• Aucun résultat trouvé

Etude de quelques poisons des flèches

Nous allons étudier maintenant les plus usitées de ces diver¬

sespréparations. Nouscommencerons par l'étude du strophan-tus, employé dans tout l'intérieur de l'Afrique du lac Tchad à

l'Herrero.

I. POISONDES-FLÈCHES D'AFRIQUE DU LAC TCHAD A L'HERRERO

(Gabon, Soudan, Haut-Dahomey, Somalis.)

La préparation dece poisonest aussi simple que rapide. Voici

comment procéderaient les Pahouins d'après Méry (1866) : « On prend deux pierres aussi polies que possible, puisentre cesdeux pierres on écrase la graine de façon àobtenir une sorte de pâte

à laquelleon ajoute un peu de salive, peut-être de la graisse.

Quand la pâte estprête... on en imprègne alors les flèches. Le Pahouin prend sa flèche et avec l'extrémitépointue il saisit une

petite quantité de pâte. Pour en imprégner cette extrémité, il colle sur sa cuissenue une feuilleverte, puis par unmouvement de rotation très lentd'abord, il étale lapâte sursafeuill :; saisis¬

sant ensuite la flèche entre la paume des deux mrms, il lui imprime un mouvement rotatoire de plus en plus rapide, de façon à ce que laflèche s'imprègne du poison dans une étendue dequelques centimètres. Ce dernier mouvement est effrayant,

car la moindrepiqûre ne laisserait aucun espoir de guérison.»

Au Soudan on n'a pas, du moins que nous le sachions, pu saisir les indigènes sur le vif, fabriquantleursflèches. S'ilfauten croire le docteur Collomb,médecin principal des colonies, la préparation serait différente du moins pour les Bambaras.Ceux ci, d'après lui, prépareraient avec les graines de la plante un extrait aqueux. Ils yajouteraient souvent le fruit d'une autre plante, probablementd'une euphorbe qu'ils refuseraientdéfaire connaître.

Dans le Haut-Dahomey, d'après un travail encore inédit de MM. LeDantec, Boyé et Béréni, les indigènes se servent pour

empoisonnerleurs flèches d'un extraitaqueux de deux variétés de strophantus qu'ils appellent strophantus Bariba et strophan¬

tusSchabé.

Le strophantus est un tétanisant du muscle cardiaque et amène l'arrêt du cœur en systole. C'est du moins ce qu'ont démontré les expériences de Pélikan, Polaillon et Carville, Vulpian, Legros, Paul Bert, Dujardin-Beaumetz, Lépine, Ferré

etBusquet.

MM. Polaillon et Carville se sontservis pourleurs expériences

d'une solution d'extraitalcoolique d'Inée préparée avec les grai¬

nes. Leur expérimentation a porté sur des grenouilles, des oiseaux, des chiens, elle a montré que chez tous ces animaux les battements du cœurdiminuent d'abord, puis deviennent irré¬

guliers, pour cesser au bout de quelques temps, avant la mort.

L'autopsie faiteimmédiatement après la mort, montre le cœur

immobile, le sang noir, le ventricule revenu sur lui-même en

systole.

MM. Ferré, professeur àla Faculté de médecine de Bordeaux,

et Busquet, aide-major de lre classe de l'armée, ont expéri¬

menté directement avec le poison des flèches provenant des peuplades sauvages du Segou dans le Soudan français; aussi leurs expériences sont-elles plus intéressantes. Elles ont porté

sur un grand nombred'animaux également, les uns à sang froid (grenouilles, escargots), les autresàsangchaud (chèvres, lapins rats, poules). Tous se sont montré, comme dans les expériences

de MM. Polaillon etCarville, très sensible à l'action du poison

quelle que fut la fanon dont il était introduit dans l'organisme.

Dans une première série d'expériences, ils piquèrent

directe-tement les animaux avecles flèches recouvertes de leur enduit

toxique; dans unedeuxième série,ils employèrentles substances obtenues à l'aide de ce poison par diverses manipulations chimiques. Ils ont trouvé dans l'autopsie que le cœur s'arrêtait toujours en diastole pourles oreillettes, en systole, parfois en demi-diastole, plus rarement encore en diastole pourles ventri¬

cules.

