• Aucun résultat trouvé

Groupe de professionnels expérimentés en soins intensifs

Safety criteria for mobilization in standing position in intensive care patients: a systematic review

6.2 Consultation des experts

6.2.2 Groupe de professionnels expérimentés en soins intensifs

Le panel québécois de cliniciens expérimentés était de petite taille (entre 13 et 11 panélistes selon les rondes Delphi). Bien que le nombre de désistements ait été faible, la petite taille du groupe fait en sorte que ces désistements pourraient avoir eu un impact sur les résultats. En comparaison d’autres études similaires ayant consulté des panels d’experts,

Hanekom et collaborateurs bénéficiaient de 34 experts et Hodgson et collaborateurs, de 23 experts (75, 76).

Le panel était composé d’intervenants de différentes professions de la santé, soit six physiothérapeutes, trois infirmières, deux inhalothérapeutes et deux médecins. L’inclusion de différents groupes de professionnels est un avantage au niveau de la validité externe (i.e., dans ce cas-ci la capacité de généraliser les résultats obtenus à différentes équipes d’unités de SI). La moitié du panel est constitué de physiothérapeutes. Cette surreprésentation des physiothérapeutes était intentionnelle et voulait refléter l’importance de l’implication prépondérante des physiothérapeutes par rapport aux autres membres de l’équipe multidisciplinaire dans la mobilisation des patients aux SI en position debout. De plus, il est attendu que les physiothérapeutes soient les professionnels qui s’approprieront le plus les recommandations qui seront issues de ce projet et qu’ils pourraient devenir les professionnels porteurs du leadership de la mobilisation des patients aux SI. Cependant, l’hétérogénéité du panel représente un défi supplémentaire en ce qui a trait à la compréhension commune du vocabulaire, issu principalement du champ de la physiothérapie, et pour l’obtention du consensus entre les panélistes. Il est possible qu’avec un plus grand nombre de panélistes et la possibilité de stratifier les résultats en fonction des différents groupes professionnels, nous aurions pu obtenir des consensus plus importants pour certains groupes professionnels sur certains critères. Avec un plus grand nombre d’experts, un indice de pertinence de l’opinion aurait aussi pu être mis en place en fonction de la discipline, du milieu de pratique et de l’expérience des intervenants. Par exemple l’opinion des inhalothérapeutes aurait pu avoir une plus grande importance pour les critères du domaine respiratoire et l’opinion des intervenants de SI coronariens, avoir une plus grande importance pour les critères du domaine cardiovasculaire. Notre échantillon limité ne nous permettait pas de stratifier les résultats de cette manière. Le fait d’arriver à obtenir des consensus malgré la composition hétérogène du panel laisse présager que plusieurs groupes professionnels pourront utiliser la liste de critères consensuels pour déterminer si un patient est en mesure de participer à des mobilisations debout sécuritaires. Par ailleurs il est aussi

possible que l’inclusion de plusieurs groupes professionnels augmente la quantité ou la complexité des critères jugés nécessaire pour permettre l’initiation des mobilisations debout sécuritaires. 6.2.3 Critères consensuels L’utilisation de la méthode Delphi via un questionnaire en ligne offre un anonymat qui permet d’obtenir l’opinion de chaque participant sans qu’elle ne soit trop biaisée par la trop grande influence d’autres membres du groupe (ex. : par un effet de halo), ce qui peut se produire lors d’une table ronde (groupe de discussion focalisée). Par contre, l’absence d’interactions et de débats entre les participants pourrait influencer la capacité d’obtenir un consensus dans ce type de consultation. De plus, la consultation électronique limite la possibilité de répondre directement aux questions des participants ou d’amener des précisions ou rétroaction plus directe par les modérateurs, ce qui pourrait avoir un effet sur la validité des résultats obtenus (ex. : pas de possibilité de donner des explications cruciales en temps réel). Les études portant sur des consultations d’experts tiendraient compte de ces différents facteurs qui influenceraient les résultats en sélectionnant notamment des critères a priori spécifiquement adaptés à leur devis pour définir les critères pour statuer du consensus entre les panélistes. Ainsi, les critères d’atteinte de consensus sont variables en fonction du type d’interactions entre les participants d’une consultation. Par exemple, l’étude d’Hanekom et collaborateurs, qui ont eu recours à une consultation par la méthode Delphi via un questionnaire électronique, a utilisé des écarts semi interquartile <0.5 comme seuil de consensus tandis que Hodgson et collaborateurs, qui ont fait une rencontre de type table ronde, ont utilisé des consensus à 100% pour inclure un critère à leurs recommandations (75, 76). Ces définitions (ou critères) de consensus sont différentes de la nôtre (chapitre 3). Nos critères pour décider si un élément proposé était consensuel entre les panélistes étaient plus sévères que pour les études précédemment mentionnées. En effet, nos critères incluaient que des consensus devaient être atteints à la fois sur la pertinence et sur la faisabilité. En incluant ces notions, nous nous assurions de limiter les critères retenus à

ceux qui étaient reconnus comme essentiels mais également faisables en considérant la manière dont ils ont été formulés. Notre but était d’obtenir une liste restreinte de critères de (en nombre de critères) qui soit utilisable en clinique dans un contexte de soins où l’équipe traitante doit pouvoir prendre des décisions rapidement. Malgré la composition hétérogène et la petite taille du panel québécois consulté et des critères sévères pour statuer du consensus, 23 critères d’initiation (61% de tous les critères proposés) et 11 critères d’arrêt (50% de tous les critères proposés) ont été jugés à la fois essentiels et faisables. De plus, deux critères d’initiation et un critère d’arrêt ont été jugés essentiels mais n’ont pas obtenu de consensus pour la faisabilité. Ces critères jugés essentiels mais non faisables pourraient être intégrés à des guides de pratiques cliniques plus exhaustifs incitant à la réflexion sur la pratique. Quant aux critères jugés essentiels et faisables, ils pourraient être intégrés à un outil d’évaluation au chevet du patient et être évalués de manière routinière dans des unités de SI québécoises. Des étapes de validation ultérieures, dans le cadre de projets futurs, devront être menées pour confirmer de quelle manière pourront être utilisés les critères consensuels.

Les critères faisant consensus étaient majoritairement issus des listes-synthèses de critères extraits de la littérature présentées au panel par notre équipe de recherche, avec ou sans reformulation. Sur les 23 critères d’initiation consensuels à l’issue de la consultation, 19 (86%) proviennent de la liste originale de critères recensés et sur les 11 critères d’arrêt proposés, neuf (82%) proviennent de la liste originale de critères recensés. Seulement quatre (29%) des 14 critères d’initiation suggérés par le panel et deux (18%) des 11 critères d’arrêt proposés par le panel ont été retenus. Notre équipe de recherche semble donc avoir fait un travail satisfaisant de sélection des critères issus de la littérature puisque la majorité de ces critères ont été retenus par le panel. Il est aussi possible que l’hétérogénéité du groupe ait limité la quantité de critères proposés par les panelistes ayant été retenus.

Nous avons obtenu un consensus, en utilisant les critères de pertinence et de faisabilité, pour plus de 50% des critères de sécurité présentés aux panelistes, et ce malgré la composition hétérogène et l’effectif restreint du panel québécois de cliniciens expérimentés consultés. Ce constat indique qu’il est possible de proposer des critères de sécurité qui s’appliquent à l’ensemble des populations de SI et qui fassent consensus auprès de cliniciens expérimentés de diverses disciplines.