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Section IV. Les associations spécialisées, des colosses aux pieds d’argile ?

42. La fragilité de l’échelon local

Dans la plupart des secteurs, les relations entre les associations spécialisées et les organisations agricoles départementales s’orientent vers une certaine complémentarité : aux organisations nationales revient la négociation des politiques, aux organisations départementales la mobilisation sur le terrain et le contact avec les agriculteurs. Le degré d’autonomie de l’échelon local, les liens entre syndicalisme général et spécialisé à l’échelon départemental, et la plus ou moins grande indépendance laissée par les instances nationales au niveau local, donnent des situations contrastées, où règne cependant une relative indépendance de fonctionnement entre ces deux structures.

Dans le secteur laitier, si la création de la FNSEA est concomitante de celle de la FNPL au niveau national, les choses sont plus complexes sur le terrain, dans les départements et les régions. Des syndicats de producteurs de lait, constitués avant ou pendant la guerre de 1939-1945, sont déjà bien implantés. Le syndicalisme général semble alors déployer une stratégie de récupération et de contrôle de ces organisations syndicales spécialisées, comme en témoigne cet exemple dans la Loire : « Répondant aux consignes nationales invitant les FDSEA à contrôler les organisations syndicales spécialisées par produit, le bureau fédéral s’applique à intégrer la Fédération laitière (...). Le prétexte invoqué par le bureau fédéral pour parvenir à ses fins est que la Fédération laitière est trop liée aux coopératives, ce qui est préjudiciable à la défense syndicale. La Fédération laitière entend malgré tout garder son indépendance, mais elle n'en a pas les moyens financiers. Pour recueillir les cotisations des producteurs de lait, elle est alors pratiquement

obligée de passer par les syndicats locaux de la FDSEA. Le conflit dure de 1948 à 1950. La Fédération laitière doit finalement se soumettre. Elle devient une simple section spécialisée de la FDSEA. Son secrétaire administratif, qui était partisan de l’autonomie du syndicalisme laitier, est licencié »1.

Ce mode de structuration, impulsé par le haut, constituera la caractéristique principale du mode de développement des associations spécialisées d’élevage, qui fonderont ainsi leur expansion sur l’utilisation de la pyramide syndicale de la FNSEA. Le cas du lait paraît assez exemplaire de cette tendance. Evoquant les objectifs de la FNPL a ses débuts, Robert Gaboriaud illustre bien cette dynamique : « Notre objectif était d'organiser les producteurs de lait dans le cadre des régions et des départements pour qu'ils se bagarrent avec la préfecture et tous les organismes administratifs. C'était une lutte contre l'administration, contre ou avec le ministère de l'Agriculture »2. On remarquera que ce témoignage passe sous silence les rapports avec l'industrie laitière, mettant plutôt en avant le face à face entre les producteurs de lait et l’Etat. Cet état de fait est sans doute à relier avec la prégnance des visions corporatistes et interprofessionnelles où l'industriel, bien qu'objectivement en opposition avec le producteur sur certains points, est avant tout perçu comme un partenaire dans le cadre d'une régulation interprofessionnelle de la production agricole face à l'Etat.

Le mode de fonctionnement vertical et descendant du syndicalisme laitier se retrouve dans les mécanismes de prise de décision. Evoquant le rôle joué par les membres du bureau de la FNPL, représentant les départements au cours des années 1950-1960, le directeur de la FNPL est clair : « C'était le président, le directeur et sa petite administration qui étaient les éléments d'action et qui décidaient. Les autres membres du conseil d’administration s'investissaient plus sur le plan régional et départemental. Au stade national, on leur demandait leur avis, mais dans nos organisations agricoles, syndicales, on décidait quelque chose en petit comité et on disait "les producteurs de lait ne veulent pas ça". Les producteurs, eux, ne voulaient rien du tout, c'est nous qui avions décidé d'en haut qu'on ne voulait pas ça. Eux, ils étaient toujours contents d'entendre dire par leur organisation que le prix du lait n'allait pas, bien sûr.