Le mode d'action de ce poison serait le suivant : le poison agirait sur les muscles qu'il paralyseraitet rendraitinexcitables,

mais seulementsur ceux avec lesquels ilseraitencontact direct;

tous les autres conserveraient leur contractilité. Il déterminerait avant de produire la mort chez les animaux en expérience, par arrêt du cœur, des troubles respiratoires. Quant à l'arrêt du

cœur, faudrait-ilenrechercher la cause dans une modification de sonappareil ganglionnaireou, au contraire, dans unealtéra¬

tion des fibres musculaires? C'est ce que les auteurs n'ont pu déterminer. De ces différentes expériences, il résulte donc que lestrophantus, quisert à la préparationdes flèchesdes indigènes

de la côte occidentale d'Afrique, est un poison du cœur très énergique et à effet trèsrapide pour les différents animaux. Le combat deYagbassou, livré dans le nord du Dahomey, par la

mission Fonssagrives, en mai dernier, aux Baribas ; le combat de Diena, dans laprovince de Ségou, dans le Soudan français,

sontvenus montrer la vérité de ce fait pour l'homme.

AYagbassou, le docteurBéréni, sur 45 blessés, en a vu 15 succomber très rapidement, sans qu'il fût possible de leur porter

aucun secours, dans des convulsions atroces, dans unlaps de temps variant entre dix etvingt minutes.

ADiena, deux tirailleurs ont succombé avec la même rapi¬

dité. Nous rapporterons, sans y rien changer, lanotedu docteur Collomb;lessymptômes del'empoisonnementparle strophantus chez l'hommey étant très clairement exposés, et le récit étant

très éloquentdans sa brièveté.

«Chez le premier tirailleur, le fer de laflèche avait pénétréde

32

-5 centimètres clans le côté droit de la poitrine entre la troisième et la quatrième côte. Laplèvre avait été perforée et le poumon

légèrement atteint. La flèche fut retirée séance tenante, au moyen d'une large incision pratiquée dans l'espace intercostal.

Le blessésuccombait six minutes après l'extraction, soit onze minutes après avoirété atteint.

»Le second avaitété blessé àlajambe droite; le fer de la flèche avait pénétré dans le soléaire; il fallut pratiquer une grande

incision pour l'extraire. Le blessé succombait huit minutes après l'extraction de la flèche, soit treize minutesaprès avoir été

atteint.

» Les deuxblessésontprésentéles mêmes symptômes.Environ

une minute après l'extraction de la flèche, nos deux tirailleurs

qui,jusqu'alors étaient restés assis, se couchent lentement, péni¬

blement et poussent quelques gémissements inarticulés. La tête retombe sur lapoitrine, unesueurfroide couvrerapidement

le corps. Les mouvements sont lents,

pénibles

; la respiration

semble s'arrêter ; les mouvements d'inspiration et d'expiration

se font de plus en plus rares ; le pouls est petit, déprimé, diffi¬

cilementperceptible ; les pulsations faibles et rapides vont en diminuant d'intensité etfinissent par s'éteindre. Les battements du cœur diminuent de fréquence, puis s'arrêtent brusquement.

Les blessés ont un soubresaut nerveux, la langue sort de la bouche, les yeux sont convulsés en hautet la mort arrive. Tous

ces symptômesse sont succédés très rapidement, en quelques minutes, après l'apparition du premier phénomène. Les injec¬

tions hypodermiques d'aconitine et d'atropine n'ont rien donné ici, malgré la rapiditéde l'intervention. Le docteur Collomb n'a pu essayer le tannin, la colonne n'en possédant pas. L'autopsie qui eûtété intéressante n'apas été faite. »

On voit avec quelle rapidité effrayante agit le strophantus,

heureusement il n'est pas toujours aussi actif. Les effets de ce

poison sont très variables, suivant le mode et la date de la pré¬

paration. Une condition qui s'impose à l'introduction du poison

est le vêtement. Les soldats indigènes ont, en effet, l'habitude d'enrouler autour de leur ceinture leur couverture. Ce qui fait

que beaucoup de blessures qui seraient, sans cela, mortelles, ne déterminentaucunaccident. Le poisonrestant engrande partie

daus l'épaisseur deces étoffes. Deplus, les flèches ne seraient

pastoutes empoisonnées. Ainsi, les docteurs Manin et

Emily,

médecins des colonies, faisant campagne dans les mêmespays, auraient vu leurs blessés, atteints par des flèches, guérir sans accidents.

