• Aucun résultat trouvé

1.2. À la recherche du point-source

1.2.1. Le gang dans l’histoire

L’exode rural des Maori est sans aucun doute le paramètre déterminant à prendre en compte lorsqu’il est question de retracer la genèse du gang. À cela s’ajoute un nœud de facteurs contingents, dont la jeunesse de la population maori, donnée constante depuis l’après-guerre. Le taux de natalité en 1955 était de 46,6 Maori pour 1000 nouveaux nés contre 26 chez les Pakeha.75 La population urbaine était donc relativement jeune. La donne n’avait guère changé en 1988 : 63% de la population maori avait moins de 25 ans.76 D’après le recensement de 2006, l’âge moyen des Maori résidant dans la région de Wellington était 23,1 ans.77 L’éducation des jeunes Maori urbains est une préoccupation sociale majeure depuis la prise de conscience de l’existence des gangs dits « patchés ».

Les premiers actes de délinquance isolés attirèrent seulement l’attention des aînés, inquiets que le prestige maori s’en retrouve souillé. Les Bodgies et Widgies monopoli- saient alors l’attention. La délinquance juvénile maori était quant à elle assimilée à une phase de transition, ou lue en des termes psychologisants au détriment de l’analyse socio- économique. Le flux migratoire des campagnes à la ville n’en fut pas freiné. Les infrac- tions à la loi furent d’abord traitées par ce qui fut surnommé des « tribunaux maori » (« Maori courts ») qui n’imposaient pas la présence d’avocats, d’un juge et de jurés. Les « tribunaux maori » faisaient plutôt l’objet d’une démarche pédagogique où il convenait de rappeler à l’ordre le fautif pour mieux l’orienter vers la légalité. Alors que les premiers délits perdirent leur aspect éphémère pour devenir des habitudes, les Maori répondaient toujours à la demande relative à l’industrialisation du pays et continuaient à affluer dans les villes pour fournir la force de travail nécessaire. Porirua avait ses abattoirs ; Lower Hutt proposait sa savonnerie et son usine de sodas et d’embouteillage.

75

King, Michael, Maori, a Photographic and Social History, Auckland, 1983, 1996, p.261.

76

Projet Waitangi, op.cit., 1988, p. 12.

77

117

Les gangs sont effectivement apparus dans un contexte économique keynésien où le gouvernement interventionniste s’engageait à assurer le plein emploi. Il va sans dire qu’un contrat d’embauche n’exclut en rien la production d’inégalités. En 1951, 33% des Maori travaillaient dans l’agriculture et 23% occupaient un poste dans les manufactures. 3,36% des salariés maori obtenaient un salaire annuel de 700£ ou plus, par opposition à 18,6% des travailleurs européens.78 Cinq ans plus tard, 26,29% de la force de travail pa-

keha étaient employée dans le tertiaire, contre seulement 6,56% des Maori.79 Le discours assimilationniste fut une nouvelle fois envisagé comme l’antidote adéquat. Le Hunn Re-

port de 1961 déclarait que dans moins de deux générations, les Maori seraient « totale-

ment intégrés ».80 Il en allait de leur survie. Pour ce faire, la politique du pepper pot était préconisée. Elle consistait à intercaler les familles maori et européennes afin d’éviter toute ghettoïsation et accélérer l’intégration des nouveaux citadins. Comme nous l’avons déjà mentionné, Hunn voulait avant tout écarter les éventuels risques de ségrégation et voyait dans le biculturalisme une division à surmonter.

