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Fig. 31 – Tésinac sur la Carte de Cassini

Dans cette partie, nous allons étudier l'ascendance de notre homme de référence, Benoît Charles Joseph Tézenas, plus communément appelé Charles. Ce dernier a évolué aux côtés de son père, Jacques Joseph Tézenas, dans le domaine de la rubanerie mais, comme nous allons le voir, la famille Tézenas a occupé diverses fonctions au cours des siècles précédents, et notamment au sein de l'industrie des armes, la première et la plus florissante de la ville.

Si l'on en croit Émile Salomon et un certain nombre d'autres sources, reprises par Paul Tézenas du Montcel, les Tézenas seraient originaires du hameau de Tézenas ou Thézenas,

aujourd'hui Thézenac, près de Bas-en-Basset, en Haute-Loire170. Cependant, rien n'accrédite

réellement cette thèse et d'autres, toutes plus farfelues les unes que les autres, prennent alors corps parmi les membres de la famille. Ainsi, Paul Tézenas du Montcel fait sarcastiquement référence à diverses légendes familiales, l'une faisant descendre les Tézenas d'une grande famille

normande171, l'autre d'une famille espagnole de la région de Bilbao. D'autres membres de la famille

veulent voir, par l'apport de savants numismates, dans le patronyme de Tézenas une origine

remontant à l'époque grecque où, lors des IIIe et IVe siècles, certains rois éthiopiens portaient le nom

d'Azana ou Tazana172. Tout cela n'est très certainement que pure invention, comme le pense déjà le

père de Paul, mais nous avons malgré tout décidé avec ma camarade Coralie Dubos de pousser plus

170Les châteaux du Forez d'Émile Salomon, Tome II, p.233.

Le nobiliaire du Velay et de l'Ancien diocèse du Puy de Gaston de Jourda de Vaux, Tome VII, 1924, p.155.

Sur la carte de Cassini, le lieu-dit se nomme « Tésinac » et constitue le siège d'une paroisse.

171Cette théorie est reprise dans l'article intitulé À propos de la maison Tézenas du Montcel : notes et compléments sur

une dynastie forézienne ou comment la petite histoire contribue à la grande d'Hervé Pillot-Chanteloube, in Bulletin du Vieux Saint-Étienne n°152, 4e trimestre 1988, pp.84-87, qui sera présenté en annexe de ce mémoire.

loin les recherches concernant la famille normande qui aurait porté ce patronyme. Ne sait-on jamais ?

On trouvera, au fil du temps, le patronyme orthographié Tézenas, Thézenas et parfois même Tésenas ou Thésenas. La particule « du Montcel » ne sera ajoutée que plus tardivement. Je reporterai systématiquement dans le mémoire le patronyme donné à l'enfant lors de sa naissance ou de son baptême. J'ai pris la décision de remonter la généalogie à partir de Charles jusqu'à la plus lointaine génération dont on peut affirmer l'existence. Pour plus de compréhension, nous utiliserons par moment un procédé que l'on retrouve dans les archives qui veut que l'on nomme l'époux du couple par un double nom comprenant son nom de naissance accolé à celui de son épouse.

Les signes d'appartenance familiaux

Les Tézenas possèdent des armoiries ainsi qu'une devise, signes d'appartenance à une lignée.

Leur blason se blasonne : « D'azur à deux lances d'argent, passées en sautoir, cantonnées de quatre croissants du même, au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or. » D'après le Répertoire héraldique, ou Armorial général du Forez de L.-Pierre Gras, ce blason est déjà porté par la

famille lorsque le roi convoque l'arrière-ban en 1689173. Il apparaît sur

divers édifices et notamment sur le domaine du Montcel et sur la maison que la famille possédait rue Roannelle à Saint-Étienne.

Leur devise, à l'image des devises nobles, est Deo dante nihil potest

invidia174. D'après Madame Gareil, notre professeur de latin, cette devise pourrait se traduire par Par

la grâce de Dieu, la jalousie ne peut rien. À mon sens, ils sous-entendent ici que la jalousie qu'ils font naître chez les autres de par leur ascension sociale, ne peut rien contre eux puisque Dieu les protège175.

173Répertoire héraldique, ou Armorial général du Forez de L.-Pierre Gras, 1874, p.246 – disponible sur Gallica. Cette année-là, comme en 1674, Louis XIV ordonna à tous les nobles, barons, chevaliers, écuyers, et autres non nobles, communautés et autres vassaux, de se trouver en armes au jour et au lieu qui leur seroient désignés par le gouverneur & lieutenant général de sa majesté en leur province, pour aller joindre le corps des troupes sous la conduite du chef qui seroit choisi d'entre eux, afin de les commander suivant la forme accoûtumée (Encyclopédie ou

dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, article « ban et arrière-ban »).

174Cette devise apparaît dans les armoriaux de Gras et de Rietstap ainsi que dans Histoire de Saint-Étienne de Claude- Philippe Testenoire-Lafayette, 1902, p.239. Ce dernier fait remonter la famille à une lignée de magistrats vivants avant 1388.

175Madame Gareil propose deux interprétations :

- Une famille mise à l'écart de la société par les métiers exercés par ses membres, par la religion à laquelle elle a appartenu, par des affaires dans lesquelles elle a été impliquée ;

- Une famille qui possède beaucoup de biens, qui est proche du pouvoir politique, religieux ou judiciaire et qui fait donc des envieux.

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