Enfin, les décisions, c'est toujours ce qui m'a un peu choqué, c'était

1 J. VERCHERAND, op. cit., p. 125.

l'organisme de tête qui était au fond l'élément moteur, qui faisait dire quand on avait décidé des grèves, bien que j'y étais assez opposé mais il fallait bien, c'était des directives qui partaient de Paris. Les secrétaires les répercutaient, réunissaient leur CA. Dans le syndicalisme agricole, c'est toujours ce qui m'a un peu heurté, il y avait les idées, bien sûr, qui venaient de la base, mais les grandes décisions étaient prises au sommet »1.

Ce témoignage n’est en rien contradictoire avec le constat de foisonnement de l'action syndicale laitière au niveau local, il permet cependant de mieux situer les marges d'autonomie et d'expression des producteurs de lait dans le dispositif complexe des organisations professionnelles agricoles. Durant la majeure partie de la période qui court de la Libération aux années 1960, la FNPL apparaît comme une petite structure, centrée essentiellement des actions de pression sur les centres de décision nationaux. Des dynamiques syndicales laitières fortes, telles celles de la région lyonnaise, entretiennent bien des liens avec la FNPL, mais elles constituent en fait des structures relativement autonomes2.

Dans un secteur différent, celui du vin, un exemple montre bien la progressive distribution des rôles, selon les spécificités locales, mais concourant globalement à un équilibre dans les mécanismes de représentation et de défense des agriculteurs : c’est le cas de la Confédération générale des vignerons du Midi (anciennement CGV, devenue CGVM en 1945). Dès la création des FDSEA après les élections professionnelles de 1946, « la CGVM s’adapte rapidement à la nouvelle donne et décide que tout adhérent à un syndicat viticole devra faire partie d’un syndicat d’exploitants (...) la CGVM a agi avec souplesse tout en maintenant ses prérogatives : elle a, à chaque occasion, affirmé sa loyauté organisationnelle, confirmé qu’elle n’était qu’une section spécialisée de la fédération des exploitants, et évité tout affrontement. C’est en affirmant son champ d’intervention qu’elle a pu dans les faits apparaître comme incontournable et dominer la scène syndicale régionale »3. La FDSEA assume les actions de revendication à caractère général, gère les

1 Entretien avec Robert Gaboriaud, janvier 1993.

2 Benoît Aurion, président de la Fédération des producteurs de lait du bassin lyonnais, est aussi

vice-président de la FNPL. Mais, mis à part les quelques consignes venant du niveau national, la majeure partie des actions syndicales laitières dans cette région sont le fait d’initiatives locales, en réponse à des problèmes précis (J. VERCHERAND, op. cit.).

questions fiscales et d’approvisionnement, et laisse à la CGVM toute latitude pour faire des propositions sur la politique viticole.

Dans le secteur des céréales, la politique de l’AGPB a consisté, dès sa renaissance en 1946, à s’assurer l’existence de relais dans les départements : à la différence des secteurs laitier et betteravier1, il n’existait pas de syndicats locaux de producteurs de céréales. Une circulaire de l’AGPB de 1947 précise la façon dont les dirigeants céréaliers conçoivent l’organisation des sections spécialisées et économiques au sein des FDSEA : « L’AGPB tient beaucoup à ce que, dans chaque département, une section de producteurs de céréales soit rapidement constituée sur des bases qui permettent la représentation effective de toutes les catégories d’intérêts. Elle voudrait que, dans chaque département, des producteurs plus particulièrement compétents et qualifiés soient élus, avec lesquels elle pourra maintenir un contact permanent pour la défense des intérêts économiques de la production (...). L’AGPB demande la création de sections communes à la FDSEA et à l’AGPB. Des délégués “céréales” seront élus par les syndicats locaux ou cantonaux et constitueront l’assemblée générale. Une assemblée des délégués “céréales” élira un bureau auquel pourront s’adjoindre trois représentants de l’organisation coopérative céréales »2.

