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Le corps d’un schéma permet quant à lui de décrire sur le plan pragmatique le contenu de la situation qu’il représente. Il est principalement formé d’un ensemble de références vers d’autres schémas de la mémoire pragmatique représentant des actions et des états plus spécialisés1. Le schéma de la figure 4.10 fait ainsi référence pour se définir à des schémas tels que Séquestration, DemandeDeRançon ou LibérationOtage qui décrivent des événements plus élémentaires intervenant lors d’un kidnapping.

1 Le lecteur pourrait légitimement trouver que les dénominations sont un peu confuses : on parle tantôt de situations et tantôt d’actions et d’états. Toutefois, il faut bien voir qu’il ne s’agit là que des deux faces d’une même médaille. Ainsi que nous l’avons vu au chapitre 1, un événement tel que “Aller au cinéma” peut aussi bien être envisagé sous un angle sémantique (définition et contraintes d’usage des types de concept Aller et Cinéma) que sous un angle pragmatique (décomposition de cet événement en événements plus élémentaires), donc être vu aussi bien comme une action que comme une situation.

Chapitre 4 - Mémoires conceptuelle et pragmatique 105 Schéma KidnappingCrapuleux spécialisationDe: Chantage Entête: [Humain: *x1]  SDWLHQW  [Kidnapper; prédicat: vrai]  DJHQW  >+XPDLQ^ ` *x2]; Rôles agent -> [Humain: {*} *x2]; valDef: Humain; spécificité: 0.1; importance: 1.0. patient -> [Humain: *x1]; valDef: Humain; spécificité: 0.1; importance: 1.0. relation -> [ObjetDeValeur: *x3]; valDef: Argent; spécificité: 0.25; importance: 0.9. relation -> [Humain: *x4]; valDef: Humain; spécificité: 0.1; importance: 0.9. FinRôles Attribut Circonstances Schéma ÊtreRiche importance: 0.75; spécificité: 0.25;

[ÊtreRiche; prédicat: vrai]  H[SpULHQFHXU >+XPDLQ [@

Schéma ÊtreUnProcheDe importance: 0.75; spécificité: 0.1;

[ÊtreUnProcheDe; prédicat: vrai] {  VRXUFH  >+XPDLQ [@  SDWLHQW  >+XPDLQ [@ }. Graphe Otage importance: 1.0; spécificité: 1.0; [Humain: *x1]  FDUDFWpULVWLTXH  [Otage]. Graphe Ravisseur importance: 1.0; spécificité: 1.0; [Humain: {*} *x2]  FDUDFWpULVWLTXH  [Ravisseur]. Graphe Rançon importance: 1.0; spécificité: 1.0; [ObjetDeValeur: *x3]  FDUDFWpULVWLTXH  [Rançon]. FinAttribut Circonstances Attribut Description Schéma Enlèvement importance: 1.0; spécificité: 1.0; [Humain: *x1]  SDWLHQW  [Enlever; prédicat: vrai]  DJHQW  >+XPDLQ^ ` *x2]. Schéma Séquestration importance: 1.0; spécificité: 1.0; [Humain: *x1]  SDWLHQW  [Séquestrer; prédicat: vrai]  DJHQW  >+XPDLQ^ ` *x2]. Schéma DemandeDeRançon importance: 0.9; spécificité: 1.0; [Exiger; prédicat: vrai]

{ (objet) >$UJHQW [@ (agent) >+XPDLQ^ ` [@ (receveur) >+XPDLQ [@ }. Schéma RemiseDeRançon importance: 0.7; spécificité: 1.0; [Donner; prédicat: vrai]

{ (objet) >2EMHW'H9DOHXU [@ (receveur) >+XPDLQ^ ` [@ (agent) >+XPDLQ [@ }. Schéma LibérationOtage importance: 0.6; spécificité: 1.0; [Humain: *x1]  SDWLHQW  [Relâcher; prédicat: vrai]  DJHQW  >+XPDLQ^ ` *x2]. Schéma Fuite importance: 0.5; spécificité: 0.5;

[SEnfuir; prédicat: vrai]  DJHQW 

[Humain: {*} *x2]. FinAttribut Description Attribut ÉtatsIncidents Schéma DevenirRiche importance: 0.5; spécificité: 0.4;

