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Généralités : principales pathologies en relation avec le tabagisme dans la population générale

III- PHYSIOPATHOLOGIE DU TABAGISME CHEZ LA FEMME

1. Généralités : principales pathologies en relation avec le tabagisme dans la population générale

La consommation de tabac représente la première cause de décès évitables dans les pays développés. En France, en 2004, le nombre total de décès attribués au tabagisme est de 73 000 dont 59 000 chez l'homme et 14 000 chez la femme ce qui correspond à 22 % de la mortalité masculine et 5 % de la mortalité féminine. L'excès de risque encouru par un fumeur est fonction à la fois de sa consommation moyenne quotidienne et de l'ancienneté de son tabagisme [14].

Une trentaine de pathologies sont influencées par la tabagisme, qu'il en représente la cause principale ou l'un des facteurs de risque, plus particulièrement en cardiologie, cancérologie et au niveau de la sphère respiratoire (figure 13) [4].

Figure 13 : Mortalité attribuable au tabagisme en France en 2004 par sexe et cause, et par sexe et âge [14]

1.1. Tabagisme et cancers

1.1.1. Cancers broncho-pulmonaires

Le tabagisme est le principal facteur de risque des cancers bronchiques. En effet, un fumeur présente 30 fois plus de risques de développer un cancer broncho-pulmonaire par rapport à un non- fumeur [15]. Il s'agit du deuxième cancer le plus fréquent chez l'homme et le troisième chez la femme [16], mais la fréquence tend à décroître dans la population masculine et au contraire à augmenter dans la population féminine. Le risque de développer un cancer broncho-pulmonaire est proportionnel à la dose de tabac consommé et proportionnel à la puissance 4 ou 5 à la durée du tabagisme. Le bénéfice à l'arrêt du tabac, en diminuant la durée de la consommation, est donc important [14].

1.1.2. Cancers des voies aérodigestives supérieures

Le tabagisme seul ou associé à la consommation d'alcool favorise les cancers localisés au niveau de la cavité buccale, du pharynx, du larynx et de l'oesophage [4] [15].

1.1.3. Cancers de la vessie

La consommation de tabac multiplie par 3 le risque de développer un cancer de la vessie. Environ un tiers de ces cancers serait ainsi attribué au tabagisme [4].

1.1.4. Autres cancers

Le tabagisme favoriserait également les cancers du rein, du pancréas, du foie, colorectal, ainsi que le cancer du col de l'utérus et du sein chez la femme [15].

1.2. Tabagisme et pathologies cardiovasculaires

Le tabagisme est un facteur de risque cardiovasculaire majeur. En effet, il est responsable d'une augmentation du risque de développer des pathologies coronariennes comme l'infarctus du myocarde et l'angine de poitrine, d'artériopathie oblitérante des membres inférieurs, d'accidents vasculaires cérébraux et d'hypertension artérielle. A noter que plus de 80 % des sujets présentant un infarctus du myocarde avant 45 ans sont fumeurs. Par ailleurs, ce risque cardiovasculaire est présent sans seuil d’intensité ou de durée de consommation, y compris pour des consommations modérées ou faibles, et en cas de tabagisme passif.

Parmi les mécanismes expliquant le retentissement au niveau cardiovasculaire du tabagisme, la thrombose et le spasme artériel occupent une place importante. Le tabac est en effet un facteur thrombogène par augmentation de l'agrégation plaquettaire, du taux de fibrinogène et de la viscosité sanguine. Les spasmes artériels sont favorisés par une altération de la vasomotricité artérielle endothélium-dépendante. Par ailleurs, le tabagisme est associé à une diminution du HDL- cholestérol et à une augmentation du LDL-cholestérol et des marqueurs de l'inflammation. Les radicaux libres responsables d'une augmentation du stress oxydatif jouent aussi un rôle prépondérant dans ces mécanismes pro-athérogènes et pro-thrombogènes. En effet, en diminuant les taux de NO et en augmentant ceux de peroxynitrites, les radicaux libres favoriseraient le dysfonctionnement endothélial, la peroxydation lipidique, l'inflammation et la dysfonction plaquettaire notamment. La nicotine serait à l'origine de modifications mineures de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle systolique en favorisant la libération des catécholamines dans les secondes qui suivent l'inhalation de la fumée. Le monoxyde de carbone est quant à lui facteur d'hypoxie tissulaire [17].

1.3. Tabagisme et sphère respiratoire

1.3.1. Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Le tabagisme est la principale cause de BPCO. En effet, il serait responsable d'environ 85 % d'entre elles. Cette pathologie est caractérisée par la présence d'une limitation des débits aériens non totalement réversible. Cette limitation est généralement d'apparition progressive et associée à une

réponse inflammatoire anormale aux toxiques. L'irritation bronchique chronique induite par le tabagisme provoque une hypersécrétion de mucus associée à une altération de la clairance muco- ciliaire. La toux et les expectorations deviennent alors les seuls moyens d'élimination des sécrétions qui obstruent les voies respiratoires. Par ailleurs, le tabagisme est à l'origine d'un remaniement de l'architecture bronchique distale avec un élargissement anormal et permanent des espaces aériens au-delà des bronchioles terminales associé à une destruction des parois alvéolaires : c'est l'emphysème. Par la suite, une des complications possibles est l'hypertension artérielle pulmonaire avec retentissement sur le cœur droit [15] [4].

1.3.2. Asthme

Le tabagisme est un facteur de non-contrôle de la pathologie asthmatique. Il est responsable d'une augmentation de la fréquence des exacerbations, d'une augmentation du recours au traitement d'urgence et d'une diminution de l'efficacité des corticoïdes. Par ailleurs, l'exposition au tabagisme in utero est un facteur de risque de survenue d'un asthme plus précoce chez les enfants [15].

Chez la femme fumeuse, le tabagisme présente les mêmes effets néfastes que chez l'homme avec par ailleurs une toxicité spécifique sur les organes de la reproduction notamment les seins, les ovaires et le col de l'utérus, une altération esthétique (vieillissement cutané, rides, pathologies buccodentaires), une interaction avec la contraception et des retentissements sur la fertilité, la grossesse et la ménopause. Nous allons développer ces effets dans les parties qui suivent.