On voit bien là apparaître un lien indiscutable entre l’AGPB et les FDSEA3 mais aussi une connivence entre ces dernières et les organisations coopératives au moment de constituer un bureau chargé de désigner les délégués qui participeront chaque année au congrès de l’AGPB4. L’organisation des céréaliers définit d’ailleurs clairement ce qu’elle attend de ces sections départementales : « Rappelons que le fonctionnement efficace d’une section céréales n’exige pas de fréquentes réunions et ne doit pas être une source de dépenses importantes pour la fédération départementale. L’essentiel est que les

1 La CGB est une confédération de syndicats betteraviers indépendants, en général structurés

autour d’une ou de plusieurs sucreries.

2 Courrier daté du 22 janvier 1947, envoyé aux présidents de FDSEA, signé par René Blondelle

(FNSEA) et Henri Mennesson, Archives de l’AGPB.

3 De fait, la plupart des courriers de l’AGPB destinés au niveau départemental sont adressés au

président de la FDSEA.

4 Dans certains départements, la section céréales de la FDSEA est quasi-inexistante et les

coopératives céréalières s’arrogent le droit de représentation des producteurs de céréales en désignant elles-mêmes les délégués au congrès de l’AGPB : c’est le cas par exemple du Loir-et- Cher, où la coopérative La Franciade, une des plus anciennes coopératives céréalières, domine le secteur (entretien avec Philippe Neeser, juillet 1997).

membres de la section se tiennent au courant des problèmes céréales pour pouvoir, quand la section sera consultée, apporter rapidement à la FDSEA des suggestions et des avis autorisés. Ainsi, les FDSEA pourront, dans de bien meilleures conditions, apporter à l’AGPB le point de vue bien étudié et documenté des producteurs de céréales du département »1. Chargées de faire

remonter l’information du niveau local, ces sections départementales doivent en outre jouer un rôle sur le plan de l’action technique : « Dans chaque département, on trouve toujours un certain nombre de producteurs qui cultivent très bien, bien mieux que les autres et qui, dans les mêmes conditions de sol et de climat, obtiennent des rendements beaucoup plus élevés que leurs voisins et la moyenne de la région. Hélas ! trop souvent les exemples ne sont pas suivis »2. Dans les

faits, ces sections départementales de producteurs de céréales auront une activité plutôt réduite. Ce n’est qu’à partir de 1964 qu’elles seront réactivées et que la question de leur financement sera évoquée au sein de l’AGPB.

Quel que soit le produit considéré, il apparaît que le niveau national jouit d’une réelle autonomie d’action et de décision, même s’il existe un lien avec le niveau départemental, par la constitution même des instances de décisions comme les conseils d’administration, composés d’agriculteurs représentant en général la plupart des régions agricoles productrices du produit considéré3. Cette situation de relative domination du niveau national sur le local s’explique sans doute en partie par le rôle central que jouent les instances parisiennes dans la production et la diffusion de l’information : « Il convient de souligner la puissance de l’influence intellectuelle de la FNSEA et de l’APCA qui s’exerce sur les journaux agricoles départementaux – avec la fourniture gratuite d’articles –, et par leurs services économiques, juridiques, etc. La force de persuasion de ces services nationaux sur les dirigeants départementaux est d’autant plus forte que les questions traitées ont un caractère très technique, et que les FDSEA n’ont pas les moyens de s’offrir des services équivalents, et donc d’avoir une réflexion autonome très approfondie »4.

1 AGPB, circulaire aux sections départementales spécialisées des céréales, avril 1948, 8 p.,

Archives de l’AGPB.

2 Ibid.

3 Dans le cas de l’AGPB, les modes de désignation des représentants départementaux dans les

instances des associations spécialisées confèrent aux régions grosses productrices une représentation accrue. Les autres régions gardent cependant un accès significatif au conseil d’administration. Le véritable basculement se fait au niveau du bureau, où les régions traditionnellement productrices de céréales dominent largement (H. ROUSSILLON, op. cit., p. 91-101).

