• Aucun résultat trouvé

Grenoble : la gestion du stationnement, une « priorité de ville »

Les enseignements à retenir

5.2 Grenoble : la gestion du stationnement, une « priorité de ville »

Les principaux chiffres du stationnement payant à Grenoble sont les suivants. En 2002 : 11 600 places payantes en hyper centre dont 7 600 places sur voirie. Taux de respect en 2000 : entre 67 % et 78 % selon les zones ; 42 % à 56 % en 2002. Taux de rotation en 2000 : entre 5,4 et 8,6 selon les zones. Taux de verbalisation en 2000 : entre 0,14 % et 6,60 % selon les zones ; de 1,66 % à 2,97 % en 2002.

5.2.1

Une politique affirmée et assumée depuis plusieurs années

Jusqu’en 1995, le stationnement était peu présent dans la politique locale et donc dans la communication de la ville. Depuis, chaque action menée sur le stationnement est d’abord présentée à tous les acteurs concernés ainsi qu’à la presse, puis relayée par une action de communication (la mise en service du macaron résident, le lancement de la carte magnétique, l'instauration du stationnement nocturne, l'extension de l'offre, le passage à l'euro).

Bien avant la mise en œuvre de son PDU, la ville faisait déjà des points réguliers de l’état de la situation du stationnement en effectuant un diagnostic et un bilan tous les deux ans.

C’est à la suite de la dernière étude exhaustive, réalisée en 1996, qu’une première série d’actions a été menée, relayée par une campagne de communication en 1997 (édition à 50 000 exemplaires d’un dépliant « Stationner mieux, stationner juste » recensant l’offre en partenariat avec une délégation de parcs).

Un nouveau bilan a eu lieu en 1999 pour évaluer les actions et préparer la suite. La mise à jour d’un problème spécifique, le stationnement nocturne illicite, va déclencher une action innovante sur le principe « mieux vaut prévenir que guérir » : la campagne « Papillons ».

5.2.2

La campagne « Papillons », une bonne idée bien accueillie

Les objectifs de la campagne sont d’une part de lutter contre le stationnement gênant nocturne alors que les parkings en ouvrage sont sous-utilisés le soir. D’autre part, il s’agit de garantir, de jour comme de nuit, la même sécurité, la même accessibilité au centre ville et la même qualité des déplacements pour les piétons, en orientant les usagers vers les parcs en ouvrage.

La stratégie s’inscrit dans la continuité de l'approche PDU. L’opération fait suite au concept « A chacun son parking », décliné sur le dépliant de présentation globale de l'offre, en le prolongeant sur une thématique particulière : le stationnement gênant nocturne.

Pour mémoire, on notera que le guide en question est le seul que nous ayons trouvé qui consacre une partie aussi importante au contrôle et à la surveillance du stationnement. La presse est également associée à la diffusion d’information et l’on constate qu’à chaque fois que l’occasion le permet, le sujet de l’affectation des recettes et de l’argent des PV est développé, permettant ainsi d’éviter rumeurs ou idées reçues.

La campagne s’articule autour d’une image forte, celle du papillon, référence au emblématique au PV, détournée et rendue conviviale par une opération de sensibilisation. L’approche visuelle adoptée lors de la communication du PDU, est reprise en déclinant un élément de la campagne : le bestiaire/l'approche naturaliste (les insectes).

La démarche stationnement s’inscrit comme un élément du PDU (un courrier la présente comme « un aboutissement concret du PDU »). Elle a un côté sympathique et original avec un clin d'œil à d'autres papillons, moins sympathiques.

Elle utilise l'effet teasing* du recto verso sur le mode « problème-solution » : alerte/interpellation un peu dramatisante « vous êtes en infraction » puis présentation de l'offre en parcs et des tarifs attractifs pour terminer sur une invitation au changement de comportement. La campagne a utilisé un tract d'accompagnement très volontariste et assumant une position répressive, mais prévenant auparavant et estampillé « Police municipale ».

La campagne, d’un genre nouveau à l’époque, a séduit et marqué les esprits. La démarche préventive a été jugée sympathique et le couple « communication-contrôle » a bien fonctionné.

