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de guérir tous les maux, en particulier ceux qui résultent des

blessures par armes

empoisonnées

au moyen d'antidotes

connus d'eux seuls. Nul châtiment cà craindre, la mort étant toujours misesur le compte de la

divinité,

la

guérison

sur celle

du remède. Inutile, en effet, de dire que ces spécifiquessont

sans action,comme leprouvent les expériences qui ontété faites

pour quelques-uns d'entreeux, l'alunpar exemple.

Cette substance, d'après les mandarins et les missionnaires

du Tonkin, serait unvéritable antidote contre les blessures des flèches empoisonnées des Muongs. Or, des expériences faites

per le docteur Chauvet, à Bordeaux, dans le laboratoire du professeur Jolyet, seraient venues démontrerson inefficacité.

Dans ces expériences, on lit ingérer à un premier lot de co¬

bayes et de lapins de l'alunpar voie stomacale; àun second lot

on fit des injections hypodermiques avec une solution de la

môme substance. Après le temps nécessaire pour l'absorption,

on fit, à tousces animaux, des piqûres, soit aux cuisses, soit à l'abdomen, aumoyendeflèches empoisonnées par de l'antiaris

toxicaria. Or, lamort se produisit chez eux dans les mêmescon¬

ditions quechez les animaux témoins. L'alun n'a donc aucune

propriétéimmunisante. Il en est demême, du reste, de ses pro¬

priétéscuratives, comme le démontre l'expérience suivante du

même expérimentateur. On faitdes piqûres de flèches à des co¬

bayes dont l'un est traité par des injections hypodermiques d'alun, l'autreest laissé sanstraitement. Tous deux succombent dans le même laps de temps. La plupartdes antidotesont donné

les mêmes résultats négatifs. Il n'est que deuxprocédés em¬

ployés par les médecins indigènes pour lutter contre l'intoxica¬

tion qui aient été reconnus réellementefficaces, ce sont : La succion de la plaie, faite par quelques naturels du Centre et du Sud-Afrique, ainsi que quelques tribus océanien¬

nes.

L'immunisation des Indiens, charmeursdeserpents, contre lespiqûresde ces reptiles.

Le traitement vraiment rationnel des blessures faites parles

armes empoisonnéesne date guère que dequelques années. Il

doit varier, suivant que l'on aura affaire à des alcaloïdes, des venins, des virus. Ce traitement remonte à la découverte des alcaloïdes, à celle des microbes et enfin à celle de la sérothé¬

rapie.

Traitement desplaies empoisonnées par les alcaloïdes.

Lorsqu'on opérera dans les régions où on emploie les extraits végétaux comme poison deflèches : Afrique (intérieurdu Tchad

à l'Herrero); Asie (Indes, Indo-Chine, presqu'île de Malacca, Japon); Océanie (Malaisie, Philippines, Célèbes); Amérique (Bassinsde l'Amazone etdel'Orénoque). Le devoir de tout méde¬

cin militaire (ce sont presquetoujours, en effet, les soldats qui

sontexposés aux blessures des armesempoisonnées) est de re¬

commander aux hommes de prendre les précautions suivantes, qui sontbasées sur desexpériences récentes, et encore inédites,

faites par MM. Le Dantec, Boyé et Béréni, et qui nous ontété obligeamment communiquées:

« On efnpêche sûrement, disent-ils, l'intoxication

strophanti-que, chez unanimal, enplaçantuneligature àla racine du mem¬

bre atteint deux minutes après la blessure et en faisant des la¬

vages avec la solution de tannin cinq minutes après. Un homme

blessé àun membre pourra donc échapper à l'intoxication s'il prend la précaution de placer un lien constricteur à la racine.

Cette précaution prise, il aura le temps de se rendre auprès du médecin, qui lui fera, dans la plaie, des lavages tanniques et au besoin des lavages avecdu vin de campagne ou une décoction d'écorce, ou une infusion de thé. » L'emploi du tannin, dans le traitement des plaies empoisonnées par le strophantus, est basésur ce fait, que l'acide tannique forme, avec les alcaloïdes, des sels plus ou moins insolubles.