Fortes de cette légitimité technique et économique, amplifiée par les organisations générales comme la FNSEA ou l’APCA, on comprend mieux alors que les associations spécialisées aient pu avoir une telle influence dans des départements avec lesquels elles n’entretenaient pourtant pas forcément de relations suivies. Jean Vercherand, citant l’exemple des liens existant entre le département de la Loire et l’AGPB, nous donne une bonne illustration de cette situation : « A cette époque, le prix du blé reste encore un prix symbole. Presque toutes les exploitations produisent des céréales. La collecte laitière commence à peine à s’étendre sur tout le département. Pourtant, seulement 10,8 % des exploitations cultivent plus de 5 ha de céréales (...). Les dirigeants céréaliers nationaux surent habilement recueillir l’adhésion unanime des agriculteurs sur le thème général et mobilisateur de la défense des prix, tout en cherchant lors des négociations avec le pouvoir politique à limiter au maximum la différenciation des prix en leur défaveur »1.

Après la vague d’adhésions qui a suivi la Libération – probablement liée au fait que les FDSEA jouaient alors un rôle de service non négligeable –de nombreux départements sont confrontés à une chute des effectifs du syndicalisme agricole2. En ce début des années 1950, les liens se distendent entre les agriculteurs et leurs organisations locales, mais aussi entre la FNSEA et ses échelons départementaux3. Affranchies de la contrainte de l’adhésion volontaire, les associations spécialisées apparaissent alors d’autant plus solides face au syndicalisme général.

Une relance progressive des adhésions syndicales va se développer à la fin des années 1950, en particulier sous l’impulsion des “jacistes” (membres de la Jeunesse agricole catholique : JAC) dans des départements à fortes productions animales4. L’Aveyron illustre bien ce renversement de tendance : dans ce

département, les difficultés économiques de l’après-guerre ont entraîné une

1 J. VERCHERAND, op. cit., p. 148.

2 Concernant cette chute des adhésions syndicales, voir, pour le Finistère, S. BERGER, op. cit.,

1975, p. 241 ; pour l’Aveyron, E. ARIAUX, op. cit., 1978 ; pour la Loire, J. VERCHERAND,

op. cit., p. 123 ; pour l’Aisne, J.T.S. KEELER, op. cit., 1987, p. 139.

3 Ne s’étant pas acquittées de leur cotisations, 22 FDSEA sont privées de leur vote au congrès de la

FNSEA de 1950. Sur ces 22, 19 se situent au sud de la Loire (G. WRIGHT, op. cit., p. 174).

4 On notera que l’AGPB, à sa façon, cherche à intégrer les jeunes dans sa structure en proposant,

en 1955, l’intégration de 12 jeunes « administrateurs stagiaires » dans son conseil d’administration (Note au sujet des jeunes administrateurs, juillet 1956, Archives de l’AGPB).

désaffection des agriculteurs vis-à-vis du syndicalisme général. De jeunes agriculteurs, pour la plupart formés à l'école de la JAC, investissent alors la section laitière pour la redynamiser. En quatre ans, de 1954 à 1958, la nouvelle équipe va réussir à quadrupler le nombre d'adhérents à la FDSEA en combinant une action revendicative à un travail de fond sur l'information, la formation et l'action technique. Le syndicat départemental des producteurs de lait, créé en 1942, devient en 1955 une section spécialisée de la FDSEA. Cette évolution statutaire va permettre à ces responsables agricoles, engagés dans des dynamiques professionnelles spécialisées, de prendre des responsabilités dans le syndicalisme général. S'associant aux initiatives promues par la FNPL, comme la grève du lait de juin 1956, l'équipe de jeunes syndicalistes assure la synergie entre leur action locale et la structuration du mouvement agricole au niveau national1.

A la fin des années 1950, la question de la structuration syndicale, et en particulier de l’articulation entre les syndicats locaux et les instances nationale, préoccupe les dirigeants de la FNSEA. « Face à un Etat centralisateur à l’excès, face à un système économique où la loi du plus fort est trop souvent la meilleure, nous ne pouvons espérer sauver l’agriculture, et au-delà d’elle notre société tout entière, qu’en ayant le souci quotidien de permettre à chaque homme de prendre la part de responsabilité qui lui revient naturellement. La tentation centralisatrice n’effleure-t-elle pas non plus quelquefois nos organisations ? La raison d’être de l’organisation professionnelle est de mettre à la disposition des agriculteurs un certain nombre de services susceptibles de les aider à résoudre leurs difficultés. La première chose est donc de connaître ces difficultés. C’est là que la nécessité d’un contact quotidien avec la base est nécessaire. Or, ce contact n’existe pas toujours suffisamment : nos syndicats, nos mutuelles, parce qu’ils manquent souvent de vie, ne sont plus aptes à nous transmettre l’expression exacte des besoins de l’agriculture (...). Dans tous les domaines, nous devons nous attacher à faire vivre ou revivre les organisations locales. Organisations locales spécialisées d’abord, qui répondent aux problèmes posés à l’exploitant : défense d’une production, commercialisation, protection sociale, financement, action technique »2.

