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III. Epidémiologie des exacerbations aigues de la BPCO :

1. Agents pathogènes :

1.2. Haemophilus influenzae :

La bactérie a été découverte par Pfeiffer, lors de l'épidémie de grippe des années

1890, dans les crachats de grippés, Pfeiffer en fait à tort à l'époque l'agent de la

grippe (influenza) et la nomme Bacillus influenzae, quelques années auparavant la même espèce avait été observée dans les sécrétions purulentes de sujets atteints de conjonctivite, en Egypte par Koch et aux USA par Weeks et nommée alors Bacillus aegyptius ou Bacille de Koch et Weeks.

1.2.1. Taxonomie :

 Genre : Haemophilus

 Espèce : Haemophilus influenzae  Famille : Pasteurellaceae[72].

1.2.2. Caractères bactériologiques :

Dans les produits pathologiques, H. influenzae se présente sous la forme de tous petits bacilles à Gram négatif, d'aspect coccobacillaire, groupés en amas, en courtes chaînettes, Les souches virulentes sont capsulées.

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Figure 18 : Caractères bactériologiques de H. Influenzae [72].

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1.2.3. Caractères culturaux :

La culture se caractérise par l'exigence en facteurs de croissance intervenant dans les enzymes de la chaîne respiratoire, le facteur X ou hémine et le facteur V ou NAD présents dans le sang, des milieux de culture particuliers, dits enrichis sont nécessaires comme la gélose "chocolat" supplémenté en X et V.

Figure 19: culture sur une gélose au sang frais (1)

et une gélose chocolat (2) après 24 h d'incubation à 37°C [73].

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1.2.4. Caractères biochimiques :

L'étude des caractères biochimiques n'a pas d'intérêt pour le diagnostic mais un intérêt épidémiologique pour différencier les biotypes, celui-ci repose sur l'exigence en facteurs X et V, et sur la mise en évidence des caractères antigéniques [73].

1.2.5. Structures antigénique :

Lorsque H.influenzae est capsulé, la capsule est de nature polysaccharidique, il existe, en fonction de la structure antigénique de la capsule, 6 types : a, b, c, d, e et f. Comme pour S.pneumoniae, le sérotypage de H.influenzae à l'aide d'immunserums spécifiques se fait par le phénomène du gonflement de la capsule, le type b est de loin le plus pathogène [74].

1.2.6. Habitat :

H. influenzae fait partie de la flore normale des muqueuses des voies

respiratoires supérieures de l'enfant et de l'adulte, la colonisation débute très tôt après la naissance et va se poursuivre tout au long de la vie.

Dans une population donnée, de 40 à 60% d'enfants peuvent être porteurs d'H.

Influenzae (écouvillonnage nasopharyngé) et un "turn-over" des souches

colonisantes a été montré, les souches sont habituellement non capsulées, le portage de souches capsulées, de type b ou d'autres sérotypes est peu fréquent, concernant moins de 5% des sujets, adultes ou enfants, Comme conséquence de la vaccination anti Hib, le portage de souches de type b a considérablement diminué, tendant vers la disparition.

La colonisation des muqueuses des voies respiratoires supérieures sera le point de départ, tant des manifestations invasives, que des infections opportunistes broncho-pulmonaires et ORL.

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1.2.7. Facteurs de virulence :

 Capsule :

Les souches capsules possèdent un antigène polysaccharidique lié à la capsule dont il existe six variants.

Ces polysaccharides capsulaires, dont la structure chimique est connue, peuvent être identifiés par des réactions immunologiques en présence d’anticorps spécifiques.

Le polysaccharide capsulaire est le premier facteur de virulence, cette capsule peut avoir un diamètre égal à plusieurs fois celui de la cellule, elle est essentielle à la cellule en lui donnant la capacité d’être un bon compétiteur dans des milieux naturels variés. Elle offre un autre mode d’adhésion à des surfaces, et protège également de nombreuses bactéries pathogènes contre la phagocytose par les macrophages et les leucocytes polynucléaires des animaux supérieurs [75].