Nous nous permettons d'étendre cette méthode au traitement

des plaies

empoisonnées

par l'ouabaïne, Pantiarine, la curarine, qui sont également des alcaloïdes. Pour le curare, nous recom¬

mandons, en outre, de pratiquer la respiration artificielle si les accidents toxiques, parcette substance, éclatent malgré l'inter¬

vention locale. Comme traitementgénéral, on mettra le malade

au reposle plus complet eton lui

fera,

s'il est nécessaire, des injections de chloral.

Les"injections d'aconitine et d'atropine sont à rejeter, elles ajoutenttrès

probablement

leur

action toxique

à celle de l'alca¬

loïde, déjà absorbé et augmentent, par conséquent, les chances

d'empoisonnement.

Traitement desplaies empoisonnées parle venin de ser¬

pents ou d'autres animaux venimeux. Les plaies enveni¬

mées se rencontrent (voir la carte) en Afrique du Sud (Gafres.

Boschimans, Hottentots), en Amérique du Sud (Etat d'Antio-quia, Colombie).

Nous avonsvu que lestribus sauvages employaient dans les

blessures dece genre surtout la succion de la plaie, quelquefois

môme l'amputation du membre.

Il y a quelques années, le docteur Muëller (de Victoria), en dehors du traitement local ordinaire, succion, cautérisation, liga¬

ture du membre, avait institué untraitement général consistant

eninjectionshypodermiques destrychnine. MM.

Dujardin-Beau-metz et Restrepo, par des expériences faites sur des animaux,

ontdémontré l'inefficacité de ce traitement.

Les recherches du docteur Calmette, médecin des colonies,

sur le venin des serpents, celles de Phisalix et Bertrand sur le venin des vipèresont permis d'établir une thérapeutique ration¬

nelle desplaies envenimées. D'après Calmette, on devra insti¬

tuer un traitement local et un traitementgénéral. Le traitement

local consiste à faire des lavages de la plaie avec une solution récented'hypochlorite de chaux diluée à1 gramme pour60d'eau

bouillie environ et titrant à peu près 0 litre 800 à0 litre 900 de chlore 0/00. On fera autour de la blessure plusieurs injections hypodermiquesavec la mêmesolution. Ces lavages et ces injec¬

tions ont pourbut de neutraliser le venin in situ. A défaut d'hy¬

pochlorite de chaux on se servira d'une solution de chlorure d'or.

Le traitement général consiste à faire une injection hypoder¬

mique desérum antivenimeuxau niveau du flanc droit ou gau¬

cheavecles précautions antiseptiques usuelles. L'injection sera de 10 e. c. en une fois. Cela fait, on enveloppera chaudement le

blessé eton lui fera prendre des boissons stimulantes chaudes (thé, café, etc.).

Dans le cas on n'aurait à sa disposition ni sérum, ni chlo¬

rure d'or, nihypochlorite, il serait indiqué de faire immédiate¬

mentaprès la ligature du membre, une cautérisation chimique

ou actuelle de la plaie etde favoriser l'élimination du venin en excitant la sudation (boissons, diffusibles, thé, alcool, éther, pilocarpine).

Traitement des plaies empoisonnéespardes virus. Ces plaies sont empoisonnées par de la terre des marais (Nouvelles-Hébrides, archipel Salomon), ou par des virus cadavériques (Tungouses de Sibérie, Indiens Koniagos de l'Amérique du Nord). Le traitement local a ici une très grande importance,

parce que les phénomènes généraux n'éclatent que plusieurs jours après la blessure. Il faut d'abord se garder de faire laliga¬

ture du membre parce que celle-ci déterminerait un œdème favorable à la pullulation des microbes. Le médecin fera une toilette rigoureuse de la plaie avec une solution de sublimé, en

ayant soin d'enlever tous les corps étrangers. Il placera ensuite

un pansement antiseptique à la poudre d'iodoformeou de salol.

Si laplaie a été causéepar une flèche néo-hébridaise à virus

tétanigène, il seraindiquéde faire immédiatement uneinjection hypodermique desérum antitétanique. Ce sérum, peu efficace

comme on sait, lorsqu'il est administré comme curatif, a été

reconnu absolument souverain lorsqu'il est employé comme immunisant ou antitoxique.

CONCLUSIONS

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