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VII. DISCUSSION GENERALE

VII.9. Avancées méthodologiques et applicabilité de la thèse

La répartition des espèces dans des groupes taxonomiques, biologiques, écologiques ou de valeur patrimoniale constitue une approche intéressante pour faire le diagnostic des caractéristiques des communautés (Chevalier et al., 2001). Néanmoins, mesurer la biodiversité et comprendre les mécanismes impliqués dans ses variations locales ou régionales en Afrique subsaharienne est une tâche très difficile en raison des biais d’échantillonnage (White & Edwards, 2000a; Küper et al., 2006; Droissart, 2008) et de la complexité des écosystèmes. Un constat est que les localités facilement accessibles sont le plus souvent suréchantillonnées (Droissart, 2008). La méthodologie développée dans cette thèse nous aura permis d’identifier et de prendre en compte ces biais en échantillonnant suivant des itinéraires recoupant la plupart des situations écologiques des communautés végétales du PNR (Figure I.13).

L’aire protégée accusait jusque là très peu d’études détaillées de sa flore et de sa végétation, particulièrement à cause de son accessibilité difficile liée à son éloignement par rapport à Bujumbura la capitale d’une part, et d’autre part suite au contexte de la crise que le pays a traversé depuis 1993. Le Burundi sort à peine depuis 2006 de treize ans de guerre civile. La plupart des sites protégés du pays ne connaissent pas non plus d’études détaillées de leur flore et de leur végétation. En se référant sur le cas des légumineuses récoltées et conservées à l’Herbarium de l’Université du Burundi, Bizuru (2005) a pu mettre en évidence les zones les plus prospectées du Burundi. Il est remarquable que la partie occidentale du Burundi, aux environs de Bujumbura, a été la plus étudiée par rapport au reste du pays dont la Ruvubu. Avec l’appui des approches pluridisciplinaires de la biologie de la conservation, notre étude constitue une première dans l’étude d’une aire protégée au Burundi.

Dans ce travail, des approches diversifiées, comprenant des échantillonnages de la végétation et du sol et des analyses de laboratoire ont été combinées. La caractérisation de la biodiversité du PNR à travers l’inventaire et l’évaluation de sa flore et de ses communautés végétales, l’analyse des traits biologiques, la distribution d’abondance des familles et espèces, l’analyse des déterminants environnementaux de la variabilité floristique ainsi que les biens et services offerts par le PNR revêt un caractère pluridisciplinaire. Cette analyse des qualités écologiques, sociales et économiques de la flore et de la végétation du PNR a fait appel à des domaines divers tels que la systématique, la phytosociologie, l’écologie du paysage,

l’ethnobotanique, la statistique, l’anthropologie, l’ornithologie, la biogéochimie et autres. La démarche pluridisciplinaire permet en effet de mettre en relation des données et des résultats de types différents (Lévêque et al., 2000) et devrait être envisagée et encouragée pour des études similaires d’évaluation et de caractérisation de la biodiversité. Dès lors, les résultats de cette étude serviront d’une part aux services de recherche et de conservation dans la mesure où ils constituent une contribution à la compréhension du système de la biodiversité du PNR et pourront contribuer à l’orientation des programmes de planification de la conservation et de la gestion durable du PNR et du bassin du Nil. Ils permettront d'autre part aux services publics et à leurs partenaires d’avoir des éléments de référence pour la promotion de la gestion durable de la biodiversité du PNR et le développement des communautés riveraines du parc ainsi que du bassin du Nil. Le concept de développement durable passe ainsi par la réhabilitation des écosystèmes, qui doit être faite en collaboration entre les sociétés spécialisées en réhabilitation, les groupes industriels exploitant les ressources, les collectivités locales et les chercheurs (Aronson et al., 2006; Lagrange, 2009). Le schéma (Figure VII.3)que nous proposons donne un aperçu des principales phases à intégrer dans la conception et l’orientation des programmes de planification de la conservation. Cette approche complémentaire à notre étude tient compte des atouts et particularités des aires protégées ainsi que de l’environnement humain, l’homme et la nature étant au centre des préoccupations de la conservation. Elle combine les analyses multivariées intégrant les données de la végétation et de l’environnement collectées sur terrain, les analyses spatiales et les analyses socio-économiques. Les analyses spatiales à partir des photographies aériennes et des images satellitaires permettraient de prospecter les milieux difficilement accessibles, mais aussi de détecter les changements intervenus dans le temps. Ces analyses constituent ainsi, dans l’étude de la dynamique spatio-temporelle de la végétation, un complément aux relevés effectués localement. L’intégration des analyses socio-économiques à partir des enquêtes ethnobotaniques s’avère aussi nécessaire dans la mesure où, selon Aronson et al. (1995), toute politique de conservation doit prendre comme base de réflexion que la population continuera de demeurer la force dominante, autant dans les écosystèmes naturels que dans les agrosystèmes.

Données disponibles Données collectées

Données sélectionnées

Base de données Matrice «relevés»

Matrice «environnement»

Analyses multivariées (Ordination)

- Groupes floristiques - Part explicative de chaque variable environnementale

Interprétation et déductions utiles

Attraction touristique

Composition et structure des communautés végétales Domestication Liste rouge Patrons de distribution Pression anthropique Processus écologiques Tracking de la faune - Données ethnobotaniques - Données tenant compte des aspects socio-culturels Analyses socio-économiques Données spatiales Télédétection SIG Analyses spatiales Données floristiques totales Données floristiques sélectionnées Données Environnementales totales Données environnementales significatives

Figure VII.3: Cadre conceptuel des principales phases à intégrer dans la conception et l’orientation des programmes de planification de la conservation. Cette approche pluridisciplinaire tient compte des atouts et particularités des aires protégées ainsi que de l’environnement humain. L’approche combine les analyses multivariées intégrant les données de la végétation et de l’environnement collectées localement sur terrain, les analyses spatiales avec comme outils la télédétection et les Systèmes d’Information Géographique (SIG), et les analyses socio-économiques à partir des enquêtes ethnobotaniques. Schéma développé par T.Masharabu.

CHAPITRE VIII

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

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VIII. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES