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Getting fucking disaronno

Dans le document Le pied : revue littéraire ; hiver 2015 (Page 45-51)

D A P H N É C H E YE N N E ce soir elle veut croire

à la règle des trois jours juste envie de croire à quelque chose

toute seule avec un verre de disaronno getting funky

je t’en prie getting fucking disaronno

elle ouvre la parenthèse il a l’air riche

ouvre les jambes il est chaud ferme la parenthèse choisis une émoticône un lol

pas de swag elle dit

je te conterai demain et demain arrive comme tous les autres demain à l’heure du lunch lolo lussier et moi

G E T T I N G F U C K I N G D I S A R O N N O – D A P H N É C H E YE N N E de tupperware de beware danger l’entends-tu le sens-tu le temps qui passe lolo lussier le lendemain n’a pas changé sephora, tampax, pizza lingerie sexy

message gmail relu 30 fois analyse de mots

qu’il ne se rappelle même plus avoir dit

de films plates où tout le monde finit par se french kissanywayz

what is life

qu’elle me demande

sans me donner le temps de répliquer elle dit : j’ai de la peine

j’ai même bu un gros verre de disaronno pis c’est quoi ton shampoing toi tes cheveux sont toujours beaux

D’un côté, de la lave en fusion. De l’autre, une rivière infestée de crocodiles. Et des piranhas géants, c’est pas assez dangereux sinon. D’ailleurs, les crocodiles sont enragés, et puis il y a des explosions qui font jaillir de la matière en feu du volcan à gauche.

Bientôt, l’air sera devenu irrespirable. Il faut qu’elle s’échappe de là au plus vite.

Mais, si elle oscille à gauche, ne serait-ce que de quelques millipouces, ses vêtements risquent de s’enflammer, sa peau risque d’être calcinée par les roches enflammées qui crépitent de plus en plus proche d’elle.

Mais, si elle oscille à droite, ne serait-ce que d’une fraction de centimètre, un piranha pourrait se jeter jusqu’à sa main et lui déchiqueter les doigts, un crocodile enragé pourrait lui happer le mollet et l’entraîner au fond de la rivière déchaînée pour la manger.

Entre une mort carbonisée et une mort dévorée, elle hésite. Elle se tient en équilibre sur son mince et temporaire espace de sûreté. Surtout, ne pas basculer de la table. Elle calcule la meilleure issue, hésite, se décide finalement à faire quelques bonds au-dessus de l’eau furieuse avant de traverser le terrifiant volcan.

Elle s’avance à tout petits pas tout au bord du précipice, puis elle s’élance dans les airs, ça y est, elle est partie. Plus souple qu’un chat, plus précise qu’un chamois, elle atterrit gracieusement sur le premier rocher et rebondit aussitôt vers le suivant. Elle saute de rocher en rocher plus agilement encore que Tarzan se balance de liane en liane, il doit d’ailleurs être un de ses cousins éloignés, ça expliquerait ses prouesses hors du commun.

Elle se sent invincible, malgré tous les périls mortels qui l’entourent, malgré le grondement du volcan en furie et le bruit assourdissant de la rivière déchaînée. Pourtant, même si elle arrivait à échapper aux crocodiles enragés et aux piranhas géants, elle se retrouverait aussitôt broyée par la force du courant ou elle finirait démembrée au fond d’une

L’aventurière

chute d’eau. Mais elle est capable de tout, regardez-la donc aller si fièrement, si vaillamment, regardez-la, la fille sauvage, qui pourrait avoir grandi parmi les loups.

Un bruit dans la pièce d’à côté la paralyse soudain en plein saut, elle rate son atterrissage, trébuche, essaye en vain de se retenir à la chaise. L’objectif final qui devait la sauver s’écroule à la place dans un grand fracas sur le carrelage. Elle se roule aussitôt en boule sur elle-même, essaye de se faire toute petite, insignifiante, elle retient son souffle très fort. Ne pas faire de bruit surtout, se fondre dans le décor, se faire carrelage, ne plus exister.

C’est une grande aventurière, mieux qu’Indiana Jones, Zorro et Superman réunis. Catwoman? Pfff, une mauviette à côté d’elle. Mieux que Bob Morane même, le vrai héros de tous les temps. C’est une grande aventurière, mais la lave en fusion, les crocodiles enragés, les piranhas géants, ce n’est rien à côté de Maman qui hurle. C’est beaucoup plus facile de se propulser de rocher en rocher entre un volcan en pleine éruption et une rivière de bêtes carnivores que d’éviter les plats, les ustensiles et les bouteilles vides que Maman jette à travers la maison. Elle commence à avoir l’habitude, pourtant. Elle est devenue assez bonne pour anticiper la direction des couverts, mais elle se fait encore avoir parfois par les courbes que prennent les assiettes ou par les éclats de verre. Et surtout, elle n’arrive jamais vraiment à prévoir les trajectoires de la colère.

Elle essaye de se dire que c’est pas mal non plus, comme entraînement de super héros.

Canope

M A T H I E U B I B E A U L E B L A N C

gouffre de promesses décadentes ses linceuls en sanglante hécatombe structure en nécrose

souveraine terre de déclins l’impétuosité de tes chairs châtiées occulte nos déviances

mère souillée de nos saisons ta nimbe d’injures

n’accouche plus des mots elle les avorte

copulation d’organes dégénérés les infections complotent notre génocide en fermentation dynastie de nécrophiles perpétrant un inceste entêté

attendez-vous de votre stérile engendrement qu’il soit la thériaque de son terreau

Dans le document Le pied : revue littéraire ; hiver 2015 (Page 45-51)

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