Dupoison stropliantiquenous rapprocherons Pouabaïnequ'on

a retiré du poison des flèches des Somalis de la côte orientale d'Afrique. Les Somalis appellent leur poison ouabaïo. Ce pro¬

duit est extrait d'un arbre également de la famille des apo-cynées. Il pousserait dans lepays des Somalis Medjourtines,

Les Issalis et les Dolbohantes iraient au marché de Bender-Gasem, portde la côte, chercher de petits fagots de racine de cet

arbre meurtrier. Car, pour les Somalis, lamoindre égratignure

occasionnée par les branches de cet arbre seraitmortelle. Le poison s'extrait de la racine que l'onfait bouilliravec un peu de

gomme demanière à formerun enduit consistant, dont on ne

garnitquele dessous du fer,pour

éviter

auxporteurs

les piqûres

qui pourraientêtre mortelles.

D'après Gley et le professeur de Nabias (de

Bordeaux),

l'oua-baïne que l'on extrait de cette mixture a la même composition chimique et les mêmes propriétés physiologiques que la stro-phantine. C'est un poison du cœur, la mort surviendrait en systole.

Chez la grenouille il suffit pour déterminer la mort d'un qua¬

rantième de milligramme; chez le cobaye du poids de 475 à

500 grammes d'un dixième de milligramme, chez le lapin, le

chien d'un quartde milligramme. Lamort arrivetrès rapidement

par injection intra-veineuse, plus lentement par la

voie

sous-cutanée, beaucoup plus lentement encore par ingestion par la

voie stomacale.

La toxicité de l'ouabaïne est bien supérieure à celle du stro-pliantus. La mort arrive dans le court espace de

six minutes

chez les animaux tels que chiens, cobayes.

Chez l'homme, les Somalis, interrogés parle docteur Bartet,

Le Daatec 3

34

médecin de deuxième classe de lamarine, affirment que la mort est presque instantanée si la blessureest un peu profonde et ne

peut être soignée de suite.

II. poison des flèches des indigènes de l'intérieur de l'archipel malais (Dayciks de Java, Sumatra, Bornéo) et dequelques tribus sauvages de l'annam et du tonkin (Mo ïs etMuongs).

Ce poison est fourni parl'antiaris toxicariaarbre de la famille

des ulmacées-artocarpées qui croît danstoutl'archipel Indienet dans quelques régions de l'Indo-Chine. Le fruit est de lagros¬

seurd'une prune.

L'upas antiar (tel est le nom que les Malais donnent à leur poison de flèches) se prépare de la façon suivante, avec le suc obtenu par incision aux branches. Deux cent cinquante gram¬

mes environ desuc recueilli la veille au soir dans un tuyau de bambou sont placés dans un vase; on yajoute avec précaution

le suc exprimé et mêlé de la kempferie galanga, de l'amome Zérombet, d'une espèced'arum, de l'oignon, de l'ail commun et enfin du poivre noir pulvérisé. Le mélange étant bien agité, les

Javanais placent au milieu une graine de piment frutescent.

Cettegraine tournoie quelque temps; lorsqu'elle est en repos, ils ajoutent une certaine quantité de poivre et une nouvelle graine de piment. Ils répètent cette opération jusqu'à ce que la graine devienne immobile en laissantautour d'elle une auréole.

Le poisonest alors prêt. On le conserve dans un bambou que l'on garnit intérieurement de résine. Ce poison s'altère facile¬

ment à l'air. Il est imparfaitement soluble dans l'eau avec

laquelleil forme une sorte d'émulsion. Vu en masse il présente l'apparence et la consistance d'une matière cireuse. Il est d'un brun légèrement rougeàtre. Magendie et Delille, Leschenault de Latour, Van Leent l'ont expérimenté sur un grand nombre d'animaux. On en a retirél'antiarine,substance cristal!isablequi

est un poison du cœur comme la strophantine, l'ouabaïne.

