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- La fringale du soir en me couchant alors que j’ai décidé de faire la diète

Dans le document Le plus vrai. est l autre (Page 39-44)

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vendredi 17 mars 2006

SOUS LA PEAU, L’OCEAN

Il faut partir, il faut se déplacer.

Il y faut l’océan et ses vagues qui jaillissent, viennent et reviennent, toujours impétueuses, et l’écume blanche jusqu’à nous, sur la plage bretonne.

Il faut le sable chaud et doux où s’enfoncent nos corps en langueur, qui épousent la terre mère et nous repose.

Il faut le sel qui pique ma peau sèche mais si doux à goûter dans le cou de ma belle.

Il faut se mêler à l’eau sombre et bleue, fraîche et vive, qui saisit tous les membres, d’abords apeurés et bientôt rassurés, heureux d’un bonheur qui dure de longs moments rares, sous la peau jusqu’à la chair et les entrailles.

Il faut sentir que l’autre rive, c’est l’Amérique, à portée de frissons, grâce à la mer, en un éclair, sous les étoiles au bain de minuit.

Il faut humer le vent du large et les senteurs marines jusqu’au tréfonds de la poitrine et voir renaître l’enfant joyeux, qui veut vivre, plus fort, à l’infini, de toutes ses fibres.

Il faut deviner que, si rien ne va, il y a la mer.

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vendredi 17 mars 2006

LES HIRONDELLES AIMENT TELLEMENT REVENIR AU PAYS

Les nuages froids sont épais. C’est le milieu de l’après-midi, Il ne devrait pas faire nuit avant longtemps. Mais c’est la pluie. Il fait très sombre déjà.

Les maisons ont été construites au hasard, comme en chaos. C’était la poussée de l’industrie, début du vingtième siècle. Une maison ici, une autre là. Sans principe, à la v’là comme j’te pousse. La cacophonie rivalise avec la banalité des murs, des fenêtres et des toits. On dit qu’auparavant c’était ici de belles prairies vertes et de grosses fermes, solides et harmonieuses, entre Doubs et Dessoubre.

C’était au temps jadis.

On lit à paysage découvert que les riches, les propriétaires, les cadres supérieurs et les rentiers, sont allés ailleurs goûter l’urbanisme, l’architecture et leurs élégances. Ici, il fallait bien vivre et faire semblant de construire des maisons, pour loger, dormir un peu, et repartir s’user à l’usine. On récupère comme on peut sa force de travail.

On ne saurait dire si ce sont des rues, des routes, des chemins, ou même des caniveaux. Un peu de tout, à la fois.

Dans les petits jardins - il y en a - ne cherchez pas des fleurs, à quoi bon ? Les saisons sont courtes dans le Haut-Doubs et l’urgence, pour des petits salaires, c’est le manger et le potager.

Derrière la barrière de son petit jardin justement, une femme déjà âgée me regarde passer. Malgré de longues années d’usine et son dos voûté, une flamme brûle en ses yeux sur son visage aux belles rides de vie. Elle m’interpelle : « Vous avez vu le retour des hirondelles, comme elles sont belles ce printemps ? Elles aiment tellement revenir ici, au pays, elles s’y plaisent, c’est comme nous ».

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Le car des touristes roulait dans les rues de Prague, en cette fin d’après-midi de juillet. Les passagers, quelque peu ivres de fatigue, étaient encore émerveillés de toute la beauté de cette ville inouïe. Dans quelques minutes, ils arriveraient à l’hôtel pour le repas et le repos.

Un couple est à l’arrière du car. La femme se lève. Elle va parler à une amie vers l’avant, puis revient vers son homme.

Un choc brutal survient. Le chauffeur a freiné brutalement pour éviter une voiture imprudente qui lui barrait la route. Tous les passagers sont projetés vers l’avant, poussés par une force rapide et puissante. Mais ils peuvent s’agripper à leur siège et restés amarrés.

Mais elle, qui marchait pour retourner à sa place, est comme aspirée par le dos et propulsée, vers l’avant du car, d’où elle vient. Elle est violemment projetée à terre.

Elle hurle, un immense cri de douleur extrême et de détresse. Elle est immobilisée, allongée sur le dos, contre le plancher du car, au milieu du couloir. Elle peut dire : « J’ai les reins brisés ».

Il quitte sa place et va vers elle. Elle le regarde, intensément. Sans doute devine-t-elle que le pire lui est arrivé.

Lui aussi, il la regarde. Comme il ne l’a jamais vue. Il pressent que sa femme, peut-être, ne pourra plus marcher. Un éclair dans son esprit le projette vers l’avenir : le reste de leur vie, elle sera dans un fauteuil d’infirme, et lui à ses côtés.

Il lui donne la main. Un élan de confiance lui monte des entrailles. Il sait que le pire n’est pas si grave : leur vie sera certes bouleversée, mais ils vieilliront ensemble, l’un et l’autre, autrement. C’est un beau projet que veiller sur la femme aimée, si précieuse, qui en aura tant besoin. Oui, la vie vaut encore la peine d’être vécue, plus belle que Prague.

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vendredi 14 avril 2006

CELLE QUI…

Celle qui, silencieuse et attentive, servait la soupe fumante à toute la maisonnée.

Celui qui se laissait tirer les moustaches par ses petits-enfants, en souriant.

Celle qui voyait des êtres de lumières par-delà le visage de ses voisins, dans son quartier.

Celle qui, enfant, mettait sa tête avec délice, sur la poitrine de son père, avant d’aller dormir.

Celui qui, sur la table de la salle à manger, marchait, comme Lucky Luke sur son cheval, en tirant en l’air de coups de feu invisibles.

Celui qui, enfant au beau visage d’ange, regardait les autres avec des yeux de clown triste.

Celui qui, anxieux, attendait souvent le retour de son enfant, qui peut-être avait eu un accident, toujours imaginaire.

Celle qui, le matin, avait le regard noir d’une nuit où elle avait vu basculer le monde dans ses rêves.

Celle qui, jeune fille, aimait le voisin de son âge et lui parlait de choses insignifiantes, sans oser le lui dire.

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vendredi 14 avril 2006

« QUAND SOI-MEME …

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