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Historique des recherches

Dans le document Le Magdalénien des Pyrénées occidentales (Page 50-53)

Chapitre II : Les Pyrénées occidentales septentrionales

II.1. Historique des recherches

II.1. Historique des recherches

L’historiquedesinvestigationsdanscetterégion suitlesgrandestendancesdela recherchepré -historique en France depuis le milieu du XIX° siècle. A cette période sont découverts les premiers sites magdaléniens.Espalunguedanslavalléed’Arudy,les gisements de la falaise de Sorde et Isturitz vont re-cevoir la visite des grands noms de la Préhistoire, pendant que les premières prospections de surface dé-butent sur la côte. En 1864, F. Garrigou et L. Martin entament les fouilles de la grotte Espalungue, E. Piette prendra leur suite en 1873 [GARRIGOU, MARTIN, 1864-65 cité par MARSAN, 1996b ; PIETTE, 1873 cité par MARSAN, 1996b]. En 1872, R. Pottier, accompagné par la suite de L. Lartet découvre et fouille le Grand et le Petit Pastou sur la commune de Sorde-L’Abbaye[POTTIER, 1872 cité par ARAMBOUROUet alii, 1978c ; DARANATZ, 1926]. En janvier 1874, L. Lartet accompagné de H. Chaplain-Duparc entame lesfouillesdel’abriDuruthy,toujourssurlacommune deSorde[LARTET, CHAPLAIN-DUPARC, 1874 cité par ARAMBOUROUet alii, 1978c ; LARTET, CHAPLAIN-DUPARC, 1876]. En 1895, E. Piette entreprend les premières fouilles systématiques à Isturitz [SAINT-PERIER, 1930 : 10]. En 1878, Arnaud Détroyat publie les résultats de ses prospections et ramassages de surface dans la région de Bayonne [DETROYAT, 1877-79]. Il sera suivi de MM Blanchet et Darricarrère –qui découvrent du matériel dans les tourbières de Mouligna –et surtout de É. Daguin, ce dernier effectuant un travail particulièrement soigneux et complet [CHAUCHAT, 1967].

La première moitié du XX° siècle marque un premier tournant : elle voit le développement de fouilles intensives à Olha (Cambo-les-Bains)puisàIsturitz,cechantiersousladirection d’abord deE. Passemard puis de R. et S. de Saint-Périer [PASSEMARD, 1924 et 1944 ; SAINT-PERIER, 1930, 1936 et 1952]. A ce moment, les recherches ont un but essentiellement diachronique puisque la fouille de puis-sants remplissages stratigraphiques vise à la reconstitution de la chronologie de la Préhistoire. Pour les Saint-Périer,c’estaussil’occasion d’unepremièreapprochedeshabitudesdeviedesMagdaléniens: re-présentation différentielle des os du squelette, déplacements « lointains, comme en témoignent la

pré-sence d’oiseaux marins et surtout de fossiles, dont les gisements sont à plusieurs jours de marche d’Isturitz» [SAINT-PERIER, 1930 : 118].

Du milieu desannées30 jusqu’au débutdesannées50,plusieurséquipesentreprennentdespros -pectionssystématiquessurlesecteur.Cesontd’abord lesspéléologuesquiseconsacrentàl’inventaire systématique des cavités (voir par exemple [REYMOND, 1952]). A cette occasion seront signalées Etxeberriko-Karbia et Sasiziloaga, deux des trois grottes ornées connues dans le massif montagneux des Arbailles [BOUCHER, LAPLACE-JAURETCHE, 1952 ; LAPLACEJAURETCHE, 1952]. Dans le même temps, R. Dupérier se consacre plutôt à la côte. Un peu plus tard Cl. Chauchat [1967 : 424] constate que « Dupérier a retrouvé tous les emplacements déjà prospectés par les anciens chercheurs et y fit des

récoltesquidansbien descaspermettentdepréciserla détermination desindustriesqu’on yrencontre.»