[SEnrichir; prédicat: vrai]  H[SpULHQFHXU >+XPDLQ^ ` [@

106 Chapitre 4 - Mémoires conceptuelle et pragmatique RelationsIntraSchéma Description.Enlèvement 'HVFULSWLRQ Séquestration: type: précédenceTemporelle; importance: 1.0. Description.Séquestration 'HVFULSWLRQ LibérationOtage: type: précédenceTemporelle; importance: 1.0. Circonstances.ÊtreUnProcheDe Description.RemiseDeRançon: type: motivation; importance: 0.75. Description.RemiseDeRançon Description.LibérationOtage: type: cause; importance: 0.5. Description.RemiseDeRançon ÉtatsIncidents.DevenirRiche: type: cause; importance: 0.5. Description.DemandeDeRançon Description.RemiseDeRançon: type: précédenceTemporelle; importance: 1.0. Description.RemiseDeRançon Description.Fuite: type: précédenceTemporelle; importance: 1.0. FinRelationsIntraSchéma FinSchéma Kidnapping

Fig. 4.10 - Représentation sous forme linéaire d’un schéma représentant une situation de kidnapping destiné à extorquer de l’argent

Références vers les schémas

Lien avec le schéma référencé

Chaque référence est au moins constituée de deux éléments. Elle comporte de façon évidente le schéma référencé, mais également un graphe conceptuel qui est une copie de son en-tête. Cette copie permet de définir des contraintes d’identité entre les rôles d’un schéma et ceux du schéma auquel il fait référence. On utilise pour cela le mécanisme de coréférence entre concepts existant au niveau des graphes conceptuels. Celui-ci permet de spécifier que deux concepts appartenant respectivement à deux graphes plongés dans un même contexte1 font référence à une même entité du monde.

Dans notre cas, chaque schéma se voit associer un contexte rassemblant tous les graphes impliqués dans sa définition. On peut de cette façon préciser que la victime du kidnapping, désignée par la variable x1 au niveau de l’entête du schéma, est la même personne que la victime de la séquestration, apparaissant quant à elle avec la même variable x1 dans la copie de l’en-tête du schéma Séquestration présente au niveau de la référence faite à ce schéma. Bien entendu, cette victime pourra être désignée par une tout autre variable dans la définition du schéma Séquestration puisque les contextes de deux schémas sont indépendants.

Sur le plan pratique, la mise en correspondance de rôles appartenant à deux schémas distincts, A et B, avec A référençant B, s’opère grâce à une projection du graphe associé à la référence faite à B dans A dans le graphe constituant l’en-tête de B. Cette opération permet d’établir une liste d’équivalences entre variables. Le mécanisme retenu pour cette mise en relation des rôles présente en outre l’avantage de s’affranchir d’une éventuelle différence des schémas en termes de niveau d’abstraction. Par exemple, la rançon est représentée ici par un concept ayant le type Argent dans l’en-tête du schéma DemandeDeRançon mais il apparaît sous les traits d’un concept ayant le type ObjetDeValeur dans l’en-tête du schéma RemiseDeRançon. Cette différence (peut-être un peu artificielle ici) n’empêche pas néanmoins la mise en correspondance des rôles car le mécanisme des coréférences peut intervenir entre des concepts n’ayant pas le même type, pourvu que la relation de conformité entre type et référent soit respectée.

1 Les coréférences ont dans le cas général un champ d’application plus large puisque les graphes peuvent appartenir à deux contextes différents pourvu que ceux-ci soient emboîtés (pas nécessairement de manière directe d’ailleurs).

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Poids associés à une référence

Les références comportent également deux autres éléments, moins essentiels. Ce sont tous deux des poids normalisés entre 0 et 1. Le premier, appelé importance, caractérise l’importance que revêt le schéma référencé dans la définition du schéma source de cette référence. Il permet ainsi de stipuler si la présence de l’événement désigné est obligatoire pour que le schéma soit reconnu ou si cet événement peut être absent sans empêcher pour autant le déclenchement du schéma. Par exemple, il semble évident que l’enlèvement et la séquestration de la personne cible du chantage ainsi que la demande de rançon qui les accompagne forment le cœur d’une situation de kidnapping telle que celle décrite par la figure 4.10, alors que la fuite des ravisseurs est un événement plus contingent, dépendant en particulier d’une éventuelle intervention de la police pour libérer l’otage.

