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Les hASC améliorent-elles la cicatrisation de brûlures profondes chez la souris

Etudes expérimentales

F. Les hASC améliorent-elles la cicatrisation de brûlures profondes chez la souris

Nude ?

Les manipulations explicatives sur l’amélioration ne permirent pas de dégager une explication sérieuse de l’amélioration de la cicatrisation induite par les hASC.

Toutefois, l’architecture de la blessure a été modifiée par rapport au protocole antérieur dans lequel une amélioration semblait être observée. Nous pourrions penser que la brûlure rectangulaire, même si elle représente, a priori, la même surface que le carré, semble altérer une plus grande étendue cutanée. Une surface brûlée plus conséquente va entrainer des changements biologiques certains dans l’ensemble de l’organisme tel qu’un syndrome inflammatoire par exemple. Le syndrome pourrait retentir sur les processus cicatriciels en les accentuant et donc, par conséquence, modifierait la mécanique de la thérapie cellulaire réalisée.

Il est donc nécessaire de vérifier si les hASC améliorent la cicatrisation de brûlures profondes et en l’occurrence, d’architecture rectangulaire.

En l’état, après nombre de brûlures, j’ai pu remarquer que l’injection de cellules mésenchymateuses humaines n’améliorait pas la cicatrisation de brûlures du second degré de forme rectangulaire.

A première vue, la superficie de la cicatrice pour les conditions contrôles était plus conséquente qu’avec les conditions thérapeutiques. Toutefois, en y regardant de plus près, l’aspect en surface des cicatrices présentait de fortes dissemblances. En effet, la cicatrice des conditions contrôles, qui semblait plus étendue, laissait entrevoir une apparence relativement lisse, sans marques de contraction cicatricielle (figure 61A). La palpation de la cicatrice cutanée révélait le recouvrement d’une élasticité, somme toute grossière, mais tangible. En revanche, la cicatrice laissée après thérapie cellulaire basée sur l’utilisation des hASC, bien que moins étendue, présentait des aspérités, des irrégularités mais également, les vestiges d’un processus de contraction de la blessure (figure 61A). En tout état de cause, au vu d’un examen macroscopique et partiellement clinique, la cicatrisation semble n’être aucunement améliorée par les hASC.

L’observation par techniques histologiques eut été nécessaire pour affiner les conclusions. Un trichrome de Masson fut donc réalisé sur coupes de peau incluses en paraffine. Les conclusions émises suite à l’observation de la surface extérieure de la cicatrice furent

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confirmées par la coloration. Le derme issu de la cicatrisation dans les conditions thérapeutiques apparut avec une imprégnation plus marquée à la coloration au vert-lumière42. La fibrose cicatricielle semblait donc plus prononcée avec la présence des hASC (figure 61B). Par ailleurs, cette observation fut confirmée par les épaisseurs cutanées. La peau ayant supporté la cicatrisation dans les conditions thérapeutiques présenta une épaisseur plus importante que chez les contrôles ; en moyenne, 922,75 µm vs. 817,98 µm pour les contrôles (Figure 62C). Dans le détail, l’épaisseur épidermique après cicatrisation fut observée similaire dans les deux conditions (Figure 61C). Par contre, le derme, tissu conjonctif qui par définition subit la cicatrisation, fut observé augmenté chez les animaux ayant reçu la thérapie cellulaire ; en effet, l’épaisseur moyenne du derme chez les animaux traités atteignait 877,92 µm lorsque celle-ci atteignait 778,47 µm chez les contrôles (Figure 61C).

Au vu de ces données macroscopiques et histologiques, les hASC injectées dans les minutes après la brûlure n’amélioraient pas la cicatrisation des souris Nude dans un contexte de brûlures de second degré profond d’architecture rectangulaire.

Ces nouveaux résultats soulevaient de nombreuses interrogations. En effet, il se révélait être en opposition diamétrale avec les résultats obtenus précédemment au laboratoire. Mais, quelle en pouvait être la cause ?

L’architecture de la brûlure pouvait-elle avoir une incidence sur les effets bénéfiques des hASC ? Le changement d’expérimentateur aurait-il pu introduire des biais dans l’étude ? Pour répondre à ces deux questions, nous avons en conséquenceprocédé à une manipulation en double expérimentateur.

L’expérimentateur avec lequel l’amélioration de la cicatrisation ayant été attestée dans le modèle de brulure carrée a dû réitérer la manipulation tantôt avec des blessures d’architecture polygonale régulière tantôt avec des blessures rectangulaires. La même expérience m’a été, par ailleurs, confiée.

Les résultats semblaient confirmer les observations précédentes, à savoir que les cellules mésenchymateuses humaines n’apportaient macroscopiquement pas de bénéfices tangibles en ce qui concerne la cicatrisation des brûlures (Figure 62).

Finalement, la difficulté de reproductibilité des blessures entre les deux expérimentateurs ne nous permirent pas de démêler les causes des divergences rencontrées.

42Colorant se fixant aux fibres de collagène. Plus précisément, une étape à l’acide phosphomolybdique (APM) a été réalisée préalablement ; cet acide se lie aux collagènes. Par la suite, le vert-lumière chasse l’APM pour prendre sa place.

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Figure 61 : Les hASC n’améliorent pas la cicatrisation des brûlures dans un modèle murin A. Photographie macroscopique de la blessure au jour 21. B. Trichrome de Masson réalisé sur des coupes longitudinales de peau saine et de peau brûlées et traitées. C. Epaisseurs en µm des couches cutanées ; N=3.

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Quoiqu’il en soit, plusieurs expériences complémentaires seront nécessaires pour affiner et prouver scientifiquement la précédente conclusion et les précédentes données ; d’abord, il faudrait calculer minutieusement la vitesse de réépithélialisation de la blessure dans les deux conditions expérimentales. Ensuite, il serait important d’évaluer en trichrome de Masson les cicatrices et d’augmenter ces données avec d’autres colorations spécifiques, ceci afin d’apprécier avec rigueur l’ensemble de la composante matricielle de la cicatrice. Par la suite, une étude approfondie des évènements devraient comporter l’évaluation de la perfusion sanguine du tissu cicatriciel formé.

Au terme des expériences précitées, une conclusion argumentée devrait pouvoir être émise. Néanmoins, il convient de préciser que le traitement avec les cellules mésenchymateuses dérivées du tissu adipeux de souris Nude n’a pas eu macroscopiquement plus de succès (données non montrées) ; suggérant que ce n’est pas la provenance des cellules qui pourraient en être la cause mais la nature de celles-ci.

Figure 62 : Les hASC n’améliorent macroscopiquement pas la cicatrisation quelle que soit l’architecture de la blessure et quel que soit l’expérimentateur diligenté.

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G. Tentative de thérapie cellulaire avec les hASC après l’initiation de