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Cette dernière génération connue est source de bien des fantasmes et la filiation que nous présentons reste très hypothétique. En effet, si l'on en croit bon nombre d'écrits, familiaux comme

l'ouvrage de Paul Tézenas du Montcel mais aussi scientifiques536 comme ceux de La Tour Varan ou de

Delavenne, les parents de nos deux frères Martin et Marcellin seraient Pierre Tézenas et Germaine Mathevon de Curnieu. Rien que ça...

Eh oui, les Mathevon de Curnieu ! Une grande famille de la noblesse ligérienne. Pourquoi pas après tout, cela permet à tout le monde de considérer par ce biais que les Tézenas était une famille noble dès cette époque et ainsi, justifier l'ensemble de ces théories fumeuses vues précédemment.

Heureusement, certains historiens ont remis en cause cette théorie et en proposent une

autre, qui est celle que j'ai conservé ici. Selon Pouzols-Napoléon537, l'acte selon lequel un certain

Pierre Thézenas aurait épousé une Germaine Mathevon de Curnieu en 1604 n'a, semble-t-il jamais existé. La filiation paraît, de plus, très capillotractée puisque Martin et Marcellin, censés être leurs fils, sont déjà majeurs et même mariés en 1617, soit 13 années plus tard. Enfin, comme nous l'avons vu, les origines sociales des Thézenas, marchands couteliers semblent tout bonnement empêcher une telle alliance. Concernant cet acte de 1604, soit disant authentique, dont parlent tout un tas de livres dont celui de Paul Tézenas du Montcel, Pouzols-Napoléon nous raconte même l'histoire de Ferdinand Frécon qui s'enquit de son existence auprès d'Émile Salomon en 1916 qui lui répondit la chose suivante : « Monsieur Tézenas du Montcel n'a pas les contrats de mariage Tézenas-Mathevon de Curnieu et La Veuhe. Ces deux pièces ont été fournies par La Tour-Varan qui les mentionne peut-

être dans son Armorial et Généalogies ? »538. De La Tour-Varan, un historien qui s'avère incapable de

citer justement une date de mariage auquel il a lui-même assisté... Il y a là largement de quoi être sceptique, pour ne pas dire suspicieux.

Ainsi, Pouzols-Napoléon en première ligne, va déduire de ses recherches dans les actes de baptême des enfants de Martin et Marcellin que leurs parents ne sont autres que Georges Thézenas, maître coutelier de Saint-Étienne, et Catherine Jollivet, que l'on retrouve marraine de ses deux premiers petits-enfants, tous deux prénommés Pierre, l'un, de Martin, né en 1620, l'autre, de Marcellin, né en 1623. Face à elle, dans les deux cas, le parrain est le père des sœurs de La Veuhe, Pierre de La Veuhe, ce qui laisse supposer de manière assez précise qu'il s'agit là du grand-père maternel et de la grand-mère paternelle. Cette thèse semble donc bien plus plausible, s'appuyant sur de réelles déductions archivistiques, bien qu'il faille la prendre avec des pincettes car rien ne nous permet de l'affirmer comme véridique à l'heure actuelle.

536Qui se veulent scientifiques pour être plus exact...

537Les familles de La Veuhe et Tézenas à Saint-Étienne aux XVIe et XVIIe siècles de Philippe Pouzols-Napoléon, Bulletin d'Histoire locale du centre social de Montbrison, supplément du n°61, janvier 1995, pp.15-16.

538Archives Départementales du Rhône – Fonds Frécon – FF II – Portefeuille n°4 – Notes diverses sur des familles rhodaniennes dont la famille Tézenas.

Concernant leur vie et leurs enfants, difficile d'en dire davantage en l'absence d'archives en notre possession. Nous ne connaissons à ce couple, lui-même très incertain, que les deux fils déjà présentés :

1. Martin Tézenas, né vers 1592, décédé entre 1628 et 1633, qui semble être l'aîné des deux frères. Coutelier de formation, on le retrouve monteur d'arquebuses en 1620. Il quitte la dot de son épouse le 9 octobre 1617 et passe une convention avec son frère au sujet de leurs épouses, comme nous l'avons vu plus haut, le 6 août 1618. Marié avec Françoise de La Veuhe, fille de Pierre de La Veuhe et Anne Pignol.

2. Marcellin Tézenas, homme de notre couple dont nous avons parlé précédemment.

Et après ?

Génération +8, Génération +9, Génération +10...

Inutile de créer ici un saut de page pour de si obscures élucubrations. D'aucuns croiront sans doute à la théorie normande, d'autres à la théorie espagnole. Pour ma part, je ne crois que ce que je vois. C'est pourquoi remonter davantage me paraît bien complexe au vu des informations dont nous disposons actuellement.

Cependant, je voulais ici lancer quelques pistes qui pourront servir à l'avenir pour trouver de nouvelles preuves et pouvoir, je l'espère, poursuivre ce travail. Nous savons qu'il existait, près d'un demi-siècle avant la branche stéphanoise, une autre branche à quelques encablures de là, sur le

village de Saint-Victor-sur-Loire539. Cette branche, présentée par Pouzols-Napoléon540 remonte de

manière certaine jusqu'à Mathieu Tézenas, né vers 1550, et son frère Eustache Tézenas. D'autres Tézenas, exerçant les professions de faures et voituriers, sont d'ailleurs déjà présents sur Saint- Étienne aux environs de 1550. Nul doute qu'il existe un lien entre ses innombrables branches qui ont peu à peu peuplé le bassin stéphanois en provenance, dit-on, de la paroisse de Bas-en-Basset. Par le biais de l'ensemble des contrats présentés par Pouzols-Napoléon et par l'intermédiaire du contrôle des actes, il serait très intéressant de parvenir à réunir ses différentes branches afin de connaître leur origine, peut-être et même sans doute, commune. Encore du travail en perspective... Rien n'est jamais fini.

539Séparée de Saint-Étienne par les communes de Roche-la-Molière et Saint-Genest-Lerpt, elle fait aujourd'hui partie intégrante du territoire, et ce depuis le 18 octobre 1969 et la décision de fusion des deux communes en une seule. 540Les familles de La Veuhe et Tézenas à Saint-Étienne aux XVIe et XVIIe siècles de Philippe Pouzols-Napoléon, Bulletin