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Depuis les travaux d’Imaizumi, une seule étude préclinique a été entreprise afin de rechercher si le facteur HAF pouvait participer à la gliomagenèse (Imaizumi et al., 1999; Koh

et al., 2011). De cette étude menée in vitro et in vivo, il a été proposé qu’une surexpression de HAF dans les cellules issues d’une lignée humaine de GB (U87) favorise l’acquisition d’un phénotype souche de ces cellules et augmente leur agressivité. Ces effets ont été attribués au Figure 60 : HAF a également un rôle dans l’intégrité du spliceosome et de l’épissage de la sororine.

A. HAF/SART1 interagit avec UBL5, un composant du spliceosome.

B. Le complexe UBL5/SART1 permet le bon épissage de la sororine, une protéine impliquée dans la cohésion des chromatides. Barre d’échelle : 10 µm.

98 switch d’expression de HIF-1α vers HIF-2α entrainant alors l’expression de gènes cibles de HIF-2α tels qu’OCT-3/4, NANOG et MMP-9. In vivo, ces cellules surexprimant HAF induisent des tumeurs plus agressives. En accord avec ces données précliniques, une étude de séquençage des SNPs (single-nucleotide polymorphism) menée à partir de plusieurs échantillons issus de biopsies de GB humains a permis de mettre en évidence certains SNPs situés sur le gène codant HAF et qui pourraient renseigner sur le caractère agressif de ces tumeurs (Keller et al., 2011).

Plus récemment, une équipe française a proposé que l’expression de HAF serait un facteur de mauvais pronostic dans des gliomes de bas grade (Figure 61) et que l’expression de HAF

pourrait réguler l’expression de SOX2 indépendamment de HIF-2 (Tchoghandjian et al., 2016).

Ainsi, de ces quelques données cliniques et précliniques, il apparait que le rôle de HAF dans les GB n’est pas encore clairement établi et que celui-ci mérite d’être consolidé. Figure 61 : HAF, un facteur de mauvais pronostic dans les gliomes de bas grade.

A. Expression de HIF-2α, Oct4, HAF et de SOX2, un gène cible de HIF-2α, selon deux groupes de gliome de bas

grade le groupe 1 (IDH non muté, 1p19q non délété, p53 negatif) et le groupe 2 (IDH muté, 1p19q délété, p53 positif).

B. Les gliomes de bas grade du groupe 1 se définissent comme infiltrants alors que les gliomes du groupes 2 présentent un bord net.

C. Courbes de survie de patients porteurs de gliomes de bas grande exprimé faiblement (violet) ou fortement (vert) HAF.

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Objectifs

Les glioblastomes (GB) sont les tumeurs cérébrales primitives les plus dévastatrices du système nerveux central chez l’adulte, et ce, en raison de la faible efficacité des thérapies conventionnelles actuelles. Ces tumeurs particulièrement invasives et agressives sont extrêmement hétérogènes à l’échelle intra-tumorale comme en témoigne les profils moléculaires proposés plus récemment pour améliorer la classification des GB. Une des caractéristiques majeures de ces tumeurs réside dans la présence de régions hypoxiques, qui elles aussi peuvent présenter une hétérogénéité inter-individuelle et intra-tumorale. La présence de cellules souches de GB (CSG) ajoute un niveau de complexité à la compréhension de l’hétérogénéité des GB. L’ensemble de ces différentes caractéristiques sont probablement en partie à l’origine de la faible efficacité des thérapeutiques actuelles.

Comme nous l’avons décrit en introduction de ce manuscrit, les facteurs de transcription HIFs jouent un rôle clé dans l’existence de ces différentes caractéristiques. Un certain nombre de données relate l’importance du facteur HIF-1α dans la gliomagenèse et la résistance au traitement de chimio- et radiothérapie. Ainsi, les travaux menés au sein de l’équipe CERVOxy ont montré que certains des gènes cibles de HIF-1α, dont le VEGF et l’EPO participaient à la progression des GB et à leur résistance à la chimio- et radiothérapie (Corroyer-Dulmont et al., 2013; Pérès et al., 2015).

Les données concernant HIF-2α dans les GB sont beaucoup plus fragmentaires. Le peu d’études cliniques qui se sont intéressées à ce facteur (Li et al., 2009; Renfrow et al., 2018) suggèrent que HIF-2α régule la capacité tumorigénique des CSG. Toutefois, des travaux antérieurs de l’équipe ont également montré que la III-tubuline, surexprimée dans les GB, est un gène cible spécifique de HIF-2α, suggérant que cette isoforme de HIF puisse agir également sur les cellules de GB différenciées (Bordji et al., 2014).

Bien que les régulations des facteurs HIFs diffèrent selon le type cellulaire, schématiquement, il est proposé que HIF-1α module la réponse aigue à l'hypoxie (< 24 heures) et HIF-2, la réponse chronique (> 24 heures). De plus, HIF-2α pourrait être activé dans des conditions d’hypoxie plus modérée que HIF-1α (1 %-5 % d’O2), voire même en normoxie. Ainsi, l’hétérogénéité intra-tumorale des régions hypoxiques des GB pourrait être à l’origine d’une activation régionalisée et différentielle des facteurs HIF-1α et HIF-2α, ce phénomène n’étant pas facilement identifiable à partir des biopsies de patients.

100 Afin de renforcer les connaissances quant à la contribution de HIF-2α dans les GB, l’objectif de ce travail mené à l’échelle préclinique était double :

 déterminer si HIF-2α peut moduler la capacité tumorigénique des cellules de GB différenciées.

Nous avons recherché in vitro et in vivo, l’impact de HIF-2α sur la croissance des GB en utilisant deux approches d’ARN interférence : une approche ciblant HAF, facteur impliqué dans le switch de HIF-1α vers HIF-2α et l’autre HIF-2α (Figure 62).

 identifier la contribution de HIF-2α et HAF dans l’efficacité de la radiothérapie.

Des études in vitro ont été réalisées afin d’évaluer l’implication de HIF-2α ou HAF dans la radiosensibilité des cellules de GB aux rayons X.

Figure 62 : Stratégies expérimentales adoptées pour étudier l’impact de HIF-2 dans la croissance des glioblastomes.

D’après Lai et al., 2017.