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114 Un autre historien (182) nous dit qu’il

Dans le document HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA CHINE I (Page 114-120)

Deuxième dynastie : Chang ou Yin (1766-1122)

114 Un autre historien (182) nous dit qu’il

« était d’un naturel très dangereux, grand parleur, extrêmement vif ; et d’une force de corps si extraordinaire qu’il tuait les bêtes féroces, sans d’autres armes que ses mains. Il possédait l’art d’éluder les conseils qu’on lui donnait, et de cacher adroitement ses fautes ; il était d’ailleurs, d’un caractère cruel, et enclin au libertinage.

Les cruautés de Sin, étaient, sans nombre ; il inventa un supplice digne du tyran Phalaris : il

« fit élever une colonne de cuivre, creuse en dedans, qu’il faisait remplir de charbon ; l’extérieur était enduit de poix et de résine, et quand cette colonne était ardente, on dépouillait les malheureux qu’il avait condamnés à mort, et par le moyen de petites chaînettes de fer, qu’il leur faisait attacher aux mains, il les contraignait d’embrasser cette colonne, d’où on ne les détachait que lorsque leur chair était toute dissoute. (183)

« Il avait coupé en tranches la chair du prince de Kouei (ou de K’iou), l’avait fait sécher et l’avait servie aux princes dans un festin.(184)

Il avait épousé Kiang, la fille de Kiang Houan tch’ou, l’un des trois ducs du palais ; sa femme ne se prêtant pas à ses débauches, il la fit mettre à mort ainsi que son père ; irrité des remontrances de Ngo Heou, autre duc du Palais, Sin le fit également massacrer et le troisième duc, le chef de l’ouest (Si Pe) Tch’ang fut jeté pendant sept ans dans une prison à Yeou Li, où il se livra à l’étude des koua dont il porta le nombre à 64 ; ces trois ducs, San Koung, étaient les plus hauts fonctionnaires de l'empire et venaient immédiatement après le souverain. Cheou Sin avait épousé Tan Ki ou T’a Ki, fille du chef barbare de la tribu Yeou sou, qu’il avait faite prisonnière ; et l’on attribue p.111 à l’influence néfaste que cette femme, pour laquelle il avait fait construire la tour Lou t’ai, théâtre de ses débauches, avait su prendre sur l’esprit de l’empereur, les malheurs et la chute des Chang. D’après le père Martini, elle aurait

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inventé la mode des petits pieds, ce qui me paraît douteux, comme l’attribution par le père Le Comte de la fête des Lanternes à Mei Hei, la maîtresse de Kié, dernier empereur des Hia. T’a Ki s’était éprise de Pe-yi-k’ao, fils aîné de Wen Wang, qui ne répondit pas à ses avances et dont elle causa la mort cruelle.

Les grands indignés se retournèrent vers le chef de l’ouest dont le fils Fa, connu depuis sous le nom de Wou Wang, se mit à leur tête.

« Les soldats de Yin ou Chang réunis (dans leurs campements), étaient (nombreux et serrés) comme les arbres d’une forêt. Ils furent rangés en bataille dans le désert de Mou ye. Mais les nôtres seuls étaient pleins d’ardeur. (Ils dirent à Wou Wang) : « Le souverain Roi est avec vous, n’hésitez pas (à engager le combat). (185). (1122 av. J.-C.)

« Ce fut dans la plaine de Mou ye que Wou Wang accomplit sa grande œuvre. En se retirant après l’avoir accomplie, il brûla un amas de bois en l’honneur du roi du Ciel, adressa des prières (ou annonça son triomphe) devant l’autel de la Terre, et présenta des offrandes aux mânes de ses pères dans le palais de Mou ye : Ensuite tous les princes de l'empire, sous sa direction, portèrent les offrandes dans les vases de bois ou de bambou, marchant en toute hâte (et s’empressant d’honorer les ancêtres de la famille des Tcheou). Remontant (aux générations précédentes), il donna le titre de wang, souverain de tout l'empire à (son bisaïeul) Tan Fou qu’il appela T’ai Wang, à (son aïeul) Li qu’il appela Wang Ki et à (son père) Tch’ang, qu’il appela Wen Wang. Il ne voulut pas, en parlant de ses honorables ancêtres, leur donner l’humble titre (de prince feudataire). (186)

Mou ye se trouvait au sud de la sous-préfecture de K’i, préfecture de Wei Houei, Ho Nan.

