du modèle urbain.
Ces diverses limitations, fréquentes dans les centres urbains où elles occasionnent de nombreuses dérogations, tendent à invalider le principe du recours à l’indice. Or, cet instrument reste particulièrement utile dans les secteurs de développement, où il permet aux autorités, souvent par le biais de l’établissement de plans d’affectation de détail, une marge de manœuvre appréciable en cas de négociation avec des opérateurs : on négociera par exemple une augmentation de l'indice moyennant la restitution de surfaces affectables à des espaces, des équipements publics ou d'autres apports qualitatifs. L'indice devient alors à la fois l'objet et l'instrument de la négociation : certaines communes, en le plaçant très bas, obligent presque systématiquement les propriétaires à négocier leur projet par la mise en place d'un plan de quartier.
Au demeurant, la définition des termes du calcul de l'indice n'est pas entièrement figée et chaque collectivité publique peut subsidiairement y effectuer les aménagements qu'elle juge opportuns : la plupart des cantons suisses appliquent une définition modifiée de la surface brute de plancher utile; ainsi à Fribourg, Lucerne, Niedwald, Soleure, Zürich ou Zoug, les lois sont adaptées afin de faciliter l'aménagement des combles et des sous- sols 17.
Dans le souci d'un meilleur aménagement de l'espace extérieur, l'ASPAN propose également de ne pas comprendre dans le calcul de la surface brute de plancher les garages souterrains servant aux besoins de l'immeuble, mais inversement d'y inclure les garages de surface 18 - une façon d'obliger à libérer des surfaces juridiquement privées mais dont l'appropriation est potentiellement publique.
Bruno Schmitt fait également le constat d'une nécessaire redéfinition périodique des plafonds de densité face à l'augmentation de la surface occupée par habitant et aux répercussions de ce fait sur les prévisions en matière d'équipement public.
17 Ibid. pp. 16-17 : "Dans certains cantons, cette réglementation n'est applicable qu'aux bâtiments existants (§ 24 al.2 PGB-LU; art.36 al. 2 LC-NW; art 57 al. 4 règlement d'exécution de la LAT-FR). Dans le canton de Soleure, seuls les combles ne sont pas inclus dans le calcul de la surface brute de plancher utilisable (§ 17 bis al. 1 règl. des les constructions). Parfois, la législation prévoit des surfaces minimales pour les annexes et les locaux de rangement ainsi que pour des places de jeux et des installations de loisirs (§ 24 al. 2 PBG-LU en liaison avec § 15 al. 3 Ord. d'ex. PGB ; art.36 al. 2 LC- NW en liaison avec §136 OC ; § 158 pbg-LU, art. 178 LC-NW).[...] Dans le canton de Zoug, certaines pièces situées au dessus de l'étage supérieur ne sont pas comptées dans la surface brute de plancher utilisable (§ 14 al. 3 lit.a et b Ord. d'ex. LC), mais les communes peuvent prévoir une limitation de l'application de cette disposition. La ville de Zoug notamment entend user de cette possibilité. La densification des constructions est un objectif à atteindre grâce à des mesures telles qu'une base de calcul appropriée de l'indice d'utilisation (rapport et proposition de Conseil de la ville de Zoug concernant le règlement de construction et de zones du 14 avril 1992)."
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1.3. U
N INSTRUMENT INCOMPLET-
LA QUESTION DE LA FORME URBAINEET DE L
'
ECHELLE D'
OBSERVATIONEn 1977 paraît la première recherche fondamentale proposant une méthode d'approche systématique des morphologies urbaines : l'approche quantitative de G.Bauer 19, qui ouvre la voie à des recherches cumulatives, permettant des allers-retours entre des hypothèses et des enquêtes empiriques sur des formes urbaines existantes.
En 1982, forts de cette méthode, J. Vicari, L. Bridel, R. Quincerot et J. Moglia proposent au Département genevois des Travaux Publics une étude systématique basée sur un ensemble de formes urbaines du canton 20. Parallèlement à cette étude, le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique subventionne les mêmes auteurs pour une analyse semblable portant sur un échantillon national 21. Les documents produits dans ces deux études n'énoncent aucune recommandation. Leurs objectifs se limitent à :
- indiquer les formes d'alternatives possibles à densité donnée, - caractériser un certain nombre de seuils de densité,
- quantifier les espaces verts correspondant aux différentes formes urbaines rencontrées.
Dans un premier temps, une fiche indique, pour chaque modèle étudié, le découpage du périmètre et les valeurs des indices. Des photos de repérage et des commentaires complétant la description (ill.2).
Dans un deuxième temps, 55 indicateurs (ill.3) sont regroupés par analyse factorielle autour de trois axes totalisant la plus grande partie de l'information collectée.
En comparant les résultats obtenus selon l'axe 1 qui associe la densité à l'échelle de découpage du tissu urbain, et l'axe 3 qui l'associe aux espaces libres, (ill.4) on s'aperçoit que s'il existe une direction asymptotique sur laquelle les résultats semblent s'aligner, il n'y a pas de convergences reconnaissables dans la moitié centrale du tableau, où se situent les modèles les plus intéressants. On reconnaît bien entendu une opposition tranchée entre le centre historique et la banlieue pavillonnaire, mais hors
19 Bauer G., (1977), La morphologie architecturale à l'échelle du plan masse, AREA, Paris
20 J. Vicari et al., Indicateurs morphologiques pour l'aménagement. Analyse de 50 périmètres bâtis situés sur le canton de Genève, Centre d'études techniques pour l'aménagement du territoire (CETAT- UNIGE), (1987), DTP, Genève.
21 J. Vicari et al., Morphologie urbaine - Indicateurs quantitatifs de 59 formes urbaines choisies dans les villes suisses, Centre d'études techniques pour l'aménagement du territoire (CETAT-UNIGE), (1986), vol. I et II, Georg, Genève, p.16
Voir également Roques-Baschlin E., (1982), Die Schweizer Stadt im Lichte der Bebauungstypen, Annuaire de la Société Suisse des Sciences Naturelles, Birkhaüser, No 2, pp. 70-76.