Si le Hunn Report constitue un repère dans l’histoire des relations Pakeha-Maori, Jack Hunn n’a fait que publier des projets de longue date. Dès 1906, le leader maori Maui Pomare, qui employa toute son énergie dans la lutte pour améliorer le sort des Maori, affirmait : « Il n’y a pas d’autre choix que de devenir un Pakeha ».81 L’exode rural et son dérivé intégrationniste étaient encouragés par le gouvernement, comme le Conseil Maori qui exposait ses vues pour l’avenir dans son bulletin d’information :

Le vrai Maori du futur n’est pas celui qui habite une vieille baraque dans un pa [village] perdu ; ce n’est pas celui dont les enfants gambadent en guenilles et dont la femme lave son linge dans le jardin. Le vrai Maori est celui qui vit à deux pas et emprunte le même bus que vous ; son fils est le chef de la fanfare du coin ; sa fille a eu de meilleurs résultats scolaires que la vôtre l’année dernière. Voilà les Maoris que les Pakehas doivent apprendre à connaître. Ce sera le peuple qui mettra à l’épreuve les relations interraciales.82

78

King, Michael, op.cit., 1983, 1996, p.261. La livre sterling était la devise utilisée jusqu’à ce que le Deci-

mal Currency Act de 1964 annonce le passage au dollar néo-zélandais pour l’année 1967.

79

King, Michael, op.cit., 2003 p.476.

80

Hunn Report, op.cit.,1961, p.14.

81

King, Michael, op.cit., 1983, 1996, p.161.

82

« The real Maori of the future is not one living in an old shanty in some remote pa; it is not the one

118

Il fallut atteindre la Renaissance maori des années 1970 pour que ce projet em- preint de darwinisme social (puisqu’il s’agit d’imiter le plus fort dans une logique de sur- vie) soit violemment critiqué. Le grand drame du rapport est qu’il avait l’avantage de proposer un projet commun, mais de manière unilatérale. Il s’inscrivait peut-être avant tout dans la veine rousseauiste du contrat social, sauf que le consentement des Maori était posé comme une nécessité naturelle et non un accord donné au préalable. Comme l’écrit le philosophe Alain Badiou : « le pacte originel est le résultat d’un « comportement una- nime ». S’il y a des opposants, ils sont purement et simplement extérieurs au corps poli- tique, ce sont « des étrangers parmi les citoyens » ».83

Les mouvements politiques des années 1970 dénoncèrent la pression insoutenable générée par le matraquage assidu de ce modèle astreignant. Les visées égalitaires formu- lées entraient en conflit avec les inégalités factuelles, à commencer par le problème du logement qui était apparu dès le premier flot migrateur. Il fut accueilli à titre temporaire dans des camps de travailleurs ou des auberges avant que les premières habitations ne soient bâties à la périphérie de Wellington ou que les travailleurs maori ne commencent à se concentrer dans les quartiers ouvriers de Lower Hutt ou de Newtown. Avec la cons- truction de nouvelles résidences à bon marché, il était plus avantageux pour les proprié- taires d’acheter une nouvelle demeure que de réparer leurs ancien domicile. De nom- breuses familles maori vinrent s’installer dans des maisons vétustes rafistolées. La confi- guration géographique de la capitale, encaissée entre eaux et collines et occupée en partie par les bâtiments des différents ministères, posa également un problème majeur à leur hébergement et à la politique du « pot de poivre ».

Quelle que soit l’ethnie de leur voisin, les premiers migrants restaient générale- ment très attachés à leur milieu rural d’origine. Or les enfants furent très vite tiraillés entre le foyer rural évoqué avec affection par les parents et l’espace urbain imposé comme leur demeure à bâtir. La balance semblait pencher pour la deuxième option puisque dans les pa les aînés pestaient contre le peu d’intérêt qu’éprouvaient les jeunes

Maori is the one who lies down the road and goes to work on the same bus as you; whose son is the local bandleader; whose daughter beat your girl at school last year. These are the Maoris whom the Pakeha has to get to know, the people with whom race relations will be tested ». New Zealand Maori Council Newslet- ter in King, Michael, op.cit., 1983, 1996, p.4. Pour plus de fidélité au texte d’origine, nous avons conservé

le « s » à Maori.

83

119

pour la tradition maori qu’ils considéraient comme un protocole lourd et inutile entravant la bonne marche de leurs plaisirs.84

La question du déplacement de la population indigène dans les villes était traitée sur un mode mécaniste puisqu’il était décrété qu’en habitant les villes, les Maori devien- draient automatiquement des « Pakeha à la peau brune » (brown faced Pakeha). Nulle autre relation de cause à effet ne semblait être envisagée. L’école devait jouer ce rôle clé d’agent niveleur des inégalités. Les milieux scolaires correspondaient à ce que Hunn ap- pelait la « pépinière de l’intégration » (the nursery of integration). Cela dit, c’est la re- cherche de travail qui déclencha l’exode rural. Une éducation à l’européenne, même s’il était alors question de devenir Pakeha, passait au second plan.