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p.112 « Wou Wang, après avoir défait l’armée du prince de Yin (ou Chang), alla à la capitale de ce prince. Avant même de descendre de voiture ; il conféra la principauté de In aux descendants de Houang Ti, celle de Tchou aux descendants de Yao, celle de Tch’en aux descendants de Chouen. Lorsqu’il fut descendu de voiture, il conféra la principauté de K’i aux descendants des Hia, et envoya les descendants des Yin dans la principauté de Soung. Il fit élever un monticule sur la sépulture du prince impérial Pi Kan, brisa les fers du prince de Ki, fit chercher et rétablir dans ses honneurs Chang Young (ou bien, rétablir dans leurs charges les anciens maîtres des cérémonies des Chang). Il accorda à tout le peuple une administration plus douce. (que celle du tyran Tcheou), et doubla les appointements des officiers inférieurs. (187)

Tcheou Sin se précipita dans les flammes d’un bûcher ; son fils Wou Keng fut bien traité par le vainqueur qui lui donna en fief ce qui restait du peuple des Yin, c’est-à-dire la principauté de Young, dans le sud de Wei Houei fou, Ho Nan. Quant à l’infâme Tan Ki, Wou le fit mettre à mort. Suivant la tradition, mise en doute par Tchou Hi, rapportée par le père Wieger :

« Fa ayant fait son entrée dans la ville, se rendit à la Tour des Cerfs, tira trois flèches contre le cadavre de Tcheou Sin, descendit de son char, le frappa de sa dague, lui coupa la tête avec sa hache d’armes, et la suspendit au grand étendard blanc. Ensuite, ayant constaté que les deux favorites, Tan Ki et une autre que le texte ne nomme pas, s’étaient étranglées, Fa leur décocha aussi trois flèches, les frappa de sa dague, coupa leurs têtes avec la hache du bourreau et les suspendit au petit étendard blanc. (188)

Ecailles de tortue.

Un heureux hasard permet de jeter non pas un jour, mais une petite lueur sur cette période de l’histoire chinoise à l’aide de

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documents insignifiants dans les mains des ignorants, mais qui, étudiés par des savants, nous ont livré les noms de quelques-uns des souverains de la dynastie des p.113 Yin, sans toutefois fournir aucune date pour éclairer la chronologie. En 1899, à une petite distance de Ngan Yang, dans la préfecture de Tchang Té dans le Ho Nan, on déterra du lœss des milliers de fragments d’écailles de tortue et d’os d’animaux couverts de caractères. Ces fragments transportés à Pe King furent achetés en partie par un riche collectionneur, Wang Yi-Joung, dont le fils, après la mort de son père, durant la rébellion des Boxeurs, les revendit à un nommé Lieou T’ie-yun qui en publia un millier en 1903 dans un ouvrage. D’autres fragments au nombre d’environ trois mille furent transférés à Wei Hien, dans le Chan Toung, où un missionnaire protestant de cette ville, le révérend F. H.

Chalfant, en acheta environ 400 qui furent, en février 1904, cédés à la Société Asiatique de Chang Haï. D’autres fragments furent acquis par le Carnegie Museum de Pittsburg, le Royal Scottish Museum d’Edimbourg, le Consul anglais Lionel C. Hopkins, le Museum fur Völkerkunde de Berlin : néanmoins la majeure partie resta entre les mains des Chinois. L’emploi de ces écailles de tortue n’était pas douteux : elles servaient à la divination.

