• Aucun résultat trouvé

Histoire et présentation

CHAPITRE 2 : LES THERAPIES BREVES DANS LE TROUBLE ANXIEUX

1. Histoire et présentation

L’histoire des thérapies brèves est très récente puisque cette aventure n’a débuté qu’après la seconde guerre mondiale. Le courant des thérapies brèves s’inscrit dans la généalogie de la psychothérapie, même s’il s’en démarque en plusieurs points. « Il en est certainement de même en psychothérapie. Nous nous dressons sur les épaules de ceux qui nous ont précédés, non pas en travaillant dans le moule qu’ils ont coulé, mais en comprenant le fonctionnement de leurs conceptions » (Short, 2009).

1.1. Gregory Bateson (1904-1980)

Grégory Bateson était un anthropologue, psychologue et épistémologue américain. Initialement voué à la zoologie, il est très tôt influencé par la cybernétique, la théorie des groupes et la typologie logique (Russel, Whitehead, 1910) et contribuera à de nombreuses études sur la communication humaine et animale ; ses travaux de recherches ont été conduits auprès de peuples d’Indonésie (Baining) et de Nouvelle-Guinée (Iatmuls). « La Cérémonie du Naven » (1936) posa les premières bases de la systémie en soulignant l’influence des processus intra et interpersonnels dans les interactions entre individus. Il participa avec Margaret Mead dans les années 1940-1950 aux conférences Macy qui seront à l’origine du courant cybernétique et des sciences cognitives.

1.2. Milton Hyland Erickson (1901-1980)

Milton Hyland Erickson était psychiatre et psychologue à Phoenix (USA) connu pour son apport majeur en hypnose thérapeutique. Il revisite les points essentiels de l’hypnose (langage, dissociation, place de l’inconscient, stratégies d’intervention…) afin de proposer un mode d’accompagnement relationnel, mobilisateur des ressources inconscientes de chaque sujet et ce, à partir de techniques et de stratégies non directives et utilisationnelles (métaphores, langage d’influence, marquages analogiques, mobilisation des apprentissages antérieurs…). Milton H. Erickson, qui sera très proche de Gregory Bateson contribuera à nourrir les

Gregory Bateson(20)

Milton Hyland Erickson(21)

52 travaux de recherche de l’école Palo Alto sur le versant de l’approche thérapeutique stratégique.

1.3. La cybernétique

La cybernétique, du grec kubernesis, est l’action de diriger, de gouverner. Le Mathématicien Norbert Wiener (1947) sera le premier à proposer ce terme et ouvrir un champ de recherche qui influencera les sciences cognitives, l’intelligence artificielle, le constructivisme radical et la psychologie. La cybernétique centre ses recherches sur les interactions entre les systèmes opérationnels et les systèmes de contrôle régi par des processus de rétroaction ; on peut alors définir la cybernétique comme la science des systèmes autorégulés.

1.4. L’école de Palo Alto

L’école de Palo Alto est née à partir des travaux de recherche de Gregory Bateson dans les années 1950 en Californie. Ecole de pensée à l’origine de la thérapie familiale systémique et des thérapies brèves, elle s’est structurée autour de chercheurs comme Gregory Bateson, Donald D ; Jackson, John Weakland, Jay Hayley, Richard Fisch, William Fry, Paul Watzlawick, Virginia Satir…Influencés par les travaux de la cybernétique lors des conférences Macy, par l’approche thérapeutique de Milton Hyland Erickson et les propositions théoriques de Bertrand Russel, ils vont se centrer sur l’étude de la communication chez les schizophrènes, les interactions et régulations au sein d’une famille, mais aussi la notion de paradoxe ; à l’école de Palo Alto, c’est la solution qui pose problème (Watzlawick, Weakland, Fisch, 1975) : il s’agit alors de rechercher ce qui le maintient, afin qu’une nouvelle organisation se dessine. Un groupe de recherche sur les processus thérapeutiques se constitue dès 1959 (Mental Research Institue) sous l’égide de Donald D. Jackson. Puis, à partir de 1965, sera créé le centre de thérapie brève au sein du MRI par Richard Fisch, rejoint par Paul Watzlawick et John Weakland.

1.5. Le constructivisme

Le constructivisme comme théorie de l’apprentissage s’oppose aux théories des béhavioristes fondées sur les notions de stimulus-réponse et non sur l’appréhension et l’intégration de la réalité externe en vue d’installer un apprentissage. Là où l’attention était portée sur la réponse à un stimulus externe répété (le chien salive lorsqu’il entend la cloche retentir) la démarche constructiviste se centre sur le processus actif d’apprentissage en appui sur les éléments antérieurement intégrés (arrivée du maître avec la gamelle, alimentation, repérage olfactif des aliments…). Ce paradigme se centre ainsi sur l’étude des mécanismes et des processus à l’origine de la continuelle reconstruction (restructuration et re-conceptualisation à partir de l’expérience) de la réalité individuelle par un sujet-acteur. Les notions de carte (façon singulière dont on se représente une situation à partir de nos croyances personnelles) et de territoire (caractéristiques formelles d’une situation), de cartes adaptées ou périmées (ajustement ou inadéquation de nos croyances par rapport à un évènement) et de construction de problèmes (mécanismes et stratégies répétitifs l’origine du problème) seront certaines des idées centrales portées par l’approche constructiviste.

53 1.6. Le MRI

En 1959, Donald D. Jackson fonde le Mental Research Institute (MRI) afin d’appliquer les conceptions développées au sein de l’école Palo Alto. Il introduit la cybernétique en psychothérapie et insiste sur les effets d’équilibration (homéostasie) d’un système familial à partir de la maladie d’un de ses membres. La pathologie est alors pensée comme une réponse adaptative d’un individu à la structure familiale face à laquelle l’intervention systémique vise à dégager l’organisation interne du système familial, les finalités, les phénomènes de régulation et de rétroaction…En 1967, au sein de cette structure, Paul Watzlawick, Richard Fisch et John Weakland créent le Brief Therapy Center (centre de thérapie brève) qui se consacre à la résolution de problèmes relationnels répétitifs ou paradoxaux et en particulier dans le travail thérapeutique avec les familles ; naissent alors les premières thérapies systémiques brèves.

1.7. L’école de Milan

Dans les années 1970, Mara Selvini Palazzoli et son équipe de recherche se centrent sur l’étude des prescriptions de tâches adressées à des familles, ainsi que sur les effets des commentaires paradoxaux (Selvini Palazzoli, 1978).

Cette approche stratégique vise à permettre à la famille de passer d’une histoire actuelle agissante et limitante vers des récits nouveaux et ce, à partir des modifications des représentations familiales aux cours des séances de thérapie familiale (jeux et sculptures du couple ou de la famille, figurations graphiques…)

1.8. Le courant stratégique

Inspiré par les travaux de l’école Palo Alto, et de Milton H. Erickson, Jay Haley développe la « thérapie stratégique ». Le but de cette approche étant la transformation du système familial au niveau de la structure des interactions entre ses différents membres et non uniquement ou directement la disparition du symptôme présenté par le groupe familial qui vient consulter. Les positions théoriques et techniques de Jay Haley (1980, 1984) influenceront grandement les travaux de recherches des théoriciens des thérapies brèves.