d’un pays européen avec celle
des autres pays européens.
Toutefois ces comparaisons
ne sont pas toujours menées
avec des données globales et
comparables. Or on dispose
d’une source statistique dont
la vocation est de présen-
ter des données strictement
comparables entre les pays
européens dans les domaines
économiques, sociaux et
environnementaux. Il s’agit
d’Eurostat qui est une direction
de la commission européenne
en charge des statistiques.
Elle offre sur son site une base
de données sur les activités
économiques et les conditions
de vie des ménages. C’est à
partir de ces données qu’est
réalisée la comparaison sui-
vante. Pour faciliter la lecture
et l’interprétation des données
on ne considère que les pays
de l’ouest européen d’une
certaine taille, soit 14 pays,
c’est-à-dire qu’on laisse de
côté les pays de l’ancien bloc
soviétique et certains petits
pays comme le Luxembourg et
l’Islande.
1. Les conditions
de logement ou
la consommation
de service de
logement
La comparaison des conditions de logement s’effectue souvent en utilisant des caracté- ristiques physiques des logements occupés, la surface, le confort sanitaire, la présence de défauts, etc. Or on peut utiliser une mesure économique unique qui synthétise l’ensemble des variables caractérisant les conditions de logement. Il s’agit du volume de service de logement consommé.
Le service de logement correspond à l’usage des logements plus les produits consommés pour le fonctionnement du logement, c’est-à-dire l’eau, l’électricité, le gaz et les autres combustibles. La valeur de la consommation de service du logement, hors coûts de fonctionnement, est consti- tuée des loyers effectifs quand l’occupant est locataire, et des loyers dits imputés quand
l’occupant est le propriétaire. Les loyers imputés sont les loyers que les propriétaires paieraient pour leur logement s’ils en étaient locataires. On les calcule par comparaison des caractéristiques des logements locatifs et ceux occupés par leur propriétaire.
Eurostat fournit par pays la quan- tité de service de logement consommée par habitant qui est donc une mesure synthé- tique des conditions de logement dans les différents pays de l’Europe occidentale. Les résultats sont dans le graphique 1.
Rappelons d’abord que cette consommation ne concerne que les rési- dences principales occupées. Un logement inoccupé ne génère par définition aucun ser- vice de logement.
L’Autriche se distingue comme le pays où la consommation de logement par tête est la plus élevée. Elle est suivie par la Suède puis par un groupe de pays parmi les- quels les différences sont minimes dont l’Alle- magne, le Danemark et la France. La Belgique est exactement dans la moyenne européenne (100 pour l’UE à 27). Suit un groupe de pays où la consommation de logement est inférieure à la moyenne. On y trouve les Pays-Bas et la Grèce mais aussi le Royaume Uni. Le Portugal
0 20 40 60 80 100 120 140 GRAPHIQUE 1
VOLUME DE SERVICE DE LOGEMENT PAR HABITANT EN 2014
* Ce texte est une version adaptée à la Belgique d’un texte précédemment publié sous le titre « Le logement en France et en Europe » paru en juillet 2016 sur le site www. politiquedulogement.com. L’auteur tient un blog sur les questions de logement : www.economieimmobiliere.com
35
LOGEMENT EN EUROPE
DIDIER CORNUEL
figure en dernière position avec un niveau de consommation sensiblement inférieur.
Il est clair qu’économiquement ces différences de conditions de logement peuvent s’expliquer par des différences de niveau de vie et de prix du service de loge- ment, c’est-à-dire du prix des loyers réels et imputés.
2. Les prix du
service de
logement
L’indice de prix du service de logement des pays européens est également fourni par Eurostat. Cet indice est calculé à partir des loyers effectifs et imputés. Il représente les écarts de prix par rapport à la moyenne européenne qui constitue la base 100. On en déduit le prix relatif ou le prix réel du service de logement en divisant l’indice nominal par l’indice général des prix du pays considéré. Cet indice indique de combien le prix du ser- vice de logement s’écarte du niveau général des prix dans un pays donné.