En Indo-Chine, la préparation du poison est mal connue. Elle diffère cependant de la façon de faire des Malais, au dire du docteur Chauvet. Le poison s'extrait par incision du tronc de l'arbre d'où il s'écoule lentement sous forme de suc épais. On le

recueille dans un vasequelconque. On le laisse s'épaissir au soleil et on yajoute une foule d'ingrédients : piment, ail. tabac, destinés, d'après les indigènes àrendre lepoison plus puissant.

Puis on renferme la substance toxique dans une boîte faite avec un bambou pour s'en servir en temps opportun. Des expérien¬

ces faites par Pélikan (1857) il résulte que :

L'upas antiar et son alcaloïde l'antiarine arrêtent les batte¬

ments du cœur chez la grenouille, lavitalité de l'animal, l'acti¬

vité de lacirculation; le ventricule au moment où il s'arrête est vide de sang et dans l'état decontraction.

L'irritabilité musculaire manifestement diminuée d'abord est ensuitecomplètement abolie.

3° Les nerfs moteursconserventpendantlongtempsleur excita¬

bilité.

L'upasantiar et l'antiarine introduits dans les voies

diges-tives possèdentla même action toxiquequequand ils sont intro¬

duits dans le tissu cellulaire.

5° Dans tous les cas où les muscles ont subi l'intoxication, ils ontperdu leur contractilitéplustôtqueceuxquin'ontpasprésenté

cet état.

Les mêmes expériences reprises par le docteur Gliauvetau laboratoire du professeur Jolyet à Bordeaux, avec du poison

recueilli à Vinli et à Binli-Dinh, sont venuesconfirmer ces con¬

clusions.

Chezl'homme, la mort arrive égalementau milieu des mêmes, symptômes. C'est du moins ce qui résulte de deux cas de

mort observés en Annam et rapportés par le docteur Chauvet

dans sathèse.

La première observation est celle d'un lieutenant d'infanterie

de marine, blessé en 1886, dans le pays des Muongs, en donnant

l'assaut à unfortin occupépar ces derniers.

Blessé par une flèche, le lieutenant fut ranxené en arrière.

36

-Pendant qu'on le pansait, il fut pris d'une grande excitation et, dans son délire, échappant aux mains de ses infirmiers impro¬

visés, il se sauva pour courir, un peu au hasard, sur le devant destroupes, où il fut tué.

La seconde est celle d'un soldat d'infanterie de marine qui, au

village de Thri-Phuoc, près de Binh-Dinh (sud de l'Annam), reçut une flèche à la partie postérieure de l'épaule gauche, au niveau de la lame de l'omoplate; la flèche pénétra jusqu'à l'os.

Pendant qu'onvaavertir le

médecin,

le malade arrache la flèche et reprend sa marche, riant avec ses camarades de sa mésaven¬

ture. Quelques minutes plus tard, les premiers symptômes de l'empoisonnement éclatent. Grande surexcitation, suivie de la prostration la plus complète, dyspnée et angoisse précordiale

extrême.

Une demi-heure après avoir été atteint, le blessé expirait. A l'autopsie, aucun organe ne semblait particulièrement lésé. Le sang épais se coagulait seulement plus rapidement que de

coutume à sa sortie des vaisseaux.

Dans ces deux observations, la mort survint donc rapidement après la blessure.

Dans la révolte des Dayaks, Van Leent, alors major de 2rae classe, dans l'arméenéerlandaise, aurait eu à soigner beau¬

coup de blessés par flèches empoisonnées à l'upas antiar. Il n'aurait pas eu de morts, grâce au traitement énergique qu'il employait : incision cruciale de la plaie, application de ven¬

touses, cautérisation ignée.

0 III. POISON DESFLÈCHESDES PEAUX-ROUGES DU SUD-AMÉRIQUE

(.Bassins de VOrénoque et de

l'Amazone)

