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HABITER : Un nouveau paradigme en géographie

Cap sur les îles…

DOC 1 L’île d’Yeu

II. HABITER : Un nouveau paradigme en géographie

« N'habite avec intensité que celui qui a su se blottir »

G. BACHELARD, in La poétique de l'espace.

Selon R.Brunet, dans Les Mots de la Géographie, habiter signifie « avoir son domicile en un lieu, demeurer, résider ». Au sens fort, c'est se l'approprier, y laisser sa marque, l'organiser.

Habiter est donc un acte social, chacun d’entre nous est né quelque part, source de son identité, élément influençant sa façon de voir les choses. Même s’il convient pour s’emparer de la notion d’habiter, d’avoir une approche à caractère phénoménologique où interviennent plusieurs domaines des sciences humaines, ce terme relève bien de la géographie culturelle et du vécu, des représentations mais aussi de celle des mobilités et des systèmes. Un habitant est un être humain localisé et territorialisé, impliqué plus ou moins fortement dans plusieurs lieux sur terre, qu’il modifie plus ou moins profondément et pour lequel il ressent un intérêt plus ou moins grand.

Longtemps, habiter a été opposé à produire. Bien plus que se loger, habiter un lieu déterminé par des éléments culturels comme la religion, des éléments environnementaux, les matières premières disponibles, le climat, ... c’est l'investir, le connaître, se le représenter, le transformer. La géographie ne s’intéresse plus seulement à la production des espaces autrement dit aux aménagements et aux acteurs, mais en s’emparant de la notion d’habiter elle s’intéresse à chaque homme et à ses représentations. Comprendre comment on habite un espace, c’est chercher à savoir « comment l’expérience du monde d’un homme transforme son rapport à lui-même, qui en retour transforme l’expérience du monde »94. La géographie se focalise donc désormais plus sur l’interaction entre les individus et les espaces qui co-produisent le monde. D’ailleurs, nous habitons en fait plusieurs lieux mais pas avec la même intensité, car on est à la fois un citoyen de territoires donnés, mais on se retrouve aussi touristes ou visiteurs dans d’autres lieux. Habiter un espace que ce soit pour un jour ou pour la vie, amène des questions comme :

- Comment s'organise une société,

- Quelles interactions existent entre un espace et des hommes, entre habitat et paysage(s), - Quelles sont les pratiques qu'en ont les individus et les groupes qui l'occupent,

- Comment en font-ils un territoire ?

On peut donc très bien envisager comme approche pédagogique du concept, de réaliser une carte géographique d’identité ou un graphe des lieux fréquentés avec une hiérarchisation en fonction de leur importance. En effet, l'espace habité est appropriable, selon plusieurs dimensions -privée et publique-, à plusieurs échelles – local, à l'échelle de la ville, ...

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En seconde, l’étude de cas d’une île s’insère dans l’un des six thèmes du programme intitulé

« Les hommes occupent et aménagent la Terre de façon différenciée » à savoir : « Les littoraux, espaces attractifs », avec l’analyse de la littoralisation des activités, des formes d'aménagement des espaces littoraux et la gestion et la protection d'espaces convoités.

En première, les analyses des espaces français et européens sont propices à des études d’îles des DOM-TOM, dans l'Atlantique, mais aussi en Méditerranée comme (Malte, Chypre) autour de la notion d’aménagement par exemple.

94 Olivier Lazzarotti, Habiter, la Condition Géographique, Belin, 2006

En terminale, trois études de cas à partir des îles sont possibles, dans la partie interface méditerranéenne avec l’étude des Baléares, de Malte ou Chypre ; une étude de Taïwan dans la partie sur l’Asie pacifique et les paradis fiscaux comme l’île Maurice ou les îles artificielles des monarchies pétrolières dans le chapitre introductif sur la mondialisation.

L'étude de cas en géographie d’après Jean-Jacques MISERY, IA-IPR d'Histoire-Géographie, St Dié 2003 :

- Une étude de cas est un problème ou une situation problème de géographie mettant en relation un territoire à une échelle donnée et des acteurs spatiaux

- Les études de cas supposent une démarche de géographie globale à des échelles variées, elles nous invitent à un raisonnement du monde.

- L'étude de cas est première ce qui la différencie de l'exemple - Elle est au cœur de la leçon, elle va durer plusieurs heures - L'essentiel du cours, c'est le choix de l'étude de cas

- L'étude de cas sert à construire les notions appréhendées et le raisonnement géographique qui répondent à la problématique posée.

- L'étude de cas est une démarche qui favorise l'autonomie des élèves

Une étude de cas n’est pas un exemple car l'étude de cas est problématisée, doit guider et engager la réflexion, elle n'est pas seulement illustrative, les notions clés sont abordées offrant une première forme d'assimilation par les élèves, correspondant à une démarche inductive. Elle propose une analyse développée, englobe la plus grande partie du sujet, répond très largement à la problématique.

Comment monter une étude de cas ?

Il convient de réaliser le cours à l’envers, de partir de la généralisation autour d’une problématique sur les îles en général, puis de monter son étude de cas en fonction de la problématique générale. Enfin, l’étude de cas est présentée en premier aux élèves avant de généraliser c’est-à-dire de se demander jusqu'à quel point, dans quelle mesure l'étude est applicable à tous les espaces, en l’occurrence ici à toutes les petites iles.

La phase de contextualisation est délicate et peut-être envisagée en reprenant sommairement les acquis pour favoriser leur appropriation collective, d’articuler le particulier et le général, le conjoncturel et le structurel en validant et en nuançant les conclusions dégagées. C'est alors que l'on peut répondre à des questions comme Pourquoi là et pas ailleurs, pourquoi là plus qu'ailleurs ? Enfin, lors de la généralisation, on peut aborder des aspects laissés sciemment de côté dans la composition du corpus documentaire de l'étude de cas. La contextualisation doit être largement guidée à partir des constats faits dans l'étude de cas.

Comme les programmes de sixième précisent que « Des études de cas conduisent à une approche des différentes dimensions des paysages (évolution, esthétique… », chaque étude de cas est mise en contexte et située systématiquement sur les grandes cartes du monde : population, aires culturelles, niveau de vie, reliefs, climats et le travail est axé sur la description des paysages présentés.