Le second poids, appelé spécificité, traduit quant à lui le degré de spécificité de l’événement considéré par rapport à la situation représentée par le schéma. On peut également voir ce poids comme l’expression du degré de typicalité de cet événement relativement à cette même situation. Cette notion est bien distincte de celle d’importance. Un schéma peut être en effet spécifique par rapport à un autre, c’est-à-dire ne pas intervenir dans la définition de beaucoup d’autres schémas en dehors de celui-ci, mais ne pas y être forcément important. Le schéma LibérationOtage est ainsi plus spécifique qu’il n’est important dans la figure 4.10 dans la mesure où cet événement est moins fréquent que la séquence enlèvement – séquestration – demande de rançon tout en étant néanmoins propre à un kidnapping. À l’inverse, le fait que la victime soit riche est une condition importante pour le déroulement d’un kidnapping crapuleux mais c’est un état peu discriminant vis-à-vis de cette situation, chose qui devrait rassurer les personnes possédant un peu de fortune.

La spécificité revêt par ailleurs un intérêt tout particulier lors de l’analyse d’un texte pour la sélection des schémas les plus pertinents relativement à un contexte donné. En effet, si un événement est très typique d’une situation, sa présence dans un texte conduit naturellement à sélectionner le schéma qui la représente afin d’interpréter le passage du texte où il apparaît. Ce problème de la sélection des connaissances, partagé avec la mémoire épisodique, sera plus particulièrement développé dans le chapitre 6.

Chacun de ces deux poids répond ainsi à deux besoins complémentaires de l’application des schémas à l’analyse de textes : la spécificité offre le moyen de sélectionner rapidement un ensemble de schémas présumés pertinents tandis que l’importance constitue le support de la vérification du bien-fondé de cette sélection. Il faut préciser que la distinction de ces deux poids reprend la dichotomie opérée par Lebowitz dans IPP (cf. chapitre 2) entre l’assurance d’une part (assimilable à l’importance) et la prédictivité d’autre part (équivalent à la spécificité), notion plus particulièrement développée dans [Lebowitz 1983].

Lorsqu’un schéma est issu d’une modélisation manuelle, ces deux poids peuvent être fixés par le modélisateur en fonction de sa connaissance de la situation. C’est ce qui s’est passé pour le schéma de la figure 4.10 par exemple. En revanche, lorsqu’un schéma est construit automatiquement, comme avec l’abstraction des UTs agrégées dans ANTHAPSI, il faut trouver une méthode elle aussi automatique de détermination de ces poids. En ce qui concerne l’importance, il est possible d’exploiter les poids que possèdent les événements dans les UTs agrégées, même si la forme de ces événements est un peu différente. En effet, en caractérisant un degré de récurrence, ces poids rendent compte également d’une notion d’importance. Nous renvoyons le lecteur au chapitre 8 sur l’abstraction des UTs agrégées pour plus de détails sur ce point.

En ce qui concerne la spécificité, nous proposons une méthode d’évaluation de base présentant l’avantage de pouvoir être utilisée aussi bien dans le cadre d’une modélisation manuelle que d’une construction automatique. Cette méthode s’appuie sur une évaluation de la spécificité globale des schémas : on fait en pratique l’hypothèse que plus un schéma est spécifique et plus le nombre de schémas le référençant dans le

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cadre de leur définition est faible. Son contexte d’application est en effet supposé plus étroit. Notre méthode de calcul de la spécificité d’un schéma I au sein d’un schéma J tient compte à la fois de cette spécificité globale et du positionnement de celle-ci par rapport à la spécificité des autres schémas intervenant dans la définition de J. I est donc d’autant plus spécifique vis-à-vis de J que I est à la fois spécifique à l’échelle de la mémoire pragmatique et que cette spécificité est forte parmi celle des autres schémas servant à le définir. Pour estimer ce dernier rapport, on prend comme référence commune la plus petite valeur de spécificité pour l’ensemble de J. On obtient ainsi la mesure suivante :

specif (si,sj)= 1

Nrefimink (Nrefk)

Nrefi = mink (Nrefk)

Nrefi avec

specif(si,sj) : spécificité du schéma si au sein du schéma sj ;

Nrefi : nombre de références faites au schéma si au sein de la mémoire pragmatique ; k : indice énumérant tous les schémas intervenant dans la définition de sj.