Le matériel capsulaire inhiberait les pili dans la reconnaissance des surfaces cellulaires de l’hôte, l’encapsulation est modulée positivement lors des bactériémies et négativement très tôt dans les processus infectieux pour éviter d’interférer avec la colonisation.

 Les pili : FIMBRIAE (64, 25, 29)

H.influenzae présente également des facteurs d’adhésion expliquant sa capacité

à adhérer aux cellules de la muqueuse nasopharyngée, première étape nécessaire à la colonisation.

Les pili sont les organites de l’attachement aux surfaces et ils démontrent une remarquable spécificité. Ils prennent dans la membrane cellulaire et s’étendent dans le milieu sur 0,2 à 2 μm de long. Ils sont composés de protéines structurales

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nommées pilines. Des protéines mineures ou adhésines, parfois situées à la pointe du pili, sont responsables des propriétés d’attachement.

Caque pili de H.influenzae b comporte plusieurs sous-unités dont la majeure est celle protéique HifA constituée d’une séquence variable d’aminoacides, HifA coïncide à la partie hydrophile et antigénique, ainsi pendant que les autres sous-unités assureraient les fonctions protéiques du pili, HifA, par ses modifications permettrait à la bactérie de présenter des épitopes inconstantes, ceci contribuerait à l’évasion contre le système immunitaire.

Les pili jouent également d’autres rôles dans la maladie, comme les capsules, ils peuvent être phagocytaires.

 Les immunoglobulines à protéase :

H. influenzae produit une enzyme qui a la propriété de cliver les

immunoglobulines humaines de type A, c’est une protéase extracellulaire constitutive, d’origine chromosomique spécifique des IgA humaines de la sous-classe des IgA1. Par hydrolyse, ces derniers libèrent les fragments Fab et Fc

[76].

Ainsi H. influenzae pourrait se protéger de la présence locale des IgA sécrétoires spécifiques [77].

La fréquence assez élevée de sa production (68% des souches d’H. influenzae) dans les infections respiratoires supérieures relativiserait son rôle dans l’induction d’infections symptomatiques [78].

 Les lipopligosaccharides (LOS) :

Comme toutes les bactéries Gram négatif, H. influenzae possède une membrane externe qui est construite à l’extérieur de la fine couche de muréine. Cette

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membrane externe comprend deux feuillets : l’un interne constitué de phospholipides et l’autre, externe constitué de lipopolysaccharides ou lipooligosaccharides.

Ce LOS comporte deux parties :

 Le lipide A qui ancre le LOS dans le feuillet externe de la membrane externe.

 Et le core, constitué d’une courte série de sucres.

La partie lipide A possède un grand nombre d’activités biologiques « dose dépendante ».

A petites doses, elle provoque la fièvre et active une série d’évènements immunologiques et biochimiques qui conduisent à la mise en alerte des mécanismes de l’hôte.

A fortes doses, ce composé, également connu sous le nom d’endotoxines peut provoquer un état de choc et même la mort [75].

C’est ce phénomène qui est observé au cours de la lyse des bactéries ou les LPS sont libérés et vont exercer une activité cytotoxique sur de nombreuses cellules de l’organisme.

La structure des souches d’H. Influenzae est très hétérogène malgré une absence de spécifité O, au moins dix sérotypes de LOS ont été identifiés, cependant, certains épitopes d’oligosaccharides ne varient pas chez différentes espèces d’H.

Influenzae, de Neisseria et de Branhamella[79, 80].

Fonctionnellement, le LOS des Haemophilus supp apparait très similaire au LPS purifié des entérobactéries.

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 Captation de Fer :

H. influenzae possède un récepteur à la transferrine et à la lactoferrine lui

permettant de capter le fer chélaté à ces deux transporteurs, la bactérie devient plus flexible afin de mieux s’adapter à son environnement.

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