Le psychologue James E. Ritchie a consacré une grande partie de ses recherches aux méthodes d’enseignement et aux pratiques pédagogiques maori. Traditionnellement, l’enfant maori était tenu d’explorer les alentours pour en tirer ses propres connaissances. Transposé dans un milieu urbain, ce terrain à explorer était déjà investi par les gangs eu- ropéens, tandis que le discours du maître d’école, « sujet supposé savoir »85

par excel- lence, passait pour superflu. Harry Tam se souvient : « J’ai grandi à Newtown. Les en- fants disparaissaient du jour au lendemain à l’école ».86 Newtown a aujourd’hui la réputa- tion d’un quartier cosmopolite. Lors de l’enfance du Mobster, le quartier était délabré et de nombreux habitants étaient maori. Tam indique par là que les jeunes habitants de Newtown désertaient complètement le milieu scolaire.

À l’échelle nationale, 76% des Maori avaient quitté le système scolaire sans le moindre diplôme reconnu en 1979.87 Seuls des emplois mal rémunérés demandant peu de qualification se présentaient à eux, ce qui contribua à l’implantation de ce que Ranginui Walker appelle le « prolétariat marron » (brown proletariat) et Moana Jackson la « racia-

lisation de la pauvreté » (racialisation of poverty). Soucieux d’un avenir plus confortable

84

Voir Metge, Joan, op.cit.,1964, pp.198-199.

85

En psychanalyse, le concept de sujet supposé savoir correspond à un individu investi d’un mandat sym- bolique comme médecin, analyste ou professeur sensé transmettre la vérité aux autres sujets.

86

« I grew up in Newtown. People just disappeared at school ». Interview du 3 novembre 2011. Le quartier de Newtown fut le quartier le plus défavorisé de la capitale. Il s’est par la suite embourgeoisé tout en con- servant sa diversité culturelle.

87

« Grim warning from lecturer », The Christchurch Star, 4 décembre 1979, Gangs 1979-1981, National

120

et parfois titulaires de diplômes, les enfants d’ouvriers européens avaient déjà commencé à quitter Naenae, Petone et Tawa pour s’installer dans les quartiers résidentiels tels que Johnsonville. Il est vrai que certaines familles maori atteignirent également la classe moyenne. Elles étaient par contre fortement minoritaires car l’école n’a pu assurer la fonction qui lui était assignée. Il ne s’agit pas tant de l’échec de l’institution en soi que du naufrage de la foi inébranlable que lui avait accordé le Hunn Report. L’école ne pouvait donc plus être considérée comme le vecteur infaillible assurant la mobilité socioécono- mique.

Le sociologue américain Robert K. Merton – dont les théories sur les subcultures délinquantes continuent d’exercer une influence considérable en criminologie – explique que lorsque les moyens empêchent la fin, il convient de les réinventer. La tension entre réussite sociale et les chemins pour y parvenir débouchent parfois sur un rejet total des objectifs à atteindre et peuvent aussi produire l’effet inverse, à savoir une obsession d’y arriver se traduisant par le recours à des pratiques illégales. Mark déclare : « Tu peux gagner 1000 balles en dealant une heure. Certains préfèreront bosser quarante heures, d’autres franchiront la ligne. »88

La vente de drogue n’est qu’une image illustrant cette conception utilitariste de la délinquance. Aucun réseau de distribution organisé n’existait à l’époque. En revanche, le Hunn Report fait état des vagues de délinquance avec la com- parution devant le tribunal de 4,75% des Maori de Wellington et celle beaucoup plus alarmante de 16% de la population maori d’Auckland. Aucune mention de l’apparition de gangs de rue n’est faite.