« On appelle pou la divination faite au moyen d’une carapace de tortue, et chéu la divination faite au moyen de brins d’achillée. C’était en consultant la tortue et l’achillée (et en s’appuyant sur leurs réponses) que les sages souverains de l’antiquité obtenaient que le peuple eût confiance au choix des saisons et des jours, honorât les esprits, observât les lois et les instructions. C’était aussi par ces deux méthodes qu’ils dissipaient les perplexités et les doutes du peuple et triomphaient de son hésitation. Aussi a-t-on coutume de dire :

« Si dans le doute vous avez consulté l’achillée (ou la tortue), tenez-vous-en à sa réponse. Si elle vous a fixé un jour pour une affaire, prenez ce jour. (189)

Ce qui fait le grand intérêt de cette découverte, c’est que, au dire de M. Chavannes, l’on retrouve sur certaines de ces écailles des noms tels

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que Ta Kia, Tsou Sin, Tsou Ting, P’an Keng, Tsou Keng, etc., qui sont ceux d’empereurs de la dynastie des Yin.

« Qui avait le droit p.114 de s’adresser à ces empereurs défunts ? Ce ne pouvaient être que leurs descendants. Ces documents doivent donc émaner d’un des derniers empereurs des Yin. En conclusion, écrit M. Chavannes, ces documents malgré leur aspect fragmentaire, présentent un grand intérêt. Tout d’abord, ils paraissent bien être les plus anciens monuments écrits de la Chine et ils permettent de remonter à un stade de l’écriture que nous ne pouvions atteindre jusqu’ici ; pour suivre les évolutions des formes graphiques des caractères, ils apportent des indications toutes nouvelles. D’autre part, ils sont gravés au couteau et on peut se demander si c’était la une pratique réservée aux écailles de tortue et aux os, ou si on écrivait de la même manière quand on écrivait sur bois ; la question sera peut-être insoluble, car il y a peu de chances pour qu’on retrouve jamais des fiches en bois datant du deuxième millénaire avant notre ère. A un autre point de vue, ces débris d’écaille et d’os ont une haute importance : jusqu’ici la dynastie des Yin était demi-légendaire... Les textes exhumés à Ngan Yang marquent mieux la personnalité historique des Yin ... L’histoire réelle de la Chine se trouve ainsi reculée de plusieurs siècles. (190)

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(115) Deuxième Dynastie :

Les Chang ou Yin (1766-1122), 30 règnes Dynastie Hia ◄

► Dynastie Tcheou

Dates Noms

1 1766 Tch’eng T’ang ou T’ien Yi, † 1754. Li

2 Wei Ping Ching

3 Tchoung Jen Young

4 1753 T’ai Kia, † 1721. Tche

5 1720 Yu (ou Wo) Ting, † 1692. Siun

6 1691 T’ai Kong, † 1667. Pan

7 1666 Siao Kia, † 1650. Kao

8 1649 Young Ki, † 1638. Yeou

9 1637 T’ai Meou, † 1563. Mi

10 1562 Tchoung Ting, † 1550. Tchouang

11 1549 Wai jen, † 1535. Fa

12 1534 Ho T’an Kia, † 1526. Tchin

13 1525 Tsou Yi, † 1507. T’eng

14 1506 Tsou yin, † 1491. Tan

15 1490 Yu Kia ou Wo Kia, frère de Tsou Sin, † 1466. Yu 16 1465 Tsou Ting, fils de Tsou Sin, † 1434. Sin

17 1433 Nan Keng, † 1409. Keng

18 1408 Yang Kia, † 1402. Ho

19 1401 P’an Keng, † 1374. Yin

20 1373 Siao Sin, † 1353. Soung

21 1352 Siao Yi, † 1325. Lien

22 1324 Wou Ting, † 1266. Tchao

23 1265 Tsou Keng, † 1259. Yao

24 1258 Tsou Kia, † 1226. Tsai

25 1225 Lin Sin, † 1220. Sien

26 1219 Keng Ting, † 1199. Ying

27 1198 Wou Yi, † 1195. K’iu

28 1194 T’ai Ting, † 1192. T’o

29 1191 Ti Yi, † 1155. Sien

30 11542 Tcheou ou Cheou Sin, † 1122. Cheou

2 Dans la chronologie du Tchou Chou Ki’nien cette date est 1102.

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CHAPITRE VI

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