Précisons qu’il s’agit du prix des loyers, c’est-à-dire de l’usage des logements, et non pas du prix des logements qui peuvent pré- senter d’autres différences, même si les prix et loyers sont liés par les taux de rendement et les anticipations sur les évolutions du marché. Les données sont reprises dans le graphique 2. Le Royaume-Uni se distingue avec un indice de prix du service de logement supérieur de plus de 20 points à la moyenne européenne. Un deuxième groupe de pays réunit la plupart des pays européens avec un indice de prix dans la moyenne. La Belgique fait partie de ce groupe de pays. Les écarts de prix au sein de ce groupe sont faibles. Si on arrête ce groupe à l’Irlande en l’incluant, l’écart maximal ne dépasse pas 5 points.
Le troisième groupe réunit les pays du Sud, plus l’Autriche et la Suède. Les écarts entre les pays de ce groupe sont plus sen- sibles puisque le pays où le coût du logement est le moins élevé est la Suède, où il est infé- rieur de 13 points à la moyenne européenne. La présence de l’Autriche et de la Suède dans les pays où le logement est le moins coûteux peut contribuer à expliquer la plus forte consommation de logement par les ménages.
3. Les taux d’effort
On s’intéresse maintenant au rapport des dépenses effectives de logement au revenu, rapport dénommé par Eurostat « charge des coûts du logement dans les ressources des ménages ». C’est ce qu’on appelle en France le taux d’effort. Ces données sont issues de l’enquête sur le revenu et les conditions de vie des ménages. Cette enquête est menée dans chaque pays européen par son propre ser- vice de statistique mais sous la coordination d’Eurostat pour en assurer la comparabilité. Les mesures qui suivent corres- pondent à un taux d’effort effectif, c’est-à- dire à la dépense effective de logement. Pour les locataires, il s’agit de la charge des coûts du logement évoquée précédemment. Pour les propriétaires accédants il s’agit des rem- boursements d’emprunts et des dépenses de fluides. Pour les propriétaires non accédants il s’agit des seules dépenses de fluides et d’énergie. Pour ces ménages, les loyers impu- tés ne sont donc pas pris en considération ici. Autrement dit, ces dépenses de logement ne correspondent pas à la consommation mesu- rée précédemment puisque par exemple les ménages propriétaires consomment du ser- vice de logement mais quelque fois avec des dépenses effectives minimes quand ils n’ont plus de prêt à rembourser.
Les données sont fournies dans le graphique 3. Elles concernent la médiane des taux d’effort, c’est-à-dire le taux d’effort en dessous duquel se trouve la moitié de la population.
Les données font apparaître une forte hétérogénéité des pays européens du point de vue des taux d’effort. On ne s’étonne pas de voir la Grèce présenter le taux d’effort médian le plus élevé à 35 %. Les réductions drastiques de revenu face à des dépenses de logement difficilement compressibles y ont rendu les taux d’effort très élevés. Le taux d’effort médian en Grèce a augmenté de 10 points depuis 2005. Après la Grèce, les taux d’effort médians s’étagent de 27 % pour les Pays Bas à 9 % pour l’Irlande. Ces chiffres dépendent de l’importance de la dépense de logement individuelle qui elle-même dépend de la répartition des ménages selon le sta- tut d’occupation. Seuls les locataires et les accédants à la propriété ont une dépense de logement significative qui peut être allégée dans un logement à loyer réduit (logement social) et/ou par des allocations de logement. La Belgique présente un taux d’effort de 16 %, ce qui indique que la moitié des mé- nages belges consacrent moins de 16 % de leur revenu à leur logement. Ce taux place la Belgique exactement au milieu du classement des pays. 0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 120,0 140,0 GRAPHIQUE 2
PRIX RELATIF DU SERVICE DU LOGEMENT EN 2014
0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 40,0 GRAPHIQUE 3
Un autre indicateur du poids des dépenses de logement pour les ménages est fourni par Eurostat sous la forme du taux de population en situation de surcharge des coûts du logement. Il s’agit de la part de la population qui consacre plus de 40 % de son revenu à ses dépenses de logement. Les données sont fournies dans le graphique 4.
Sans surprise la Grèce affiche le taux de population en surcharge de coûts du logement le plus élevé à plus de 40 %. Le deuxième pays européen est l’Allemagne avec plus de 15 %, suivi du Danemark avec un taux similaire et les Pays-Bas, tous ces pays étant souvent cités en exemple quant à leur situation en matière de logement. Là encore avec un taux de 10 % la Belgique est exactement en milieu de classement. Remar- quons qu’avec un taux de 5,1 %, la France est le pays d’Europe occidentale où les ménages en surcharge de dépenses de logement sont les moins nombreux.