Dans son étude de cas sur Auckland, l’anthropologue Joan Metge constate par contre au début des années 1960 que les jeunes Maori qualifiaient volontiers leur cercle d’amis de « gang ». Le terme était alors dépourvu de toute connotation criminelle. Les origines tribales ou les liens familiaux comptaient peu. Des « gangs » se composaient, se décomposaient et se recomposaient en fonction des centres d’intérêts de l’individu et du groupe, qu’ils soient sportifs ou artistiques. Certains de ces groupes conservaient un atta- chement à la culture maori en faisant partie de clubs culturels. D’autres observateurs constataient l’influence grandissante du rock’n’roll. Les recettes des ventes de disques américains sont passées de 18 millions de dollars néo-zélandais entre 1931 et 1951 à 640

88

« You can make 10 grands for dealing one hour. Some people would rather work 40 hours, others would

121

millions en 1961 pour atteindre les 1744 millions dix ans plus tard.89 Des waiata (chants traditionnels) étaient alors entonnés sur ces nouveaux rythmes, ce qui distinguait les jeunes Maori des villes (qui s’appropriaient l’espace culturel pakeha et réinventaient la tradition) de leurs parents. Des groupes festifs enthousiastes face à cette nouveauté musi- cale se retrouvaient. Ritchie remarque également à la même période qu’ « il n’y [avait] pas de gangs au sens de groupe à structure permanente avec une hiérarchie, un statut et des rangs particuliers, un critère d’exclusivité ou le maintien d’un code spécial ».90

D’après nos entretiens avec les premiers membres de Black Power et de Mongrel

Mob, les gangs maori de Wellington semblent avoir débuté ainsi. On peut alors parler de

phase pré-gang car les codes des deux rivaux n’étaient pas encore figés. Black Power revêtait encore la couleur rouge, et ce jusqu’à 1977. Sur les premiers patchs du gang se trouvait un poing noir encerclé d’une flamme rouge, couleur des Mongrels. Les membres des deux gangs partageaient même un appartement dans le quartier de Te Aro. La rivalité est apparue ultérieurement. Harry Tam raconte :

Mais où tu crois que j’ai rencontré Denis [O’Reilly] ? Les gens étaient dans un gang un soir, et dans un autre le lendemain. Avant on sortait ensemble, on buvait ensemble, on sortait avec les mêmes femmes.91

La version de Denis O’Reilly ne diffère pas. Les gangs qu’il a vu naître n’étaient apparemment que des groupes de jeunes qui cherchaient à s’amuser en buvant et en chan- tant ensemble. La violence existait déjà mais les bandes se heurtaient le plus souvent à des groupes de skinheads. O’Reilly est devenu Black après être intervenu dans une ba- garre opposant des suprématistes blancs au gang maori sur le parking de la station service où il travaillait. Il se destinait alors à entrer dans les ordres et avait quitté son Île du Sud natale pour intégrer le séminaire de Wellington. Il constitue un cas unique dans l’histoire

89

Harker, David, One for the Money, Hutchinson, 1980 in Newbold, Greg, op.cit., 1992, p.100.

90

« There are no gangs in the sense of permanently structured group with leadership, status, and special-

ised ranks, or of the membership criteria, exclusiveness, or the maintenance of a special code ». Ritchie,

James E., The Making of a Maori, A Case Study of a Changing Community, Wellington, Auckland, 1963, p.187.

91

« Where did you think I met Denis? People were in a gang one night and in another one the day after.

122

des gangs maori, et même mondiaux. Il y a effectivement de fortes chances pour qu’O’Reilly soit le seul membre de gang à souhaiter devenir prêtre avant d’obtenir son patch. Son récit biographique souligne dans une certaine mesure la contingence radicale qui caractérise le parcours du membre de gang maori ordinaire.