Les outils ont été variés : papillons sur les pare-brises des véhicules mal garés (deux vagues de distribution en début et en fin de mois), dépliants guides distribués en mairie, dans les parcs, tracts, relations avec la presse, affichage sur les bus, panneaux d’affichage municipaux. Les affiches invitaient à venir retirer le guide.

Le Coût a été 32 300 euros TTC.

Les résultats annoncés ont été une augmentation importante de la fréquentation des parcs en ouvrage, une réduction du stationnement illicite la nuit et un bon accueil de la presse comme de la population.

5.2.3

La campagne « Papillon de jour »

En 2002, une nouvelle problématique est apparue : l’extension du stationnement payant (1 000 places gratuites supprimées) et un renforcement du contrôle par la mise en place d’une équipe dédiée exclusivement à cette tâche.

Elle donne alors lieu à une nouvelle campagne de juin à septembre 2002. Fort de son succès, le « Papillon » est reconduit mais adapté sur un nouveau dépliant. C’est un papillon de jour, donc de couleur différente (dominante de vert) et le message au verso évolue également : l'offre de places payantes sur voirie des différentes zones, les places en ouvrages. Le recto est identique : « vous êtes en infraction ! ».

L’annonce a été faite en amont, avant l’été, avec une conférence de presse, juste après les élections présidentielles : une manière sympathique de rappeler à tout le monde que le temps de l’amnistie est révolu et qu’il faut se remettre à payer.

L’opération a été poursuivie sur le terrain en septembre, au moment où les étudiants arrivent et où les nouveaux contrôleurs prenaient leurs fonctions. La prévention était aussi une entrée en matière valorisante avant de passer à leur cœur de métier, le contrôle.

Par rapport à la campagne de 1999, les résultats ont été moins spectaculaires et les retombées dans la presse ont été moins nombreuses. Les résultats chiffrés ne sont pas encore connus au moment du bouclage de ce document.

Le Coût a été de 4150 euros TTC pour 10 000 exemplaires.

Les enseignements à retenir

la nécessité d’une action sur le long terme ;

le suivi et l’évaluation, des points forts qui permettent une argumentation sérieuse de la problématique ;

la volonté politique affirmée : les retombées dans la presse témoignent que l'élu a un discours « vérité » sur la question, les notions de coût du stationnement et d'affectation des recettes, présentes sur un support de communication, sont à cet égard significatives ;

une campagne cohérente et innovante ;

la mobilisation de moyens et la synergie des actions ;

si la reprise du papillon pour la campagne 2002 mise sur la cohérence des messages (une même philosophie : prévenir avant de sévir), elle a pour vocation de créer le réflexe et elle entend utiliser le bon impact de la première opération. Mais la répétition quasi à l’identique ne risque- t-elle pas de nuire à l'effet positif de surprise et de banaliser un peu l’opération ? Pour le moment, il n’y a pas eu de communication sur les règles de civisme ou la répression spécifique du stationnement gênant le jour alors que la ville édite par ailleurs des supports de communication ou de sensibilisation sur des sujets nombreux pouvant être rapprochés des bonnes pratiques en ville et sur l’espace urbain.

Le « papillon » a fait des émules, puisqu'au moins deux autres collectivités, à notre connaissance, l'ont adopté : Châteauroux et Aubagne . Cette dernière utilise le verso pour continuer à diffuser son message de lutte contre l'incivisme : « La ville, un espace qui se partage. Apprendre à se comporter, c'est aussi apprendre à respecter l'autre ».

5.2.4

Les autres actions de communication sur le stationnement

Une action a été menée en collaboration avec les commerçants : une carte de stationnement offrant un quart d'heure gratuit devait être remise par les commerçants à leurs clients. L’expérience n’a pas été concluante. Les cartes de stationnement prépayées par les commerçants et portant leur publicité

devaient être offertes aux clients. Ce fut un échec, les commerçants arguant que le prix de revient de la carte était trop élevé ; de plus, des dérives ont été constatées, certains commerçants les achetant pour leur propre usage.

Le dossier spécial sur le tramway, paru dans Les Nouvelles de Grenoble, journal d'informations de la ville, consacre une page entière au sujet « stationnement », qui est traité de façon claire et argumentée. Resitué dans l’enjeu global de réaménagement urbain, avec une revendication de position « réaliste » affichée, le texte explique clairement les options retenues, sans langue de bois.