Sous le nom de curare, on englobe plusieurs variétés depoi¬

sons quiserventauxindigènesdu

Sud-Amérique

pour empoison¬

ner leurs flèches.La composition varie, en effet, de tribu à tribu àcausede l'introduction dans sa préparationde diverses plantes

variables selon les peuplades. Il faut même remarquer que tous

les Indiens n'emploient pas la même stryobnée comme base de

leur curare. Les Indiens Orégones emploient le slrycïmos cas-telnœana, largement répandu surles bords de l'Amazone et de

ses principaux affluents. La mêmevariété servirait également

aux IndiensPebas, Ticunas, dans le Solimoens, le Javari, l'Ica, leYapura. Chez les Indiens Trios, dans le Haut-Parou, versle

nord de l'embouchure de l'Amazone, c'est avec le strychnos

crevauxiana qu'on fabriquerait le curare. Le strychnos toxifera

en est l'élément essentiel au voisinage des possessions anglai¬

seset françaises de la Guyane. Les Indiens ne se servent pas

non plus des mêmes parties de la plante : ainsi, c'est l'écorce

de latige et des branches qu'emploient les Ticunas ; les Trios,

l'écorce de la racine. Les strychnées sont tellement connues que

nous croyonsinutile d'en donner la description botanique.

Lesprocédés depréparation du"curare sont variables de tribu à tribu comme nous l'avonsdit, et presque toutes en tiennent la composition secrète. Voici leprocédé employé par les Indiens Mesaya, qui sont àvingt journées de marche de la frontière de laNouvelle-Grenade, d'après Humboldt etKuntli.

«Lapréparation du curareest l'occasion d'une fêtecomparable

à celle des vendanges. Toute la tribu va couper la liane véné¬

neusedans les forêts, où elle croît en abondance, et se plonge

ensuite dansl'orgie pendant plusieurs jours. Lessorciers, retirés

àl'écart, profitent de l'ivresse générale pour préparer le poison.

La liane estbroyée, elle donne alors un suc laiteux abondant, très acre. Les tronçons écrasés sont mis en macération pendant quarante-huit heures dans de l'eau, on exprime, on filtre soi¬

gneusement le liquide qui est soumis à une lente évaporation jusqu'àconcentration convenable. Alors on le répartit dans plu¬

sieurs petitsvasesde terre qui sont, en même temps, placéssur des cendres chaudes et l'évaporation se continue, avec plus de soins encore, jusqu'à ce que l'extrait soit parfaitement

sec. »

La mêmeopération aété décrite depuisparle docteur Crevaux dans la relation de sonsecond voyage. Le procédé qu'il donne,

diffèreunpeu deceluicitéplushaut.Onemploiel'écorcede latige

et desbranches.Cetteécorceestépuiséeparl'eau froide qui se co¬

loreenrouge, aprèsquoi le liquide est soumis à l'ébullition avec desplantes additionnellesde familles diverses(ménispermacées, aroïdacées, thymélacées, phytolacaccées, etc.) jusqu'à ce que le mélange soit arrivé à consistance d'extrait. Ce dernier est encore additionné d'autresplantes pulvérisées. C'est sous cette forme qu'il sert à empoisonner les flèches.Quand onveut l'expédieren Europe, onévaporejusqu'à consistance d'extrait sec.

L'action du curare surl'organisme a été magistralement ex¬

posée par Cl. Bernard, dans sesLeçons surles effets des subs¬

tances toxiques. Il démontre que ce poison porte son action sur les terminaisonsnerveuses motrices. Le muscle lui-même est indemne et conservesa contractilité comme le prouve son exci¬

tation directe. Lamort, dans l'empoisonnement par cette subs¬

tance, survient par arrêt du côeur. L'intelligence, la sensibilité

restent intactesjusqu'au dernier moment.

D'après le récit d'un Indien, rapporté par Waterton, la mort arrive chez l'homme dans les mêmes conditions, sans convul¬

sions et sans souffrance. Cependant, il n'en serait pas toujours ainsi, comme le prouve l'observation de Manuel Rouaud y Paz Saldon,rapportéeparFerreira deLemmos,PazSaldon, secrétaire-d'une Commissionchargée de ladémarcation des limites entre le Brésil et le Pérou, reçut, sur la rivière Javary, trois blessures par flèches empoisonnées au curare, à lajambe, à la cuisse et à la main, dans une rencontre avec les Indiens. Quelques minutes après, les symptômes del'empoisonnementsedéclarent: grande oppression à la gorge, obscurcissement de la vue, exophtalmie,

lourdeur des paupières, douleurs tétaniques dans toute l'épine

lourdeur des paupières, douleurs tétaniques dans toute l'épine

Documents relatifs