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Les grands défis de la conservation et émergence de la biologie de la conservation

I. INTRODUCTION GENERALE

I.4. Les mesures de la biodiversité et processus impliqués

1.5. Les grands défis de la conservation et émergence de la biologie de la conservation

biodiversité doit devenir une préoccupation commune pour l’humanité (Randriatafika et al., 2007). De façon globale, les principales causes de la perte de la biodiversité sont la modification des habitats, l’introduction d’espèces exotiques, la surexploitation des ressources

naturelles, la pollution et aujourd’hui, les changements climatiques (Ramade, 2005; Dajoz, 2006; Henry, 2010). En matière de conservation, les grands défis évoqués en Afrique Centrale par Vande Weghe (2004) portent sur les espèces invasives, les changements climatiques, l’exploitation forestière, la chasse, le tourisme et la recherche. Au Burundi, les grandes causes à l’origine de la dégradation de la biodiversité sont les causes d’ordre anthropique (la pauvreté et le sous-développement, le défrichement cultural, le prélèvement incontrôlé des ressources biologiques, le surpâturage, les feux de brousse, la pollution de diverses natures, l’exploitation du sol et du sous-sol, l’extension de l’habitat, l’introduction des espèces étrangères, les causes d’ordre politique, juridique et institutionnel) et les causes naturelles telles que l’instabilité climatique et les invasions de ravageurs (Bigawa & Ndorere, 2002; MINATTE, 2005; INECN, 2009). Dans notre zone d’étude, les infractions couramment observées sont le braconnage, la coupe sélective de bois et les feux de brousse (Ntowenimana & Yansheng, 2008; Bigendako et al., 2009). Face à ces défis, il est nécessaire de disposer d’un maximum d’informations sur l’état actuel de la biodiversité pour pouvoir contribuer au développement des orientations de conservation.

L'étude de la biodiversité et les moyens de la protéger et de la conserver rentrent dans le domaine d’une science émergente appelée la biologie de la conservation (Knight & Landres, 2002; Dajoz, 2006; Barbault, 2008), ou encore, la science de la conservation (Ramade, 2005; Barbault, 2008). Il s’agit d’une science pluridisciplinaire qui a pour but de fournir les bases scientifiques à la préservation de la diversité biologique (Soulé, 1985). L’émergence de la biologie de la conservation est une réponse de la communauté scientifique à la crise de la biodiversité; réponse à un défi et à une nécessité impérieuse. Comme le montre la figure I.5, c’est une discipline de synthèse qui applique les principes de l’écologie, de la biogéographie, de la systématique, de l’anthropologie, de l’économie, de la sociologie, etc., au maintien de la diversité biologique (Barbault, 2008). Elle englobe ainsi le planning, le management et les politiques de protection de la diversité du vivant (Knight & Landres, 2002). Trois principales approches en biologie de la conservation (Figure I.6) que sont l’approche «espèce-population» basée sur les principes de systématique, de l’éthologie et de la génétique des populations; l’approche «habitat-espèce» basée sur les principes de la biogéographie, de l’écologie des communautés et de la phytosociologie; et l’approche «écosystème-paysage» fondée sur les principes de l’écologie des écosystèmes, l’écologie des paysages et les relations homme-nature sont définies par Barnaud (1998). Cet auteur précise que la caractérisation écologique des objets concernés, de l’espèce au paysage, et l’estimation de leur intérêt

constitue l’une des phases capitales de tout programme de conservation. Dans le cadre de cette étude dont la finalité est de pouvoir dégager des orientations de conservation à partir de la caractérisation de la biodiversité du PNR, les principes de la systématique, de la phytosociologie, de l’écologie, de la biogéographie et des relations homme-nature seront appliqués.

Figure I.5: La biologie de la conservation, nouvelle synthèse de nombreuses sciences de base (à gauche) qui fournissent des principes et nouvelles approches au domaine appliqué du management des ressources (à droite). L’expérience dégagée sur terrain influence en retour et oriente les disciplines de base qui structurent la biologie de la conservation (D’après Temple, 1991 in Barbault, 2008).

Figure I.6: Les trois principales approches en biologie de la conservation. Cette dernière utilise des concepts et théories empruntés à l’écologie, ou qu’elle contribue à développer, pour mettre en œuvre des actions concrètes et proposer des méthodologies appropriées pour la conservation de la nature, de l’espèce à l’échelle du paysage (D’après Barnaud, 1998).

L’atteinte des objectifs majeurs que représente la conservation de la nature et de ses ressources nécessite le recours à un ensemble de données scientifiques fondamentales à partir desquelles seront établies un certain nombre de conditions prioritaires qui devront être scrupuleusement respectées (Ramade, 2005). La figure I.7 montre une série d’étapes incluant l’acquisition des connaissances sur l’état des lieux de l’écosystème, l’analyse et la synthèse des données et de l’information, leur intégration et interprétation ainsi que leur application. Ainsi, la conduite de travaux de recherches sur la végétation naturelle peut fournir des informations de nature à contribuer à la préservation de la biodiversité, au maintien des processus écologiques fondamentaux (cycles biogéochimiques, phénomènes de régulation du flux de l’énergie et du cycle de la matière, etc.) et à l’exploitation rationnelle des ressources naturelles. Ces éléments constituent les conditions prioritaires de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) nécessaires pour la mise en œuvre de la protection de la nature et de ses ressources afin d’en assurer une utilisation durable (Ramade, 2005). Plusieurs méthodes peuvent bien entendu être exploitées dans l’étude de la biodiversité en général et des écosystèmes en particulier.

BIOLOGIE DE LA CONSERVATION

Viabilité des processus Viabilité des populations

Approche « espèce-population » Systématique, Ethologie, Génétique des populations Approche « habitat-espèce » Biogéographie, Ecologie des communautés, Phytosociologie Approche « écosystème-paysage » Ecologie des écosystèmes, Ecologie des paysages, Relations homme-nature

Figure I.7: Eléments de base des concepts et méthodes d’acquisition des données, de leur traitement, de leur interprétation et de leur application à la gestion de l’écosystème. Les principales étapes comprennent (1) l’acquisition des connaissances sur l’état des lieux de l’écosystème: identification des données et des informations pertinentes (definition); acquisition de l’information auprès des experts et de tous les intervenants (elicitation); évaluation des données et des informations sur un problème donné (appraisal); (2) l’analyse et la synthèse des données et de l’information; (3) leur intégration et interprétation; et (4) leur application (D’après Coulson et al., 1996 in Coulson et al., 1999).