La spécificité globale du schéma si est donnée par le terme (1/Nrefi) tandis que le second terme met en balance cette spécificité globale avec la plus forte parmi celles des schémas de sj. L’utilisation de la racine carrée est un moyen de compenser l’effet du produit combinant ces deux termes afin de ne pas avoir des valeurs trop petites.

Structuration des références

Les différentes références d’un schéma sont structurées de deux façons. La première est globale. Elle consiste à les répartir entre trois grands attributs caractérisant chacun quelle dimension de la situation est décrite :

- circonstances : cet attribut rassemble les états qui sont vrais avant que la situation ne prenne place et que l’on peut considérer comme indicatifs de sa survenue. Certains de ces états pourront ne pas être altérés par la situation tandis que d’autres ne seront plus valides à son terme ;

- description : l’attribut description est constitué des actions caractérisant la situation. Il en forme le corps véritable ;

- états incidents : cet attribut regroupe les états qui sont vrais à l'issue de la situation. Il s’agit en général des états induits par la situation et non de ceux qui sont restés vrais tout au long de celle-ci, lesquels figurent plutôt dans l’attribut circonstances.

Cette tripartition, qui reprend celle présente classiquement en planification au travers du triptyque pré-conditions – actions – résultats, se retrouve sous des formes plus ou moins élaborées dans l’essentiel des schémas représentant le même type de connaissances (cf. [Mooney & DeJong 1985] et [Ram 1993] par exemple).

La seconde structuration des références est donnée par les relations temporelles et causales qu’elles entretiennent. Ces relations rendent compte de l’enchaînement des événements au sein de la situation ainsi que des raisons pour lesquelles certains d’entre eux interviennent. Elles peuvent lier des références situées au sein du même attribut comme des références appartenant à deux attributs distincts. La relation de précédence temporelle entre les schémas Enlèvement et Séquestration au sein de l’attribut Description du schéma de la figure 4.10 est un exemple du premier cas. La relation causale entre le schéma RemiseDeRançon de l’attribut Description et le schéma DevenirRiche de l’attribut ÉtatsIncidents est un exemple du second. Il faut d’ailleurs noter que généralement, les relations temporelles d’ordonnancement des événements sont cantonnées au sein de l’attribut Description alors que les relations causales, qui ont surtout pour objet de lier

Chapitre 4 - Mémoires conceptuelle et pragmatique 109 les actions aux états qui les motivent ou qui en sont les résultats, prennent place entre l’attribut Description et les attributs Circonstances ou ÉtatsIncidents.

Les relations possèdent comme les références un poids marquant leur degré d’importance dans le schéma mais n’ont pas de degré de spécificité. Cette dernière notion n’a pas en effet été retenue pour les relations dans la mesure où elles ne sont pas impliquées dans la sélection des schémas. Ce sont en effet ces derniers qui doivent les mettre à jour.

Graphes d’expression de contraintes

Comme le montre la figure 4.10, les attributs ne contiennent pas que des références vers d’autres schémas. Ils peuvent également abriter des graphes conceptuels chargés d’exprimer des contraintes sur les rôles du schéma. Ces contraintes sont de nature sémantique et ne renvoient pas à des situations. C’est pourquoi elles n’apparaissent pas sous la forme de références vers des schémas. Il s’agit par exemple d’exprimer qu’un objet est une partie d’un autre objet ou qu’il présente une caractéristique spécifique. De par cette fonction, ces graphes sont placés dans l’attribut Circonstances.

Dans le schéma de la figure 4.10, ils permettent ainsi de spécifier que les humains agents du kidnapping sont des ravisseurs, que l’humain patient de ce même kidnapping est un otage tandis que l’objet de valeur impliqué dans la situation sert de rançon. Ces précisions sont rendues nécessaires par la façon dont nous avons organisé les connaissances sémantiques (cf. §4.1). Les graphes canoniques associés aux types de concept prédicatifs1 ne contiennent que des types très généraux (comme Humain, ÊtreVivant ou ObjetPhysique). Il est donc nécessaire de faire le lien entre cette caractérisation très générale d’une entité du monde et le rôle plus spécifique qu’elle joue dans une situation.

Les graphes se voient associer comme les références un poids caractérisant leur importance et un poids rendant compte de leur spécificité. Les principes énoncés à propos de ces poids au niveau des références restent globalement valides pour les graphes. Nous nous contenterons de signaler que la méthode présentée pour l’évaluation automatique de la spécificité est plus difficilement applicable ici dans sa forme première. Les schémas sont des entités à part entière de la mémoire pragmatique. Il en résulte qu’un schéma n’est pas dupliqué à chaque fois que l’on y fait référence. On peut donc déterminer aisément combien de références y sont faites. La situation est différente pour les graphes de contraintes. Ils sont propres aux schémas au sein desquels ils sont présents et existent donc en autant d’exemplaires séparés qu’il y a de références les concernant. Le recensement des références faites à un graphe est donc très coûteux puisqu’il oblige en théorie à parcourir tous les schémas de la mémoire et à réaliser pour chacun des projections afin de vérifier la compatibilité des graphes.

Sachant que l’intérêt de ces graphes, du point de vue de la sélection, réside dans les types de concept qu’ils contiennent et non dans les graphes eux-mêmes, nous proposons de retenir comme valeur de spécificité pour un graphe de contrainte la valeur de spécificité la plus forte parmi celles de ses types de concept. La valeur de spécificité d’un type de concept dans un schéma est définie dans le paragraphe suivant sur les rôles.

1 Les types de concept considérés comme prédicatifs sont ceux pouvant s’exprimer en langue sous la forme de verbes ou d’adjectifs. Les concepts ayant un statut de prédicat (c’est-à-dire possédant un type de nature prédicative) sont désignés au sein des graphes par une annotation spécifique (prédicat: vrai), suivant une extension de la forme linéaire des graphes conceptuels. Cette façon de rendre compte de la notion de prédicat répond à notre souci de ne pas faire un nombre trop important d’hypothèses concernant les connaissances sémantiques, ce qui n’aurait pas été le cas en la faisant apparaître au niveau de la hiérarchie des types de concept par exemple. Elle permet également de rendre cette notion de prédicat plus dynamique en fonction du contexte d’apparition des concepts et donc de la situer un peu au-delà du cadre strict de la sémantique.

110 Chapitre 4 - Mémoires conceptuelle et pragmatique

Rôles

La dernière composante d’un schéma qu’il convient d’introduire est la notion de rôle. Un rôle est chargé de représenter une entité de la situation incarnée par le schéma et donc d’assurer le lien entre toutes les références qui sont faites à cette entité au travers de concepts présents dans les graphes conceptuels intervenant dans la définition du schéma, que ce soit en tant que contraintes ou bien en tant qu’en-têtes de schémas. Pour assurer ce lien d’identité, on fait appel comme on l’a vu précédemment aux variables de coréférence entre concepts.

Un rôle se compose de façon minimale d’une relation et d’un graphe conceptuel réduit à un seul concept générique. Ce concept porte la variable de coréférence qui identifie l’entité représentée au sein du schéma. Son type est la plus faible généralisation incluant tous les types des concepts qui coréfèrent par l’intermédiaire de cette variable1. La relation vise à attribuer une forme de fonction globale à l’entité que figure le rôle. Pour les entités apparaissant dans l’en-tête du schéma, on prend la relation qui les lie au prédicat de cet en-tête. Pour les autres, tout dépend du contexte de création du schéma. Si celle-ci intervient de manière automatique, comme dans le cas de l’abstraction des UTs agrégées de la mémoire épisodique, il sera certainement très difficile de synthétiser une relation exprimant la fonction globale de l’entité. On peut alors se contenter de faire appel à la relation générique qui constitue le sommet de la hiérarchie des relations (type de relation Relation), ainsi que cela est fait dans le schéma de la figure 4.10 pour les rôles correspondant aux variables x3 et x4. Si les schémas résultent d’une modélisation manuelle, rien ne s’oppose à l’attribution d’une relation plus spécifique.

En plus de ces deux constituants de base, les rôles se voient également attribuer un type par défaut. Celui-ci permet de préciser quel est le type de concept prototypique des concepts occupant ce rôle. Le type de ce dernier, en généralisant celui de toutes les occurrences du rôle, perd en effet en spécificité, donc en contenu informationnel. Le type par défaut est le moyen de contrebalancer cette perte. Lorsqu’un schéma est déclenché, en l’absence d’indication venant du texte sur la nature exacte d’une entité de la situation, elle est supposée avoir comme type le type par défaut. Cela permet en particulier de réaliser certaines inférences et donc, de faire progresser la compréhension. Ces inférences seront éventuellement remises en question si des précisions contradictoires sont apportées ultérieurement par le texte. Compte tenu du caractère prototypique