Maislesrésultatslesplusconsidérablessontapportésparl’AbbéJosé Miguel de Barandiarán, éminent préhistorien et ethnologue espagnol réfugié en France, qui entreprend une prospection systématique des secteurs susceptibles de receler des vestiges archéologiques (voir par exemple [BARANDIARÁN J.M., 1948,1950 et1952]).Seseffortsseportentd’abord surlesmégalithesetcromlechs,mais aussi sur les cavités.Ceslieux serontd’autantplusminutieusementvisitésetdécritsquelamémoirelocaley situe l’habitatdepersonnagesdelégende,trèssouventindiced’uneoccupation préhistorique [BARANDIARÁN J.M., 1952 : 159].

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Les travaux de G. Laplace au Poeymaü à partir de 1948 puis de R. Arambourou à Sorde à partir de 1957, suivis de ceux de Cl. Chauchat dans la région de Bayonne et de G. Marsan dans la vallée d’Arudy ouvrent une ère nouvelle: celle de fouilles réalisées avec des méthodes modernes (positionnement des pièces dans l’espace, relevé stratigraphique des coupes, tamisage à l’eau des sédiments,…),menéesen parallèle aveclapoursuitedeprospections.Cestravaux ontuneoptiqueplus localeets’efforcentdemieux définirlesindustries du Paléolithique supérieur et donc le Magdalénien [CHAUCHAT, 1968 ; ARAMBOUROU, 1990] ou bien se concentrent sur le Magdalénien et/ou la transition vers le Mésolithique [LAPLACE, 1953 ; LAPLACE, 1966 ; MARSAN, 1979]. Tous allient travaux de terrains et démarche de synthèse. Les efforts pour reconstituer le mode de vie des Magdaléniens persistent : R. Arambourou en 1968 comparelesphasesd’occupation etd’abandon deDuruthy pendantleMagdalénien moyen avecl’homogénéitédu matérielquiy aétédécouvertpourenvisagerqu’«Ils’agitdoncd’un groupequirevientpériodiquements’installerà Duruthyau termed’un circuitassezrégulierà traversce qui doit constituer son territoire de chasse. » [ARAMBOUROUet THIBAULT,1968].L’interprétation dece sitecommeun habitattemporaireetl’hypothèsed’unecomplémentaritéau Magdalénien supérieurentre les ressources de la plaine –grands herbivores et saumons - etcellesdelamontagneestd’ailleurs envisagée très tôt, dès la campagne de 1970 [ARAMBOUROUet THIBAULT, 1971].

Plusrécemment,etdansl’espritdespremierstravaux consacrésàDuruthy [ARAMBOUROUet alii,

1978c], la fouille puis la publication par une équipe pluridisciplinaire de Dufaure [ARAMBOUROUet alii,

1982, 1983, 1984, 1985, 1986 ; STRAUS et alii, 1995] et de Bourrouilla à Arancou [CHAUCHAT et alii,

1999b],ainsiquelavolontéd’appréhenderlecontexteenvironnementaldesoccupationsdelavallée d’Arudy [MARSAN, 1996a], illustrent la détermination actuelle de compléter une approche diachronique par une connaissance globalisante des occupations préhistoriques. Les articles de J.Cl. Merlet [1990 & 1996]s’inscriventdanscette démarche.

Considérer les gisements des Pyrénées occidentales (cf. planche 1) comme un ensemble distinct des Pyrénées stricto sensu et des Cantabres n’est pas un phénomène récent. Le premier motif est géographique : éloignement du centre de la chaîne [MARSAN, 1979] et isolement d’un groupe de gisements « des Landes et des Pyrénées-Atlantiques (…)avec les sites majeursd’IsturitzetdeSorde -L’Abbaye (Dufaure, Duruthy), quelque peu détaché de la chaîne à l’exception des cavités autour d’Arudy,etcomprenantunedemi-douzaine de sites de surface. » que J. Clottes à mis à part lors de sa

synthèse sur le Magdalénien des Pyrénées pendant le Colloque de Mayence en 1987 [1989 : 292]. Le deuxième motif est plus géopolitique : l’appartenance aux trois provinces du Pays Basque nord [ARAMBOUROU,1990].Cettedimension futd’ailleursminoréeparl’auteurquiadjointaux gisements basques les sites plus septentrionaux pour des motifs anthropologiques et linguistiques –forte proportion de groupe sanguin O+au sein de la population, influences réciproques entre Gascons et Basques –mais surtout pour des raisons logiques et archéologiques – mêmessourcesd’approvisionnementen silex,art mobilier similaire.

Ce regroupement a-t-il une réalité archéologique au Magdalénien ?S’agit-ild’un ensembleréel -lement autonome ? Est-il homogène ? Ou bien, dans la mesure où les auteurs espagnols insistent sur le très grande proximité entre le Magdalénien pyrénéen et le Magdalénien cantabrique, les Pyrénées occidentales sont-elles un secteur soumis à de multiples influences ? R. Arambourou en1968intègre les premières découvertes de la couche 4 de Duruthy aux écrits de R. de Saint-Périer consacrés à Isturitz en

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1936, pour aborder cette question2. Du point de vue de la technique de fabrication de certains objets en matièredureanimale,ilsoulignealorsl’existencede similitudesentreplusieursgisements des Pyrénées occidentales,étenduespourl’occasion jusqu’àGourdan.Un peu plustard,l’industrielithiqueinciteG. Marsan à dresser plusieurs constats [1979]. Les gisements partagent : une certaine miniaturisation de l’outillagelithique,unediminution progressivedelalaminaritédu Magdalénien jusqu’àl’Azilien etune variation dela représentation desgrandesclassesd’outilslithiques.Cettedernièreobservation laconduit à les scinder en trois groupes ;lepremieràl’est,particulièrement riche en denticulés, le deuxième au centre avec Isturitz où la morphologie des pièces est un critère qui le rapproche plus des sites de DordognequedesPyrénées,etledernieràl’ouestcaractériséparl’abondancedespiècesàdos.Trop peu abondant, l’outillageosseux n’apportepas,lui,d’élémentsparticuliersderéflexion,exceptéeslessagaies à base fourchue présentesen valléed’Ossau commedansleLabourd.

Par contre,R.Arambourou etG.Marsan suiventunedémarcheanciennedansl’analysedes œuvresd’art: E. Passemard et R. de Saint-Périer signalent dès 1920 la similitude entre les gravures en spiralesd’Isturitz,Arudy,LourdesetLespugues[PASSEMARD, 1920 ; SAINT-PERIER, 1920]. Au point que ce dernier observe que « l’homogénéitédecessculpturesestsigrandequ’on peutsupposerqu’ellessont l’œuvred’un mêmeouvrierou du moinsd’unemêmetribu.». Ils seront notamment suivis dans cette

approche par P.G. Bahn [1984], D. Sacchi [1990], et plus récemment par V. Féruglio et D. Buisson : « La

décoration [à volutes] que [les baguettes demi-rondes] portent est bien trop complexe et trop typée pour que leur répartition puisse être due à un simple phénomène de convergence. Il est sûr qu’elles appartiennentà un mêmegroupeculturel,ou du moinsqu’ellessontissuesd’un contacttrèsprocheentre deux groupes ;ilsepourraitmêmequ’un seulartisteitinérantaitréalisécesbaguettes.» [FERUGLIO& BUISSON, 1996].

La présenceparmilesobjetssculptésd’un morceau de bois de renne portant un décor obtenu par une technique particulière, connue seulement dans les gisements magdaléniens qui bordent la moitié ouest des Pyrénées, Isturitz, Arudy, Lourdes, Gourdan et Lespugue, suggère que ces stations pourraient, avec Duruthy, jalonner le territoire parcouru et exploité par cegroupequis’étend surenviron 200 km.»

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