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II. DIVERSITE FLORISTIQUE DU PARC NATIONAL DE LA RUVUBU, BURUNDI40

II.6. Discussion

Les 515 taxons recensés au PNR représentent 17% de la flore vasculaire du Burundi, ce qui nous a poussé à confirmer que la flore du PNR représente une part importante de la flore du Burundi dès los qu’il ne couvre, selon Vande Weghe & Kabayanda (1992), que 1,8% de la superficie du pays (27834km2). Cette flore représente en outre près de 17% de la flore de la mosaïque régionale du Lac Victoria. Les plantes vasculaires sont estimées à plus de 3000 espèces pour le Burundi (Ndabaneze, 1989) et à 3000 espèces dans la mosaïque régionale du Lac Victoria (White, 1993). Les Ptéridophytes sont faiblement représentées au PNR (neuf espèces distribuées dans six familles). Leur diversité en Afrique est exceptionnellement pauvre (Tryon, 1986; Roux, 2009). Le Burundi compte 32 familles de Ptéridophytes distribuées dans 69 genres et 178 espèces (Roux, 2009). Par conséquent, les Ptéridophytes du PNR représentent 5% des Ptéridophytes du pays.

Dans l’ensemble, la flore du PNR représente 5% de la flore d’Afrique Centrale (Burundi, République Démocratique du Congo et Rwanda). Les statistiques des spermatophytes de la flore d’Afrique Centrale établies par Léonard (1994) font état de 9377 espèces. Le Burundi étant confiné entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique Centrale (Bidou et al., 1991), la richesse floristique du PNR représente approximativement 5% de la flore d’Afrique de l’Est. La richesse floristique de cette région est estimée à 11000 espèces par Linder (2001).

Sur base de travaux de mémoires, les chiffres avancés naguère au PNR ne dépassaient pas 300 espèces (Nzigidahera, 2000), ce qui fait que les espèces nouvellement signalées dans le cadre de cette étude représentent 19%. Les familles des Fabaceae et des Asteraceae qui occupent une place de choix au PNR sont aussi signalées par Lisowski (1991) et Léonard (1994) comme étant les plus nombreuses en Afrique Centrale. Les études menées dans plusieurs contrées du Burundi (Lewalle, 1972; Bangirinama, 2010; Habonimana et al., 2010; Hakizimana et al., 2011) mettent aussi en relief la prépondérance des ces familles. La compilation des inventaires des angiospermes récoltés au Burundi et conservés à l’Herbarium de l’Université du Burundi (Ndacayisaba, 2002; Nimpagaritse, 2003; Nkeshimana, 2003) permet de mettre en évidence les principales familles du Burundi: Poaceae (376 espèces), Fabaceae (356 espèces), Asteraceae (230), Rubiaceae (220 espèces), Cyperaceae (213 espèces), Lamiaceae (117 espèces), Euphorbiaceae (112 espèces), Orchidaceae (89 espèces). Nos résultats sont cependant comparés à ceux de Habonimana et al. (2010) sur la forêt claire de Nkayamba et Hakizimana et al. (2011) sur la forêt claire de Rumonge. Pourquoi le choix de ces forêts claires? Cherchant à établir une nomenclature des formations d’Afrique tropicale, la Conférence de Yangambi en juillet 1956, distingue d’une part les formations forestières fermées, d’autre part les formations mixtes forestières et graminéennes et les formations graminéennes (Champsoloix, 1959). Dans ce dernier groupe, on place les forêts claires et les savanes; les caractères les plus constants des savanes et des forêts claires résidant dans le fait qu’elles sont parcourues périodiquement par les incendies (Champsoloix, 1959). Ces deux raisons ont motivé le choix de la comparaison de la flore du PNR à celle de ces forêts claires susmentionnées (Tableau II.4). Les trois séries d’inventaires ont fait objet d’un test2pour vérifier s’il n’y a pas de différence entre la richesse en espèces de leurs principales familles. Ce test a révélé une différence très significatve (p < 0,001) en général (ddl=10). La comparaison par paire (ddl=5) a révélé une différence significative entre la richesse en espèces des principales familles du PNR et celle de la forêt claire de Nkayamba d’un côté et de la forêt claire de Rumonge d’un autre côté, tandis qu’il n’y a pas de différence significative entre ces dernières (p > 0,05). Ces forêts (Rumonge et Nkayamba) sont d’ailleurs cataloguées dans la liste des forêts claires de type Miombo, en témoignent l’importance des espèces typiques du Miombo (Malaisse, 1993; Chidumayo & Kwibisa, 2003; Vancutsem et al., 2006; Malmer, 2007) rapportées par Habonimana et al. (2010) et Hakizimana et al. (2011): Brachystegia boehmii Taub., B. bussei Harms, B. manga De Wild.,

