celui qui serait élu comme phallus maternel, qui la vengerait de toutes ses déceptions, phénomène qui bien sûr rend impossible la fin de la fusion414. Le cas des 410 Ibid., p. 48. 411 Ibid. 412 Ibid. 413 Ibid., p. 52. 414 Ibid., pp. 59-63.

139

« femelles très masculines »415 représente l’exact symétrique : le cas classique serait celui dans lequel le père va stimuler un développement précoce du moi de type masculin, afin que sa fille puisse rapidement le remplacer auprès de son épouse. Pour cela, le père va établir une relation étroite avec la fille, en la traitant comme une copine et en lui faisant partager ses intérêts masculins416.

La tentative de recherche d’une étiologie dans l’enfance n’empêchera toutefois pas que ces théories viennent cautionner, voire renforcer un certain nombre de pratiques déjà en place depuis un certain temps, en définissant une forme de portrait-type permettant de faire le diagnostic de la transsexualité et renvoyer les patients vers la réassignation comme unique traitement possible. Toutefois, ce portrait-type a par la suite été contesté par un certain nombre de théoriciens qui se sont peu ou prou penchés sur le mouvement transsexuel, une contestation qui extraordinairement arrive à réconcilier des partis en apparence aussi incompatibles que les psychanalystes et les tenants du mouvement transgenre. Mais parallèlement, nous avons pu assister à une forme de banalisation du transsexualisme qui est sorti peu à peu du domaine de la pathologie pour devenir une manière comme une autre de

Documents relatifs