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1999 > Du bibliothécaire au cyberthécaire

Dans le document L'ebook a 40 ans (1971-2011) (Page 81-84)

[Résumé]

Piloter les usagers sur l’internet, filtrer et organiser l’information à leur intention, créer et gérer un site web, rechercher des documents dans des bases de données spécialisées ou actualiser des catalogues en ligne, telles sont désormais les tâches de nombreux bibliothécaires. Bruno Didier, webmestre de la bibliothèque de l’Institut Pasteur (Paris), explique en août 1999: «Nous devenons de plus en plus des médiateurs, et peut- être un peu moins des conservateurs. Mon activité actuelle est typique de cette nouvelle situation: d’une part dégager des chemins d’accès rapides à l’information et mettre en place des moyens de communication efficaces, d’autre part former les utilisateurs à ces nouveaux outils. Je crois que l’avenir de notre métier passe par la coopération et

l’exploitation des ressources communes. C’est un vieux projet certainement, mais finalement c’est la première fois qu’on dispose enfin des moyens de le mettre en place.»

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Piloter les usagers sur l’internet, filtrer et organiser l’information à leur intention, créer et gérer un site web, rechercher des documents dans des bases de données spécialisées ou actualiser des catalogues en ligne, telles sont désormais les tâches de nombreux bibliothécaires.

C’est le cas par exemple de Peter Raggett à la bibliothèque centrale de l’OCDE et de Bruno Didier à la bibliothèque de l’Institut Pasteur à Paris.

À la bibliothèque centrale de l’OCDE

Peter Raggett est sous-directeur (puis directeur) de la bibliothèque centrale de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) à Paris. Réservée aux fonctionnaires de l’organisation, la bibliothèque comprend 60.000 monographies et 2.500 périodiques imprimés en 1998, et permet aussi la consultation de microfilms, de CD-Rom et de bases de données telles que Dialog, Lexis-Nexis et UnCover. La

bibliothèque lance en 1996 ses pages intranet, qui deviennent rapidement une source d’information majeure pour les chercheurs.

Peter explique en août 1999: «Je dois filtrer l’information pour les usagers de la bibliothèque, ce qui signifie que je dois bien connaître les sites et les liens qu’ils

proposent. J’ai sélectionné plusieurs centaines de sites pour en favoriser l’accès à partir de l’intranet de l’OCDE. Cette sélection fait partie du bureau de référence virtuel

proposé par la bibliothèque à l’ensemble du personnel. Outre de nombreux liens, ce bureau de référence contient des pages recensant les articles, monographies et sites web correspondant aux différents projets de recherche en cours à l’OCDE, l’accès en

réseau aux CD-Rom et une liste mensuelle des nouveaux livres achetés par la bibliothèque.»

En ce qui concerne la recherche d’informations, «l’internet offre aux chercheurs un stock d’informations considérable. Le problème pour eux est de trouver ce qu’ils cherchent. Jamais auparavant on n’avait senti une telle surcharge d’informations, comme on la sent maintenant quand on tente de trouver un renseignement sur un sujet précis en utilisant les moteurs de recherche disponibles sur l’internet. Lorsqu’on utilise un moteur de recherche comme Lycos ou AltaVista ou un répertoire comme Yahoo!, on voit vite la difficulté de trouver des sites utiles sur un sujet donné. La recherche fonctionne bien sur un sujet très précis, par exemple si on veut des informations sur une personne au nom inhabituel, mais elle donne un trop grand nombre de résultats si on veut des

informations sur un sujet assez vaste. Par exemple, si on lance une recherche sur le web pour “Russie ET transport”, dans le but de trouver des statistiques sur l’utilisation des trains, des avions et des bus en Russie, les premiers résultats qu’on trouve sont les compagnies de transport de fret qui ont des relations d’affaires avec la Russie.»

Comment Peter voit-il l’avenir de la profession? «À mon avis, les bibliothécaires auront un rôle important à jouer pour améliorer la recherche et l’organisation de l’information sur le réseau. Je prévois aussi une forte expansion de l’internet pour l’enseignement et la recherche. Les bibliothèques seront amenées à créer des bibliothèques numériques permettant à un étudiant de suivre un cours proposé par une institution à l’autre bout du monde. La tâche du bibliothécaire sera de filtrer les informations pour le public.

Personnellement, je me vois de plus en plus devenir un bibliothécaire virtuel. Je n’aurai pas l’occasion de rencontrer les usagers, ils me contacteront plutôt par courriel, par téléphone ou par fax, j’effectuerai la recherche et je leur enverrai les résultats par voie électronique.»

À la bibliothèque de l’Institut Pasteur

Bruno Didier est bibliothécaire à l’Institut Pasteur à Paris. L’Institut Pasteur est une fondation privée spécialisée dans la prévention et le traitement des maladies

infectieuses, avec plusieurs instituts dans le monde. Séduit par les perspectives qu’offre l’internet pour la recherche documentaire, Bruno crée le site web de la bibliothèque en 1996 et devient son webmestre.

Il explique en août 1999: «Le site web de la bibliothèque a pour vocation principale de servir la communauté pasteurienne. Il est le support d’applications devenues

indispensables à la fonction documentaire dans un organisme de cette taille: bases de données bibliographiques, catalogue, commande de documents et bien entendu accès à des périodiques en ligne (un peu plus d’une centaine actuellement). C’est également une vitrine pour nos différents services, en interne mais aussi dans toute la France et à l’étranger. Il tient notamment une place importante dans la coopération documentaire avec les instituts du réseau Pasteur à travers le monde. Enfin j’essaie d’en faire une passerelle adaptée à nos besoins pour la découverte et l’utilisation d’internet. (...) Je

développe et maintiens les pages du serveur, ce qui s’accompagne d’une activité de veille régulière. Par ailleurs je suis responsable de la formation des usagers, ce qui se ressent dans mes pages. Le web est un excellent support pour la formation, et la plupart des réflexions actuelles sur la formation des usagers intègrent cet outil.»

Son activité professionnelle a changé de manière radicale, tout comme celle de ses collègues. «C’est à la fois dans nos rapports avec l’information et avec les usagers que les changements ont eu lieu, explique-t-il. Nous devenons de plus en plus des

médiateurs, et peut-être un peu moins des conservateurs. Mon activité actuelle est typique de cette nouvelle situation: d’une part dégager des chemins d’accès rapides à l’information et mettre en place des moyens de communication efficaces, d’autre part former les utilisateurs à ces nouveaux outils. Je crois que l’avenir de notre métier passe par la coopération et l’exploitation des ressources communes. C’est un vieux projet certainement, mais finalement c’est la première fois qu’on dispose enfin des moyens de le mettre en place.»

Dans le document L'ebook a 40 ans (1971-2011) (Page 81-84)