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La présentation du formalisme des graphes conceptuels que nous avons faite au §4.1 rappelle que dès son origine, celui-ci a été impliqué dans la représentation des connaissances pragmatiques. Dans [Sowa 1984], Sowa fait référence de façon explicite aux schémas de Schank lorsqu’il évoque les graphes, qu’il appelle d’ailleurs schémas, qui peuvent être rattachés aux types de concept afin de rendre compte de l’utilisation qui en est habituellement faite. Néanmoins, les exemples qu’il donne sont plutôt simplistes et ne dépassent guère le niveau des en-têtes des schémas que nous avons présentés ici. Par ailleurs, Sowa voit les schémas comme un moyen d’étendre la définition des types de concept mais ne semble pas leur accorder le statut de connaissances autonomes, ayant leur intérêt propre. Cela justifie certainement l’absence de structure des schémas qu’il fournit comme exemples.

Bougie: {*} *y patient Brûler

Invité: {*} *x Chanter Chanson:

Happy Birthday

agent patient

État:

durée PériodeDeTemps:

@15 sec

durée PériodeDeTemps:@5 sec État:

Produire

Bougie: {*} *y agent patient Fumée

Heure: 20:23:19 GMT date

Personne:

Marvin agent Souffler patient Bougie: {*} *y

Événement: successeur successeur Processus: Personne: Marvin

Invité: {*}@40 *x agent receveur

patient Cadeau: {*}

Donner

Gâteau

Bougie: {*}@50 *y sur

Anniversaire:

Fig. 4.12 - La représentation d’une occurrence de situation sous forme de graphes conceptuels (d’après [Sowa 1992])1

114 Chapitre 4 - Mémoires conceptuelle et pragmatique

Notre choix sur ce point est moins guidé par les connaissances sémantiques. Les situations sont représentées de façon autonome dans une mémoire spécifique et par des schémas structurés en fonction des impératifs propres à ce type de modélisation. Des liens existent entre les deux dimensions mais celles-ci sont nettement séparées. Les schémas font référence aux types de concepts pour désigner les objets, les actions et les états qu’ils organisent. Réciproquement, on répertorie au niveau des types de concept les schémas dans lesquels ils interviennent, ce qui permet notamment de conserver la modélisation mise en avant par Sowa.

Tout en conservant cette séparation, on peut se demander si l’utilisation des graphes conceptuels, cette fois-ci en tant que pur formalisme de représentation, n’aurait pas pu être étendue à l’ensemble d’un schéma, plutôt que de faire de ceux-ci des entités hybrides. Comme en témoigne la figure 4.12, Sowa a fait lui-même des propositions dans ce sens en généralisant le typage des contextes. Dans notre cas, rien n’empêcherait ainsi d’avoir des contextes de type Circonstances, Description ou ÉtatsIncidents.

Nous ne nous sommes pas engagé dans cette voie pour le moment dans la mesure où l’adoption d’un formalisme de représentation ne se justifie que si des opérations de manipulation qui lui sont propres peuvent être utilisées. Or, il n’existe pas encore de définition véritablement établie pour les opérations que nous avons présentées au §4.1 lorsqu’elles s’appliquent à des graphes contenant des contextes1. En leur absence, il était plus simple, à la fois sur le plan de la représentation et celui de la manipulation, de s’en tenir à une solution moins générique.

2.2.4 Implémentation

Nous avons implémenté la mémoire pragmatique ainsi que les schémas qui la composent en Smalltalk à partir de la plate-forme de graphes conceptuels présentée au §4.1. La construction d'un schéma peut être réalisée soit par l'intermédiaire d'une interface de programmation, soit en utilisant, comme pour les graphes conceptuels, une forme linéaire textuelle pour laquelle nous avons écrit un compilateur et un générateur. On trouvera à l'annexe B la grammaire de cette forme linéaire (le schéma de la figure 4.10 s'y conforme).

À côté d'une sélection par propagation d'activation reposant sur la mesure de spécificité des schémas les uns par rapport aux autres (cf. chapitre 6), nous avons conservé une indexation plus classique dans l'optique d'une utilisation la plus large et la plus diversifiée possible de la mémoire pragmatique. Chaque schéma est ainsi indexé par un triplet de types prédicat – relation – objet extrait de son en-tête. Des opérations de recherche permettent de retrouver un seul ou un ensemble de schémas à partir de la donnée d'un triplet similaire. Pour chaque type du triplet, on peut spécifier une égalité stricte ou autoriser un sur-type ou un sous-type.

Des interfaces graphiques facilitent enfin la gestion de la mémoire pragmatique aussi bien en ce qui concerne la création ou la destruction de schémas que pour leur indexation, leur recherche ou leur visualisation. Un aperçu de ces outils est donné à l'annexe B.

Récapitulatif

Ce chapitre nous a permis d’exposer ce sur quoi s'appuie MLK, c'est-à-dire les connaissances sémantiques, ainsi que ce qu'il cherche à construire, en l’occurrence les connaissances pragmatiques sur les situations.

Chapitre 4 - Mémoires conceptuelle et pragmatique 115 Les connaissances sémantiques sont représentées en utilisant le formalisme des graphes conceptuels, qui propose à la fois un formalisme de représentation, des opérations de manipulation et une façon de structurer les connaissances. Nous complétons les principes généraux édictés par ce formalisme par un certain nombre de précisions concernant la façon dont nous l’avons utilisé pour modéliser les connaissances sémantiques. Le problème de la multiplicité des points de vue a ainsi particulièrement retenu notre attention. Nous proposons à ce sujet d’adopter une conception que l’on pourrait qualifier de métonymique : il s’agit de dissocier systématiquement l’être ou la substance d’une entité de son rôle ou de sa fonction1. Cette ligne directrice nécessite toutefois que soit définie la colonne vertébrale que constitue cette substance. Nous en montrons un exemple concernant les types de concept verbaux.

Les connaissances pragmatiques sur les situations sont représentées quant à elles par un type unique de schéma, inspiré de l’idée, présente dans les MOPs de Schank, de petites unités facilement agençables pour représenter des situations complexes. Ces schémas sont stockés dans une mémoire spécifique au sein de laquelle ils se définissent essentiellement par les relations qu’ils entretiennent entre eux : un schéma est un assemblage de références faites à d’autres schémas, assemblage venant spécialiser un schéma plus général. L’originalité des schémas que nous présentons réside dans la combinaison réalisée avec les graphes conceptuels, première étape en direction d’une représentation entièrement à base de graphes conceptuels. Cette combinaison offre l’avantage de pouvoir entretenir un lien particulièrement naturel avec les représentations sémantiques et d’éviter à terme une coupure telle que celle présente dans le modèle de Schank entre les dépendances conceptuelles, chargées de faire le lien avec les énoncés, et les schémas, représentant les structures de connaissances existantes.

1 On retrouve cette même conception dans [Zweigenbaum et alii 1995] et [Bouaud et alii 1995]. Ces travaux proposent plus précisément 4 principes de modélisation permettant de vérifier la bonne formation d’une ontologie au regard de cette conception et de mettre en évidence les propriétés caractérisant l’essence des entités représentées et non leur rôle vis-à-vis de telle ou telle autre entité.

Chapitre 5 - Les représentations de texte 117

Chapitre 5