1 E. ARIAUX, op. cit., p. 28-45. Sur la description de ce processus dans un autre département, la

Loire-Atlantique, voir A. TRISTAN et M. LEBOT, Au-delà des Haies : visite aux paysans de

l’Ouest, Descartes et Cie, p. 62-75.

2 Extrait d’un rapport de F. NOVE-JOSSERAND, Le Syndicalisme facteur déterminant de la

Analysant la dynamique de construction du syndicalisme agricole, Pierre Coulomb et Henri Nallet montrent bien, à partir de l’exemple de quelques départements, comment l’influence croissante des jeunes agriculteurs se confond avec la relance d’une activité syndicale autour du secteur laitier et de la viande bovine1. Ces germes de renouveau contribueront à transformer l’appareil syndical

dominant pendant les années 1960. Les associations spécialisées de grandes cultures seront – provisoirement – l’objet de critiques virulentes de la part des jeunes syndicalistes issus du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA). Des compromis s’établiront rapidement, sur la base globale d’un partage des influences : l’Europe aux représentants des grandes cultures, la politique agricole française aux jeunes syndicalistes.

* * *

L’étude des associations spécialisées durant cette période des années 1950 met en relief quelques tendances qui structureront par la suite les évolutions futures de l'agriculture et des organisations professionnelles. En consacrant la domination d'un nouveau mode de légitimité, basé sur la compétence technico- économique et gestionnaire de l'exploitant agricole, cette période clôt le processus, engagé dans l'entre-deux-guerres, de mise à l'écart des notables ruraux, ceux-là même qui, dans le cadre d'un corporatisme organique, avaient fondé leur légitimité sur une domination avant tout politique et sociale. Cette lente transformation, d'inégale ampleur selon les régions, a été accélérée par l'action technique et l'organisation des marchés, véritables véhicules des valeurs de progrès et d’accomplissement individuel. En soutenant, dans les productions qu'elles défendent, la diffusion du progrès technique et la structuration économique, les associations spécialisées ont donné à de nombreux exploitants l’opportunité de s'investir dans des actions professionnelles concrètes, qui ont contribué à forger leur image d'exploitants modèles et dévoués aux autres. Pourtant, peu de production bénéficient réellement d’une organisation de marché solide2.

1 P. COULOMB et H. NALLET, op. cit., 1980.

2 « En fait, une orientation valable n’a été définie que pour certaines productions : essentiellement

les céréales et la betterave. Pour les autres, il n’y avait pas de données économiques valables qui sont une base de l’orientation de la production », in La politique d’organisation des marchés

agricoles depuis 1953, M. Vanneroy, secrétaire général du FGM OPA, ministère de

Cette période se termine par une série de manifestations agricoles importantes, marquant d’une certaine façon l’impasse à laquelle a mené une politique agricole erratique, établie à partir de rapports de force entre les organisations agricoles et les gouvernements successifs de la IVe République. En

1958, l’arrivée de Charles de Gaulle au pouvoir et la proclamation de la Ve République vont introduire un changement majeur dans le paysage politique de l’époque. Sa traduction dans les modes d’élaboration des politiques agricoles sera déterminante. Privilégiant l’exécutif au détriment d’un pouvoir parlementaire discrédité sous la IVe République, le mode de gouvernement du début des années 1960 va obliger le monde agricole à modifier ses stratégies de pression, jusque là largement axées sur les milieux parlementaires.

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CHAPITRE IV

MUTATIONS DE L’AGRICULTURE ET

CONSTRUCTION

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