angolensis (Benth.) Hoyle & Brenan. Pour les Rubiaceae, la place qu’elles occupent dans les deux forêts claires corrobore les résultats de Lewalle (1972) dans le Burundi Occidental.

Tableau II.4: Comparaison de la richesse floristique des principales familles du Parc National de la Ruvubu (Masharabu, 2011) à celle des forêts claires de Nkayamba (Habonimana et al., 2010) et de Rumonge (Hakizimana et al., 2011) au Burundi (ddl=10;

76 , 82

2

 ; p < 0,001).

Masharabu (2011) Habonimana et al. (2010) Hakizimana et al. (2011)

Acanthaceae 16 (3%) 3 (4%) 4 (3%) Asteraceae 55 (11%) 6 (7%) 7 (5%) Euphorbiaceae 26 (5%) 7 (8%) 12 (8%) Leguminosae 73 (14%) 16 (19%) 27 (19%) Poaceae 52 (10%) 4 (5%) 5 (3%) Rubiaceae 27 (5%) 16 (19%) 18 (13%)

Quant à la diversité générique, les genres les plus diversifiés au PNR, avec au moins cinq espèces, sont: Crotalaria (dix espèces), Ficus (dix espèces), Vernonia (dix espèces), Acalypha

(sept espèces), Cyperus (sept espèces), Desmodium (sept espèces), Indigofera (sept espèces),

Dioscorea (six espèces), Eriosema (six espèces), Solanum (six espèces), Hyparrhenia (six espèces), Crassocephalum (cinq espèces), Eragrostis (cinq espèces), Spermacoce (cinq espèces). La plupart de ces genres appartiennent aux familles des Leguminosae (Crotalaria,

Desmodium, Eriosema, Indigofera), des Asteraceae (Crassocephalum, Vernonia) et des Poaceae (Eragrostis, Hyparrhenia). Les familles des Leguminosae, des Asteraceae et des Poaceae rentrent dans la catégorie des familles cosmopolites (Lewalle, 1972) à grande plasticité écologique (Lisowski, 1991).

A partir du tableau II.3, il est remarquable que les Leguminosae, les Asteraceae et les Poaceae occupent une place de choix au PNR et au PNA. Il n’y a pas de différence significatve du point de vue de leur richesse en espèces et en genres (p > 0,05), ce qui nous a poussé à accepter que la diversité floristique entre les deux parcs serait similaire suite au fait qu’ils sont situés dans la même entité phytogéographique à la confluence de plusieurs éléments phytogéographiques, dans la moasaïque régionale du Lac Victoria, avec une grande diversité d’habitats. Les inventaires de Troupin (1966) font état de 818 espèces réparties dans 96 familles et 309 genres. Les écarts numériques observés entre le PNR et le PNA seraient dûs

au fait que le PNA compte aussi parmi ses habitats des bosquets xérophiles et des forêts sclérophylles en plus des savanes, galeries forestières et marais (Buda et al., 2005). Les effectifs de Troupin (1966) sont à prendre aujourd’hui avec réserve car la taille actuelle du PNA a été fixée en 1997 à 108500ha après une amputation de près de deux tiers de sa superficie initiale, avec bien entendu des répercussions négatives sur la biodiversité (Buda et al., 2005).