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Les rites s’apparentant à la perforation du corps semblent avoir pris naissance à la genèse de l’humanité et, même si, la plupart de ces pratiques anciennes s’est vue « oubliée », la plus répandue aujourd’hui, à travers le monde, est toujours d’actualité ; le piercing classique des oreilles, notamment auprès de la gente féminine.

Les origines des différents piercings sont aussi lointaines, que différentes les unes des autres. Chaque type de piercing à cependant, une histoire propre.

Les plus anciennes parures corporelles « permanentes » furent découvertes au Tchad, en Afrique. Elles datent de l’époque néolithique. Il s’agit de labrets de pierre, objets servant à orner la lèvre inférieure en la transperçant de part en part [1].

Le piercing au niveau du lobe de l’oreille, constitue certainement la pratique la plus notoire et la plus amplement répandue au monde. Elle était le siège de croyances et de superstitions diverses. Mais, dans tous les cas, « banalisée » et, réduite à une pratique populaire.

Ce piercing indiquait parfois, aussi, le statut social élevé de celui qui le portait. Les vieux Esquimaux des igloos et les Égyptiens de l’époque Pharaoniques le pratiquaient déjà, il y a des milliers d’années (Découverte de bijoux en or, décorant les oreilles âgés de plus de 5000 ans ayant appartenu à un pharaon de l’ancienne Egypte) [1,2].

Par ailleurs, des boucles narinaires et des pendentifs de cloison nasale datant de l’ère précolombienne ont été retrouvés en Amérique du Sud [1].

Les piercings du nez sont tout aussi répandus dans le monde entier pratiquement. Originaire du Moyen-Orient, le piercing de la narine naquît, selon les études, il y a plus de 4000 ans et, inlassablement perpétué, connut son plus grand essor en Inde, dès le seizième siècle (Figure1) [2].

Toujours en ce qui concerne les piercings opérés sur les parties du visage (faciaux), ceux de la bouche sont connus depuis l’époque des civilisations des Aztèques et des Mayas. Ces peuples ancestraux de la lointaine Amérique Latine, avaient pour habitude d’orner leurs lèvres avec des bijoux en or pur. Les Mayas pratiquaient même le piercing de la langue lors des rituels. En Afrique, les femmes des tribus de Malawi et de Makololo de l’Afrique du Sud, portaient des assiettes à leurs lèvres supérieures, afin de séduire les hommes de leurs tribus[2]. Quant aux origines du piercing du nombril, elles sont tout aussi lointaines. Elles remontent visiblement, au temps des civilisations Egyptiennes. En effet, l’histoire démontre que seuls, les Pharaons et autres familles royales, avaient droit au prestigieux privilège, de percer le nombril, pour y marquer le signe d’un statut social élevé. Cette pratique antique abandonnée, a vraisemblablement connu une renaissance bien plus tard, par son introduction dans le monde occidental et, plus exactement, à Hawaï, au début de la seconde guerre

Vient ensuite, le piercing du téton. Les études ont démontré, qu’il a plus d’une signification et de motivation : une preuve de bravoure, pour les légionnaires romains, emportés par les guerres et les conquêtes et, un rite de passage à l’âge adulte, pour les tribus d’Amérique Centrale, avec ce que cela engendre en termes de fertilité [2].

Les piercings génitaux enfin, sont également cités dans l’histoire ; les Romains perçaient ainsi et, attachaient ensemble les lèvres (grandes ou petites) des femmes esclaves, pour les empêcher d’avoir des rapports sexuels. En outre, de nombreuses tribus réalisaient lors de leurs rituels des piercings génitaux aux hommes, comme par exemple l’Apadravya, piercing vertical du gland d’origine indienne et, évoqué dans Kama Sutra [2].

1.2 Piercing contemporain

Le piercing « extrême » se répand dans l’aristocratie du huitième et, des dix-neuvièmes siècles, dans les pays occidentaux d’Europe, où il trouve ses origines, puis disparaît au début du vingtième siècle ; le piercing du mamelon fût un phénomène de mode, propagé auprès des femmes de l’époque Victorienne (fin du XIXe siècle), entraîné par des motivations inavouées, purement séductrices et sexuelles [2]. Le Prince Albert (le Prince Consort), mari de la Reine Victoria, aurait eu un piercing génital dans sa jeunesse, pour des raisons pratiques (maintien du pénis lors du port de pantalons moulants), ou médicales (le Prince Albert aurait souffert de la maladie de Lapeyronie) [4].

Quelques « mythes » entourant ces piercings ont été (et sont toujours) véhiculés, afin de promouvoir l’intérêt général, pour ces pratiques extrêmes. Ainsi, elles réapparaissent à nouveau, à la fin des années 60, sous l’impulsion d’un millionnaire Américain, Doug Malloy ; plus connu sous le nom de Fakir Musafar, il fut le fondateur du courant philosophique des « Modern Primitives », qui revendique la symbolique des modifications corporelles, en général. Certains piercings sont ensuite récupérés par les milieux « Hippy », dans les années 60 et 70, puis ceux des « Punk », dans les années 80 [2].

C’est dans les années 1970, sur la côte Ouest américaine, que sont apparues les techniques modernes « reconnues » de piercing, nées certainement, d’une demande grimpante de groupes d’individus de tendances particulières diverses. Ainsi, la première boutique répertoriée de piercing a ouvert ses portes en 1975 à Los Angeles, avec bien des années plus tard, une succursale à Paris en 1995 [1].

Dès lors, le rite d’inclusion ancestral, servant autrefois, de signe d’appartenance communautaire, s’est vu subitement reconverti en rite d’exclusion, pour des groupes minoritaires, probablement en mal de repères. Ces individus, considérant que la seule manière d’échapper au conformisme ambiant, consiste à individualiser leurs corps en le modifiant.

Dans un premier temps, fût lancée la mode du tatouage ou, le tissu corporel s’est transformé en support de dessins et de formes diverses, en couleurs. A la recherche probablement à des sensations plus poussées, ces groupes sont alors, passés à la vitesse supérieure, en recourant à cette pratique de piercing, génératrice de douleurs plus ou moins extrêmes, répondant mieux éventuellement, à leurs attentes [1].

Il s’agissait au départ, de pratiques émanant de populations marginales, comme les « grunges », les « gothiques », les milieux homosexuels et « skins », héritiers des « punk » et les sadomasochistes. Mais, le phénomène ne s’est pas arrêté à ceux-là. Il s’est même transformé en « mode » à part entière. Ainsi, une vague de démocratisation de ces pratiques s’est faite ressentie, à partir des années 1990, fort probablement, sous l’effet de la fascination enregistrée par le public, influencé notamment, par les grandes stars et, leurs corps exhibés presque nus, affichant les signes du sadomasochisme ou d’appartenances diverses, interprété comme le comble du chic [1].