Bien que répertorié comme « gang ethnique », la camaraderie passait et passe tou- jours avant les origines ethnoculturelles. L’activiste maori Dun Mihaka, qui allait devenir célèbre pour avoir insulté le Prince Charles et la Princesse Diana en exhibant ses fesses (injure traditionnelle nommée whakapoane) lors de leur visite en Nouvelle-Zélande de 1983, avait demandé dix ans plus tôt à Denis Newport, alors leader de Black Power, d’exclure, en référence à O’Reilly, le « diable blanc qui siégeait parmi eux ». Mihaka s’était en effet imprégné de rhétorique panafricaine et ne pouvait comprendre pourquoi un groupe baptisé Black Power acceptait, sans se méfier, les Européens. Newport rétor- qua qu’O’Reilly était de son côté, contrairement à Mihaka.92

Les rapports amicaux formaient le nerf des premiers gangs maori de Wellington. Le crime et son potentiel lucratif n’organisaient pas la vie du groupe même si ses membres s’étaient parfois rencontrés dans des centres de redressement pour jeunes délin- quants. Cette expérience contribua à resserrer les liens entre détenus juvéniles tout en exacerbant leur mépris pour l’ordre et l’autorité des villes. Les gangs furent identifiés à une famille de substitution – ce qu’O’Reilly appelle une « whanau par défaut »93 – pour compenser la perte de l’autorité familiale traditionnelle.

Les délits des membres de gangs n’étaient pas commis au nom d’une organisa- tion. Ils correspondaient plutôt à des actions spontanées dans une logique de chasse à l’ennui. Comparés à leurs futures activités, les motifs des premières poursuites engagées contre les affiliés à Black Power paraissent tout à fait dérisoires : coup d’épaule asséné au gérant d’un pub ou jet d’un « gobelet de milk-shake quasiment plein par l’entrée d’une

92

« In 1973 or thereabouts I remember an instance in Hopper St Newtown. We had just had a big street

fight and were milling around. Dun Mihaka had arrived. He was just out of prison and was full of Ameri- can Black Power rhetoric. He saw me and started going on about the “white devil in our midst” and so forth. I thought I was going to get smashed over. The BP (Black Power) leader of the day, Denis Newport, said “Hey Dun, he’s with us, you’re not” ». Anecdote obtenue dans Mullany, Mathew Jack, op.cit., octobre

2010, p.52.

93

« …a defaut whanau » O’Reilly, Denis, « Looking After our Patch », septembre 2009, < http://werewolf.co.nz/http://werewolf.co.nz/2009/09/looking-after-our-patch/ >.

123

épicerie ».94 Les troubles à l’ordre public constituaient les premiers chefs d’accusation des gangs maori de Wellington, au même titre que les vols, et plus particulièrement ceux de voitures. Ces appropriations illégales de véhicules n’étaient que temporaires. D’après les témoignages d’époque, seule l’envie de se rendre à telle fête ou tel évènement moti- vait le délit. Il ne s’agissait en rien d’un trafic organisé mais bel et bien d’actes irréflé- chis. La violence et les délits montèrent d’un cran lorsque la conjecture économique vint contrarier la politique du plein emploi jusqu’alors en vigueur.

Deux évènements affectèrent le paradigme socioéconomique en place au début des années 1970. Les économistes néo-zélandais ont surnommé l’interruption de la pros- périté matérielle d’après-guerre « la fin du climat doré » (traduction littérale de the end of

the Golden Weather).95 Jusqu’à l’entrée de la Grande Bretagne dans la Communauté Économique Européenne, les Néo-Zélandais chantaient encore God Save the Queen dans les salles de cinéma. Le traumatisme fut autant un coup porté à l’identité nationale, vécu comme un abandon, qu’un désastre socioéconomique car ce lien avait été consolidé par l’exportation de biens produits en Nouvelle-Zélande. L’Europe devenait le partenaire économique privilégié des Britanniques et la Nouvelle-Zélande perdait son marché le plus important. La classe ouvrière fut la plus vulnérable. Le choc pétrolier de 1973-1974 frappa le pays encore plus durement. Le prix du pétrole fut quadruplé. La plus-value de 161 millions de dollars réalisée de 1972 à 1973 se transforma en un déficit de 1390 mil- lions en 1974.96 La mort prématurée du Premier Ministre travailliste Norman Kirk mêlée à l’insatisfaction due à la crise propulsa le parti National au pouvoir en 1975. Avec un

Documents relatifs